« Bombardement du 8 mars 1943 » : différence entre les versions

m
relecture
Aucun résumé des modifications
m (relecture)
 
Ligne 1 : Ligne 1 :
[[Fichier:Avis_officiel.png|205px|right|thumb|Avis aux Rennais insouciants, ''Ouest-Eclair'',1 mars 1943]]
[[Fichier:Avis_officiel.png|205px|right|thumb|Avis aux Rennais insouciants, ''Ouest-Eclair'',1 mars 1943]]
Le 1er mars 1943, le quotidien régional se faisait l'écho de l'inquiétude de Rennais : "En cas d'attaques aériennes de combien d'abris solides disposeraient les Rennais ?" Inquiétude prémonitoire car Rennes va connaître un premier bombardement dévastateur de l'armée américaine, le 8 mars 1943.<ref> ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013</ref> Le maire met aussi en garde contre l'attitude de concitoyens qui, lors d'alertes, ne cherchent même pas à s'abriter.
Le 1er mars 1943, le quotidien régional se faisait l'écho de l'inquiétude de Rennais : "En cas d'attaques aériennes de combien d'abris solides disposeraient les Rennais ?" Inquiétude prémonitoire car Rennes va connaître un premier bombardement dévastateur de l'armée américaine, le 8 mars 1943<ref>''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013</ref>. Le maire met aussi en garde contre l'attitude de concitoyens qui, lors d'alertes, ne cherchent même pas à s'abriter.


=== Des forteresses volantes===
=== Des forteresses volantes===
[[File:B-17_on_bomb_run.jpg|250px|left|thumb|Forteresse volante B-17 (''de Wikimedia Commons'')]]
[[File:B-17_on_bomb_run.jpg|250px|left|thumb|Forteresse volante B-17 (''de Wikimedia Commons'')]]
Le 8 mars 1943 décollent des terrains d'aviation du centre est de l'Angleterre 67 B-17 "forteresses volantes" de la 8e bomber command, effectif important pour l'époque, dont les seize du 305e groupe de bombardement, en tête, composé de quatre "squadrons", commandé par le colonel Curtis Emerson LeMay, surnommé "cul de fer" (''iron ass''), qui dans un mois, le 4 avril, s'illustrera par un bombardement très précis sur une cible industrielle de la région parisienne et recevra, pour cette opération la "DUC", la distinguished unit citation". Ce colonel avait instauré pour ses bombardiers la pratique du vol en "combat box" : formation de combat à des altitudes "''staggered''", " échelonnées" verticalement et horizontalement de 300 m en 300 m, pour créer des difficultés au feu de la DCA ennemie au sol" et améliorer les résultats sur cible, <ref>site du ''305th bombardment Group (heavy)''</ref>
Le 8 mars 1943 décollent des terrains d'aviation du centre est de l'Angleterre 67 B-17 "forteresses volantes" de la 8e bomber command, effectif important pour l'époque, dont les seize du 305e groupe de bombardement, en tête, composé de quatre "squadrons", commandé par le colonel Curtis Emerson LeMay, surnommé "cul de fer" (''iron ass''), qui dans un mois, le 4 avril, s'illustrera par un bombardement très précis sur une cible industrielle de la région parisienne et recevra, pour cette opération la "DUC", la distinguished unit citation". Ce colonel avait instauré pour ses bombardiers la pratique du vol en "combat box" : formation de combat à des altitudes "''staggered''", " échelonnées" verticalement et horizontalement de 300 m en 300 m, pour créer des difficultés au feu de la DCA ennemie au sol" et améliorer les résultats sur cible<ref>site du ''305th bombardment Group (heavy)''</ref>.
[[Fichier:Champ_de_mars_8_mars_1943.jpg|300px|right|thumb|Les dégâts au [[Champ de Mars]] (on reconnaît l'immeuble à l'angle du [[boulevard de la Liberté]] et de la [[rue d'Isly]])<ref> hebdomadaire ''Toute la Vie'' du 18 mars 1943</ref>]]
[[Fichier:Champ_de_mars_8_mars_1943.jpg|300px|right|thumb|Les dégâts au [[Champ de Mars]] (on reconnaît l'immeuble à l'angle du [[boulevard de la Liberté]] et de la [[rue d'Isly]])<ref> hebdomadaire ''Toute la Vie'' du 18 mars 1943</ref>]]
[[Fichier:R%C3%A9fugi%C3%A9s_place_de_la_gare279.jpg|300px|left|thumb|Le 8 mars 1943 : coin du Champ de Mars, à l'angle du boulevard de la Liberté et de la rue d'Isly.(photo de l'hebdomadaire "Toute la Vie"n° 83 du 18/03/1943) <ref> [[ ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', Étienne Maignen, éditions Ouest-France - 2013</ref>]]
[[Fichier:R%C3%A9fugi%C3%A9s_place_de_la_gare279.jpg|300px|left|thumb|Le 8 mars 1943 : coin du Champ de Mars, à l'angle du boulevard de la Liberté et de la rue d'Isly.(photo de l'hebdomadaire "Toute la Vie"n° 83 du 18/03/1943)<ref>[[''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', Étienne Maignen, éditions Ouest-France - 2013</ref>]]
[[Fichier:Rennes_vis%C3%A9e.png|300px|left|thumb|Rennes sous le viseur Norden d'un bombardier américain : à gauche les quais avec, en haut le pont Pasteur, et perpendiculaire à droite l'avenue Janvier, au début de laquelle on voit le lycée de garçons, la tache blanche, à droite étant le [[Champ de Mars]]. le centre du viseur est juste sous la [[rue au Duc]]]]
[[Fichier:Rennes_vis%C3%A9e.png|300px|left|thumb|Rennes sous le viseur Norden d'un bombardier américain : à gauche les quais avec, en haut le pont Pasteur, et perpendiculaire à droite l'avenue Janvier, au début de laquelle on voit le lycée de garçons, la tache blanche, à droite étant le [[Champ de Mars]]. Le centre du viseur est juste sous la [[rue au Duc]]]]




Ligne 13 : Ligne 13 :
=== Comptes-rendus de mission ===
=== Comptes-rendus de mission ===


La mission du 8 mars pour les 91e, 303e, <ref> http://www.303rdbg.com/missionreports/021.pdf </ref>   305e et 306e groupes est le bombardement des installations ferroviaires de Rennes. Elle a été présentée à des équipages comme une opération simultanée de diversion au bombardement du triage de Sotteville-les-Rouen.<ref> témoignage d'un pilote de B 24 Liberator de la 67e escadrille du 67e groupe de bombardement</ref> Les forteresses volantes, arrivant par la partie ouest de la baie de Saint-Brieuc, abordent la ville à 14 h 30 par l'ouest après avoir survolé Mordelles à 6000 mètres d'altitude. Le 303e groupe, pour sa mission 021, a 12 B-17 sur 19 efficaces sur site, la 322e escadrille en a cinq à 14 h 31 avec chacun dix bombes de 225 kg et trouve une Flak intense et forte. Les 16 B-17 du 305e groupe subirent de lourdes attaques de 25 Focke-Wulf 190 de la chasse allemande avant d'atteindre le point de départ du vol de bombardement et un appareil de sa 422e escadrille, touché et harcelé réussit néanmoins à regagner un terrain anglais. La 323e escadrille a trois appareils engagés et revendique un Focke-Wulf abattu et un autre probablement. La 324e a quatre appareils engagés <ref> rapports quotidiens des 322e, 323e et 324e escadrilles</ref>. Pour sa part la 401e escadrille a détaché trois appareils, chargés comme tous de dix bombes de 225 kg et survolant la cible à altitude de 7300 m; son rapport fait état d'une Flak légère  
La mission du 8 mars pour les 91e, 303e<ref> http://www.303rdbg.com/missionreports/021.pdf</ref>, 305e et 306e groupes est le bombardement des installations ferroviaires de Rennes. Elle a été présentée à des équipages comme une opération simultanée de diversion au bombardement du triage de Sotteville-les-Rouen<ref>Témoignage d'un pilote de B 24 Liberator de la 67e escadrille du 67e groupe de bombardement</ref>. Les forteresses volantes, arrivant par la partie ouest de la baie de Saint-Brieuc, abordent la ville à 14 h 30 par l'ouest après avoir survolé Mordelles à 6000 mètres d'altitude. Le 303e groupe, pour sa mission 021, a 12 B-17 sur 19 efficaces sur site, la 322e escadrille en a cinq à 14 h 31 avec chacun dix bombes de 225 kg et trouve une Flak intense et forte. Les 16 B-17 du 305e groupe subirent de lourdes attaques de 25 Focke-Wulf 190 de la chasse allemande avant d'atteindre le point de départ du vol de bombardement et un appareil de sa 422e escadrille, touché et harcelé réussit néanmoins à regagner un terrain anglais. La 323e escadrille a trois appareils engagés et revendique un Focke-Wulf abattu et un autre probablement. La 324e a quatre appareils engagés<ref> rapports quotidiens des 322e, 323e et 324e escadrilles</ref>. Pour sa part la 401e escadrille a détaché trois appareils, chargés comme tous de dix bombes de 225 kg et survolant la cible à altitude de 7300 m ; son rapport fait état d'une Flak légère et imprécise et d'un bon bombardement systématique sur le point visé, et d'une Flak de légère à intense mais tout aussi imprécise tant au retour qu'aller<ref>91st bomb group. Dailies of th 401st squadron. 1943</ref>. Il en est de même pour le 306e groupe de bombardement, qui a eu un appareil abattu à l'aller sur Trébry<ref>http://evasions.par.mer.carantec.filiere.sibiril.over-blog.com/pages/Le_bombardier_americain_B17_n4124514-6433573.html</ref>, annonce avoir abattu 3 appareils ennemis et fait rapport d'un bon résultat de son bombardement à vue avec une Flak et une opposition faible de la chasse ennemie. Au total, six appareils ont été abattus au cours de cette mission en raison de fortes attaques de 25 chasseurs avant même l'atteinte du point initial pour le bombardement ainsi qu'au retour. Le bombardement a duré vingt minutes, 135 tonnes de bombes ont été déversées, dont certaines incendiaires et d'autres à retardement qui frapperont des sauveteurs. Les conditions étaient bonnes, sans couverture nuageuse ni brume, avec 16 km de visibilité. Les photos prises de 6700 mètres par le 303e groupe, qui trouve la Flak légère et généralement imprécise, montrent des résultats qualifiés de passables à bons avec une bonne concentration près de la zone ciblée et 10 à 12 déflagrations dans la zone de la gare de triage, la plupart noires mais trois d'entre elles étaient hautes et grises<ref>303rd B.G.(H) Combat mission n°21 8 march 1943- railroad marshalling yards - Rennes, France</ref>. Trois appareils allemands Focke-Wulf des deux groupes de chasse JG 26 ont été abattus (les Britanniques en revendiquèrent quatre et trois autres probables).
et imprécise et d'un bon bombardement systématique sur le point visé, et d'une Flak de légère à intense mais tout aussi imprécise tant au retour qu'aller. <ref> 91st bomb group. Dailies of th 401st squadron. 1943 </ref> Il en est de même pour le 306e groupe de bombardement, qui a eu un appareil abattu à l'aller sur Trébry, <ref>http://evasions.par.mer.carantec.filiere.sibiril.over-blog.com/pages/Le_bombardier_americain_B17_n4124514-6433573.html</ref> annonce avoir abattu 3 appareils ennemis et fait rapport d'un bon résultat de son  
bombardement à vue avec une Flak et une opposition faible de la chasse ennemie. Au total, six appareils ont été abattus au cours de cette mission en raison de fortes attaques de 25 chasseurs avant même l'atteinte du point initial pour le bombardement ainsi qu'au retour. Le bombardement a duré vingt minutes, 135 tonnes de bombes ont été déversées, dont certaines incendiaires et d'autres à retardement qui frapperont des sauveteurs. Les conditions étaient bonnes,
sans couverture nuageuse ni brume, avec 16 km de visibilité. Les photos prises de 6700 mètres par le 303e groupe, qui trouve la Flak légère et généralement imprécise, montrent des résultats qualifiés de passables à bons avec une bonne concentration près de la zone ciblée et 10 à 12 déflagrations dans la zone de la gare de triage, la plupart noires mais trois d'entre elles étaient hautes et grises.<ref> 303rd B.G.(H) Combat mission n°21 8 march 1943- railroad marshalling yards - Rennes, France </ref> Trois appareils allemands Focke-Wulf des deux groupes de chasse JG 26 ont été abattus (les Britanniques en revendiquèrent quatre et trois autres probables).
[[Fichier:Vue_a%C3%A9rienne_champ_de_mars.png|250px|center| thumb|Le même secteur que celui visé le 8 mars 1943 par le norden, mais de nos jours]]
[[Fichier:Vue_a%C3%A9rienne_champ_de_mars.png|250px|center| thumb|Le même secteur que celui visé le 8 mars 1943 par le norden, mais de nos jours]]


Ligne 58 : Ligne 55 :


Sur le [[Champ de Mars]], où se tient une fête foraine, les stands et les manèges se volatilisent, mais la fréquentation est heureusement faible en ce début du lundi après-midi de vacances des Gras. La fête ne battait heureusement pas son plein contrairement à ce qu'on a lu depuis. Le quotidien ''Ouest-Éclair'' mentionna bien que "amuseurs et chalands étaient ensevelis sous les décombres" mais aucun article ne fait état d'un nombre important de Rennais tués à cet endroit. Seuls des forains et leurs familles furent atteints, comme le dira d'ailleurs de Vichy, le 14, le ministre Cathala.
Sur le [[Champ de Mars]], où se tient une fête foraine, les stands et les manèges se volatilisent, mais la fréquentation est heureusement faible en ce début du lundi après-midi de vacances des Gras. La fête ne battait heureusement pas son plein contrairement à ce qu'on a lu depuis. Le quotidien ''Ouest-Éclair'' mentionna bien que "amuseurs et chalands étaient ensevelis sous les décombres" mais aucun article ne fait état d'un nombre important de Rennais tués à cet endroit. Seuls des forains et leurs familles furent atteints, comme le dira d'ailleurs de Vichy, le 14, le ministre Cathala.
[[Avenue Janvier]], des voyageurs débarquant dans la ville, des ouvriers, des promeneurs sont littéralement fauchés, déchiquetés. Partout des scènes d'horreur et de désespoir. L'objectif attribué aux forteresses volantes était la gare de triage. "''Les quartiers les plus atteints ont été [[Le Foyer Rennais]],l'école  près de la [[rue Mauconseil]], au sud  du pont de Nantes, indemne lui, les Sacrés-Cœurs (37 paroissiens tués) <ref> ''Ouest-Eclair'' 22mars 1943</ref>, le Colombier, le [[Champ de Mars]] sur lequel étaient établis plusieurs manèges forains, le [[boulevard de la Liberté]], la gare St-Hélier, la [[rue Lucien Decombe]], les entrepôts de la Société [[L'Economique]] (immeubles incendiés), la plaine St-Hélier, l'avenue du [[Cimetière de l'Est|cimetière de l'Est]], les cités [[Villebois Mareuil]], le cimetière de l'est (21 bombes à l'intérieur),[[Fichier:Bombardement_1943.jpeg|350px|right|thumb|''"Ce petit cimetière rennais" touché est en fait le cimetière de l'Est. Extrait d'un livret intitulé "Les Assassins du Ciel", propagande anti-britannique du gouvernement de Vichy - mars 1943'']]les quartiers de Châteaugiron et Adolphe Leray''".<ref>procès-verbal de Uriac Auguste, commissaire central de police de la Ville de Rennes, en date du 8 mars 1943. 3e arrondissement n° 518</ref> Au cimetière de l'est des tombes sont éventrées, des morts déterrés par les bombes. Au quartier des Sacrés-Cœurs on dénombre 37 paroissiens tués.
[[Avenue Janvier]], des voyageurs débarquant dans la ville, des ouvriers, des promeneurs sont littéralement fauchés, déchiquetés. Partout des scènes d'horreur et de désespoir. L'objectif attribué aux forteresses volantes était la gare de triage. "''Les quartiers les plus atteints ont été [[Le Foyer Rennais]],l'école  près de la [[rue Mauconseil]], au sud  du pont de Nantes, indemne lui, les Sacrés-Cœurs (37 paroissiens tués) <ref> ''Ouest-Eclair'' 22mars 1943</ref>, le Colombier, le [[Champ de Mars]] sur lequel étaient établis plusieurs manèges forains, le [[boulevard de la Liberté]], la gare St-Hélier, la [[rue Lucien Decombe]], les entrepôts de la Société [[L'Economique]] (immeubles incendiés), la plaine St-Hélier, l'avenue du [[Cimetière de l'Est|cimetière de l'Est]], les cités [[Villebois Mareuil]], le cimetière de l'est (21 bombes à l'intérieur),[[Fichier:Bombardement_1943.jpeg|350px|right|thumb|''"Ce petit cimetière rennais" touché est en fait le cimetière de l'Est. Extrait d'un livret intitulé "Les Assassins du Ciel", propagande anti-britannique du gouvernement de Vichy - mars 1943'']]les quartiers de Châteaugiron et Adolphe Leray''".<ref>procès-verbal de Uriac Auguste, commissaire central de police de la Ville de Rennes, en date du 8 mars 1943. 3e arrondissement n° 518</ref> Au cimetière de l'est des tombes sont éventrées, des morts déterrés par les bombes. Au quartier des Sacrés-Cœurs on dénombre 37 paroissiens tués.
[[Fichier:Champ_de_mars_1943.jpg|300px|left|thumb|Sur le Champ de Mars, le 8 mars 1943 secteur bd de la Liberté-rue d'Isly, avions-jouets et avions de mort - effets des bombes sur les manèges de la fête foraine]]
[[Fichier:Champ_de_mars_1943.jpg|300px|left|thumb|Sur le Champ de Mars, le 8 mars 1943 secteur bd de la Liberté-rue d'Isly, avions-jouets et avions de mort - effets des bombes sur les manèges de la fête foraine]]
[[Rue Monseigneur Duchesne]], aux Entrepôts de la Société l’Economique installés là depuis une trentaine d'années, le personnel est à son poste de travail. Au bruit des premières bombes, suivant les consignes données, les employés se rendent aux abris. Quand plusieurs d'entre elles s'abattent sur les bâtiments de la Société, plafonds et cloisons s'effondrent sur les malheureux qui se trouvent prisonniers de locaux aux issues obstruées. L'incendie se déclare et se propage rapidement, [[l'Economique]] n'est plus qu'un amas de ruines fumantes dans lesquelles périssent 71 personnes. Les noms de ces martyrs sont gravés sur un monument élevé à leur mémoire au [[cimetière de l'Est]].<ref> [[''Le pt'it mot d'Alphonse'']] dans numéro 21 du journal de quartier paru dans la Revue de quartier, mémoire collective et expression citoyenne - n°1 septembre 2006</ref>
[[Rue Monseigneur Duchesne]], aux Entrepôts de la Société l’Economique installés là depuis une trentaine d'années, le personnel est à son poste de travail. Au bruit des premières bombes, suivant les consignes données, les employés se rendent aux abris. Quand plusieurs d'entre elles s'abattent sur les bâtiments de la Société, plafonds et cloisons s'effondrent sur les malheureux qui se trouvent prisonniers de locaux aux issues obstruées. L'incendie se déclare et se propage rapidement, [[l'Economique]] n'est plus qu'un amas de ruines fumantes dans lesquelles périssent 71 personnes. Les noms de ces martyrs sont gravés sur un monument élevé à leur mémoire au [[cimetière de l'Est]].<ref> [[''Le pt'it mot d'Alphonse'']] dans numéro 21 du journal de quartier paru dans la Revue de quartier, mémoire collective et expression citoyenne - n°1 septembre 2006</ref>
Ligne 135 : Ligne 132 :
===Les visages ensanglantés===
===Les visages ensanglantés===


" Je suis descendu à la pharmacie *. Des centaines de gens débouchaient, affluaient par le pont Châteaudun venant des environs de la gare, les visages ensanglantés, blessés par les carreaux des glaces, ça faisait un spectacle ! Pendant deux heures peut-être, on a fait des pansements"
" Je suis descendu à la pharmacie *. Des centaines de gens débouchaient, affluaient par le pont Châteaudun venant des environs de la gare, les visages ensanglantés, blessés par les carreaux des glaces, ça faisait un spectacle ! Pendant deux heures peut-être, on a fait des pansements."


* N°1 [[rue de Châteaudun]]
* N°1 [[rue de Châteaudun]]




''''' Joseph Gastard''''', 20 ans en 1944. (Témoignage filmé dans le documentaire ''La vie à Rennes sous les bombardements'', de Yves Borne - 2024)
''''' Joseph Gastard''''', 20 ans en 1944. (Témoignage filmé dans le documentaire ''La vie à Rennes sous les bombardements'', de Yves Borne - 2024)




----
----
[[Fichier:Tract_conseils_aux_Fran%C3%A7ais.png|300px|right|thumb|Tract anti-alliés, ramassé le 9 mai 1943, faisant allusion au bombardement du 8 mars, présentation reprenant celle d'un tract des alliés lancé le 6 mai]]
[[Fichier:Tract_conseils_aux_Fran%C3%A7ais.png|300px|right|thumb|Tract anti-alliés, ramassé le 9 mai 1943, faisant allusion au bombardement du 8 mars, présentation reprenant celle d'un tract des alliés lancé le 6 mai]]
===   Tonton Raoul arrive de la gare ===
=== Tonton Raoul arrive de la gare ===
[[Fichier:Dessin_d%27enfant105.jpg|300px|left|thumb|Dessin de Yves de La Haye, 7 ans en 1943. L'enfant a dessiné, à gauche, un avion à double queue : un  appareil américain Lightning P-38]]
[[Fichier:Dessin_d%27enfant105.jpg|300px|left|thumb|Dessin de Yves de La Haye, 7 ans en 1943. L'enfant a dessiné, à gauche, un avion à double queue : un  appareil américain Lightning P-38]]
"Tonton Raoul arrive de la gare. Mon père peigne ses cheveux vers l'arrière, son frère fait une raie au milieu. Surpris par le bombardement, mon oncle a pu rester dans un passage souterrain, sous les voies. Sorti enfin, il a vu sur la place de la gare des bras, des jambes, des intestins. Il le dit à mi-mots, mais c'est ce que je comprends et vois dans ma tête. Mon père me donne un sifflet d'aluminium contenant un pois sec. Je dois le garder toujours sur moi pour signaler ma présence si je suis retenu vivant sous des décombres. Appeler mes parents ne servirait à rien et crier épuise, dit mon père".
"Tonton Raoul arrive de la gare. Mon père peigne ses cheveux vers l'arrière, son frère fait une raie au milieu. Surpris par le bombardement, mon oncle a pu rester dans un passage souterrain, sous les voies. Sorti enfin, il a vu sur la place de la gare des bras, des jambes, des intestins. Il le dit à mi-mots, mais c'est ce que je comprends et vois dans ma tête. Mon père me donne un sifflet d'aluminium contenant un pois sec. Je dois le garder toujours sur moi pour signaler ma présence si je suis retenu vivant sous des décombres. Appeler mes parents ne servirait à rien et crier épuise, dit mon père".


'''Yves de La Haye''', 7 ans en 1943.  ''Je suis que Mowgli, bientôt je serai louveteau'', ''journal d'un enfant qui n'a pas souvenir d'un avant-guerre à Rennes 1939-1947'' - 2011         
'''Yves de La Haye''', 7 ans en 1943.  ''Je suis que Mowgli, bientôt je serai louveteau'', ''journal d'un enfant qui n'a pas souvenir d'un avant-guerre à Rennes 1939-1947'' - 2011         




8 797

modifications