1808 : Les derniers partisans de « l’armée des princes » fusillés sur le Champ de mars

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Les derniers courriers des princes

Une douzaine d’années après les velléités de reconquête de la France révolutionnaire par les royalistes à partir de l’Angleterre, vont aborder sur le sol de France les derniers partisans du comte de Puisaye. C’est pour rétablir en France des comités royalistes comme en 1797, en commençant par Rennes, que, le dimanche 10 janvier 1808, quittèrent Jersey ces ultimes courriers des princes pour ne débarquer que le 20 en raison d’une longue escale à Chausey due aux tempêtes.

C’est sur la grève de Rothéneuf, qu’une longue annexe du cotre Le Drack les amena. Le navire repartit avec ses trente marins fortement armés, laissant sur le rivage cinq passagers. Leur chef se faisait appeler Blondel, en fait colonel Noël Prigent, chevalier de Saint-Louis, second du comte Joseph de Puisaye Wikipedia-logo-v2.svg. Prigent avait été signalé par Fouché, ministre de la police, dès mars 1807 dans un de ses bulletins quotidiens à l'Empereur comme "le principal agent de la correspondance" clandestine entre Jersey et les côtes de l'Ille-et-Vilaine et des Côtes-du-Nord. Il était accompagné de Guignet fils d’un jardinier de Saint-Servan, Deschamps, alias Frécinet, de Rothéneuf, Jean Leclerc de Saint-Servan et Bouchard. Gouyon-Vaucouleurs, compagnon d’exil de François René de Chateaubriand à Londres, avait été du voyage mais, âgé de 50 ans, resta à bord du cotre avec mission de rendre compte du voyage.

Des mois d’errance achevée sur le Champ de Mars

Du rivage, à sept heures du soir, ils gagnèrent de nuit la route de Saint-Servan où, à une maison de confiance de La Flourie, localité de Jean Leclerc, ils trouvèrent porte close. Dès lors ce furent sept mois d’errance de bêtes traqués, de logeur en logeur. Bouchard se constitua prisonnier et renseignera la gendarmerie. Le 5 juin au matin, dans un champ de seigle où ils s’étaient cachés aux environs de Saint-Gilles, au nord-ouest de Rennes. "Blondel" et deux de ses compagnons furent cueillis par les gendarmes après quelques coups de feu.

Le colonel Prigent, qui s"était rendu avec sa correspondance très révélatrice, sans se défendre pour sauver sa peau, va dénoncer alors tout le monde et révéler les plans dans une audition qui dura six heures. Les autorités impériales découvrent ainsi un plan d'insurrection générale dressé par de Puisaye qui visait à commander l'ensemble du parti royaliste. On tient celui qui avait ses entrées chez le comte d'Artois, qui était bien vu de Cadoudal, de Bourmont. À Rennes, le préfet Bonnaire a une grosse affaire sur les bras et correspond beaucoup avec le ministre de la police, mais le prisonnier parle d'abondance et dit se dévouer désormais à l'Empereur: il écrit à Fouché :"En remettant autant que je puisse en rappeler les noms des maisons ou personnes chez lesquelles j'ai été, j'ai désiré n'en pas omettre [...] personne n'a plus à cœur de faire connaître et de dire la vérité que moi. Je serai toujours fidèle à mes serments. Je le jure." Il jure après avoir trahi... L’affaire est importante et Fouché envoie Bouchard à Jersey contacter M. Gouyon- Vaucouleurs et l'inciter à revenir débarquer des clandestins le 21 juin sur le rivage de Rothéneuf où il est arrêté. Il sera fusillé avec Armand de Chateaubriand Wikipedia-logo-v2.svg le 30 mars 1809 à Paris.

Ils furent trente-six à comparaître à Rennes, le 30 septembre, devant la commission militaire qui, trois jours plus tard, prononça onze condamnations à mort. Le mardi 4 octobre, à quatre heures de l'après-midi, la troupe encercle le Champ de Mars et la foule attend, aux sons d’une musique militaire qui joue des airs allègres. Neuf condamnés sont amenés et refusent de s’agenouiller et de tourner le dos au peloton d’exécution. Tirez ici, dit de Gouyon, main sur le cœur. Prigent – que ses révélations n’avaient pas sauvé – Bouchard malgré sa mission à Jersey pour le compte de la police impériale, et Michel Rastel maire de Clayes qui avait servi de logeur, sont aussi passés par les armes sur le Champ de Mars le 11 octobre, toutes exécutions devant décourager de potentiels complices des agents anglais[1] [2].

références

  1. Saint-Malo sous la Révolution 1789-1800. Eugène Herpin. La Découvrance – 2002
  2. L'arrestation de Prigent, agent clandestin du parti royaliste en Ille-et-Vilaine sous le Premier Empire (1808) Y. Guerrin. Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest pp. 311-331 - 1993