Rennes upon Thames ou London sur Vilaine en 1820 ?

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Le "Plan de la ville de Rennes et de ses fauxbourgs" en 1782, levé par Forestier

Il pouvait avoir ce titre étrange en tête le voyageur qui lisait en 1822 ce qu'avait écrit Régis Jean Vaysse de Villiers sur Rennes, dans sa Région de l'Ouest, route de Paris à Rennes, cet inspecteur des postes-relais qui avait sillonné la France, l'Italie et connaissait Londres.[1] La comparaison ne manque pas d'étonner de nos jours mais voyons sur quoi ce voyageur averti pouvait bien la baser.

Une comparaison audacieuse...

Vaysse de Villiers note que Rennes, "une des belles villes de France", doit sa beauté, comme Londres,[2] à la catastrophe d'un incendie. Et il remarque :" A ce territoire plat et uniforme, à ce climat humide et mélancolique, à cette construction sévère et sans élégance d'une ville qui ne doit sa beauté qu'au malheur d'un incendie, ne croirait-on pas reconnaître la capitale de la Grande-Bretagne ?" Et de se demander si la vaste prairie où paissent de nombreux troupeaux, à côté du Mail, ne pourrait pas, en devenant le "Hyde-Parc" de la ville, établir une autre ressemblance entre les deux capitales de la grande et de la petite Bretagne.


... mais relativisée par la différence d'échelle

Mais il relativise aussitôt son audacieux rapprochement car il ajoute :"s'il est permis de comparer les petites choses aux grandes; et c'est bien le cas de le dire : car qu'est-ce-que les deux places de Rennes auprès des cinquante places de Londres, dont une seule en renfermerait au moins dix comme celle du Palais." Ici il exagère. Mais il a raison quand il questionne : "Qu'est-ce que le petit quinconce de la place aux Arbres,[3] auprès des vastes et magnifiques jardins anglais qui décorent le milieu de presque tous les squarres (sic) de Londres? Que sont enfin, auprès des rues de cette dernière, les rues de Rennes, qui, mises toutes à la suite les unes des autres, n'égaleront pas, en longueur, celle d'Oxford ?"

Un même climat, un même tempérament ?

Vaysse de Villiers au rapprochement physique entre les deux capitales en ajoute un moral entre les deux peuples : l'esprit d'indépendance et de résistance à l'autorité, qu'il voit commun aux Bretons du continent et à ceux d'outre-mer, et aussi l'esprit national, "je veux parler de cette arrogance, de ce mépris dédaigneux, que le reste de l'Europe reproche avec raison au peuple anglais, et qui ne serait pas reproché avec moins de justice, au peuple breton, par le reste de la France."

Il enfonce le clou sur Rennes : "Je ne sais si la gaieté française ne serait pas mêlée, à Rennes, d'un peu de morosité britannique; je ne sais encore si je me suis trompé, en trouvant qu'on n'y rit guère plus qu'à Londres, et que, lorsqu'on fait tant, c'est d'une gaieté bruyante et d'un rire forcé, qui ne ressemblent pas plus au rire et à la gaieté de Paris, que les rives de la Vilaine et de la Tamise ne ressemblent à celles de la Seine et du Rhône." Il attribue cette différence des caractères aux différences de sol et de climat.

références

  1. Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle, par Etienne Maignen. Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine, t.CXII - 2008
  2. grand incendie de Londres Wikipedia-logo-v2.svg
  3. place de la Mairie