Rue Adolphe Leray

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La rue Adolphe Leray est une voie de Rennes d'orientation nord-sud qui s'étend au sud-est de la ville entre la fin de la rue Saint-Hélier (ou début de la rue de Vern) et le boulevard Oscar Leroux dans le secteur de la Binquenais où le boulevard Pierre Lemoine la prolonge. Elle apparaît dans la nomenclature des voies de Rennes du 24 juillet 1923.

La rue résulte de l'urbanisation progressive du chemin de Saint-Hélier à la Petite Thébaudais, appelé ensuite chemin vicinal de Rennes n° 16 et qui commençait par la rue de la Barbais (ou ruelle de la Barbais). À mi-parcours, elle est coupée par le boulevard Franklin Roosevelt réalisé un peu avant la Seconde Guerre mondiale[1].

« Le coin des lecteurs - Ceux qui ronchonnent - Nous avons reçu la lettre suivante, émanant d'un contribuable, habitant la rue de la Barbais. Nous la reproduisons textuellement :

Aux habitants du faubourg Saint-Hélier, des quartiers de Belleville et de la Barbais.

Tous les Rennais connaissent le petit chemin rapide et quelque peu tortueux, pompeusement appelé rue de la Barbais, chemin qui commence en face l'église Saint-Hélier, passe devant l'hospice Saint-Yves et s'enfonce dans la campagne.

Ce petit chemin déjà est par lui-même fort dangereux, ayant une inclinaison assez prononcée, sur une longueur de quelques mètres et débouchant dans le faubourg presque à angle droit devant une ligne de tramway.

Si l'on remarque qu'en face même de l'hospice Saint-Yves, il se restreint au point qu'une voiture et un piéton ne peuvent y passer ensemble, le danger se trouve de ce fait fortement accru.

Depuis longtemps, et combien de fois les habitants du faubourg Saint-Hélier et des quartiers de Belleville et de la Barbais ont demandé l'élargissement de ce passage, espérant qu'enfin le Conseil Municipal songerait peut-être à leur donner satisfaction, ce qui ne semble ni très difficultueux, ni très onéreux (un seul pan de mur est à abattre sur une vingtaine de mètres).

Mais jusqu'ici ils ont été obligés de constater que leur demande classée sans doute comme importune, est demeurée sans résultat.

Or, voici que subitement la circulation déjà assez active par la présence de l'hôpital Saint-Yves et des constructions nouvelles de la Barbais, s'est trouvée augmentée et avec elle les danger, bien entendu, par l'arrivée à Villeneuve des dragons (il s'agit là du 24ème régiment de dragons (24e RD), unité de cavalerie de l'armée française recréée à Dinan en 1873, aujourd'hui dissoute. Le régiment est présent en garnison à Rennes en 1914[2], ndlr), qui sillonnent tous les jours sur celui de la Barbais. C'est miracle qu'il ne se soit encore produit aucun accident en cet étroit boyau, devenu maintenant un danger perpétuel.

Serait-il encore permis d'espérer que nos édiles daigneront enfin tourner leur regard ébloui par les travaux d'art ou de luxe faits au centre de la ville vers les besoins des malheureux habitants des faubourgs et des suburbains réclamant un peu de sécurité pour leur vie en danger ?

Avant de songer à étendre le périmètre de l'octroi à des ruraux totalement dépourvus, et pour longtemps encore, de tous les avantages dont jouissent les habitants de le ville, ne serait-ce pas justice de donner satisfaction à ceux qui paient déjà les mêmes droits que tout le monde et ne profitent de rien? »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 8 juin 1914 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

Récemment réaménagée comme zone de rencontre depuis octobre 2015 entre l'intersection avec la rue Saint-Hélier jusque celle avec la rue de Riaval, la vitesse des véhicules y est désormais limitée à 20 km/h[3]. Les travaux se sont terminés en avril 2017 et l'inauguration de la rue Adolphe Leray après travaux s'est déroulée le 20 mai 2017 en présence de Nathalie Appéré.


« Au départ, celle que les charretiers appelaient la «rue du devoir» n'était qu'un chemin avec une côte en à-pic, sablonneux et malaisé. Cette rue constituait l'axe prioritaire d'accès vers le centre et largement animé par des circulations tant hippomobile que piétonne. Un peuple bigarré de la campagne Sud s'y croisait : gens du Cormier, Gacet, Goupillais, Torigné, Landrel l'empruntant pour accéder aux commerces et aux lieux de culte, cultivateurs se rendant à la brasserie Graff, avec leurs tombereaux tirés par des chevaux pour s'approvisionner en «drêche», résidus d'orge servant à l'élaboration de la bière recherché comme aliment du bétail. »

— André Sauvage (Audiar)
Origine : De la Zup Sud au quartier du Blosne à Rennes • Recueilli par Manu35 • octobre 2013licence

Cette dénomination rappelle :

Adolphe Leray

Le Petit Journal du 28 mars 1921

médecin radiologue

(15 juillet 1865, Rennes - 26 mars 1921, Enghien-les-Bains, Val d'Oise)

Adolphe Leray est un célèbre médecin radiologue, mort victime du devoir, à force d'être à proximité des rayons Roentgen (ou rayons X). Né au domicile de ses parents du 22 carrefour Jouaust à Rennes[4], il fit ses études à Rennes en débutant par le Droit puis en suivant des cours de médecine. Au laboratoire de biologie, il se spécialisa dans les recherches microbiennes. C'est l'étude de la tuberculose qui le conduit aux rayons X[5]. Il avait fondé le département de radiologie à l'hôpital Saint-Antoine de Paris dont il fut directeur 25 ans. Pendant la première guerre mondiale, il fut directeur du service radiologique de l'hôpital militaire de Saint-Brieuc et directeur de l'école d'infirmières de la Salpêtrière à Paris. Il reçut la Légion d'honneur à titre militaire. Il avait été amputé du pouce et affligé d'un ulcère au majeur de la main droite. Il avait publié des ouvrages : "Des lésions tuberculeuses chez l'homme et dans la série animale" (1896), "Traité de la phtisie pulmonaire" (1897). Le Petit Journal intitulera un article "La mort émouvante du docteur Leray victime des rayons X"[6].

Où se trouve sa maison ?

L'Ouest-Éclair s'applique, dans son numéro publié le 8 avril 1921, à retrouver la maison du radiologue située au 22 carrefour Jouaust :

« Le n° 22 du carrefour Jouault n'existe plus. Le dernier numéro de ce carrefour est le numéro 18 qui fait le coin droit, en descendant des Lices, audit carrefour et du boulevard Chézy. C'est aujourd'hui un café de belle apparence de construction récente, tenu par M. Guillard-Pouessel. Il y a tout lieu de croire que c'est dans cet immeuble que naquit Adolphe Leray. Voici pourquoi :


Cet immeuble n'est point le seul de construction récente ; il en est un autre qui porte numéro 25. Si l'on examine les vieilles maisons de cette rue, on constate que celles-ci étaient plutôt exiguës et on est porté à croire que ces deux nouvelles constructions englobent chacune deux petites maisons, d'où la disparition des numéros 20 et 22. Ce serait donc au coin du boulevard Chézy et du carrefour que serait né Adolphe Leray. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 8 avril 1921 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

Aujourd'hui, l'immeuble en question existe toujours et est occupé au rez-de-chaussée par le bar-café "Le Chantier".

Néanmoins, deux jours après la publication de son article, le quotidien rennais corrige ses écrits :

« Dans son numéro du 8 avril, « l'Ouest-Eclair », se basant sur le texte même de l'acte de naissance du radiologue Adolphe Leray, mort victime de son dévouement dans les circonstances que nous avons relatées, se demandait si la maison où était né le docteur Leray n'était point celle qui fait le coin du carrefour Jouault et du boulevard Chézy, à droite en descendant de la place des Lices. Elle pouvait en effet correspondre à un ancien N° 22 du carrefour Jouault qui ne porte plus aujourd'hui que 20 numéros. Il y avait erreur. C'est que les numéros de ce carrefour ont été renversés.


La maison où est né le radiologue A. Leray est celle qui porte actuellement le N° 4 du boulevard Chézy (autrefois 6, quai St-Cast) et qui est habitée par M. et Mme Saulnier de la Pinelais. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 10 avril 1921 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

Se souvenir

Le quotidien milite également pour la pose d'une plaque commémorative sur le bâtiment :

« EN L'HONNEUR DU RADIOLOGUE ADOLPHE LERAY - On se souvient qu'après la mort du radiologue Leray, qui fit sciemment don de sa vie pour sauver des milliers d'existences, qui, au cours de la grande guerre, alors que rien ne l'y obligeait, sauva, à l'Institut radiographique de Saint-Brieuc, tant de blessés, l'Ouest-Eclair demanda qu'une plaque commémorative fût placée sur la maison natale de ce Rennais d'origine, bienfaiteur de l'Humanité, c'est-à-dire sur la maison qui porte actuellement le numéro 4 du boulevard Chézy [...]

Adolphe Leray était en effet un de ceux qui avaient honoré sa ville natale dans laquelle, du reste, il avait fait toutes ses études de droit et de médecine. Nous apprenons que notre idée a fait son chemin, mais c'est à Enghien, où ce Rennais avait passé les dernières années de sa vie de travail, de dévouement et de sacrifice. Le conseil municipal, à l'unanimité, vient de décider qu'une plaque commémorative serait apposée, aux frais de la ville, sur la maison habitée par le docteur Adolphe Leray et qu'une rue d'Enghien porterait son nom dès que cela serait possible.

Nous ne désespérons point qu'il en soit de même à Rennes. Le docteur Adolphe Leray, est non seulement mort pour l'Humanité, mais pour les soldats de France, puisque comme nous le disons plus haut, pendant la guerre il aggrava volontairement son mal pour les sauver. Il a, à ce double titre, droit au « nom sur la maison natale ». De tels hommes honorent une cité et la cité s'honore en les honorant. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 23 avril 1921 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

Cette plaque n'a semble-t-il jamais été posée, mais le conseil municipal de la ville de Rennes renomme une voie en son honneur le 24 juillet 1923 :

« Il n'y a que deux ans que M. Adolphe Leray est décédé. Il était né [...] de l'une de nos plus honorables familles.

Médecin radiologue, toute sa vie fut consacrée au soulagement des misères humaines, et il est mort victime de son dévoiement à la science.

L'Ouest-Éclair a déjà eu l'occasion de rappeler ses travaux et ses mérites.

L'Amérique a célébré sa mémoire, en souvenir des éminents services qu'il avait rendus à l'humanité.

Sa ville natale, en attribuant son nom à la rue de la Barbais, vient de commencer à payer la dette de reconnaissance de ses concitoyens. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 28 juillet 1923 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

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Notes et références