« Révolte du papier timbré » : différence entre les versions

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Le 25, le temple protestant de Cleunay est incendié sous prétexte que des commis des tabacs et du papier timbré sont de la religion. Les compagnies de milice bourgeoises, les "cinquantaines", se mobilisent. Les injures fusent, le [[duc de Chaulnes]] est traité de "gros cochon"et est assiégé en son Hôtel caillassé par une "colique pierreuse" selon Mme de Sévigné, et, dans toute la Basse Bretagne, de très nombreux manoirs sont mis à sac et brûlés. Rue Haute, la duchesse est arrêtée par la foule qui la prie d'être la marraine d'un nouveau-né qu'on lui tend mais elle reçoit sur ses genoux la charogne d'un chat crevé.
Le 25, le temple protestant de Cleunay est incendié sous prétexte que des commis des tabacs et du papier timbré sont de la religion. Les compagnies de milice bourgeoises, les "cinquantaines", se mobilisent. Les injures fusent, le [[duc de Chaulnes]] est traité de "gros cochon"et est assiégé en son Hôtel caillassé par une "colique pierreuse" selon Mme de Sévigné, et, dans toute la Basse Bretagne, de très nombreux manoirs sont mis à sac et brûlés. Rue Haute, la duchesse est arrêtée par la foule qui la prie d'être la marraine d'un nouveau-né qu'on lui tend mais elle reçoit sur ses genoux la charogne d'un chat crevé.
[[Fichier:Revolte_du_papier_timbre.JPG|300px|left|thumb|Tableau allégorique de la révolte du papier timbré, par Jean-Bernard Chalette - 1676. A gauche, la ville de Rennes est dans les flammes de l'enfer. L'impôt est représenté par un char conduit par un diable, sur lequel se trouve le duc de Chaulnes (musée de Bretagne) - de Wikimedia Commons)]]
[[Fichier:Revolte_du_papier_timbre.JPG|300px|left|thumb|Tableau allégorique de la révolte du papier timbré, par Jean-Bernard Chalette - 1676. A gauche, la ville de Rennes est dans les flammes de l'enfer. L'impôt est représenté par un char conduit par un diable, sur lequel se trouve le duc de Chaulnes (musée de Bretagne) - de Wikimedia Commons)]]
La colère explose à nouveau en juin [[1675]] à Rennes. Le gouverneur, le duc a fait entrer en ville trois compagnies de 150 hommes du régiment de la Couronne.  Se dirigeant vers l’hôtel de ville pour y prendre leur quartier,à une centaine de mètres du palais épiscopal où le duc de Chaulnes résidait, mais ces  compagnies  se heurtent à la compagnie milicienne de garde qui refuse de céder la place et de leur remettre la garde et la défense de la ville. Les Rennais voient là une mesure insultante. La foule s’assemble, des enfants jettent des pierres sur la troupe insultée. Le duc intervient et cède. Le 20 juin, le duc aurait obtenu des capitaines le retour au calme en échange de la promesse de surseoir aux taxes jusqu’à la prochaine tenue des états provinciaux. <ref> ''La prise d’armes rennaise de juin 1675 : une révolte civique ?'' Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest. Gaithier Aubert - 2011 </ref>  
La colère explose à nouveau en juin [[1675]] à Rennes. Le gouverneur, le duc a fait entrer en ville trois compagnies de 150 hommes du régiment de la Couronne.  Se dirigeant vers l’hôtel de ville pour y prendre leur quartier,à une centaine de mètres du palais épiscopal où le duc de Chaulnes résidait, mais ces  compagnies  se heurtent à la compagnie milicienne de garde qui refuse de céder la place et de leur remettre la garde et la défense de la ville. Les Rennais voient là une mesure insultante. La foule s’assemble, des enfants jettent des pierres sur la troupe insultée. Le duc intervient et cède. Le 20 juin, le duc aurait obtenu des capitaines le retour au calme en échange de la promesse de surseoir aux taxes jusqu’à la prochaine tenue des états provinciaux. <ref> ''La prise d’armes rennaise de juin 1675 : une révolte civique ?'' Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest. Gauthier Aubert - 2011 </ref>  


Le 17 juillet, en fin de matinée, le bureau du papier timbré est à nouveau dévasté et des bourgeois de la milice tuèrent un des séditieux.. Apeurée, [[Madame de Sévigné]] écrit encore à sa fille, le 24 juillet [[1675]] - ''"Nous ne voulons pas aller nous jeter dans la fureur qui agite notre province, elle augmente tous les jours ... Mme de Chaulnes est à demi morte des menaces qu'on lui fait tous les jours"''  
Le 17 juillet, en fin de matinée, le bureau du papier timbré est à nouveau dévasté et des bourgeois de la milice tuèrent un des séditieux.. Apeurée, [[Madame de Sévigné]] écrit encore à sa fille, le 24 juillet [[1675]] - ''"Nous ne voulons pas aller nous jeter dans la fureur qui agite notre province, elle augmente tous les jours ... Mme de Chaulnes est à demi morte des menaces qu'on lui fait tous les jours"''  
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«''Le samedy 12e octobre 1675, Monseigneur le Duc de Chaulnes est arrivé en cette ville, environ les trois heures de l'apres midy, accompagné de plusieurs gentilhommes, de 300 Mousquetaires blancqs et noirs, de 1000 des Mareschaussée, 500 Dragons vestus de jaune, à cheval, 3 compagnies des Gardes françoises et 3 des Gardes Suisses, deux compagnies du régiment de Picardye, 300 hommes du régiment de la Marine, 6 compagnies du régiment de la Couronne, 4 compagnies du régiment de Navailles; et se sont saisiz de tous les postes et faisoint garde jour et nuict. Madame la Duchesse est venue en cette ville, a dessein de se satisfaire de la veüe.
«''Le samedy 12e octobre 1675, Monseigneur le Duc de Chaulnes est arrivé en cette ville, environ les trois heures de l'apres midy, accompagné de plusieurs gentilhommes, de 300 Mousquetaires blancqs et noirs, de 1000 des Mareschaussée, 500 Dragons vestus de jaune, à cheval, 3 compagnies des Gardes françoises et 3 des Gardes Suisses, deux compagnies du régiment de Picardye, 300 hommes du régiment de la Marine, 6 compagnies du régiment de la Couronne, 4 compagnies du régiment de Navailles; et se sont saisiz de tous les postes et faisoint garde jour et nuict. Madame la Duchesse est venue en cette ville, a dessein de se satisfaire de la veüe.


«''Le 16 octobre 1675, Monseigneur le Duc a entré au Pallais et y fist inserer une Déclaration du Roy portant que le Parlement seroit transferé à Vennes, et a esté fermé le mesme jour. Le parlement de Bourdeaux est aussy transferé à Gien, 30 lieues dudict Bourdeaux''''.  Journal d'un bourgeois de Rennes au XVIIe siècle
«''Le 16 octobre 1675, Monseigneur le Duc a entré au Pallais et y fist inserer une Déclaration du Roy portant que le Parlement seroit transferé à Vennes, et a esté fermé le mesme jour. Le parlement de Bourdeaux est aussy transferé à Gien, 30 lieues dudict Bourdeaux''''.  Journal du sieur Duchemin, bourgeois de Rennes au XVIIe siècle


Une centaine de conseillers avec, à leur tête, le premier président François d’Argouges, père du futur évêque de Vannes, quittent la résidence de Rennes. Suivent les gens du roi et autres auxiliaires de justice (procureurs, avocats, greffiers, huissiers, sergents, chirurgiens et autres experts), sans oublier les domestiques. Certains artisans et commerçants rennais rejoignent leur clientèle à Vannes. C’est la raison pour laquelle une marée  humaine envahit la cité vannetaise. S'en vont les présidents et conseillers de la cour avec leurs familles et leur domestiques, mais aussi les avocats, procureurs, clercs, huissiers, greffiers, sergents et leurs familles. Dès 1676 le nombre des baptêmes diminue brusquement, passant de 1800 à 1450. <ref> ''L'évolution de la population de Rennes au XVIIe siècle'', par François Lebrun. Persée</ref>  Rennes a perdu en quelques semaines plusieurs milliers d'habitants et va connaître une sinistre occupation militaire, la destruction de ses faubourgs.  ║À partir du 16, les habitants sont tenus de remettre leurs armes à leurs capitaines à l'exception de cinquante par compagnie de la haute ville et vingt-cinq en basse ville et ces armes sont envoyées à Belle-Ïle menacée par les Hollandais. Le 17 au soir des procureurs de la Cour et du présidial sont arrêtés ainsi que des vagabonds et seront libérés.
Une centaine de conseillers avec, à leur tête, le premier président François d’Argouges, père du futur évêque de Vannes, quittent la résidence de Rennes. Suivent les gens du roi et autres auxiliaires de justice (procureurs, avocats, greffiers, huissiers, sergents, chirurgiens et autres experts), sans oublier les domestiques. Certains artisans et commerçants rennais rejoignent leur clientèle à Vannes. C’est la raison pour laquelle une marée  humaine envahit la cité vannetaise. S'en vont les présidents et conseillers de la cour avec leurs familles et leur domestiques, mais aussi les avocats, procureurs, clercs, huissiers, greffiers, sergents et leurs familles. Dès 1676 le nombre des baptêmes diminue brusquement, passant de 1800 à 1450. <ref> ''L'évolution de la population de Rennes au XVIIe siècle'', par François Lebrun. Persée</ref>  Rennes a perdu en quelques semaines plusieurs milliers d'habitants et va connaître une sinistre occupation militaire, la destruction de ses faubourgs.  ║À partir du 16, les habitants sont tenus de remettre leurs armes à leurs capitaines à l'exception de cinquante par compagnie de la haute ville et vingt-cinq en basse ville et ces armes sont envoyées à Belle-Ïle menacée par les Hollandais. Le 17 au soir des procureurs de la Cour et du présidial sont arrêtés ainsi que des vagabonds et seront libérés.
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