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=== La révolte===
=== La révolte===


Comme à Bordeaux fin mars, le 18 avril, le peuple envahit le bureau de tabac,[[ place du Champ Jacquet]], saccage tout et s'empare des balles d' ''herbe à Nicot'' ou  ''pétun'' dont on apprécie les qualités de coupe-faim dans le peuple qui ne mange pas à sa faim. Il fait de même au bureau du papier timbré sous le palais. Le 25, le temple protestant de Cleunay est incendié sous prétexte que des commis des tabacs et du papier timbré sont de la religion. Les compagnies de milice bourgeoises, les "cinquantaines", se mobilisent.
Comme à Bordeaux fin mars, le 18 avril, le peuple envahit le bureau de tabac,[[ place du Champ Jacquet]], saccage tout et s'empare des balles d' ''herbe à Nicot'' ou  ''pétun'' dont on apprécie les qualités de coupe-faim dans le peuple qui ne mange pas à sa faim. Il fait de même au bureau du papier timbré sous le palais. Le 25, le temple protestant de Cleunay est incendié sous prétexte que des commis des tabacs et du papier timbré sont de la religion. Les compagnies de milice bourgeoises, les "cinquantaines", se mobilisent. Les injures fusent, le [[duc de Chaulnes]] est traité de "gros cochon"et est assiégé en son Hôtel caillassé par une "colique pierreuse" selon Mme de Sévigné, et, dans toute la Basse Bretagne, de très nombreux manoirs sont mis à sac et brûlés. Rue Haute, la duchesse est arrêtée par la foule qui la prie d'être la marraine d'un nouveau-né qu'on lui tend mais elle reçoit sur ses genoux la charogne d'un chat crevé.
[[Fichier:Revolte_du_papier_timbre.JPG|300px|left|thumb|Tableau allégorique de la révolte du papier timbré, par Jean-Bernard Chalette - 1676. A gauche, la ville de Rennes est dans les flammes de l'enfer. L'impôt est représenté par un char conduit par un diable, sur lequel se trouve le duc de Chaulnes (musée de Bretagne) - de Wikimedia Commons)]]
[[Fichier:Revolte_du_papier_timbre.JPG|300px|left|thumb|Tableau allégorique de la révolte du papier timbré, par Jean-Bernard Chalette - 1676. A gauche, la ville de Rennes est dans les flammes de l'enfer. L'impôt est représenté par un char conduit par un diable, sur lequel se trouve le duc de Chaulnes (musée de Bretagne) - de Wikimedia Commons)]]
La colère explose en juin [[1675]] à Rennes. Le gouverneur, le [[duc de Chaulnes]] qui a fait entrer en ville trois compagnies de 150 hommes du régiment de la Couronne,traité de "gros cochon", est assiégé en son Hôtel caillassé par une "colique pierreuse" selon Mme de Sévigné, et, dans toute la Basse Bretagne, de très nombreux manoirs sont mis à sac et brûlés. Rue Haute, la duchesse est arrêtée par la foule qui la prie d'être la marraine d'un nouveau-né qu'on lui tend mais elle reçoit sur ses genoux la charogne d'un chat crevé. Le 17 juillet, en fin de matinée, le bureau du papier timbré est à nouveau dévasté et des bourgeois de la milice tuèrent un des séditieux.. Apeurée, [[Madame de Sévigné]] écrit encore à sa fille, le 24 juillet [[1675]] - ''"Nous ne voulons pas aller nous jeter dans la fureur qui agite notre province, elle augmente tous les jours ... Mme de Chaulnes est à demi morte des menaces qu'on lui fait tous les jours"''  
La colère explose à nouveau en juin [[1675]] à Rennes. Le gouverneur, le duc a fait entrer en ville trois compagnies de 150 hommes du régiment de la Couronne.  Se dirigeant vers l’hôtel de ville pour y prendre leur quartier,à une centaine de mètres du palais épiscopal où le duc de Chaulnes résidait, mais ces  compagnies  se heurtent à la compagnie milicienne de garde qui refuse de céder la place et de leur remettre la garde et la défense de la ville. Les Rennais voient là une mesure insultante. La foule s’assemble, des enfants jettent des pierres sur la troupe insultée. Le duc intervient et cède. Le 20 juin, le duc aurait obtenu des capitaines le retour au calme en échange de la promesse de surseoir aux taxes jusqu’à la prochaine tenue des états provinciaux. <ref> ''La prise d’armes rennaise de juin 1675 : une révolte civique ?'' Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest. Gaithier Aubert - 2011 </ref>
 
Le 17 juillet, en fin de matinée, le bureau du papier timbré est à nouveau dévasté et des bourgeois de la milice tuèrent un des séditieux.. Apeurée, [[Madame de Sévigné]] écrit encore à sa fille, le 24 juillet [[1675]] - ''"Nous ne voulons pas aller nous jeter dans la fureur qui agite notre province, elle augmente tous les jours ... Mme de Chaulnes est à demi morte des menaces qu'on lui fait tous les jours"''  


Si cette fureur est à la mesure de la misère, elle l'est aussi des rancœurs accumulées contre l'irrésistible grignotage, par le pouvoir royal, de la chère indépendance de la province. Rennes paiera par une affreuse et longue répression. Le 12 octobre, c'est une brusque prise de contrôle par l'armée alors que la guerre sévit en Hollande : 6000  hommes du duc de Chaulnes, venant de  Basse Bretagne où ils avaient réprimé la révolte des [[Bonnets rouges]], arrivent en ville par toutes les portes et les habitants sont désarmés.
Si cette fureur est à la mesure de la misère, elle l'est aussi des rancœurs accumulées contre l'irrésistible grignotage, par le pouvoir royal, de la chère indépendance de la province. Rennes paiera par une affreuse et longue répression. Le 12 octobre, c'est une brusque prise de contrôle par l'armée alors que la guerre sévit en Hollande : 6000  hommes du duc de Chaulnes, venant de  Basse Bretagne où ils avaient réprimé la révolte des [[Bonnets rouges]], arrivent en ville par toutes les portes et les habitants sont désarmés.
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