« Mai-juin 1940, l'afflux des réfugiés à Rennes » : différence entre les versions

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Le 25 septembre 1939, arrivèrent à Rennes par train spécial près de 600 artistes de la section lyrique de la radio d'Etat avec six fourgons de marériel, transportant aussi 40 tonnes de partitions. Les scouts de Rennes, dirigés par M. Cathala, aident au déchargement. "''La population de Rennes a déjà doublé. Il fallut serrer les coudes et les cordes''".<ref> ''Match'', reportage sur 2 pages - 5 octobre 1939</ref>  Quatre jours après leur arrivée eurent lieu les premières retransmissions en direct. Ils firent désormais leurs répétitions au théâtre et l'orchestre national (80 musiciens), à la baguette de M. Ingelbretch ou de M. Bigot, y donna des concerts qui firent salle comble; l'orchestre Radio-Lyrique-Symphonique  (60 musiciens) s'installa dans les studios de Radio-Bretagne, au dernier étage du [[Palais du Commerce]] et l'orchestre Messager dans la grande salle du restaurant ''Gadby'', [[rue d'Antrain]]. Les classes préparatoires des grandes écoles furent aussi transférées à Rennes.
Le 25 septembre 1939, arrivèrent à Rennes par train spécial près de 600 artistes de la section lyrique de la radio d'Etat avec six fourgons de marériel, transportant aussi 40 tonnes de partitions. Les scouts de Rennes, dirigés par M. Cathala, aident au déchargement. "''La population de Rennes a déjà doublé. Il fallut serrer les coudes et les cordes''".<ref> ''Match'', reportage sur 2 pages - 5 octobre 1939</ref>  Quatre jours après leur arrivée eurent lieu les premières retransmissions en direct. Ils firent désormais leurs répétitions au théâtre et l'orchestre national (80 musiciens), à la baguette de M. Ingelbretch ou de M. Bigot, y donna des concerts qui firent salle comble; l'orchestre Radio-Lyrique-Symphonique  (60 musiciens) s'installa dans les studios de Radio-Bretagne, au dernier étage du [[Palais du Commerce]] et l'orchestre Messager dans la grande salle du restaurant ''Gadby'', [[rue d'Antrain]]. Les classes préparatoires des grandes écoles furent aussi transférées à Rennes.


===Dès le 11 mai 1940 ===
===Dès le 11 mai 1940 ===
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===Des réfugiés surtout du Nord et de la Seine===
===Des réfugiés surtout du Nord et de la Seine===


Le 10 juin : la centrale postale de Lille arrive à Rennes, son lieu prévu pour le repli et un train passe transportant, assis ou couchés sur la paille de wagons à bestiaux, les vieillards de l'hospice de Lille accompagnés par les Petites Soeurs des Pauvres et cinq malades sont descendus sur brancard et l'un décède à l'infirmerie.
Le 10 juin : la centrale postale de Lille arrive à Rennes, son lieu prévu pour le repli et un train passe transportant, assis ou couchés sur la paille de wagons à bestiaux, les vieillards de l'hospice de Lille accompagnés par les Petites Soeurs des Pauvres et cinq malades sont descendus sur brancard et l'un décède à l'infirmerie. Les trains de Paris ont, ce jour-là, de 18 à 20 heures de retard et le lendemain ce trafic cessa.
les administrations du Nord, conformément au plan d'évacuation, s'étaient repliées nombreuses à Rennes où avait été créée une annexe de la préfecture. Les étudiants de Lille devaient passer leur bachot à Rennes.
Les administrations du Nord, conformément au plan d'évacuation, s'étaient repliées nombreuses à Rennes où avait été créée une annexe de la préfecture. Les étudiants de Lille devaient passer leur bachot à Rennes. Les réfugiés d'un train qui repart crient " Vive la Bretagne ! Merci rennes !" mais les passagers d'un train suivant hurlent de colère et injurient les assistantes.
On prit la précaution d'arrêter l'hébergement en ville avant saturation afin de laisser place aux officiers et aux requis civils gagnant la ville sur ordre. Les cheminots d'Amiens furent logés dans de grands hangars de la gare et aux professeurs fut assignée la salle des fêtes du lycée. 15 000 repas par jour furent distribués durant les 15 premiers jours et 26 000 par jour durant les trois semaines les plus chargées. ( * 3 ) <ref> ''Les déplacements de la population vers la Bretagne en 1939-40'', par André Meynier, Annales de Bretagne, vol. 56 - 1949</ref>
 
Le 12 juin les Rennais virent avec stupeur arriver des autos immatriculées MX : Orne. Un bobard circule : le département de repli pour les habitants d'Ille-et-Vilaine est la Corrèze. La direction des services de santé est transférée à Condom (Gers)
 
On prit la précaution d'arrêter l'hébergement en ville avant saturation afin de laisser place aux officiers et aux requis civils gagnant la ville sur ordre. Les cheminots d'Amiens furent logés dans de grands hangars de la gare et aux professeurs fut assignée la salle des fêtes du lycée. 15 000 repas par jour furent distribués durant les 15 premiers jours et 26 000 par jour durant les trois semaines les plus chargées.  Les derniers joursles trajets des trains devinrent erratiques : train de Brest avec des réfugiés normands arrivant à Rennes, train refoulé de Laval à rennes puis repartant pour Laval, et le 15 juin des trains pour Nantes revenant à Rennes faute d'avoir pu passer les ponts.( *''' 5''' ) <ref> ''Les déplacements de la population vers la Bretagne en 1939-40'', par André Meynier, Annales de Bretagne, vol. 56 - 1949</ref>
 
Puis les trains de réfugiés ne dépassant plus Rennes, le préfet charge l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées d'organiser les transports vers d'autres départements bretons en mobilisant les autocars disponibles, les chauffeurs étant "casernés" au moulin du [[Port-Cahours]], au bas de la [[rue de Saint-Brieuc]] puis le service des transports est confié au chef de ce service à la [[brasserie Graff]]. Le préfet s'efforce par la suite de diriger le plus de réfugiés possible vers le sud-ouest. Le transport de réfugiés vers leur lieu de logement définitif fut aussi assuré par des volontaires de l'Automobile Club de l'ouest, des auxiliaires de la défense passive, des anciens combattants pourvus d'essence par la préfecture.  L'Ille-et-Vilaine aurait ainsi accueilli environ 140 000 réfugiés, soit une surcharge démographique de 25%, et les réfugiés des départements du Nord et de la Seine furent de beaucoup les plus nombreux à Rennes. Au total 26 000 réfugiés s'inscrivirent à Rennes  (32 000 au regard des cartes alimentaires distribuées) mais le nombre des réfugiés de passage a pu atteindre  en pointe 100 000 simultanément.( '''* 5''' )


Puis les trains de réfugiés ne dépassant plus Rennes, le préfet charge l'ingénieur en chef des Ponts et Chaussées d'organiser les transports vers d'autres départements bretons en mobilisant les autocars disponibles, les chauffeurs étant "casernés" au moulin du [[Port-Cahours]], au bas de la [[rue de Saint-Brieuc]] puis le service des transports est confié au chef de ce service à la [[brasserie Graff]]. Le préfet s'efforce par la suite de diriger le plus de réfugiés possible vers le sud-ouest. Le transport de réfugiés vers leur lieu de logement définitif fut aussi assuré par des volontaires de l'Automobile Club de l'ouest, des auxiliaires de la défense passive, des anciens combattants pourvus d'essence par la préfecture.  L'Ille-et-Vilaine aurait ainsi accueilli environ 140 000 réfugiés, soit une surcharge démographique de 25%, et les réfugiés des départements du Nord et de la Seine furent de beaucoup les plus nombreux à Rennes. Au total 26 000 réfugiés s'inscrivirent à Rennes  (32 000 au regard des cartes alimentaires distribuées) mais le nombre des réfugiés de passage a pu atteindre  en pointe 100 000 simultanément.( '''* 3''' )
===Le reflux===


Le 18 juin, au matin, '''* ( 1 )''' 4000 à 5000 réfugiés affolés furent évacués  vers des communes du département à bord de T.I.V '''* ( 2 )''' La veille des réfugiés dans un train en provenance de Lisieux avaient été tués par les bombes allemandes sur le triage ferroviaire de Rennes. '''* ( 3 )''' Le retour des réfugiés s'amorça à partir du 8 juillet par un train Rennes-Paris accessible aux porteurs d'ordre de mission. Le 14 juillet Rennes fut envahie par des réfugiés venant du Finistère et des Côtes-du-Nord qui comptaient y trouver des trains vers le Nord, et qu'il fallut héberger aux centres d'accueil à raison de 1600 par jour. Puis circulèrent des trains spéciaux  gratuits de la mi-août au 18 septembre. Les artistes de la radio nationale, à Rennes depuis 11 mois, regagneront Paris le 12 septembre par train spécial. Fin juillet, les autorités d'occupation avaient créé une zone interdite incluant plusieurs départements du nord, mais à fin novembre, il ne restait à Rennes que 1100 réfugiés sur 10 000 de ces départements.( '''* 3''' )
Le 18 juin, au matin, '''* ( 1 )''' 4000 à 5000 réfugiés affolés furent évacués  vers des communes du département à bord de T.I.V '''* ( 2 )''' La veille des réfugiés dans un train en provenance de Lisieux avaient été tués par les bombes allemandes sur le triage ferroviaire de Rennes. '''* ( 3 )''' Le retour des réfugiés s'amorça à partir du 8 juillet par un train Rennes-Paris accessible aux porteurs d'ordre de mission. Le 14 juillet Rennes fut envahie par des réfugiés venant du Finistère et des Côtes-du-Nord qui comptaient y trouver des trains vers le Nord, et qu'il fallut héberger aux centres d'accueil à raison de 1600 par jour. Puis circulèrent des trains spéciaux  gratuits de la mi-août au 18 septembre. Les artistes de la radio nationale, à Rennes depuis 11 mois, regagneront Paris le 12 septembre par train spécial. Fin juillet, les autorités d'occupation avaient créé une zone interdite incluant plusieurs départements du nord, mais à fin novembre, il ne restait à Rennes que 1100 réfugiés sur 10 000 de ces départements.( '''* 5''' )




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