« Souvenirs de la rue Jean Coquelin » : différence entre les versions

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[[Catégorie:Quartier 12 : Bréquigny]]
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La [[rue Jean Coquelin]] existe depuis l'année 1956. En ce temps de pénurie de logements, les habitants avaient construit leurs maisons eux-mêmes dans l'esprit des Castors.
La [[rue Jean Coquelin]] existe depuis l'année 1956. En ce temps de pénurie de logements, les habitants avaient construit leurs maisons eux-mêmes dans l'esprit des Castors.
A l'occasion du 50ème anniversaire de la rue, en 2006, Liliane Terrier, qui a passé son enfance dans cette rue, avait interviewé ses parents, aujourd'hui disparus, sur la construction et la vie de la rue à l'époque.  
À l'occasion du 50 e anniversaire de la rue, en 2006, Liliane Terrier, qui a passé son enfance dans cette rue, avait interviewé ses parents, aujourd'hui disparus, sur la construction et la vie de la rue à l'époque.  
Ce texte est paru dans l'Écho des Champs, journal du quartier des Champs Manceaux, de juin 2006.
Ce texte est paru dans l'Écho des Champs, journal du quartier des Champs Manceaux, de juin 2006.


Marie et Lucien TERRIER habitent depuis 50 ans la rue Jean Coquelin.
Marie et Lucien Terrier habitent depuis 50 ans la rue Jean Coquelin.


'''Avant la rue Jean Coquelin où étiez-vous logés ?'''
'''Avant la rue Jean Coquelin où étiez-vous logés ?'''


Lucien Terrier répond : En 1952, nous habitions dans le centre ville [[rue Jules Simon]] au 2ème étage, deux pièces sans confort : une cuisine et une chambre, l'eau et les W.C sur le palier. A Rennes, se loger était difficile car il y avait pénurie de logements, beaucoup avait été détruits par les bombardements.
Lucien Terrier répond : En 1952, nous habitions dans le centre ville [[rue Jules Simon]] au 2 e étage, deux pièces sans confort : une cuisine et une chambre, l'eau et les W.C sur le palier. À Rennes, se loger était difficile car il y avait pénurie de logements, beaucoup avaient été détruits par les bombardements.
Pourquoi changer <nowiki>?</nowiki>
Pourquoi changer <nowiki>?</nowiki>
Nous avions déjà un enfant, c'était trop petit et sans confort, et il y avait des souris et des rats, le vieil immeuble a été ensuite classé insalubre.
Nous avions déjà un enfant, c'était trop petit et sans confort, et il y avait des souris et des rats, le vieil immeuble a été ensuite classé insalubre.
Comment avez-vous eu connaissance de la possibilité de faire construire sans gros apport financier en travaillant le soir les week-ends, jours fériés et pendant les vacances ?
Comment avez-vous eu connaissance de la possibilité de faire construire sans gros apport financier en travaillant le soir les week-ends, jours fériés et pendant les vacances ?
Monsieur René MORVAN voulait faire un groupe de 24 personnes et m'avait contacté. C'est lui qui avait recruté presque tout le monde. Les démarches administratives ont duré presque deux ans avant de commencer les travaux de construction, et nous nous sommes retrouvés à seize. Les autres maisons ont été attribuées pour être construites par une entreprise. Et c'est aussi René Morvan qui avait contacté M. Guinard.
M. René Morvan voulait faire un groupe de 24 personnes et m'avait contacté. C'est lui qui avait recruté presque tout le monde. Les démarches administratives ont duré presque deux ans avant de commencer les travaux de construction, et nous nous sommes retrouvés à seize. Les autres maisons ont été attribuées pour être construites par une entreprise. Et c'est aussi René Morvan qui avait contacté M. Guinard.


'''Qui était M. Guinard et comment avez-vous choisi le terrain ?'''
'''Qui était M. Guinard et comment avez-vous choisi le terrain ?'''


M. Guinard était le Directeur de la Coopérative de construction [[Ruche ouvrière rennaise|La Ruche Ouvrière]]. Il s'est occupé du financement et de la recherche de terrain à construire.
M. Guinard était le directeur de la coopérative de construction [[Ruche ouvrière rennaise|La Ruche Ouvrière]]. Il s'est occupé du financement et de la recherche de terrain à construire.
Il y avait deux possibilités de crédit, la Caisse de dépôt et de consignation fut choisie car les contraintes concernant les clauses de surface d'habitat étaient moins contraignantes qu'avec le Crédit Foncier.
Il y avait deux possibilités de crédit, la Caisse des dépôts et consignations fut choisie car les contraintes concernant les clauses de surface d'habitat étaient moins contraignantes qu'avec le Crédit Foncier.
M. Guinard nous avait proposé un terrain à la Motte Brûlon, nous l'avions refusé car il était inondable et de plus une ligne électrique passait au-dessus de ce terrain au bas des [[Prairies Saint-Martin|Prairies St Martin]].
M. Guinard nous avait proposé un terrain à la Motte Brûlon, nous l'avions refusé car il était inondable et de plus une ligne électrique passait au-dessus de ce terrain au bas des [[Prairies Saint-Martin|Prairies St Martin]].
Nous avions voté pour le choix de celui qui allait devenir la rue Jean Coquelin.
Nous avions voté pour le choix de celui qui allait devenir la [[rue Jean Coquelin]].
Les plans des maisons sont l'œuvre de M. Barthélemy architecte à la Ruche Ouvrière.
Les plans des maisons sont l'œuvre de M. Barthélemy architecte à la Ruche Ouvrière.
L'attribution des terrains a été faite par tirage au sort avant le début des travaux.
L'attribution des terrains a été faite par tirage au sort avant le début des travaux.
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Oui pour certains. Les porte-parole du groupe étaient René Morvan, et aussi Jules Bertin, celui-ci travaillant à la coopérative ouvrière faisait principalement la liaison. Marcel Marchand était responsable des travaux et du ferraillage, j'étais le chef de chantier.
Oui pour certains. Les porte-parole du groupe étaient René Morvan, et aussi Jules Bertin, celui-ci travaillant à la coopérative ouvrière faisait principalement la liaison. Marcel Marchand était responsable des travaux et du ferraillage, j'étais le chef de chantier.
Nous étions des ouvriers du bâtiment, sauf André Joly infirmier et Jules Bertin.
Nous étions des ouvriers du bâtiment, sauf André Joly infirmier et Jules Bertin.
Nous avons tous énormément travaillé. Nous venions à pied ou en vélo avec nos outils. L'hiver quand il faisant vilain temps et que nous étions en intempérie, M. Girard l'entrepreneur nous disait qu'il fait trop froid pour travailler dans l'entreprise, mais pour vous autres il ne fait pas froid...
Nous avons tous énormément travaillé. Nous venions à pied ou à vélo avec nos outils. L'hiver quand il faisant vilain temps et que nous étions en intempérie, M. Girard l'entrepreneur nous disait qu'il fait trop froid pour travailler dans l'entreprise, mais pour vous autres il ne fait pas froid...
Chacun s'est beaucoup investi dans l'ensemble des travaux, on peut par exemple préciser les travaux de certains : Aldo Venara le carrelage, André Joly les cheminées, Claude Thomas les raccords de plomberie, moi-même les escaliers...
Chacun s'est beaucoup investi dans l'ensemble des travaux, on peut par exemple préciser les travaux de certains : Aldo Venara le carrelage, André Joly les cheminées, Claude Thomas les raccords de plomberie, moi-même les escaliers...
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A ce moment, Marie Terrier précise : Je regrettais très vivement la vie dans le centre-ville, ce furent des années difficiles. C'était un autre temps, sans réfrigérateur, sans machine à laver. Ma deuxième fille avait tout juste trois mois quand nous avions aménagé dans cette immense maison vide de meubles, avec un gaz butane à deux feux.
A ce moment, Marie Terrier précise : Je regrettais très vivement la vie dans le centre-ville, ce furent des années difficiles. C'était un autre temps, sans réfrigérateur, sans machine à laver. Ma deuxième fille avait tout juste trois mois quand nous avions aménagé dans cette immense maison vide de meubles, avec un gaz butane à deux feux.
Les achats se faisaient rue Leguen de Kerangal chez Mme Lebon, et aussi chez Hirel à l'angle de la [[rue d'Aiguillon]], et au ''café des Tilleuls'' du boulevard Clémenceau qui, le vendredi, vendait le poisson dans une cabane de bois.
Les achats se faisaient [[rue Le Guen de Kérangal]] chez Mme Lebon, et aussi chez Hirel à l'angle de la [[rue d'Aiguillon]], et au ''café des Tilleuls'' du boulevard Clémenceau qui, le vendredi, vendait le poisson dans une cabane de bois.


La rue comptait une centaine d'enfants. L'école mixte Clémenceau était la plus proche. La campagne faisait un magnifique terrain de jeux. Dans le Champ des Anglais poussaient des boutons d'or et de l'herbe haute, et à l'emplacement actuel du parking derrière les garages se trouvaient des mares avec des grenouilles, des couleuvres et des libellules. Du chemin creux qui trouvait à l'est du terrain survivent quelques chênes face à l'immeuble de l'Arc-en-ciel.
La rue comptait une centaine d'enfants. L'école mixte Clémenceau était la plus proche. La campagne faisait un magnifique terrain de jeux. Dans le Champ des Anglais poussaient des boutons d'or et de l'herbe haute, et à l'emplacement actuel du parking derrière les garages se trouvaient des mares avec des grenouilles, des couleuvres et des libellules. Du chemin creux qui se trouvait à l'est du terrain survivent quelques chênes face à l'immeuble de l'Arc-en-ciel.


'''Est-ce le groupe qui a choisi le nom de la rue ?'''
'''Est-ce le groupe qui a choisi le nom de la rue ?'''


Oui, nous voulions une personne correspondant à nos valeurs de pionnier ou d'ouvrier. En 1957, M. Coquelin resta au poste de conduite de sa locomotive et donc choisit de mourir brûlé afin de sauver les passagers du train fou. Aussi, le nom de Jean Coquelin, cheminot héroïque, fut soumis au passage en commission auprès de la ville de Rennes.
Oui, nous voulions une personne correspondant à nos valeurs de pionnier ou d'ouvrier. En 1957, M. Coquelin resta au poste de conduite de sa locomotive et donc choisit de mourir brûlé afin de sauver les passagers du train fou. Aussi, le nom de Jean Coquelin, <ref>[[ rue Jean Coquelin]]</ref> cheminot héroïque, fut soumis au passage en commission auprès de la ville de Rennes.
Ensuite la rue a pu être rétrocédée à la ville de Rennes qui s'est chargée de l'entretien. Afin d'élargir la rue, une bande de 2 mètres amputa les jardins des maisons numéro pair.
Ensuite la rue a pu être rétrocédée à la ville de Rennes qui s'est chargée de l'entretien. Afin d'élargir la rue, une bande de 2 mètres amputa les jardins des maisons numéro pair.


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