« Bombardement du 17 juin 1940 » : différence entre les versions

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[[Fichier:1KG76-1_(1).JPG|left|150px|thumb|Marque du groupe 1 du Kampfgeswader 76, humoristique comme souvent chez les aviateurs.]]  
[[Fichier:1KG76-1_(1).JPG|left|150px|thumb|Marque du groupe 1 du Kampfgeswader 76, humoristique comme souvent chez les aviateurs.]]  


Quelques avions de la Luftwaffe à croix noires, provenant de 300 km, de l'aérodrome de Cormeilles-en-Vexin, près de Pontoise, ou de celui de Beauvais-Tillé, des bimoteurs bombardiers Dornier DO 17 Z-2 de l'escadre de combat (Kampfgeschwader) I./KG 76, venant de l’ouest à très basse altitude, ont survolé les quais <ref>Témoignage de Joseph-Jean Naviner. Ouest-France, édition Rennes 3 juin 2010</ref> sans aucun risque, la D.C.A anglaise s’étant repliée dans la nuit... Avec un léger virage sur l'aile droite <ref>Lancastria Association of Scotland/Hirst 2001-2008</ref> ils quittèrent la ville par le sud-est et après un virage à 180° à l'est, les « crayons volants » (''Fliegender Bleistift'' comme les appelaient les Allemands en raison du long et mince fuselage de ces avions), se présentèrent au-dessus de Cesson-Sévigné, dans l'axe du triage ferroviaire de la [[plaine de Baud]] où stationnaient parallèlement une dizaine de trains, dont un train de munitions, sur lesquels ils lâchèrent des dizaines de bombes de 55 kg, puis sur les voies ferrées de Saint-Hélier où était stationné un autre train chargé de cheddite près d'un train d'artilleurs<ref>''Mémoires d'un Français moyen'', p. 123. R. Patay - 1974</ref>  <ref> Procès-verbaux d'enquête des 20 septembre et 22 octobre 1940, extraits des minutes du greffe de la Justice de Paix du canton sud-est de Rennes, concernant deux cheminots tués, deux agents de la SNCF témoins attestant la présence d'un train de munitions "plaine Saint-Hélier"</ref> (''voir le schéma du parcours probable''). "''Peu après 11h00'' ('''NB''' : heure allemande, soit 10h00 à l'heure française), ''la gare de Rennes devint la cible d'une attaque à basse altitude menée par un groupe du KG 76. Quinze trains de marchandises et de passagers étaient en gare et les avions n'eurent pas besoin de lâcher leurs 120 bombes SC50 car celles qu'ils larguèrent explosèrent sur la cible eurent des effets dévastateurs. Un train de munitions chargé de 12 tonnes d'explosifs avait été malencontreusement placé entre des trains de réfugiés, de soldats blessés et de soldats français de retour d'Angleterre (ils avaient été embarqués vers l'Angleterre lors de l'évacuation de Dunkerque). Le train de munitions fut atteint par un chapelet de bombes et explosa.''  
Quelques avions de la Luftwaffe à croix noires, provenant de 300 km, de l'aérodrome de Cormeilles-en-Vexin, près de Pontoise, ou de celui de Beauvais-Tillé, des bimoteurs bombardiers Dornier DO 17 Z-2 de l'escadre de combat (Kampfgeschwader) I./KG 76, venant de l’ouest à très basse altitude, ont survolé les quais <ref>Témoignage de Joseph-Jean Naviner. Ouest-France, édition Rennes 3 juin 2010</ref> sans aucun risque, la D.C.A anglaise s’étant repliée dans la nuit... Avec un léger virage sur l'aile droite <ref>Lancastria Association of Scotland/Hirst 2001-2008</ref> ils quittèrent la ville par le sud-est et après un virage à 180° à l'est, les « crayons volants » (''Fliegender Bleistift'' comme les appelaient les Allemands en raison du long et mince fuselage de ces avions), se présentèrent au-dessus de Cesson-Sévigné, dans l'axe du triage ferroviaire de la [[plaine de Baud]] où stationnaient parallèlement une dizaine de trains, dont un train de munitions, sur lesquels ils lâchèrent des dizaines de bombes de 55 kg, puis sur les voies ferrées de Saint-Hélier où était stationné un autre train chargé de cheddite près d'un train d'artilleurs<ref>''Mémoires d'un Français moyen'', p. 123. R. Patay - 1974</ref>  <ref>Procès-verbaux d'enquête des 20 septembre et 22 octobre 1940, extraits des minutes du greffe de la Justice de Paix du canton sud-est de Rennes, concernant deux cheminots tués, deux agents de la SNCF témoins attestant la présence d'un train de munitions "plaine Saint-Hélier"</ref> (''voir le schéma du parcours probable''). "''Peu après 11h00'' ('''NB''' : heure allemande, soit 10h00 à l'heure française), ''la gare de Rennes devint la cible d'une attaque à basse altitude menée par un groupe du KG 76. Quinze trains de marchandises et de passagers étaient en gare et les avions n'eurent pas besoin de lâcher leurs 120 bombes SC50 car celles qu'ils larguèrent explosèrent sur la cible eurent des effets dévastateurs. Un train de munitions chargé de 12 tonnes d'explosifs avait été malencontreusement placé entre des trains de réfugiés, de soldats blessés et de soldats français de retour d'Angleterre (ils avaient été embarqués vers l'Angleterre lors de l'évacuation de Dunkerque). Le train de munitions fut atteint par un chapelet de bombes et explosa.''  
[[Fichier:17_juin_1940.png|550px|right|thumb|Parcours des avions allemands constaté pour le bombardement du 17 juin 1940. (''Schéma par Etienne Maignen'')</ref> <ref> {{CP}}</ref>]]
[[Fichier:17_juin_1940.png|550px|right|thumb|Parcours des avions allemands constaté pour le bombardement du 17 juin 1940. (''Schéma par Etienne Maignen'')<nowiki></ref></nowiki> <ref>{{CP}}
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"L'énorme explosion engendra une grande colonne de feu et de fumée..."<ref>Traduction du ''Manuscrit de Heinrich Weiss'', dans ''Eagles over Europe'' IHRA 2010, air corps 1, dans LEMB Stammkennzeichen data base project. Bomber units of the Luftwaffe series, Larry Hickey co-auteur</ref> ('''NB''' : le nombre de bombes larguées cité par Heinrich Weiss suppose une participation de six Dornier, or la plupart des témoins citent trois avions, quelques uns cinq). Plusieurs ont cru voir des Heinkel, et surtout des Stukas, appareils qui avaient fortement impressionné les gens sur les routes de l'exode). Quelques témoins ont bien identifié des Dornier. Une excavation de 80 mètres de longueur et 20 de largeur par 5 de profondeur marquait l'endroit. Des débris de wagons et des bogies avaient été catapultés à 300 mètres<ref>Témoignages dans ''Ouest-France'' du 17 juin 1960.</ref>.  
 
"[[L'énorme]] explosion engendra une grande colonne de feu et de fumée..."<ref>Traduction du ''Manuscrit de Heinrich Weiss'', dans ''Eagles over Europe'' IHRA 2010, air corps 1, dans LEMB Stammkennzeichen data base project. Bomber units of the Luftwaffe series, Larry Hickey co-auteur</ref> ('''NB''' : le nombre de bombes larguées cité par Heinrich Weiss suppose une participation de six Dornier, or la plupart des témoins citent trois avions, quelques uns cinq). Plusieurs ont cru voir des Heinkel, et surtout des Stukas, appareils qui avaient fortement impressionné les gens sur les routes de l'exode). Quelques témoins ont bien identifié des Dornier. Une excavation de 80 mètres de longueur et 20 de largeur par 5 de profondeur marquait l'endroit. Des débris de wagons et des bogies avaient été catapultés à 300 mètres<ref>Témoignages dans ''Ouest-France'' du 17 juin 1960.</ref>.  
[[Fichier:D%C3%A9g%C3%A2ts_du_17_juin.png|250px|left|thumb|''Ouest-Eclair'' du 29 août 1940.]]
[[Fichier:D%C3%A9g%C3%A2ts_du_17_juin.png|250px|left|thumb|''Ouest-Eclair'' du 29 août 1940.]]


[[Fichier:Trou_de_bombe_17_juin_1940.jpeg|350px|thumb|17 juin 1940 : le cratère à l'emplacement d'un wagon de munitions. La "haie" au-dessus est constituée d'une ligne de ferrailles de wagons aux bogies et roues en l'air - photo de Robert Caillard.]]
[[Fichier:Trou_de_bombe_17_juin_1940.jpeg|350px|thumb|17 juin 1940 : le cratère à l'emplacement d'un wagon de munitions. La "haie" au-dessus est constituée d'une ligne de ferrailles de wagons aux bogies et roues en l'air - photo de Robert Caillard.]]


Au titre de la campagne de France du colonel (Oberst) de la Luftwaffe Lindmayr, Alois, ('''*''' ''note'') d'origine autrichienne, alors capitaine (Hauptmann) de 38 ans, chef d'escadrille du 1./Kampfgeschwader 76, équipé de DO 17z, sont particulièrement remarquées les attaques réussies par son escadrille sur un aérodrome à Escarmain '''*''' (28 avions détruits) et, alors qu'il est depuis le 3 juin, commandant du groupe 1./Kampfgeschwader 76, '''sur le triage de Rennes où plusieurs trains de munitions furent atteints'''''<ref>Axis History Forum; View topic RKT Oberst (LW) Lindmayr, Alois</ref>. ('''*''' '''NB''' Escarmain : département du Nord, bombardement du 16 mai 1940 détruisant des Moranne Saulnier et des Potez 63) <ref>''Bomber units of the Luftwaffe 1933-1945'', par Henry B. de Zeng, Doug G. Stanley, Eddie J. Creek, vol.1 Hersham,Surrey UK. Ian Allen publishing -2007</ref> <ref>https://www.tracesofwar.com/persons/69482/Lindmayr-Alois.htm</ref>
Au titre de la campagne de France du colonel (Oberst) de la Luftwaffe Lindmayr, Alois, ('''*''' ''note'') d'origine autrichienne, alors capitaine (Hauptmann) de 38 ans, chef d'escadrille du 1./Kampfgeschwader 76, équipé de DO 17z, sont particulièrement remarquées les attaques réussies par son escadrille sur un aérodrome à Escarmain '''*''' (28 avions détruits) et, alors qu'il est depuis le 3 juin, commandant du groupe 1./Kampfgeschwader 76, '''sur le triage de Rennes où plusieurs trains de munitions furent atteints'''''<ref>Axis History Forum; View topic RKT Oberst (LW) Lindmayr, Alois</ref>. ('''*''' '''NB''' Escarmain : département du Nord, bombardement du 16 mai 1940 détruisant des Moranne Saulnier et des Potez 63) <ref>''Bomber units of the Luftwaffe 1933-1945'', par Henry B. de Zeng, Doug G. Stanley, Eddie J. Creek, vol.1 Hersham,Surrey UK. Ian Allen publishing -2007</ref> <ref>https://www.tracesofwar.com/persons/69482/Lindmayr-Alois.htm</ref>''
[[Fichier:Wagon_et_etuis_17_juin_1940_rennes.jpeg|left|thumb|Des wagons de munitions touchés : un amas d'étuis d'obus au sol - (Südd Verlag).]]
[[Fichier:Wagon_et_etuis_17_juin_1940_rennes.jpeg|left|thumb|Des wagons de munitions touchés : un amas d'étuis d'obus au sol - (Südd Verlag).]]
[[Fichier:Bombardement 1940.jpg|right|400px|thumb|La plaine de Baud en proie aux explosions pendant plusieurs jours - photo de Robert Caillard, prise de l'[[avenue Aristide Briand]].]]
[[Fichier:Bombardement 1940.jpg|right|400px|thumb|La plaine de Baud en proie aux explosions pendant plusieurs jours - photo de Robert Caillard, prise de l'[[avenue Aristide Briand]].]]
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==Une catastrophe humaine disproportionnée==
==Une catastrophe humaine disproportionnée==
[[Fichier:10Z91_7.jpg|300px|left|thumb|Plaine de Baud, après le passage des Dornier 17 Z. (Don Lecomte,''Archives de Rennes''.)]]
[[Fichier:10Z91_7.jpg|300px|left|thumb|Plaine de Baud, après le passage des Dornier 17 Z. (Don Lecomte,''Archives de Rennes''.)]]
[[Fichier:Plainee_de_baud_soldats036.jpg|400px|left|thumb||Un caporal (à gauche) et un soldat allemands sur les lieux du désastre, devant un mur de ferrailles tordues. (''Coll. part.''<ref>{{CC-BY-NC-SA}}</ref>)]]
[[Fichier:Plainee_de_baud_soldats036.jpg|400px|left|thumb|Un caporal (à gauche) et un soldat allemands sur les lieux du désastre, devant un mur de ferrailles tordues. (''Coll. part.''<ref>{{CC-BY-NC-SA}}
</ref>)]]
[[Fichier:Plaine_de_Baud_17_juin_40.png|400px|right|thumb|Photo du triage de Saint-Hélier prise du sud-est vers le nord-ouest le 21 juin, avec à l'horizon, à gauche clocher de Notre-Dame, puis à droite, clocher de la chapelle du collège Saint-Vincent, et à droite, celui de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Légende : "Vingt à trente trains de transports pleins de soldats et de matériel stationnent en gare de Rennes. Tous les wagons sont détruits par une seule formation de combat" (Photo datée du 21 juin 1940 d'un album d'un soldat autrichien).]]
[[Fichier:Plaine_de_Baud_17_juin_40.png|400px|right|thumb|Photo du triage de Saint-Hélier prise du sud-est vers le nord-ouest le 21 juin, avec à l'horizon, à gauche clocher de Notre-Dame, puis à droite, clocher de la chapelle du collège Saint-Vincent, et à droite, celui de l'église Sainte-Jeanne-d'Arc. Légende : "Vingt à trente trains de transports pleins de soldats et de matériel stationnent en gare de Rennes. Tous les wagons sont détruits par une seule formation de combat" (Photo datée du 21 juin 1940 d'un album d'un soldat autrichien).]]
[[Fichier:Ferrailles_et_v%C3%AAtements.jpg|400px|left|thumb|Dans les carcasses de wagon, vêtements et linge de passagers. (''Coll. part''<ref>{{CC-BY-NC-SA}}</ref>.)]]
[[Fichier:Ferrailles_et_v%C3%AAtements.jpg|400px|left|thumb|Dans les carcasses de wagon, vêtements et linge de passagers. (''Coll. part''<ref>{{CC-BY-NC-SA}}
</ref>.)]]
[[Fichier:Juin_1940_soldats_allemands_plaine_de_Baud.png|right|300px|thumb|Des soldats allemands devant les résultats du bombardement du 17 juin (''Archives de Rennes'')]]
[[Fichier:Juin_1940_soldats_allemands_plaine_de_Baud.png|right|300px|thumb|Des soldats allemands devant les résultats du bombardement du 17 juin (''Archives de Rennes'')]]
Avaient été atteints d’abord un train de réfugiés de Lisieux, au niveau de [[Cesson-Sévigné]] à hauteur de Pincepoche et de Bray, faisant 21 victimes, ensuite la gare de triage de la [[plaine de Baud]] où 146 soldats français (203e et 212e d’artillerie lourde divisionnaire venant des Flandres), amenés pour défendre le « réduit breton » mort-né, furent tués ainsi que 156 Anglais du Royal Engineer, 3 aviateurs britanniques, dans un train qui aurait dû partir vers Brest à 9h00, enfin la gare de triage de Saint-Hélier où 206 artilleurs du 222e R.A.L.D de la 53e D.I.et du 64e R.A.L.D, la plupart originaires du Midi, trouvent la mort. Aussitôt, une dizaine de pompiers, et quelques cheminots et courageux citoyens se rendirent sur place pour retirer des blessés tandis que des rescapés quittaient ce lieu d’horreur par le moulin de Jouet. Les survivants du 212e sont regroupés dans une caserne de la ville et détruisent les derniers matériels sauvés à Dunkerque. Dans la soirée, ils embarquent avec des éléments du 203e R.A.L.D. et du 233e R.A.L.D. Dans la nuit, le train quitte Rennes pour Angoulême.
Avaient été atteints d’abord un train de réfugiés de Lisieux, au niveau de [[Cesson-Sévigné]] à hauteur de Pincepoche et de Bray, faisant 21 victimes, ensuite la gare de triage de la [[plaine de Baud]] où 146 soldats français (203e et 212e d’artillerie lourde divisionnaire venant des Flandres), amenés pour défendre le « réduit breton » mort-né, furent tués ainsi que 156 Anglais du Royal Engineer, 3 aviateurs britanniques, dans un train qui aurait dû partir vers Brest à 9h00, enfin la gare de triage de Saint-Hélier où 206 artilleurs du 222e R.A.L.D de la 53e D.I.et du 64e R.A.L.D, la plupart originaires du Midi, trouvent la mort. Aussitôt, une dizaine de pompiers, et quelques cheminots et courageux citoyens se rendirent sur place pour retirer des blessés tandis que des rescapés quittaient ce lieu d’horreur par le moulin de Jouet. Les survivants du 212e sont regroupés dans une caserne de la ville et détruisent les derniers matériels sauvés à Dunkerque. Dans la soirée, ils embarquent avec des éléments du 203e R.A.L.D. et du 233e R.A.L.D. Dans la nuit, le train quitte Rennes pour Angoulême.
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Malgré l’interdiction du général Bazoche, commandant de la place de Rennes, qui avait constaté la catastrophe du haut du [[pont Saint-Hélier]], et les explosions qui se succèdent pendant 24 heures, les sauveteurs, dont le sportif futur résistant {{w|Auguste Delaune}}, continuèrent à sortir des vivants mais aussi des corps mutilés, brûlés, racornis, et d’autres intacts, comme pétrifiés. Casques, armes, équipements britanniques ou français jonchent les fossés bordant le ballast. Alors que continuaient des explosions, des pompiers héroïques, menés par le lieutenant Lebastard et le sergent Limeul, arrachèrent aux flammes et aux ferrailles des wagons des blessés vivants et des corps mutilés qu'on allongea sur le ballast et dans la prairie de la ferme du général Lefort. À 17 heures, le lieutenant d'un groupe de la 4e S.I.M (section d'infirmiers militaires) refusa de descendre dans la gare de triage déclarant qu'il ne voulait pas "envoyer ses hommes à la mort"<ref>Déclaration écrite, certifiée sur l'honneur, de François Limeul, en date du 18/09/1945</ref>. Tout le personnel de la [[clinique Saint-Yves]], bien qu'elle fut elle-même fort endommagée, ses religieuses et ses médecins se dépensèrent sans compter pour secourir de leur mieux le flot de blessés qui ne cessait de lui parvenir de la gare, d'autres étant dirigés vers les autres cliniques, telle la [[clinique La Sagesse]] et l'[[centre hospitalier universitaire (CHU)|hôpital de Pontchaillou]] où œuvrait l'académicien major Georges Duhamel.  
Malgré l’interdiction du général Bazoche, commandant de la place de Rennes, qui avait constaté la catastrophe du haut du [[pont Saint-Hélier]], et les explosions qui se succèdent pendant 24 heures, les sauveteurs, dont le sportif futur résistant {{w|Auguste Delaune}}, continuèrent à sortir des vivants mais aussi des corps mutilés, brûlés, racornis, et d’autres intacts, comme pétrifiés. Casques, armes, équipements britanniques ou français jonchent les fossés bordant le ballast. Alors que continuaient des explosions, des pompiers héroïques, menés par le lieutenant Lebastard et le sergent Limeul, arrachèrent aux flammes et aux ferrailles des wagons des blessés vivants et des corps mutilés qu'on allongea sur le ballast et dans la prairie de la ferme du général Lefort. À 17 heures, le lieutenant d'un groupe de la 4e S.I.M (section d'infirmiers militaires) refusa de descendre dans la gare de triage déclarant qu'il ne voulait pas "envoyer ses hommes à la mort"<ref>Déclaration écrite, certifiée sur l'honneur, de François Limeul, en date du 18/09/1945</ref>. Tout le personnel de la [[clinique Saint-Yves]], bien qu'elle fut elle-même fort endommagée, ses religieuses et ses médecins se dépensèrent sans compter pour secourir de leur mieux le flot de blessés qui ne cessait de lui parvenir de la gare, d'autres étant dirigés vers les autres cliniques, telle la [[clinique La Sagesse]] et l'[[centre hospitalier universitaire (CHU)|hôpital de Pontchaillou]] où œuvrait l'académicien major Georges Duhamel.  
[[Fichier:Voies_triage_17_06_1940.png|300px|center|thumb|Les voies de triage dévastées où fument les wagons déchiquetés <ref> Die Deusche Wochenschau Juli 1940. Actualités cinématographiques allemandes.</ref>]]
[[Fichier:Voies_triage_17_06_1940.png|300px|center|thumb|Les voies de triage dévastées où fument les wagons déchiquetés <ref>Die Deusche Wochenschau Juli 1940. Actualités cinématographiques allemandes.</ref>]]


Le nombre des victimes, hors de proportion avec l’importance des bombes larguées, vient d’une négligence des services de la gare de Rennes ou d'un ordre des autorités militaires qui, plaine Saint-Hélier, ont laissé le train d’artilleurs contre un train de munitions avec des wagons de cheddite qui, en sautant, ont broyé et enflammé les trains voisins et les corps ont été très déchiquetés par l'explosion des wagons <ref> ''Mémoires d'un Français moyen''. René Patay - polycopié p. 134 - 1974.</ref>, et à Baud, ont mis un train de munitions entre le train des Anglais et celui des artilleurs français. À ces victimes, il faut ajouter quelques civils et militaires tués par éclats ou matériaux projetés. Ce sont donc bien deux trains de munitions qui stationnaient sur le triage de Rennes. Traumatisée aux deux sens du terme, la ville se vide d'une partie de sa population qui, en voiture, à bicyclette ou à pied prend les routes de l'ouest ou du sud<ref>''Les Heures douloureuses de Rennes'', par V. Ladan. Impr. Les Nouvelles</ref>. Les évacués ont abandonné des bagages et des voitures d'enfant qui seront stockés plus tard à la gare et classés par ordre alphabétique pour une recherche rapide<ref>Deux photos de ''L'Ouest-Éclair'' du 8 juillet 1940</ref>. Certains prennent de dérisoires mesures administratives. 34 personnes s'évadèrent de l'asile psychiatrique de Saint-Méen et étaient encore recherchées le 10 juillet.
Le nombre des victimes, hors de proportion avec l’importance des bombes larguées, vient d’une négligence des services de la gare de Rennes ou d'un ordre des autorités militaires qui, plaine Saint-Hélier, ont laissé le train d’artilleurs contre un train de munitions avec des wagons de cheddite qui, en sautant, ont broyé et enflammé les trains voisins et les corps ont été très déchiquetés par l'explosion des wagons <ref>''Mémoires d'un Français moyen''. René Patay - polycopié p. 134 - 1974.</ref>, et à Baud, ont mis un train de munitions entre le train des Anglais et celui des artilleurs français. À ces victimes, il faut ajouter quelques civils et militaires tués par éclats ou matériaux projetés. Ce sont donc bien deux trains de munitions qui stationnaient sur le triage de Rennes. Traumatisée aux deux sens du terme, la ville se vide d'une partie de sa population qui, en voiture, à bicyclette ou à pied prend les routes de l'ouest ou du sud<ref>''Les Heures douloureuses de Rennes'', par V. Ladan. Impr. Les Nouvelles</ref>. Les évacués ont abandonné des bagages et des voitures d'enfant qui seront stockés plus tard à la gare et classés par ordre alphabétique pour une recherche rapide<ref>Deux photos de ''L'Ouest-Éclair'' du 8 juillet 1940</ref>. Certains prennent de dérisoires mesures administratives. 34 personnes s'évadèrent de l'asile psychiatrique de Saint-Méen et étaient encore recherchées le 10 juillet.
[[Fichier:Administration_17_juin_1940.jpg|300px|left|thumb|De dérisoires mesures administratives.]]
[[Fichier:Administration_17_juin_1940.jpg|300px|left|thumb|De dérisoires mesures administratives.]]
[[Fichier:Prairie_devant_St_helier_juin_1940.jpeg|right|300px|thumb|En bordure du triage, un train détruit et renversé par l'explosion au bas du remblai, avec débris sur les prairies de la Motte Baril. Au fond, le couvent de la Solitude et l'église Saint-Hélier au dessus de laquelle on aperçoit un peu des superstructures de la brasserie Graff. Photo de Robert Caillard.]]
[[Fichier:Prairie_devant_St_helier_juin_1940.jpeg|right|300px|thumb|En bordure du triage, un train détruit et renversé par l'explosion au bas du remblai, avec débris sur les prairies de la Motte Baril. Au fond, le couvent de la Solitude et l'église Saint-Hélier au dessus de laquelle on aperçoit un peu des superstructures de la brasserie Graff. Photo de Robert Caillard.]]
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Dans ''l'Ouest-Éclair'' du 5 juillet, premier numéro à reparaître mais sous censure allemande, on voit, en page 2, sous la rubrique Rennes, « Images de la ville », le marché aux fleurs de la [[place de la République]], une sœur conduisant une carriole « en tournée pour les pauvres », et la toilette classique des rues par des employés avec pelle et arrosoir ; en fait divers est relaté un incendie à [[Noyal-sur-Seiche]] à la ferme de la Boisardière. Il faut aller en page 3 pour trouver trace de la catastrophe survenue 17 jours plus tôt : la mairie donne la liste des 29 architectes affectés aux constats d'évaluation des dommages aux immeubles d'une trentaine de rues du canton sud-est sinistrées lors de « l'explosion du 17 juin », terme gommant le bombardement allemand, repris dans un entretien du comédien Pierre Bertin, de la Comédie française qui fait état de "la douloureuse atmosphère du désastre que vint, hélas, aggraver l'effroyable explosion du 17 juin"<ref>''Ouest-Eclair'' du 6 août 1940</ref> - terme toujours employé un an plus tard dans la presse contrôlée par l'occupant lors de la célébration du premier anniversaire ('''Note'''). Le journal du 10 juillet 1940 publie la liste des noms de 32 hommes et 2 femmes évadés de l'asile de Saint-Méen à l'occasion du bombardement du 17 juin. Une dizaine de décès de militaires est mentionnée à l'état-civil du journal, sans rapport évidemment avec le nombre inconnu des blessés qui décédèrent dans les jours suivant le bombardement. L'Ouest-Eclair du 17 juillet, sous le titre "Des précisions sur le bombardement de Rennes du 17 juin", démentit la durée de  2 h 30 du bombardement et qualifia de tout-à-fait exagéré le chiffre de 4200 victimes. Plus d'un an après, un écrivain , citant le "désastre de Rennes" fit état d'un seul avion allemand qui lâche deux ou trois bombes sur  quatre immenses trains de munitions, insérés dans quatre trains de troupes françaises et anglaises, faisant  3500 à 4000 cadavres<ref>''1939-1940 Le suicide. Notes d'un correspondant de guerre'', pp 112-113. Jacques-Henri Lefebvre, G. Durassié et Cie, éditeurs.Paris - Mai 1942.</ref>.
Dans ''l'Ouest-Éclair'' du 5 juillet, premier numéro à reparaître mais sous censure allemande, on voit, en page 2, sous la rubrique Rennes, « Images de la ville », le marché aux fleurs de la [[place de la République]], une sœur conduisant une carriole « en tournée pour les pauvres », et la toilette classique des rues par des employés avec pelle et arrosoir ; en fait divers est relaté un incendie à [[Noyal-sur-Seiche]] à la ferme de la Boisardière. Il faut aller en page 3 pour trouver trace de la catastrophe survenue 17 jours plus tôt : la mairie donne la liste des 29 architectes affectés aux constats d'évaluation des dommages aux immeubles d'une trentaine de rues du canton sud-est sinistrées lors de « l'explosion du 17 juin », terme gommant le bombardement allemand, repris dans un entretien du comédien Pierre Bertin, de la Comédie française qui fait état de "la douloureuse atmosphère du désastre que vint, hélas, aggraver l'effroyable explosion du 17 juin"<ref>''Ouest-Eclair'' du 6 août 1940</ref> - terme toujours employé un an plus tard dans la presse contrôlée par l'occupant lors de la célébration du premier anniversaire ('''Note'''). Le journal du 10 juillet 1940 publie la liste des noms de 32 hommes et 2 femmes évadés de l'asile de Saint-Méen à l'occasion du bombardement du 17 juin. Une dizaine de décès de militaires est mentionnée à l'état-civil du journal, sans rapport évidemment avec le nombre inconnu des blessés qui décédèrent dans les jours suivant le bombardement. L'Ouest-Eclair du 17 juillet, sous le titre "Des précisions sur le bombardement de Rennes du 17 juin", démentit la durée de  2 h 30 du bombardement et qualifia de tout-à-fait exagéré le chiffre de 4200 victimes. Plus d'un an après, un écrivain , citant le "désastre de Rennes" fit état d'un seul avion allemand qui lâche deux ou trois bombes sur  quatre immenses trains de munitions, insérés dans quatre trains de troupes françaises et anglaises, faisant  3500 à 4000 cadavres<ref>''1939-1940 Le suicide. Notes d'un correspondant de guerre'', pp 112-113. Jacques-Henri Lefebvre, G. Durassié et Cie, éditeurs.Paris - Mai 1942.</ref>.


Mais, parallèlement, un déni perdure : dans un article intitulé "Un regard sur la vie de la cité rennaise au cours du 1er semestre 1940", sous la rubrique "Transport de malades et blessés" on a enregistré pour le mois de juin : 29 transports de malades et 9 transports de blessés !<ref> ''Ouest-Eclair'', 29 octobre 1940.</ref>. Cependant, le 17 juin 1942, deuxième anniversaire de "la journée tragiques du 17 juin", les autorités civiles et religieuses rendirent hommage aux victimes de la guerre, au cimetière de l'Est.
Mais, parallèlement, un déni perdure : dans un article intitulé "Un regard sur la vie de la cité rennaise au cours du 1er semestre 1940", sous la rubrique "Transport de malades et blessés" on a enregistré pour le mois de juin : 29 transports de malades et 9 transports de blessés !<ref>''Ouest-Eclair'', 29 octobre 1940.</ref>. Cependant, le 17 juin 1942, deuxième anniversaire de "la journée tragiques du 17 juin", les autorités civiles et religieuses rendirent hommage aux victimes de la guerre, au cimetière de l'Est.


==L'information de l'étranger==
==L'information de l'étranger==
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Un document des ''Bundesarchiv'' indique : « De jour, mention de combat car hier, malgré une situation météorologique pénalisante, un bombardement du III/KG 76 sur la gare de Rennes dans la matinée a eu un effet foudroyant. »
Un document des ''Bundesarchiv'' indique : « De jour, mention de combat car hier, malgré une situation météorologique pénalisante, un bombardement du III/KG 76 sur la gare de Rennes dans la matinée a eu un effet foudroyant. »


Le 18 juin, le communiqué du haut commandement de la Wehrmacht « ''Das Oberkommando der Wehrmacht gibt bekannt''... » et celui de la Luftwaffe signalent qu' « un bombardement aérien a été couronné de succès sur des trains de transports, de munitions et de matériels industriels en gare de Rennes embouteillée. Des trains sautèrent en l'air dans de violentes explosions, déclenchant une panique monstre parmi les troupes ». Les communiqués allemands ignorent le nombre extraordinaire de victimes. Goebbels écrira dans ses carnets : "À Rennes notre Luftwaffe s'est déchaînée de façon fructueuse"<ref>Die Tagebücher : Sämtliche Fragmente. Joseph Goebbels, Partie 1,Volume 4, p. 208.</ref>. Le 28 juin, un journal allemand titra "Alors le capitaine commanda "Attaque rase-motte. Des trains de munitions, de troupes et de matériels anéantis. Tous les chapelets de bombes au but." <ref> Der Oberschlesische Wanderer, 28 juin 1940 (un organe du parti national socialiste allemand),p.3 </ref>
Le 18 juin, le communiqué du haut commandement de la Wehrmacht « ''Das Oberkommando der Wehrmacht gibt bekannt''... » et celui de la Luftwaffe signalent qu' « un bombardement aérien a été couronné de succès sur des trains de transports, de munitions et de matériels industriels en gare de Rennes embouteillée. Des trains sautèrent en l'air dans de violentes explosions, déclenchant une panique monstre parmi les troupes ». Les communiqués allemands ignorent le nombre extraordinaire de victimes. Goebbels écrira dans ses carnets : "À Rennes notre Luftwaffe s'est déchaînée de façon fructueuse"<ref>Die Tagebücher : Sämtliche Fragmente. Joseph Goebbels, Partie 1,Volume 4, p. 208.</ref>. Le 28 juin, un journal allemand titra "Alors le capitaine commanda "Attaque rase-motte. Des trains de munitions, de troupes et de matériels anéantis. Tous les chapelets de bombes au but." <ref>Der Oberschlesische Wanderer, 28 juin 1940 (un organe du parti national socialiste allemand),p.3 </ref>
<ref>[[17 juin 1940, des aviateurs allemands racontent]]</ref>
<ref>[[17 juin 1940, des aviateurs allemands racontent]]</ref>
[[Fichier:2021-10-20_201456.png|350px|left|thumb|Le  capitaine a commandé : attaque en piqué. Trains de munitions et de troupes détruits. Toutes les bombes ont atteint la cible]]
[[Fichier:2021-10-20_201456.png|350px|left|thumb|Le  capitaine a commandé : attaque en piqué. Trains de munitions et de troupes détruits. Toutes les bombes ont atteint la cible]]
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* '''Alois Lindmayr''' (19 septembre 1901 - 17 juillet 1965, patronyme souvent mal orthographié « Lindeiner ») fut, avant la guerre 1939/45, dirigeant d'une école de pilotage autrichienne. Il fut versé dans l'armée allemande après l'annexion de l'Autriche, participa à la campagne de Pologne comme chef d'escadrille à l'escadron de bombardement 76.[[Fichier:Alois_Lindmayr.jpg|150px|left|thumb|le chef d'escadrille Alois Lindmayr, portant la Ritterkreuz.]]
* '''Alois Lindmayr''' (19 septembre 1901 - 17 juillet 1965, patronyme souvent mal orthographié « Lindeiner ») fut, avant la guerre 1939/45, dirigeant d'une école de pilotage autrichienne. Il fut versé dans l'armée allemande après l'annexion de l'Autriche, participa à la campagne de Pologne comme chef d'escadrille à l'escadron de bombardement 76.[[Fichier:Alois_Lindmayr.jpg|150px|left|thumb|le chef d'escadrille Alois Lindmayr, portant la Ritterkreuz.]]
Puis, avec son escadrille sur le front de l'ouest, il eut à son actif la destruction de plus de 70 avions ennemis. Il vola jusqu'en avril 1941 comme commandant de groupe au Kampfgeschwader 76, participant au ''Blitz'' de la bataille d'Angleterre, notamment le 15 septembre 1940, lors d'un bombardement sur Londres avec 25 Dornier 17Z, dont 8 du 1/KG 76, au cours duquel 8 appareils furent abattus par la chasse britannique. On le retrouve, en octobre 1944, commandant de l'école de pilotage à Graz-Thalerhof. Prisonnier des Américains en 1945, il est libéré en 1946 et le colonel Lindmayr deviendra conseiller ministériel officiel de l'armée de l'air autrichienne. (''Wirklicher Amtsrat der Luftwaffe'') <ref> ''Wirklicher Amtsrat Oberst der Luftwaffe Alois Lindmayr ''Der ''"Oberstenparagraph" im Bundesheer'', auteur Peter Alexander Barthou, Magister der Philosophie, thèse, p. 123. Universität Wien - Okt. 2007</ref>. Il est étrange de lire que la croix de chevalier (''Ritterkreuz'') de la croix de fer lui fut attribuée, le 17 juillet 1940, » principalement pour avoir détruit 28 appareils stationnés sur l'aérodrome d'Escarmain (Nord) le 16 mai, alors qu'il avait obtenu la croix de fer de 1ère classe le 23 mai et l'on peut se demander si la croix de chevalier ne récompense pas, sans le nommer, le bombardement de Rennes le 17 juin<ref>''Career Summaries of the Luftwaffe officers'' (1935-1945), par Henry L. deZeng et Douglas G. Stankey - version 01/4/2012</ref> <ref>[kampfgeschwader 76@la luftwaffe, 1933-1945</ref> <ref>kampfgeschwader 76@lexikon-der-wehrmacht]</ref>. [[Fichier:Es_gibt.png|150px|rightt|thumb|"Un vrai coup de pot")]]
Puis, avec son escadrille sur le front de l'ouest, il eut à son actif la destruction de plus de 70 avions ennemis. Il vola jusqu'en avril 1941 comme commandant de groupe au Kampfgeschwader 76, participant au ''Blitz'' de la bataille d'Angleterre, notamment le 15 septembre 1940, lors d'un bombardement sur Londres avec 25 Dornier 17Z, dont 8 du 1/KG 76, au cours duquel 8 appareils furent abattus par la chasse britannique. On le retrouve, en octobre 1944, commandant de l'école de pilotage à Graz-Thalerhof. Prisonnier des Américains en 1945, il est libéré en 1946 et le colonel Lindmayr deviendra conseiller ministériel officiel de l'armée de l'air autrichienne. (''Wirklicher Amtsrat der Luftwaffe'') <ref>''Wirklicher Amtsrat Oberst der Luftwaffe Alois Lindmayr ''Der ''"Oberstenparagraph" im Bundesheer'', auteur Peter Alexander Barthou, Magister der Philosophie, thèse, p. 123. Universität Wien - Okt. 2007</ref>. Il est étrange de lire que la croix de chevalier (''Ritterkreuz'') de la croix de fer lui fut attribuée, le 17 juillet 1940, » principalement pour avoir détruit 28 appareils stationnés sur l'aérodrome d'Escarmain (Nord) le 16 mai, alors qu'il avait obtenu la croix de fer de 1ère classe le 23 mai et l'on peut se demander si la croix de chevalier ne récompense pas, sans le nommer, le bombardement de Rennes le 17 juin<ref>''Career Summaries of the Luftwaffe officers'' (1935-1945), par Henry L. deZeng et Douglas G. Stankey - version 01/4/2012</ref> <ref>[kampfgeschwader 76@la luftwaffe, 1933-1945</ref> <ref>kampfgeschwader 76@lexikon-der-wehrmacht]</ref>. [[Fichier:Es_gibt.png|150px|rightt|thumb|"Un vrai coup de pot")]]


Dans le journal allemand ''Der Oberschlesische Wanderer'' du 28 juin 1940 le "capitaine L " reconnut que le bombardement de Rennes avait été "un vrai coup de pot" après avoir détruit 25 avions Morane au sol quelques jours avant. <ref>[[17 juin 1940, des aviateurs allemands racontent]]</ref>
Dans le journal allemand ''Der Oberschlesische Wanderer'' du 28 juin 1940 le "capitaine L " reconnut que le bombardement de Rennes avait été "un vrai coup de pot" après avoir détruit 25 avions Morane au sol quelques jours avant. <ref>[[17 juin 1940, des aviateurs allemands racontent]]</ref>


== Une pénible mission de réinhumation==
== Une pénible mission de réinhumation==
En septembre, le docteur Patay recevra une mission d’officier d’état civil militaire bénévole avec des crédits pour l’exhumation, l’identification, la mise en bière et la ré-inhumation au cimetière de l’Est des corps provisoirement mis en fosses communes le long des voies ferrées : prairie de Saint-Hélier, plaine de Baud et passage à niveau de Bray, en Cesson-Sévigné... " "En effet, les rails tordus, la profondeur des trous de bombe et le manque de moyens de transport ne permettaient pas de dégager rapidement l'ensemble des corps de la plaine de Baud, les 300 derniers furent inhumés provisoirement, dans une vaste prairie en bordure du ballast''<ref>Témoignage de M. Aymeric Simon</ref>. Dès le début de septembre nous attaquons le plus urgent, à savoir les fosses communes de la prairie Saint-Hélier.
En septembre, le docteur Patay recevra une mission d’officier d’état civil militaire bénévole avec des crédits pour l’exhumation, l’identification, la mise en bière et la ré-inhumation au cimetière de l’Est des corps provisoirement mis en fosses communes le long des voies ferrées : prairie de Saint-Hélier, plaine de Baud et passage à niveau de Bray, en Cesson-Sévigné... " "En effet, les rails tordus, la profondeur des trous de bombe et le manque de moyens de transport ne permettaient pas de dégager rapidement l'ensemble des corps de la plaine de Baud, les 300 derniers furent inhumés provisoirement, dans une vaste prairie en bordure du ballast''<ref>Témoignage de M. Aymeric Simon</ref>. Dès le début de septembre nous attaquons le plus urgent, à savoir les fosses communes de la prairie Saint-Hélier.''
C'est un travail épouvantable car les corps, très déchiquetés par l'explosion des wagons de cheddite, ont été ensevelis pêle-mêle par un temps très orageux ; ils sont en pleine décomposition et il faut avoir le cœur bien accroché pour les fouiller et les examiner en vue de leur identification. [...] Notre travail est compliqué par le fait qu'en raison de la chaleur étouffante qui régnait ce matin du 17 juin, la plupart des hommes avaient tiré la veste et n'avaient donc plus de papiers sur eux''.",  
C'est un travail épouvantable car les corps, très déchiquetés par l'explosion des wagons de cheddite, ont été ensevelis pêle-mêle par un temps très orageux ; ils sont en pleine décomposition et il faut avoir le cœur bien accroché pour les fouiller et les examiner en vue de leur identification. [...] Notre travail est compliqué par le fait qu'en raison de la chaleur étouffante qui régnait ce matin du 17 juin, la plupart des hommes avaient tiré la veste et n'avaient donc plus de papiers sur eux''.", ''
[[Fichier:Sites_d%27enfouissement.png| 600px|left|thumb| Sites d'inhumation en juin 1940: '''1''':Prairie du général Lefort, près du ballast, (futur terrain de sport des cheminots),   
[[Fichier:Sites_d%27enfouissement.png| 600px|left|thumb| Sites d'inhumation en juin 1940: '''1''':Prairie du général Lefort, près du ballast, (futur terrain de sport des cheminots),   
'''2''':[[ Cimetière de l'Est]], '''3''' :bord sud du triage de la [[plaine de Baud]], '''4''': près du passage à niveau de Braye, en [[Cesson-Sévigné]].]]  
'''2''':[[ Cimetière de l'Est]], '''3''' :bord sud du triage de la [[plaine de Baud]], '''4''': près du passage à niveau de Braye, en [[Cesson-Sévigné]].]]  
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==Références==
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<references/>
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