« Rennes présentée au voyageur du 19e siècle » : différence entre les versions

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En avril 1857, tout change, de Paris on atteint Rennes par chemin de fer en dix heures ! Presque la porte à côté et d'abord un terminus. Le chemin de fer dont l'arrivée en Bretagne, "''dans cette contrée classique de la superstition et de la sainte ignorance, va introduire les usages et les habitudes qui vont faire bientôt rentrer la Bretagne dans le concert de notre civilisation''" écrit ''l'Illustration'' du 9 mai 1857.
En avril 1857, tout change, de Paris on atteint Rennes par chemin de fer en dix heures ! Presque la porte à côté et d'abord un terminus. Le chemin de fer dont l'arrivée en Bretagne, "''dans cette contrée classique de la superstition et de la sainte ignorance, va introduire les usages et les habitudes qui vont faire bientôt rentrer la Bretagne dans le concert de notre civilisation''" écrit ''l'Illustration'' du 9 mai 1857.
Si en 1863, ''le Nouveau guide général du Voyageur en France'' d'Amédée de Cesena consacre une page sur 495 à Rennes et en donne une présentation neutre et terne, Auguste Moutié, dans ''De Paris à  Rennes et Alençon'', paru dans la collection des guides ''Joanne'', lui consacre 28 pages ( on l'atteint de Paris en 7 heures 50 par train express, en 11 heurs 10 par train omnibus) et propose un itinéraire à partir de la grande avenue ouverte devant l'embarcadère. Non sans consacrer 8 pages à l'histoire, il décrit avec détails les édifices rencontrés et le tableau donné est loin d'être rebutant même si la cité est dite peu active et d'une "indicible tristesse". Le guide Joanne de 1867 consacre un volume de 620 pages à la Bretagne, dont 13 à Rennes avec un plan et il cite 5 hôtels : ''Grand hôtel Jullien(recommandé) - de France, rue de la Monnaie (bon) - du Commerce, rue de Bordeaux - Piré, rue du Champ de Mars - Paris, rue Vasselot'', et il donne les bains publics au pont Saint-Georges et au Champ de Mars. La cathédrale est peu appréciée, les belles promenades vantées mais la ville "''est d'apparence assez morne'' ( les Anglais sont passés avant!) '': les passants manquent aux rues trop larges, aux places trop vastes et silencieuses des nouveaux quartiers"'' et le guide reprend le jugement d'un Pol de Courcy : "''Rennes n'est plus qu'une majesté déchue portant tristement le deuil de son parlement, comme Versailles celui de son roi. Elle présente bien l'aspect d'une grande ville moins le mouvement, moins le bruit, moins la vie..''."  Le guide ''Murray's'' de 1873 révise son jugement sur Rennes qui n'est plus "dull" mais les ''guide Diamant'' dont l'auteur est Adolphe Joanne, ne varient pas en 1873 et 1884 quant à l'opinion donnée sur Rennes, majesté déchue.
Si en 1863, ''le Nouveau guide général du Voyageur en France'' d'Amédée de Cesena consacre une page sur 495 à Rennes et en donne une présentation neutre et terne, Auguste Moutié, dans ''De Paris à  Rennes et Alençon'', paru dans la collection des guides ''Joanne'', lui consacre 28 pages ( on l'atteint de Paris en 7 heures 50 par train express, en 11 heurs 10 par train omnibus) et propose un itinéraire à partir de la grande avenue ouverte devant l'embarcadère. Non sans consacrer 8 pages à l'histoire, il décrit avec détails les édifices rencontrés et le tableau donné est loin d'être rebutant même si la cité est dite peu active et d'une "indicible tristesse". Le guide Joanne de 1867 consacre un volume de 620 pages à la Bretagne, dont 13 à Rennes avec un plan et il cite 5 hôtels : ''Grand hôtel Jullien(recommandé) - de France, rue de la Monnaie (bon) - du Commerce, rue de Bordeaux - Piré, rue du Champ de Mars - Paris, rue Vasselot'', et il donne les bains publics au pont Saint-Georges et au Champ de Mars. La cathédrale est peu appréciée, les belles promenades vantées mais la ville "''est d'apparence assez morne'' ( les Anglais sont passés avant!) '': les passants manquent aux rues trop larges, aux places trop vastes et silencieuses des nouveaux quartiers"'' et le guide reprend le jugement d'un Pol de Courcy : "''Rennes n'est plus qu'une majesté déchue portant tristement le deuil de son parlement, comme Versailles celui de son roi. Elle présente bien l'aspect d'une grande ville moins le mouvement, moins le bruit, moins la vie..''."  Le guide ''Murray's'' de 1873 révise son jugement sur Rennes qui n'est plus "dull" mais les ''guide Diamant'' dont l'auteur est Adolphe Joanne, ne varient pas en 1873 et 1884 quant à l'opinion donnée sur Rennes, majesté déchue.
En 1887, le guide Joanne a, pour la Bretagne, un concurrent dans le charmant guide ''Conty'' avec ses vignettes pittoresques mais sa relation de Rennes est sans attrait. L'édition du guide Joanne de 1892 donne un plan de ville en couleurs et 8 pages  mais indique que "''les voyageurs pressés auront une idée suffisante de Rennes en visitant les musées, le Palais de Justice, la place de l'Hôtel-de-Ville, la cathédrale (d'où l'on voit la Porte Mordelaise) et le jardin des Plantes"'' Voilà qui borne les idées et arrête les velléités des voyageurs qui seront ainsi pressés d'aller voir ailleurs. Et pour les Britanniques, le guide d'Augustus J.-C. Hare, publie en 1895 ''North-Western France. ( Normandy and Brittany)''. Il cite deux hôtels "''Grande'' (sic)'' près de la cathédrale, et de France, propres, très quelconques par ailleurs."'' et "''il n'y a aucune vie ni mouvement à Rennes et il n'y a absolument rien qui vaille d'être vu''". Bien pire, c'est "La ville de France la plus morne de même qu'elle est presque la plus laide" ! ( the dullest, as it is almost the ugliest town in France). L'excès en la matière rend la critique douteuse au voyageur le plus circonspect.
En 1887, le guide Joanne a, pour la Bretagne, un concurrent dans le charmant guide ''Conty'' avec ses vignettes pittoresques mais sa relation de Rennes est sans attrait. L'édition du guide Joanne de 1892 donne un plan de ville en couleurs et 8 pages  mais indique que "''les voyageurs pressés auront une idée suffisante de Rennes en visitant les musées, le Palais de Justice, la place de l'Hôtel-de-Ville, la cathédrale (d'où l'on voit la Porte Mordelaise) et le jardin des Plantes"'' Voilà qui borne les idées et arrête les velléités des voyageurs qui seront ainsi pressés d'aller voir ailleurs. Et pour les Britanniques, le guide d'Augustus J.-C. Hare, publie en 1895 ''North-Western France. ( Normandy and Brittany)''. Il cite deux hôtels "''Grande'' (sic)'' près de la cathédrale, et de France, propres, très quelconques par ailleurs."'' et "''il n'y a aucune vie ni mouvement à Rennes et il n'y a absolument rien qui vaille d'être vu''". Bien pire, c'est "''la ville de France la plus morne de même qu'elle est presque la plus laide''" ! ( the dullest, as it is almost the ugliest town in France). L'excès en la matière rend la critique douteuse au voyageur le plus circonspect.


Dans le guide ''Baedeker'' de 1896 consacré au nord-ouest de la France, assurément le plus "moderne" avec ses plans de ville clairs et précis, Rennes a droit à six pages ( 8 pour Angers, 9 pour Nantes) et est caractérisée comme "une ville calme sans industrie et sans commerce" mais voici, explicite, un constat qui éclaire probablement le peu de considération apportée à Rennes par ces guides du 19e siècle :" Elle n'a même plus le caractère particulier qu'on s'attend à trouver dans la capitale de la vieille Armorique" : l'incendie était passé par ici en 1720. Et le guide Joanne de 1897 n'arrangera rien : on ne coupe pas à l'aspect sévère et froid de l'ancienne cité parlementaire et il précise qu'une journée suffit pour voir Rennes. Probablement aiguillonné par le succès de son concurrent allemand, le guide Joanne 1899-1900 fait des progrès sensibles : 13 pages sur Rennes avec plan dépliant. C'est lui ou le Baedeker que des touristes par devoir auront en main lors du procès de Dreyfus à Rennes. Mais leur [[découverte de Rennes en 1899]] aura été influencée par ces guides dont  la lecture peu engageante les aura prévenus au mauvais sens du terme.<ref> ''Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle'', par Etienne Maignen - bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine, t. CVII - 2008</ref>
Dans le guide ''Baedeker'' de 1896 consacré au nord-ouest de la France, assurément le plus "moderne" avec ses plans de ville clairs et précis, Rennes a droit à six pages ( 8 pour Angers, 9 pour Nantes) et est caractérisée comme "une ville calme sans industrie et sans commerce" mais voici, explicite, un constat qui éclaire probablement le peu de considération apportée à Rennes par ces guides du 19e siècle :" Elle n'a même plus le caractère particulier qu'on s'attend à trouver dans la capitale de la vieille Armorique" : l'incendie était passé par ici en 1720. Et le guide Joanne de 1897 n'arrangera rien : on ne coupe pas à l'aspect sévère et froid de l'ancienne cité parlementaire et il précise qu'une journée suffit pour voir Rennes. Probablement aiguillonné par le succès de son concurrent allemand, le guide Joanne 1899-1900 fait des progrès sensibles : 13 pages sur Rennes avec plan dépliant. C'est lui ou le Baedeker que des touristes par devoir auront en main lors du procès de Dreyfus à Rennes. Mais leur [[découverte de Rennes en 1899]] aura été influencée par ces guides dont  la lecture peu engageante les aura prévenus au mauvais sens du terme.<ref> ''Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle'', par Etienne Maignen - bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine, t. CVII - 2008</ref>
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