« Carrier à Rennes » : différence entre les versions

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==Un Carrier populaire==
==Un Carrier populaire==


Feignant d'ignorer les autorités constituées, Carrier se présente d'abord aux sections et à la société populaire naguère dissoute par les Girondins. Unanimement applaudi, il fut reconduit chez lui par une foule chantante et, le lendemain, il fit l'apologie des Montagnards. Il ne va vraiment agir qu'après l'arrivée des troupes de Saint-Malo. Le dimanche 8 septembre se déroule sur le champ de Mars une revue de la garnison et de la garde nationale et  il s'en prend publiquement à une compagnie des canonniers de la garde qu'il estimait avoir été en contre-révolution ouverte et il les fera d'ailleurs passer tous à l'armée du nord. La cérémonie se termine par la plantation d'un arbre de la liberté sur la place de l'Egalité [[ place du Parlement de Bretagne]] et on jette dans un bûcher un portrait de Louis XVI et divers attributs du "despotisme". On danse jusqu'à l'aurore, des citoyennes ornées de guirlandes et de feuilles de chêne lui offrent une couronne civique et l'une d'elles chante un couplet à la gloire de la Montagne. Le lendemain, il présente son collègue [[Pocholle]] à la société populaire. Le 30 septembre, encourageant le mariage des ministres du culte, il est témoin avec Pocholle au mariage d'un prêtre, suivi d'une fête populaire avec banquet.
Feignant d'ignorer les autorités constituées, Carrier se présente d'abord aux sections et à la société populaire naguère dissoute par les Girondins. Unanimement applaudi, il fut reconduit chez lui par une foule chantante et, le lendemain, avec son fort accent auvergnat, il fit l'apologie des Montagnards. Il ne va vraiment agir qu'après l'arrivée des troupes de Saint-Malo. Le dimanche 8 septembre se déroule sur le champ de Mars une revue de la garnison et de la garde nationale et  il s'en prend publiquement à une compagnie des canonniers de la garde qu'il estimait avoir été en contre-révolution ouverte et il les fera d'ailleurs passer tous à l'armée du nord. La cérémonie se termine par la plantation d'un arbre de la liberté sur la place de l'Egalité [[ place du Parlement de Bretagne]] et on jette dans un bûcher un portrait de Louis XVI et divers attributs du "despotisme". On danse jusqu'à l'aurore, des citoyennes ornées de guirlandes et de feuilles de chêne lui offrent une couronne civique et l'une d'elles chante un couplet à la gloire de la Montagne. Le lendemain, il présente son collègue [[Pocholle]] à la société populaire. Le 30 septembre, encourageant le mariage des ministres du culte, il est témoin avec Pocholle au mariage d'un prêtre, suivi d'une fête populaire avec banquet.


==Coups de balai au département, au district et à la municipalité==
==Coups de balai au département, au district et à la municipalité==
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Carrier a quitté Rennes le 5 ou 6 octobre pour Nantes. Dans la première lettre qu'il écrivit de Nantes il assure '':"Nous avons eu à rennes nos collègues Jeanbon Saint-André et Prieur de la Marne qui ont été contents de l'énergie républicaine qui se développe à Rennes.... Le mouvement heureux et rapide que nous y avons imprimé se propage dans toute la Bretagne."'' d'où il fait rapport  à la Convention de son action à Rennes. Après avoir dit avoir trouvé le peuple de Rennes très patriote, il vante la société populaire mais indique que " Le fédéralisme apparut dans toute sa nudité, les autorités constituées furent renouvelées, le peuple applaudit à mon courage(...) Les administrations fédéralistes avaient pris cent mille livres dans les caisses publiques, je les forçai de se soumettre à les reverser dans les caisses de la nation.(...) Je reçus une nouvelle mission qui m'appelait à Nantes. Je quittai aussitôt Rennes, laissant après moi les regrets les plus honorables. J'emportai la douce jouissance d'avoir mis cette commune à toute la hauteur de la Révolution.(...) Nous avons destitué tout ce qu'il y avait à Rennes royalistes, feuillants, aristocrates, fédéralistes et modérés en place. Nous avons confié les places à des patriotes éprouvés.
Carrier a quitté Rennes le 5 ou 6 octobre pour Nantes. Dans la première lettre qu'il écrivit de Nantes il assure '':"Nous avons eu à rennes nos collègues Jeanbon Saint-André et Prieur de la Marne qui ont été contents de l'énergie républicaine qui se développe à Rennes.... Le mouvement heureux et rapide que nous y avons imprimé se propage dans toute la Bretagne."'' d'où il fait rapport  à la Convention de son action à Rennes. Après avoir dit avoir trouvé le peuple de Rennes très patriote, il vante la société populaire mais indique que " Le fédéralisme apparut dans toute sa nudité, les autorités constituées furent renouvelées, le peuple applaudit à mon courage(...) Les administrations fédéralistes avaient pris cent mille livres dans les caisses publiques, je les forçai de se soumettre à les reverser dans les caisses de la nation.(...) Je reçus une nouvelle mission qui m'appelait à Nantes. Je quittai aussitôt Rennes, laissant après moi les regrets les plus honorables. J'emportai la douce jouissance d'avoir mis cette commune à toute la hauteur de la Révolution.(...) Nous avons destitué tout ce qu'il y avait à Rennes royalistes, feuillants, aristocrates, fédéralistes et modérés en place. Nous avons confié les places à des patriotes éprouvés.


Tel ne fut pas l'avis de son successeur, Esnue-Lavallée, qui, trouvant Pocholle,resté seul,trop libéral car il avait remis beaucoup de gens en liberté, écrivit le 1er janvier 1794 : "''L'esprit public à Rennes est à la glace, les patriotes et surtout les républicains y sont en petit nombre... Rennes que j'avais élevée à toute la hauteur de la Révolution est dans un état de modérantisme le plus déplorable''"  Trois membres du comité de surveillance envoyèrent une adresse à la Convention dénonçant le retour du fédéralisme, du fanatisme et de l'égoïsme de leurs concitoyens indifférents. " ''Voilà les ennemis que Carrier a eu à combattre, il les a frappés de sa massue populaire... Les fédéralistes se cachèrent, les royalistes singèrent le patriotisme, tous ces êtres malfaisants devinrent tout à coup républicains... Tout trembla devant Carrier qui fit incarcérer les coupables et vengea les sans-culottes des outrages qui leur avaient été faits''". Et ils déplorent, qu'après le départ de Carrier, tous ces ennemis relevèrent la tête (... du moins ceux qui ne l'avaient pas perdue !). De Nantes, il garda un oeil sur Rennes et tenta d'y garder la main, en ordonnant, le 12 décembre, la consignation chez lui de Blin le jeune et la réincarcération de vingt-cinq citoyens, ce qui fut fait, mais les autorités rennaises renâclèrent à son ordre de les expédier à Nantes,et on imagine le sort qu'il leur réservait.
Tel ne fut pas l'avis de son successeur, Esnue-Lavallée, qui, trouvant Pocholle,resté seul,trop libéral car il avait remis beaucoup de gens en liberté, écrivit le 1er janvier 1794 : "''L'esprit public à Rennes est à la glace, les patriotes et surtout les républicains y sont en petit nombre... Rennes que j'avais élevée à toute la hauteur de la Révolution est dans un état de modérantisme le plus déplorable''"  Trois membres du comité de surveillance envoyèrent une adresse à la Convention dénonçant le retour du fédéralisme, du fanatisme et de l'égoïsme de leurs concitoyens indifférents. " ''Voilà les ennemis que Carrier a eu à combattre, il les a frappés de sa massue populaire... Les fédéralistes se cachèrent, les royalistes singèrent le patriotisme, tous ces êtres malfaisants devinrent tout à coup républicains... Tout trembla devant Carrier qui fit incarcérer les coupables et vengea les sans-culottes des outrages qui leur avaient été faits''". Et ils déplorent, qu'après le départ de Carrier, tous ces ennemis relevèrent la tête (... du moins ceux qui ne l'avaient pas perdue !). De Nantes, il garda un oeil sur Rennes et tenta d'y garder la main, en ordonnant, le 12 décembre, la consignation chez lui de Blin le jeune ( il n'a pas digéré son reproche d'aller par la ville avec bas de soie et escarpins ) et la réincarcération de vingt-cinq citoyens, ce qui fut fait, mais les autorités rennaises renâclèrent à son ordre de les expédier à Nantes,et on imagine le sort qu'il leur réservait.


Après ses exploits à Nantes, Carrier monta sur l'échafaud à Paris, le 16 décembre 1794, suivant de peu  dans la mort ses nombreuses victimes.<ref> ''Terreur et terroristes à Rennes. 1792-1795'' par B.-A. Pocquet du Haut-Jussé. Joseph Floch, éditeur. Mayenne, 1974</ref>
Après ses exploits à Nantes, Carrier monta sur l'échafaud à Paris, le 16 décembre 1794, suivant de peu  dans la mort ses nombreuses victimes.<ref> ''Terreur et terroristes à Rennes. 1792-1795'' par B.-A. Pocquet du Haut-Jussé. Joseph Floch, éditeur. Mayenne, 1974</ref>
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