Mon enfance à Bréquigny

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« Je suis arrivée dans le quartier en 1940, rue Victor Rault. Avant j’habitais rue Saint-Hélier. Après le bombardement de 1940, nous avons été relogés dans les baraquements. On avait fait une tranchée autour pour les bombardements.

J’ai fait ma communion sous un chêne centenaire. A cause du bombardement, le curé nous avait dit que la procession serait sous le chêne. On n’était pas habillés en blanc car on pouvait être vus par les avions. Ce chêne est toujours là, à l’entrée du parc, derrière la MJC.

Le Château de Bréquigny détruit en 1957 pour implanter le lycée éponyme

J’ai connu le chemin de ronde (aujourd’hui Boulevard Albert 1er ). Il y avait plusieurs fermes. La ferme Bellais se trouvait entre la rue Le Guen de Kérangal et le lycée. Dans les fermes il y avait des vaches, du lait, de la volaille. Ma mère était cuisinière, mon père est parti en laissant ma mère avec 8 enfants. Ma mère travaillait dans trois fermes, dont la ferme Bellais et la ferme Nicolas. Elle repassait le linge et faisait le ménage. Les fermiers lui donnaient du lait, des œufs, du beurre, de la volaille ou du pain qu’ils faisaient. C’était pour son travail. Les tickets de rationnement ce n’était pas suffisant. Quand on n’avait plus de ticket de sucre, on prenait de la saccarine.

Un avion est tombé derrière le château. Les Allemands ont habité le château. Lorsqu’il a été abandonné, je m'y suis amusée avec mes frères. On jouait aux gendarmes et aux voleurs. Un jour on a apporté un sac de champignons à Maman, mais ils étaient mortels et on les a jetés. On ramassait aussi les poires sauvages.

On faisait des patins à roulettes sur la route de Nantes. Il y avait une fête une fois par an. Il y avait un défilé, c’était la retraite aux flambeaux. Il y avait 2 cafés : Le pigeon blanc et le Pigeon noir. Les musiciens s’arrêtaient à tous les cafés et faisaient danser les gens. Tous les parents passaient la soirée là avec nous. Il y avait aussi un bal tous les samedis soirs, dimanches après-midis et soirs. Pour aller au Boël ou à Saint-Grégoire, on allait à pied. L’hiver, la prairie des Cloteaux était un champ qui était toujours inondé. Il y avait un ruisseau dans le bas de Bréquigny. J’aimais aller y patouiller !

Il y avait des écoles. J’ai appris à écrire à 13 ans (après la guerre) car pendant la guerre il n’y avait pas d’école. On allait une fois par semaine pour avoir des bonbons et des vitamines mais les Allemands ont pris ces locaux. Le camp des nomades, c’était un camp de prisonniers. Ils allaient travailler tous les jours à la caserne Margueritte. On m’avait dit qu’il y avait des sorcières en face de l’école des Chalais actuelle, à l’emplacement du four à pain, j’avais peur d’y passer quand j’étais gamine !

Le Super U Sarah Bernard actuel, c’était un camp de prisonnier et le centre commercial Carrefour actuel, c’était des champs.

Je me suis mariée en 1960, j’ai acheté sur plan en 1961 et je suis aux Clôteaux depuis octobre 1962. »

— Une habitante des Clôteaux • Recueilli par Ghislaine • 30 Mai 2013licence