https://www.wiki-rennes.fr/api.php?action=feedcontributions&user=Jakez+Riou&feedformat=atomWikiRennes - Contributions [fr]2024-03-29T14:20:19ZContributionsMediaWiki 1.39.2https://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Frank_Darcel&diff=28849Frank Darcel2014-01-22T06:44:44Z<p>Jakez Riou : /* Politique */</p>
<hr />
<div>'''Frank Darcel''', né le 26 septembre 1958 à Loudéac, est un écrivain, musicien et producteur de musique breton. Il est impliqué dans le nationalisme Breton et est membre du [[Parti breton]]. <br />
<br />
== Biographie ==<br />
<br />
=== Musique ===<br />
Frank Darcel est le co-fondateur du groupe [[Marquis de Sade]] en 1977 avec [[Philippe Pascal]]. À la dissolution de Marquis de Sade, il fonde le groupe [[Octobre]]. Un six titres, ''Next Year In Asia'', sort en 1982, avec Éric Lanz au chant. Un 2e album sort en 1983, ''Paolino Parc'', avec cette fois au chant et à l'écriture des textes Patrick Vidal, ancien chanteur de Marie et les Garçons. Ces deux albums sont sortis chez Pathé Marconi. <br />
<br />
Frank Darcel accompagne en parallèle [[Étienne Daho]] à la guitare pour son premier album ''Mythomane'' (Virgin 1981), puis devient son réalisateur attitré en 1983 pour le maxi single ''Le Grand Sommeil''. Il réalisera également ''La notte, la notte'' sorti en 1984. <br />
<br />
Il fonde ensuite le groupe [[Senso]] qui connaîtra diverses formules, jusqu'au retour de Patrick Vidal au chant en 1986 pour le maxi single ''L'Océan'', qui sera enregistré à Puk studio au Danemark avec à la production Adam Williams, ingénieur d'Eurythmics. Un nouvel album de Senso sort en 1989, Le Long du fleuve, dont le chanteur n'est autre que Pascal Obispo, pour une musique encore inscrite dans une mouvance "new wave rennaise". <br />
<br />
En 1995, Frank Darcel s'essaie au chant pour un premier et unique album solo, ''ATAO'' ([[Kerig Records]]). C'est alors que Lisbonne, ville où il a déjà produit deux albums, lui tend les bras. Il part s'y installer pour trois ans comme réalisateur discographique, produisant jusqu'en 2001 cinq albums avec Paulo Gonzo, un album de GNR Mosquito, ainsi que plusieurs autres enregistrements de groupes et artistes portugais. <br />
<br />
En 2003, il se met à l'écriture : son premier roman, ''Le Dériveur'', est publié en 2005 chez Flammarion. Puis, en 2007, ce sera ''L'Ennemi de la chance'', toujours chez Flammarion. <br />
<br />
Il vient de se relancer dans la musique en créant un nouveau groupe, [[Republik]], dont le six titres ''I thought war was over'' sort le 15 mars 2010 sur Monte Carlo records. Frank y compose et joue de la guitare, accompagné à l'autre six cordes d'un compagnon de route, Xavier Géronimi. Sébastien Thoreux est le chanteur de la formation, il a été rencontré sur internet, Kevin Toublant à la basse et Florian Pardigon à la batterie complètent le groupe qui sera sur les routes à partir de septembre 2010. <br />
<br />
=== Politique ===<br />
Frank Darcel est membre du Parti Breton, un parti nationaliste qui milite pour l'indépendance la Bretagne et la création d'une Europe fédérale. Il a été présent à ce titre sur la liste du Parti Breton pour les européennes de 2009 (2,5% sur la Bretagne administrative) et se retrouve en 7eme place en 35 sur la liste "Nous te ferons Bretagne", menée par Christian Troadec et de tendance fédéraliste, pour les élections régionales de 2010. Il soutient ponctuellement le Modem.<br />
<br />
== Liens externes ==<br />
<br />
*[http://www.frankdarcel.com/ Blog officiel de Frank Darcel]<br />
*[http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Frank-Darcel-Breton-des-temps-modernes_12385-444938_actu.Htm Portrait sur Ouest-France]<br />
*[http://www.agencebretagnepresse.com/fetch.php?id=9892 Interview sur l’ABP]<br />
<br />
{{Source Wikipédia|Frank Darcel}} <br />
<br />
[[Catégorie:Artiste (Musique)|Darcel]]<br />
[[Catégorie:Histoire du Rock à Rennes|Darcel]] <br />
[[Catégorie:Personnalité (Culture)|Darcel]] <br />
[[Catégorie:Personnalité (classement alphabétique)|Darcel]]</div>Jakez Riouhttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Rennes_et_le_breton&diff=28613Rennes et le breton2014-01-11T18:11:07Z<p>Jakez Riou : /* Le vieux breton */</p>
<hr />
<div>[[File:Pièche du Parlément, Rennes.jpg|thumb|Signalisation bilingue dans le centre de Rennes.]]<br />
<br />
Parmi tous les débats sur la ville de Rennes, il s’en trouve un qui fait l’exploit de créer plus de polémiques que « Rennes capitale de la Bretagne ? » ; il s’agit de la place de la '''langue bretonne à Rennes''' que l’on retrouve régulièrement résumé par l’opinion « On n’a jamais parlé breton à Rennes. », énoncé qui, même s'il était historiquement fondé, serait applicable à pratiquement toutes les langues parlées dans la rue à Rennes.<br />
<br />
Cet article a l’espoir de donner quelques éléments factuels pour permettre de bien appréhender cette question.<br />
<br />
== Éléments généraux ==<br />
<br />
Passons les approximations sémantiques, le bon sens à lui seul nous permet de dire qu’il est fort probable qu’une phrase contenant le mot « jamais » soit fausse.<br />
<br />
La question n’est donc pas tant de savoir si on parle breton à Rennes, mais de connaître l’importance et le nombre de locuteurs brittophones à Rennes à travers l’histoire.<br />
<br />
=== Histoire générale du breton ===<br />
<br />
Parmi ceux qui connaissent le sujet de la langue bretonne ou de la Bretagne, on trouve la variante « on ne parle plus breton à Rennes depuis le X<sup>e</sup> siècle » (ou toute autre date reculée).<br />
<br />
[[Fichier:Dialectes_Breton.png|thumb|Recul des langues bretonnes vers l’ouest.]]<br />
<br />
Les linguistes distinguent trois langues différentes avec des limites temporelles et géographiques forcément imprécises.<br />
<br />
{| class=wikitable<br />
! langues<br />
! époque<br />
! localisation (voir carte ci-contre)<br />
|-<br />
| vieux breton || du IX<sup>e</sup><ref><br />
<br />
<br />
Le vieux breton est le nom donné à la langue bretonne avant l'an 1000. Certains font remonter le vieux breton au V<sup>e</sup> siècle, mais on considère généralement le manuscrit de Leyde (X<sup>e</sup> siècle) comme le premier texte écrit en breton. On ne dispose d’aucune attestation probante sur le breton parlé avant cette date.</ref> siècle au XI<sup>e</sup> siècle || à l’ouest d’une ligne passant à proximité de Rennes et de Nantes<ref>Pour un tracé précis, voir notamment les travaux de Jean-Yves Le Moing sur la ligne Loth.</ref><br />
|-<br />
| moyen breton || du XII<sup>e</sup> siècle au XVI<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne <br />
|-<br />
| breton moderne || depuis le XVII<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne actuelle<br />
|}<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Communes of France ending with -ac.svg|thumb|Communes terminant en « -ac » en France.]]<br />
<br />
En analysant les toponymes, on peut aussi analyser la marque de la langue bretonne sur le territoire. En Bretagne, les toponymes finissant en « -ac » sont typique de zones où l’on a parlé breton. Or leur localisation sur une carte correspond assez bien à la limite du breton parlé en 900 et s’arrêtent là aussi à quelques kilomètres à l’ouest de Rennes.<br />
<br />
Au delà de la géographie, il y a des délimitations sociologiques, la langue bretonne a longtemps été parlée par les classes populaires, l’élite parlant le latin puis le français. La tendance ne s’inversera qu’à partir du XIX<sup>e</sup> siècle.<br />
<br />
<br />
===Le vieux breton===<br />
<br />
Strictement parlant, le vieux breton du IXè siècle n’est pas le breton moderne du XXIè, comme le français du Haut Moyen-Age n'est pas le français d'aujourd'hui, et ces deux formes anciennes du breton comme du français sont incompréhensibles aux locuteurs d'aujourd'hui. Il a été étudié par Joseph Loth et Léon Fleuriot, auteur d'une grammaire et d'un dictionnaire du vieux breton.<br />
<br />
Le vieux breton n’a jamais été majoritairement parlé à l’est d’une ligne passant à une vingtaine de kilomètres à l’''ouest'' de Rennes, ce qui ne veut pas dire que personne ne le parlait à Rennes, et comme les rois de Bretagne (Nominoe, Erispoe, Salomon) leurs représentants le faisaient probablement, ce qui ne sera plus le cas des collaborateurs des ducs dans les siècles suivants.<br />
<br />
===Le moyen breton===<br />
<br />
Les couvents de Rennes accueillaient des religieux de langue bretonne. <br />
<br />
===L'évêque Yves Mayeuc===<br />
<br />
[[Yves Mayeuc]], né à [[Plouvorn]] en [[Léon]] en [[1462]], évêque de [[Rennes]], mourut à [[Bruz]] en [[1541]].<br />
<br />
Du couvent des Dominicains de Morlaix il vint à celui de Bonne-Nouvelle à Rennes. Il fut confesseur d'[[Anne de Bretagne]] puis de ses époux rois. <br />
<br />
En 1505 il accompagna la duchesse (et reine) lors de son Tro-Breizh, et composa un cantique latin et breton en son honneur. Voir : [[Gwennole ar Menn]], ''Un Veni Creator latin-breton dédié à Anne de Bretagne en 1505, Etudes Celtiques, volume 16, 1979''.<br />
<br />
En 1507 le pape [[Jules II]] le nomma évêque de Rennes. En 1532 il accueilli le nouveau duc [[François III]] à Rennes où il fut couronné dans la cathédrale. Là l'évêque bretonnant lut un poème en breton.<br />
<br />
== Histoire du breton à Rennes ==<br />
<br />
De façon exceptionnelle, on retrouve quelques toponymes d’origine bretonne à Rennes comme [[Gros-Malhon]] <ref>Egalement connu, d'après P. Banéat, sous la forme "Gourmalon", nom breton attesté dès le XI° siècle.</ref> ou [[Quineleu]].<br />
<br />
[[File:Porte Ty Nevez Creguen Rennes.JPG|thumb|Porte Ty Nevez Croguen.]]<br />
<br />
Des attestations montrent qu’il y a cependant toujours eu une présence régulière et continue du breton à Rennes<ref>Voir par exemple la page [[Rue Descartes]].</ref>. Pendant longtemps, celle-ci s’est traduite principalement à travers deux domaines : le commerce et la justice. En effet, nombreux sont les commerçants et prisonniers qui venaient de l’Ouest de la Bretagne. On trouve de nombreuses ''gwerzioù'' (complaintes en breton) ayant pour thèmes des jugements et des exécutions à Rennes<ref>Livret et CD de l’exposition temporaire ''Rennes en chansons'' (éditions Dastum, novembre 2010)</ref>.<br />
<br />
On trouve aussi quelques membres du bas-clergé ; cependant en janvier 1821, [[Charles Mannay]], l’évêque de Rennes doit demander à l’évêque de Quimper de lui envoyer un aumônier bretonnant pour la prison de Rennes.<br />
<br />
Au XIX<sup>e</sup> siècle, sous l’effet du romantisme et du panceltisme, les élites intellectuelles rennaises s’intéressent aux langues celtiques. On trouve par exemple, le professeur [[Square Loth|Joseph Loth]] qui commence à enseigner le celtique à l’Université de Rennes dès 1883 ou bien l’hôtel particulier ''Ty Nevez Croguen'' (du nom de l’inscription en breton au-dessus de la porte d’entrée, littéralement la ''maison neuve de la coquille'') situé au 5 [[rue du général Maurice Guillaudot]] et construit par et pour [[Frédéric Jobbé-Duval]] en 1880 <ref>Fiche de [http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35022533 ''Ty Nevez Croguen''] sur Glad, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne.</ref>.<br />
<br />
=== De nos jours ===<br />
<br />
==== Dans l’enseignement ====<br />
<br />
Paradoxalement de nos jours, Rennes est devenue la ville où l’on trouve le plus de personnes étudiant et enseignant le breton.<br />
<br />
Il existe une offre parfois insuffisante mais assez complète qui va de la maternelle aux cours du soir pour adultes en passant par l’Université, tant dans le public que dans le privé<ref>[http://www.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/lang/fr/pid/3070 Enseignement du breton] sur le site de l’Académie de Rennes.</ref>. On trouve ainsi une école privée Diwan (Diwan Bro Roazhon<ref>[http://www.diwan-bro-roazhon.org Site de l’école Diwan de Rennes]</ref>), deux écoles catholiques Dihun (Saint-Michel et Saint-Jean-Bosco<ref>[http://dihun.bro.roazhon.free.fr/ Site de l’association Dihun bro Roazhon]</ref>) et trois écoles publiques comportant des classes Div Yezh (Faux-Pont, Liberté et Gantelles-Guy Ropartz<ref>[http://www.divyezh-roazhon.com/ Site de Div Yezh Bro Roazhon.com]</ref>). L’offre est plus réduite en enseignement secondaire mais on trouve des classes dans la filière publique au [[collège Anne de Bretagne]] et au [[lycée Jean Macé]] ainsi que dans l’enseignement catholique au [[collège Saint-Hélier]].<br />
<br />
{| class="wikitable"<br />
|+ Effectifs des différentes écoles<br />
! Année<br />
! Niveau<br />
! Diwan (depuis 1978)<br />
! Div Yezh<br />
! Dihun<br />
|-<br />
| rowspan="5" | 2011-2012<br />
| Maternelle<br />
| rowspan="2" | 128<br />
| 116<br />
| rowspan="2" | 120<br />
|-<br />
| Primaire<br />
| 124<br />
|-<br />
| Collège<br />
| 0<br />
| 83<br />
| 10<br />
|-<br />
| Lycée<br />
| 0<br />
| 32<br />
| 0<br />
|-<br />
| Total<br />
| 128<br />
| 355<br />
| 130<br />
|}<br />
<br />
==== Engagement politique ====<br />
<br />
Un comité consultatif à l’identité bretonne (CCIB) est créé en septembre 1996 à Rennes. Il rassemble des élus, des représentants associatifs et des personnes qualifiées qui tentent de valoriser la culture bretonne à Rennes. Il est présidé par [[Martial Gabillard]], conseiller municipal délégué aux cultures bretonnes. Lena Louarn, actuelle vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, et Michel Génin en sont membres. Il est à l’origine de nombreuses actions comme le festival [[Yaouank]] et de la signalisation bilingue/trilingue (signalisation routière ainsi que dans le métro).<br />
<br />
Rennes adhère à la charte ''Ya d’ar brezhoneg'' (''Oui au breton'') le 24 janvier 2008. [[Bruz]] fait de même le 1<sup>er</sup> octobre 2011.<br />
<br />
== Références ==<br />
<references/><br />
<br />
== Voir aussi ==<br />
* [[Rennes dans la littérature de langue bretonne]]<br />
<br />
[[Catégorie:Histoire et mémoire]]</div>Jakez Riouhttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Rennes_et_le_breton&diff=28612Rennes et le breton2014-01-11T18:08:52Z<p>Jakez Riou : </p>
<hr />
<div>[[File:Pièche du Parlément, Rennes.jpg|thumb|Signalisation bilingue dans le centre de Rennes.]]<br />
<br />
Parmi tous les débats sur la ville de Rennes, il s’en trouve un qui fait l’exploit de créer plus de polémiques que « Rennes capitale de la Bretagne ? » ; il s’agit de la place de la '''langue bretonne à Rennes''' que l’on retrouve régulièrement résumé par l’opinion « On n’a jamais parlé breton à Rennes. », énoncé qui, même s'il était historiquement fondé, serait applicable à pratiquement toutes les langues parlées dans la rue à Rennes.<br />
<br />
Cet article a l’espoir de donner quelques éléments factuels pour permettre de bien appréhender cette question.<br />
<br />
== Éléments généraux ==<br />
<br />
Passons les approximations sémantiques, le bon sens à lui seul nous permet de dire qu’il est fort probable qu’une phrase contenant le mot « jamais » soit fausse.<br />
<br />
La question n’est donc pas tant de savoir si on parle breton à Rennes, mais de connaître l’importance et le nombre de locuteurs brittophones à Rennes à travers l’histoire.<br />
<br />
=== Histoire générale du breton ===<br />
<br />
Parmi ceux qui connaissent le sujet de la langue bretonne ou de la Bretagne, on trouve la variante « on ne parle plus breton à Rennes depuis le X<sup>e</sup> siècle » (ou toute autre date reculée).<br />
<br />
[[Fichier:Dialectes_Breton.png|thumb|Recul des langues bretonnes vers l’ouest.]]<br />
<br />
Les linguistes distinguent trois langues différentes avec des limites temporelles et géographiques forcément imprécises.<br />
<br />
{| class=wikitable<br />
! langues<br />
! époque<br />
! localisation (voir carte ci-contre)<br />
|-<br />
| vieux breton || du IX<sup>e</sup><ref><br />
<br />
<br />
Le vieux breton est le nom donné à la langue bretonne avant l'an 1000. Certains font remonter le vieux breton au V<sup>e</sup> siècle, mais on considère généralement le manuscrit de Leyde (X<sup>e</sup> siècle) comme le premier texte écrit en breton. On ne dispose d’aucune attestation probante sur le breton parlé avant cette date.</ref> siècle au XI<sup>e</sup> siècle || à l’ouest d’une ligne passant à proximité de Rennes et de Nantes<ref>Pour un tracé précis, voir notamment les travaux de Jean-Yves Le Moing sur la ligne Loth.</ref><br />
|-<br />
| moyen breton || du XII<sup>e</sup> siècle au XVI<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne <br />
|-<br />
| breton moderne || depuis le XVII<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne actuelle<br />
|}<br />
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<br />
[[Fichier:Communes of France ending with -ac.svg|thumb|Communes terminant en « -ac » en France.]]<br />
<br />
En analysant les toponymes, on peut aussi analyser la marque de la langue bretonne sur le territoire. En Bretagne, les toponymes finissant en « -ac » sont typique de zones où l’on a parlé breton. Or leur localisation sur une carte correspond assez bien à la limite du breton parlé en 900 et s’arrêtent là aussi à quelques kilomètres à l’ouest de Rennes.<br />
<br />
Au delà de la géographie, il y a des délimitations sociologiques, la langue bretonne a longtemps été parlée par les classes populaires, l’élite parlant le latin puis le français. La tendance ne s’inversera qu’à partir du XIX<sup>e</sup> siècle.<br />
<br />
<br />
===Le vieux breton===<br />
<br />
Strictement parlant, le vieux breton du IXè siècle n’est pas le breton moderne du XXIè, comme le français du Haut Moyen-Age n'est pas le français d'aujourd'hui, et ces deux formes anciennes du breton comme du français sont incompréhensibles aux locuteurs d'aujourd'hui. Il a été étudié par Joseph Loth et Léon Fleuriot, auteur d'une grammaire et d'un dictionnaire du vieux breton.<br />
<br />
Le vieux breton n’a jamais été majoritairement parlé à l’est d’une ligne passant à une vingtaine de kilomètres à l’''ouest'' de Rennes, ce qui ne veut pas dire que personne ne le parlait, et les représentants des rois de Bretagne (Nominoe, Erispoe, Salomon) le faisaient probablement.<br />
<br />
<br />
<br />
===Le moyen breton===<br />
<br />
Les couvents de Rennes accueillaient des religieux de langue bretonne. <br />
<br />
===L'évêque Yves Mayeuc===<br />
<br />
[[Yves Mayeuc]], né à [[Plouvorn]] en [[Léon]] en [[1462]], évêque de [[Rennes]], mourut à [[Bruz]] en [[1541]].<br />
<br />
Du couvent des Dominicains de Morlaix il vint à celui de Bonne-Nouvelle à Rennes. Il fut confesseur d'[[Anne de Bretagne]] puis de ses époux rois. <br />
<br />
En 1505 il accompagna la duchesse (et reine) lors de son Tro-Breizh, et composa un cantique latin et breton en son honneur. Voir : [[Gwennole ar Menn]], ''Un Veni Creator latin-breton dédié à Anne de Bretagne en 1505, Etudes Celtiques, volume 16, 1979''.<br />
<br />
En 1507 le pape [[Jules II]] le nomma évêque de Rennes. En 1532 il accueilli le nouveau duc [[François III]] à Rennes où il fut couronné dans la cathédrale. Là l'évêque bretonnant lut un poème en breton.<br />
<br />
== Histoire du breton à Rennes ==<br />
<br />
De façon exceptionnelle, on retrouve quelques toponymes d’origine bretonne à Rennes comme [[Gros-Malhon]] <ref>Egalement connu, d'après P. Banéat, sous la forme "Gourmalon", nom breton attesté dès le XI° siècle.</ref> ou [[Quineleu]].<br />
<br />
[[File:Porte Ty Nevez Creguen Rennes.JPG|thumb|Porte Ty Nevez Croguen.]]<br />
<br />
Des attestations montrent qu’il y a cependant toujours eu une présence régulière et continue du breton à Rennes<ref>Voir par exemple la page [[Rue Descartes]].</ref>. Pendant longtemps, celle-ci s’est traduite principalement à travers deux domaines : le commerce et la justice. En effet, nombreux sont les commerçants et prisonniers qui venaient de l’Ouest de la Bretagne. On trouve de nombreuses ''gwerzioù'' (complaintes en breton) ayant pour thèmes des jugements et des exécutions à Rennes<ref>Livret et CD de l’exposition temporaire ''Rennes en chansons'' (éditions Dastum, novembre 2010)</ref>.<br />
<br />
On trouve aussi quelques membres du bas-clergé ; cependant en janvier 1821, [[Charles Mannay]], l’évêque de Rennes doit demander à l’évêque de Quimper de lui envoyer un aumônier bretonnant pour la prison de Rennes.<br />
<br />
Au XIX<sup>e</sup> siècle, sous l’effet du romantisme et du panceltisme, les élites intellectuelles rennaises s’intéressent aux langues celtiques. On trouve par exemple, le professeur [[Square Loth|Joseph Loth]] qui commence à enseigner le celtique à l’Université de Rennes dès 1883 ou bien l’hôtel particulier ''Ty Nevez Croguen'' (du nom de l’inscription en breton au-dessus de la porte d’entrée, littéralement la ''maison neuve de la coquille'') situé au 5 [[rue du général Maurice Guillaudot]] et construit par et pour [[Frédéric Jobbé-Duval]] en 1880 <ref>Fiche de [http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35022533 ''Ty Nevez Croguen''] sur Glad, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne.</ref>.<br />
<br />
=== De nos jours ===<br />
<br />
==== Dans l’enseignement ====<br />
<br />
Paradoxalement de nos jours, Rennes est devenue la ville où l’on trouve le plus de personnes étudiant et enseignant le breton.<br />
<br />
Il existe une offre parfois insuffisante mais assez complète qui va de la maternelle aux cours du soir pour adultes en passant par l’Université, tant dans le public que dans le privé<ref>[http://www.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/lang/fr/pid/3070 Enseignement du breton] sur le site de l’Académie de Rennes.</ref>. On trouve ainsi une école privée Diwan (Diwan Bro Roazhon<ref>[http://www.diwan-bro-roazhon.org Site de l’école Diwan de Rennes]</ref>), deux écoles catholiques Dihun (Saint-Michel et Saint-Jean-Bosco<ref>[http://dihun.bro.roazhon.free.fr/ Site de l’association Dihun bro Roazhon]</ref>) et trois écoles publiques comportant des classes Div Yezh (Faux-Pont, Liberté et Gantelles-Guy Ropartz<ref>[http://www.divyezh-roazhon.com/ Site de Div Yezh Bro Roazhon.com]</ref>). L’offre est plus réduite en enseignement secondaire mais on trouve des classes dans la filière publique au [[collège Anne de Bretagne]] et au [[lycée Jean Macé]] ainsi que dans l’enseignement catholique au [[collège Saint-Hélier]].<br />
<br />
{| class="wikitable"<br />
|+ Effectifs des différentes écoles<br />
! Année<br />
! Niveau<br />
! Diwan (depuis 1978)<br />
! Div Yezh<br />
! Dihun<br />
|-<br />
| rowspan="5" | 2011-2012<br />
| Maternelle<br />
| rowspan="2" | 128<br />
| 116<br />
| rowspan="2" | 120<br />
|-<br />
| Primaire<br />
| 124<br />
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| Collège<br />
| 0<br />
| 83<br />
| 10<br />
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| Lycée<br />
| 0<br />
| 32<br />
| 0<br />
|-<br />
| Total<br />
| 128<br />
| 355<br />
| 130<br />
|}<br />
<br />
==== Engagement politique ====<br />
<br />
Un comité consultatif à l’identité bretonne (CCIB) est créé en septembre 1996 à Rennes. Il rassemble des élus, des représentants associatifs et des personnes qualifiées qui tentent de valoriser la culture bretonne à Rennes. Il est présidé par [[Martial Gabillard]], conseiller municipal délégué aux cultures bretonnes. Lena Louarn, actuelle vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, et Michel Génin en sont membres. Il est à l’origine de nombreuses actions comme le festival [[Yaouank]] et de la signalisation bilingue/trilingue (signalisation routière ainsi que dans le métro).<br />
<br />
Rennes adhère à la charte ''Ya d’ar brezhoneg'' (''Oui au breton'') le 24 janvier 2008. [[Bruz]] fait de même le 1<sup>er</sup> octobre 2011.<br />
<br />
== Références ==<br />
<references/><br />
<br />
== Voir aussi ==<br />
* [[Rennes dans la littérature de langue bretonne]]<br />
<br />
[[Catégorie:Histoire et mémoire]]</div>Jakez Riouhttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Rennes_et_le_breton&diff=28611Rennes et le breton2014-01-11T18:02:06Z<p>Jakez Riou : /* Le moyen breton */</p>
<hr />
<div>[[File:Pièche du Parlément, Rennes.jpg|thumb|Signalisation bilingue dans le centre de Rennes.]]<br />
<br />
Parmi tous les débats sur la ville de Rennes, il s’en trouve un qui fait l’exploit de créer plus de polémiques que « Rennes capitale de la Bretagne ? » ; il s’agit de la place de la '''langue bretonne à Rennes''' que l’on retrouve régulièrement résumé par l’opinion « On n’a jamais parlé breton à Rennes. », énoncé qui, même s'il était historiquement fondé, serait applicable à pratiquement toutes les langues parlées dans la rue à Rennes.<br />
<br />
Cet article a l’espoir de donner quelques éléments factuels pour permettre de bien appréhender cette question.<br />
<br />
== Éléments généraux ==<br />
<br />
Passons les approximations sémantiques, le bon sens à lui seul nous permet de dire qu’il est fort probable qu’une phrase contenant le mot « jamais » soit fausse.<br />
<br />
La question n’est donc pas tant de savoir si on parle breton à Rennes, mais de connaître l’importance et le nombre de locuteurs brittophones à Rennes à travers l’histoire.<br />
<br />
=== Histoire générale du breton ===<br />
<br />
Parmi ceux qui connaissent le sujet de la langue bretonne ou de la Bretagne, on trouve la variante « on ne parle plus breton à Rennes depuis le X<sup>e</sup> siècle » (ou toute autre date reculée).<br />
<br />
[[Fichier:Dialectes_Breton.png|thumb|Recul des langues bretonnes vers l’ouest.]]<br />
<br />
Les linguistes distinguent trois langues différentes avec des limites temporelles et géographiques forcément imprécises.<br />
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{| class=wikitable<br />
! langues<br />
! époque<br />
! localisation (voir carte ci-contre)<br />
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| vieux breton || du IX<sup>e</sup><ref><br />
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====Le vieux breton ====<br />
Le vieux breton est le nom donné à la langue bretonne avant l'an 1000. Certains font remonter le vieux breton au V<sup>e</sup> siècle, mais on considère généralement le manuscrit de Leyde (X<sup>e</sup> siècle) comme le premier texte écrit en breton. On ne dispose d’aucune attestation probante sur le breton parlé avant cette date.</ref> siècle au XI<sup>e</sup> siècle || à l’ouest d’une ligne passant à proximité de Rennes et de Nantes<ref>Pour un tracé précis, voir notamment les travaux de Jean-Yves Le Moing sur la ligne Loth.</ref><br />
|-<br />
| moyen breton || du XII<sup>e</sup> siècle au XVI<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne <br />
|-<br />
| breton moderne || depuis le XVII<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne actuelle<br />
|}<br />
<br />
Strictement parlant, le vieux breton du IXè siècle n’est pas le breton moderne du XXIè, comme le français du Haut Moyen-Age n'est pas le français d'aujourd'hui, et ces deux formes anciennes du breton comme du français sont incompréhensibles aux locuteurs d'aujourd'hui. <br />
<br />
Le vieux breton n’a jamais été majoritairement parlé à l’est d’une ligne passant à une vingtaine de kilomètres à l’''ouest'' de Rennes, ce qui ne veut pas dire que personne ne le parlait, et les représentants des rois de Bretagne (Nominoe, Erispoe, Salomon) le faisaient probablement.<br />
<br />
[[Fichier:Communes of France ending with -ac.svg|thumb|Communes terminant en « -ac » en France.]]<br />
<br />
En analysant les toponymes, on peut aussi analyser la marque de la langue bretonne sur le territoire. En Bretagne, les toponymes finissant en « -ac » sont typique de zones où l’on a parlé breton. Or leur localisation sur une carte correspond assez bien à la limite du breton parlé en 900 et s’arrêtent là aussi à quelques kilomètres à l’ouest de Rennes.<br />
<br />
Au delà de la géographie, il y a des délimitations sociologiques, la langue bretonne a longtemps été parlée par les classes populaires, l’élite parlant le latin puis le français. La tendance ne s’inversera qu’à partir du XIX<sup>e</sup> siècle.<br />
<br />
===Le moyen breton===<br />
<br />
Les couvents de Rennes accueillaient des religieux de langue bretonne. <br />
<br />
===L'évêque Yves Mayeuc===<br />
<br />
[[Yves Mayeuc]], né à [[Plouvorn]] en [[Léon]] en [[1462]], évêque de [[Rennes]], mourut à [[Bruz]] en [[1541]].<br />
<br />
Du couvent des Dominicains de Morlaix il vint à celui de Bonne-Nouvelle à Rennes. Il fut confesseur d'[[Anne de Bretagne]] puis de ses époux rois. <br />
<br />
En 1505 il accompagna la duchesse (et reine) lors de son Tro-Breizh, et composa un cantique latin et breton en son honneur. Voir : [[Gwennole ar Menn]], ''Un Veni Creator latin-breton dédié à Anne de Bretagne en 1505, Etudes Celtiques, volume 16, 1979''.<br />
<br />
En 1507 le pape [[Jules II]] le nomma évêque de Rennes. En 1532 il accueilli le nouveau duc [[François III]] à Rennes où il fut couronné dans la cathédrale. Là l'évêque bretonnant lut un poème en breton.<br />
<br />
== Histoire du breton à Rennes ==<br />
<br />
De façon exceptionnelle, on retrouve quelques toponymes d’origine bretonne à Rennes comme [[Gros-Malhon]] <ref>Egalement connu, d'après P. Banéat, sous la forme "Gourmalon", nom breton attesté dès le XI° siècle.</ref> ou [[Quineleu]].<br />
<br />
[[File:Porte Ty Nevez Creguen Rennes.JPG|thumb|Porte Ty Nevez Croguen.]]<br />
<br />
Des attestations montrent qu’il y a cependant toujours eu une présence régulière et continue du breton à Rennes<ref>Voir par exemple la page [[Rue Descartes]].</ref>. Pendant longtemps, celle-ci s’est traduite principalement à travers deux domaines : le commerce et la justice. En effet, nombreux sont les commerçants et prisonniers qui venaient de l’Ouest de la Bretagne. On trouve de nombreuses ''gwerzioù'' (complaintes en breton) ayant pour thèmes des jugements et des exécutions à Rennes<ref>Livret et CD de l’exposition temporaire ''Rennes en chansons'' (éditions Dastum, novembre 2010)</ref>.<br />
<br />
On trouve aussi quelques membres du bas-clergé ; cependant en janvier 1821, [[Charles Mannay]], l’évêque de Rennes doit demander à l’évêque de Quimper de lui envoyer un aumônier bretonnant pour la prison de Rennes.<br />
<br />
Au XIX<sup>e</sup> siècle, sous l’effet du romantisme et du panceltisme, les élites intellectuelles rennaises s’intéressent aux langues celtiques. On trouve par exemple, le professeur [[Square Loth|Joseph Loth]] qui commence à enseigner le celtique à l’Université de Rennes dès 1883 ou bien l’hôtel particulier ''Ty Nevez Croguen'' (du nom de l’inscription en breton au-dessus de la porte d’entrée, littéralement la ''maison neuve de la coquille'') situé au 5 [[rue du général Maurice Guillaudot]] et construit par et pour [[Frédéric Jobbé-Duval]] en 1880 <ref>Fiche de [http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35022533 ''Ty Nevez Croguen''] sur Glad, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne.</ref>.<br />
<br />
=== De nos jours ===<br />
<br />
==== Dans l’enseignement ====<br />
<br />
Paradoxalement de nos jours, Rennes est devenue la ville où l’on trouve le plus de personnes étudiant et enseignant le breton.<br />
<br />
Il existe une offre parfois insuffisante mais assez complète qui va de la maternelle aux cours du soir pour adultes en passant par l’Université, tant dans le public que dans le privé<ref>[http://www.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/lang/fr/pid/3070 Enseignement du breton] sur le site de l’Académie de Rennes.</ref>. On trouve ainsi une école privée Diwan (Diwan Bro Roazhon<ref>[http://www.diwan-bro-roazhon.org Site de l’école Diwan de Rennes]</ref>), deux écoles catholiques Dihun (Saint-Michel et Saint-Jean-Bosco<ref>[http://dihun.bro.roazhon.free.fr/ Site de l’association Dihun bro Roazhon]</ref>) et trois écoles publiques comportant des classes Div Yezh (Faux-Pont, Liberté et Gantelles-Guy Ropartz<ref>[http://www.divyezh-roazhon.com/ Site de Div Yezh Bro Roazhon.com]</ref>). L’offre est plus réduite en enseignement secondaire mais on trouve des classes dans la filière publique au [[collège Anne de Bretagne]] et au [[lycée Jean Macé]] ainsi que dans l’enseignement catholique au [[collège Saint-Hélier]].<br />
<br />
{| class="wikitable"<br />
|+ Effectifs des différentes écoles<br />
! Année<br />
! Niveau<br />
! Diwan (depuis 1978)<br />
! Div Yezh<br />
! Dihun<br />
|-<br />
| rowspan="5" | 2011-2012<br />
| Maternelle<br />
| rowspan="2" | 128<br />
| 116<br />
| rowspan="2" | 120<br />
|-<br />
| Primaire<br />
| 124<br />
|-<br />
| Collège<br />
| 0<br />
| 83<br />
| 10<br />
|-<br />
| Lycée<br />
| 0<br />
| 32<br />
| 0<br />
|-<br />
| Total<br />
| 128<br />
| 355<br />
| 130<br />
|}<br />
<br />
==== Engagement politique ====<br />
<br />
Un comité consultatif à l’identité bretonne (CCIB) est créé en septembre 1996 à Rennes. Il rassemble des élus, des représentants associatifs et des personnes qualifiées qui tentent de valoriser la culture bretonne à Rennes. Il est présidé par [[Martial Gabillard]], conseiller municipal délégué aux cultures bretonnes. Lena Louarn, actuelle vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, et Michel Génin en sont membres. Il est à l’origine de nombreuses actions comme le festival [[Yaouank]] et de la signalisation bilingue/trilingue (signalisation routière ainsi que dans le métro).<br />
<br />
Rennes adhère à la charte ''Ya d’ar brezhoneg'' (''Oui au breton'') le 24 janvier 2008. [[Bruz]] fait de même le 1<sup>er</sup> octobre 2011.<br />
<br />
== Références ==<br />
<references/><br />
<br />
== Voir aussi ==<br />
* [[Rennes dans la littérature de langue bretonne]]<br />
<br />
[[Catégorie:Histoire et mémoire]]</div>Jakez Riouhttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Rennes_et_le_breton&diff=28610Rennes et le breton2014-01-11T17:59:26Z<p>Jakez Riou : </p>
<hr />
<div>[[File:Pièche du Parlément, Rennes.jpg|thumb|Signalisation bilingue dans le centre de Rennes.]]<br />
<br />
Parmi tous les débats sur la ville de Rennes, il s’en trouve un qui fait l’exploit de créer plus de polémiques que « Rennes capitale de la Bretagne ? » ; il s’agit de la place de la '''langue bretonne à Rennes''' que l’on retrouve régulièrement résumé par l’opinion « On n’a jamais parlé breton à Rennes. », énoncé qui, même s'il était historiquement fondé, serait applicable à pratiquement toutes les langues parlées dans la rue à Rennes.<br />
<br />
Cet article a l’espoir de donner quelques éléments factuels pour permettre de bien appréhender cette question.<br />
<br />
== Éléments généraux ==<br />
<br />
Passons les approximations sémantiques, le bon sens à lui seul nous permet de dire qu’il est fort probable qu’une phrase contenant le mot « jamais » soit fausse.<br />
<br />
La question n’est donc pas tant de savoir si on parle breton à Rennes, mais de connaître l’importance et le nombre de locuteurs brittophones à Rennes à travers l’histoire.<br />
<br />
=== Histoire générale du breton ===<br />
<br />
Parmi ceux qui connaissent le sujet de la langue bretonne ou de la Bretagne, on trouve la variante « on ne parle plus breton à Rennes depuis le X<sup>e</sup> siècle » (ou toute autre date reculée).<br />
<br />
[[Fichier:Dialectes_Breton.png|thumb|Recul des langues bretonnes vers l’ouest.]]<br />
<br />
Les linguistes distinguent trois langues différentes avec des limites temporelles et géographiques forcément imprécises.<br />
<br />
{| class=wikitable<br />
! langues<br />
! époque<br />
! localisation (voir carte ci-contre)<br />
|-<br />
| vieux breton || du IX<sup>e</sup><ref><br />
<br />
====Le vieux breton ====<br />
Le vieux breton est le nom donné à la langue bretonne avant l'an 1000. Certains font remonter le vieux breton au V<sup>e</sup> siècle, mais on considère généralement le manuscrit de Leyde (X<sup>e</sup> siècle) comme le premier texte écrit en breton. On ne dispose d’aucune attestation probante sur le breton parlé avant cette date.</ref> siècle au XI<sup>e</sup> siècle || à l’ouest d’une ligne passant à proximité de Rennes et de Nantes<ref>Pour un tracé précis, voir notamment les travaux de Jean-Yves Le Moing sur la ligne Loth.</ref><br />
|-<br />
| moyen breton || du XII<sup>e</sup> siècle au XVI<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne <br />
|-<br />
| breton moderne || depuis le XVII<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne actuelle<br />
|}<br />
<br />
Strictement parlant, le vieux breton du IXè siècle n’est pas le breton moderne du XXIè, comme le français du Haut Moyen-Age n'est pas le français d'aujourd'hui, et ces deux formes anciennes du breton comme du français sont incompréhensibles aux locuteurs d'aujourd'hui. <br />
<br />
Le vieux breton n’a jamais été majoritairement parlé à l’est d’une ligne passant à une vingtaine de kilomètres à l’''ouest'' de Rennes, ce qui ne veut pas dire que personne ne le parlait, et les représentants des rois de Bretagne (Nominoe, Erispoe, Salomon) le faisaient probablement.<br />
<br />
[[Fichier:Communes of France ending with -ac.svg|thumb|Communes terminant en « -ac » en France.]]<br />
<br />
En analysant les toponymes, on peut aussi analyser la marque de la langue bretonne sur le territoire. En Bretagne, les toponymes finissant en « -ac » sont typique de zones où l’on a parlé breton. Or leur localisation sur une carte correspond assez bien à la limite du breton parlé en 900 et s’arrêtent là aussi à quelques kilomètres à l’ouest de Rennes.<br />
<br />
Au delà de la géographie, il y a des délimitations sociologiques, la langue bretonne a longtemps été parlée par les classes populaires, l’élite parlant le latin puis le français. La tendance ne s’inversera qu’à partir du XIX<sup>e</sup> siècle.<br />
<br />
===Le moyen breton===<br />
Les couvents de Rennes accueillaient des religieux de langue bretonne. [[Yves Mayeuc]], né à [[Plouvorn]] en [[Léon]] en [[1462]], fut évêque de [[Rennes]]. Il mourut à [[Bruz]] en [[1541]].<br />
<br />
Du couvent des Dominicains de Morlaix il vint à celui de bonne-nouvelle à Rennes. Il fut confesseur d'[[Anne de Bretagne]] puis de ses époux rois.<br />
<br />
En 1505 il accompagna la duchesse (et reine) lors de son Tro-Breizh, et composa un cantique latin et breton en son honneur. Voir : [[Gwennole ar Menn]], ''Un Veni Creator latin-breton dédié à Anne de Bretagne en 1505, Etudes Celtiques, volume 16, 1979''.<br />
<br />
En 1507 le pape [[Jules II]] le nomma évêque de Rennes. En 1532 il accueilli le nouveau duc [[François III]] à Rennes où il fut couronné dans la cathédrale. Là l'évêque bretonnant lut un poème en breton.<br />
<br />
== Histoire du breton à Rennes ==<br />
<br />
De façon exceptionnelle, on retrouve quelques toponymes d’origine bretonne à Rennes comme [[Gros-Malhon]] <ref>Egalement connu, d'après P. Banéat, sous la forme "Gourmalon", nom breton attesté dès le XI° siècle.</ref> ou [[Quineleu]].<br />
<br />
[[File:Porte Ty Nevez Creguen Rennes.JPG|thumb|Porte Ty Nevez Croguen.]]<br />
<br />
Des attestations montrent qu’il y a cependant toujours eu une présence régulière et continue du breton à Rennes<ref>Voir par exemple la page [[Rue Descartes]].</ref>. Pendant longtemps, celle-ci s’est traduite principalement à travers deux domaines : le commerce et la justice. En effet, nombreux sont les commerçants et prisonniers qui venaient de l’Ouest de la Bretagne. On trouve de nombreuses ''gwerzioù'' (complaintes en breton) ayant pour thèmes des jugements et des exécutions à Rennes<ref>Livret et CD de l’exposition temporaire ''Rennes en chansons'' (éditions Dastum, novembre 2010)</ref>.<br />
<br />
On trouve aussi quelques membres du bas-clergé ; cependant en janvier 1821, [[Charles Mannay]], l’évêque de Rennes doit demander à l’évêque de Quimper de lui envoyer un aumônier bretonnant pour la prison de Rennes.<br />
<br />
Au XIX<sup>e</sup> siècle, sous l’effet du romantisme et du panceltisme, les élites intellectuelles rennaises s’intéressent aux langues celtiques. On trouve par exemple, le professeur [[Square Loth|Joseph Loth]] qui commence à enseigner le celtique à l’Université de Rennes dès 1883 ou bien l’hôtel particulier ''Ty Nevez Croguen'' (du nom de l’inscription en breton au-dessus de la porte d’entrée, littéralement la ''maison neuve de la coquille'') situé au 5 [[rue du général Maurice Guillaudot]] et construit par et pour [[Frédéric Jobbé-Duval]] en 1880 <ref>Fiche de [http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35022533 ''Ty Nevez Croguen''] sur Glad, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne.</ref>.<br />
<br />
=== De nos jours ===<br />
<br />
==== Dans l’enseignement ====<br />
<br />
Paradoxalement de nos jours, Rennes est devenue la ville où l’on trouve le plus de personnes étudiant et enseignant le breton.<br />
<br />
Il existe une offre parfois insuffisante mais assez complète qui va de la maternelle aux cours du soir pour adultes en passant par l’Université, tant dans le public que dans le privé<ref>[http://www.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/lang/fr/pid/3070 Enseignement du breton] sur le site de l’Académie de Rennes.</ref>. On trouve ainsi une école privée Diwan (Diwan Bro Roazhon<ref>[http://www.diwan-bro-roazhon.org Site de l’école Diwan de Rennes]</ref>), deux écoles catholiques Dihun (Saint-Michel et Saint-Jean-Bosco<ref>[http://dihun.bro.roazhon.free.fr/ Site de l’association Dihun bro Roazhon]</ref>) et trois écoles publiques comportant des classes Div Yezh (Faux-Pont, Liberté et Gantelles-Guy Ropartz<ref>[http://www.divyezh-roazhon.com/ Site de Div Yezh Bro Roazhon.com]</ref>). L’offre est plus réduite en enseignement secondaire mais on trouve des classes dans la filière publique au [[collège Anne de Bretagne]] et au [[lycée Jean Macé]] ainsi que dans l’enseignement catholique au [[collège Saint-Hélier]].<br />
<br />
{| class="wikitable"<br />
|+ Effectifs des différentes écoles<br />
! Année<br />
! Niveau<br />
! Diwan (depuis 1978)<br />
! Div Yezh<br />
! Dihun<br />
|-<br />
| rowspan="5" | 2011-2012<br />
| Maternelle<br />
| rowspan="2" | 128<br />
| 116<br />
| rowspan="2" | 120<br />
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| Primaire<br />
| 124<br />
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| Collège<br />
| 0<br />
| 83<br />
| 10<br />
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| Lycée<br />
| 0<br />
| 32<br />
| 0<br />
|-<br />
| Total<br />
| 128<br />
| 355<br />
| 130<br />
|}<br />
<br />
==== Engagement politique ====<br />
<br />
Un comité consultatif à l’identité bretonne (CCIB) est créé en septembre 1996 à Rennes. Il rassemble des élus, des représentants associatifs et des personnes qualifiées qui tentent de valoriser la culture bretonne à Rennes. Il est présidé par [[Martial Gabillard]], conseiller municipal délégué aux cultures bretonnes. Lena Louarn, actuelle vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, et Michel Génin en sont membres. Il est à l’origine de nombreuses actions comme le festival [[Yaouank]] et de la signalisation bilingue/trilingue (signalisation routière ainsi que dans le métro).<br />
<br />
Rennes adhère à la charte ''Ya d’ar brezhoneg'' (''Oui au breton'') le 24 janvier 2008. [[Bruz]] fait de même le 1<sup>er</sup> octobre 2011.<br />
<br />
== Références ==<br />
<references/><br />
<br />
== Voir aussi ==<br />
* [[Rennes dans la littérature de langue bretonne]]<br />
<br />
[[Catégorie:Histoire et mémoire]]</div>Jakez Riouhttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Rennes_et_le_breton&diff=28609Rennes et le breton2014-01-11T16:00:03Z<p>Jakez Riou : /* Le moyen breton */</p>
<hr />
<div>[[File:Pièche du Parlément, Rennes.jpg|thumb|Signalisation bilingue dans le centre de Rennes.]]<br />
<br />
Parmi tous les débats sur la ville de Rennes, il s’en trouve un qui fait l’exploit de créer plus de polémiques que « Rennes capitale de la Bretagne ? » ; il s’agit de la place de la '''langue bretonne à Rennes''' que l’on retrouve régulièrement résumé par l’opinion « On n’a jamais parlé breton à Rennes. ».<br />
<br />
Cet article a l’espoir de donner quelques éléments factuels pour permettre de bien appréhender cette question.<br />
<br />
== Éléments généraux ==<br />
<br />
Passons les approximations sémantiques, le bon sens à lui seul nous permet de dire qu’il est fort probable qu’une phrase contenant le mot « jamais » soit fausse.<br />
<br />
La question n’est donc pas tant de savoir si on parle breton à Rennes, mais de connaître l’importance et le nombre de locuteurs brittophones à Rennes à travers l’histoire.<br />
<br />
=== Histoire générale du breton ===<br />
<br />
Parmi ceux qui connaissent le sujet de la langue bretonne ou de la Bretagne, on trouve la variante « on ne parle plus breton à Rennes depuis le X<sup>e</sup> siècle » (ou toute autre date reculée).<br />
<br />
[[Fichier:Dialectes_Breton.png|thumb|Recul des langues bretonnes vers l’ouest.]]<br />
<br />
Les linguistes distinguent trois langues différentes avec des limites temporelles et géographiques assez précises.<br />
<br />
{| class=wikitable<br />
! langues<br />
! époque<br />
! localisation (voir carte ci-contre)<br />
|-<br />
| vieux breton || du IX<sup>e</sup><ref><br />
<br />
====Le vieux breton ====<br />
Certains font remonter le vieux breton au V<sup>e</sup> siècle, mais on considère généralement le manuscrit de Leyde (X<sup>e</sup> siècle) comme le premier texte écrit en breton. On ne dispose d’aucune attestation probante sur le breton parlé avant cette date.</ref> siècle au XI<sup>e</sup> siècle || à l’ouest d’une ligne passant à proximité de Rennes et de Nantes<ref>Pour un tracé précis, voir notamment les travaux de Jean-Yves Le Moing sur la ligne Loth.</ref><br />
|-<br />
| moyen breton || du XII<sup>e</sup> siècle au XVI<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne <br />
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| breton moderne || depuis le XVII<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne actuelle<br />
|}<br />
<br />
Strictement parlant, le vieux breton du IXè siècle n’est pas le breton moderne du XXIè, comme le français du Haut Moyen-Age n'est pas le français d'aujourd'hui, et ces deux formes anciennes du breton comme du français sont incompréhensibles aux locuteurs d'aujourd'hui. <br />
<br />
Le vieux breton n’a jamais été majoritairement parlé à l’est d’une ligne passant à une vingtaine de kilomètres à l’''ouest'' de Rennes, ce qui ne veut pas dire que personne ne le parlait, et les représentants des rois de Bretagne (Nominoe, Erispoe, Salomon) le faisaient probablement.<br />
<br />
[[Fichier:Communes of France ending with -ac.svg|thumb|Communes terminant en « -ac » en France.]]<br />
<br />
En analysant les toponymes, on peut aussi analyser la marque de la langue bretonne sur le territoire. En Bretagne, les toponymes finissant en « -ac » sont typique de zones où l’on a parlé breton. Or leur localisation sur une carte correspond assez bien à la limite du breton parlé en 900 et s’arrêtent là aussi à quelques kilomètres à l’ouest de Rennes.<br />
<br />
Au delà de la géographie, il y a des délimitations sociologiques, la langue bretonne a longtemps été parlée par les classes populaires, l’élite parlant le latin puis le français. La tendance ne s’inversera qu’à partir du XIX<sup>e</sup> siècle.<br />
<br />
===Le moyen breton===<br />
Les couvents de Rennes accueillaient des religieux de langue bretonne. [[Yves Mayeuc]], né à [[Plouvorn]] en [[Léon]] en [[1462]], fut évêque de [[Rennes]]. Il mourut à [[Bruz]] en [[1541]].<br />
<br />
Du couvent des Dominicains de Morlaix il vint à celui de bonne-nouvelle à Rennes. Il fut confesseur d'[[Anne de Bretagne]] puis de ses époux rois.<br />
<br />
En 1505 il accompagna la duchesse (et reine) lors de son Tro-Breizh, et composa un cantique latin et breton en son honneur. Voir : [[Gwennole ar Menn]], ''Un Veni Creator latin-breton dédié à Anne de Bretagne en 1505, Etudes Celtiques, volume 16, 1979''.<br />
<br />
En 1507 le pape [[Jules II]] le nomma évêque de Rennes. En 1532 il accueilli le nouveau duc [[François III]] à Rennes où il fut couronné dans la cathédrale. Là l'évêque bretonnant lut un poème en breton.<br />
<br />
== Histoire du breton à Rennes ==<br />
<br />
De façon exceptionnelle, on retrouve quelques toponymes d’origine bretonne à Rennes comme [[Gros-Malhon]] <ref>Egalement connu, d'après P. Banéat, sous la forme "Gourmalon", nom breton attesté dès le XI° siècle.</ref> ou [[Quineleu]].<br />
<br />
[[File:Porte Ty Nevez Creguen Rennes.JPG|thumb|Porte Ty Nevez Croguen.]]<br />
<br />
Des attestations montrent qu’il y a cependant toujours eu une présence régulière et continue du breton à Rennes<ref>Voir par exemple la page [[Rue Descartes]].</ref>. Pendant longtemps, celle-ci s’est traduite principalement à travers deux domaines : le commerce et la justice. En effet, nombreux sont les commerçants et prisonniers qui venaient de l’Ouest de la Bretagne. On trouve de nombreuses ''gwerzioù'' (complaintes en breton) ayant pour thèmes des jugements et des exécutions à Rennes<ref>Livret et CD de l’exposition temporaire ''Rennes en chansons'' (éditions Dastum, novembre 2010)</ref>.<br />
<br />
On trouve aussi quelques membres du bas-clergé ; cependant en janvier 1821, [[Charles Mannay]], l’évêque de Rennes doit demander à l’évêque de Quimper de lui envoyer un aumônier bretonnant pour la prison de Rennes.<br />
<br />
Au XIX<sup>e</sup> siècle, sous l’effet du romantisme et du panceltisme, les élites intellectuelles rennaises s’intéressent aux langues celtiques. On trouve par exemple, le professeur [[Square Loth|Joseph Loth]] qui commence à enseigner le celtique à l’Université de Rennes dès 1883 ou bien l’hôtel particulier ''Ty Nevez Croguen'' (du nom de l’inscription en breton au-dessus de la porte d’entrée, littéralement la ''maison neuve de la coquille'') situé au 5 [[rue du général Maurice Guillaudot]] et construit par et pour [[Frédéric Jobbé-Duval]] en 1880 <ref>Fiche de [http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35022533 ''Ty Nevez Croguen''] sur Glad, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne.</ref>.<br />
<br />
=== De nos jours ===<br />
<br />
==== Dans l’enseignement ====<br />
<br />
Paradoxalement de nos jours, Rennes est devenue la ville où l’on trouve le plus de personnes étudiant et enseignant le breton.<br />
<br />
Il existe une offre parfois insuffisante mais assez complète qui va de la maternelle aux cours du soir pour adultes en passant par l’Université, tant dans le public que dans le privé<ref>[http://www.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/lang/fr/pid/3070 Enseignement du breton] sur le site de l’Académie de Rennes.</ref>. On trouve ainsi une école privée Diwan (Diwan Bro Roazhon<ref>[http://www.diwan-bro-roazhon.org Site de l’école Diwan de Rennes]</ref>), deux écoles catholiques Dihun (Saint-Michel et Saint-Jean-Bosco<ref>[http://dihun.bro.roazhon.free.fr/ Site de l’association Dihun bro Roazhon]</ref>) et trois écoles publiques comportant des classes Div Yezh (Faux-Pont, Liberté et Gantelles-Guy Ropartz<ref>[http://www.divyezh-roazhon.com/ Site de Div Yezh Bro Roazhon.com]</ref>). L’offre est plus réduite en enseignement secondaire mais on trouve des classes dans la filière publique au [[collège Anne de Bretagne]] et au [[lycée Jean Macé]] ainsi que dans l’enseignement catholique au [[collège Saint-Hélier]].<br />
<br />
{| class="wikitable"<br />
|+ Effectifs des différentes écoles<br />
! Année<br />
! Niveau<br />
! Diwan (depuis 1978)<br />
! Div Yezh<br />
! Dihun<br />
|-<br />
| rowspan="5" | 2011-2012<br />
| Maternelle<br />
| rowspan="2" | 128<br />
| 116<br />
| rowspan="2" | 120<br />
|-<br />
| Primaire<br />
| 124<br />
|-<br />
| Collège<br />
| 0<br />
| 83<br />
| 10<br />
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| Lycée<br />
| 0<br />
| 32<br />
| 0<br />
|-<br />
| Total<br />
| 128<br />
| 355<br />
| 130<br />
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==== Engagement politique ====<br />
<br />
Un comité consultatif à l’identité bretonne (CCIB) est créé en septembre 1996 à Rennes. Il rassemble des élus, des représentants associatifs et des personnes qualifiées qui tentent de valoriser la culture bretonne à Rennes. Il est présidé par [[Martial Gabillard]], conseiller municipal délégué aux cultures bretonnes. Lena Louarn, actuelle vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, et Michel Génin en sont membres. Il est à l’origine de nombreuses actions comme le festival [[Yaouank]] et de la signalisation bilingue/trilingue (signalisation routière ainsi que dans le métro).<br />
<br />
Rennes adhère à la charte ''Ya d’ar brezhoneg'' (''Oui au breton'') le 24 janvier 2008. [[Bruz]] fait de même le 1<sup>er</sup> octobre 2011.<br />
<br />
== Références ==<br />
<references/><br />
<br />
== Voir aussi ==<br />
* [[Rennes dans la littérature de langue bretonne]]<br />
<br />
[[Catégorie:Histoire et mémoire]]</div>Jakez Riouhttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Rennes_et_le_breton&diff=28608Rennes et le breton2014-01-11T15:52:18Z<p>Jakez Riou : /* Histoire générale du breton */</p>
<hr />
<div>[[File:Pièche du Parlément, Rennes.jpg|thumb|Signalisation bilingue dans le centre de Rennes.]]<br />
<br />
Parmi tous les débats sur la ville de Rennes, il s’en trouve un qui fait l’exploit de créer plus de polémiques que « Rennes capitale de la Bretagne ? » ; il s’agit de la place de la '''langue bretonne à Rennes''' que l’on retrouve régulièrement résumé par l’opinion « On n’a jamais parlé breton à Rennes. ».<br />
<br />
Cet article a l’espoir de donner quelques éléments factuels pour permettre de bien appréhender cette question.<br />
<br />
== Éléments généraux ==<br />
<br />
Passons les approximations sémantiques, le bon sens à lui seul nous permet de dire qu’il est fort probable qu’une phrase contenant le mot « jamais » soit fausse.<br />
<br />
La question n’est donc pas tant de savoir si on parle breton à Rennes, mais de connaître l’importance et le nombre de locuteurs brittophones à Rennes à travers l’histoire.<br />
<br />
=== Histoire générale du breton ===<br />
<br />
Parmi ceux qui connaissent le sujet de la langue bretonne ou de la Bretagne, on trouve la variante « on ne parle plus breton à Rennes depuis le X<sup>e</sup> siècle » (ou toute autre date reculée).<br />
<br />
[[Fichier:Dialectes_Breton.png|thumb|Recul des langues bretonnes vers l’ouest.]]<br />
<br />
Les linguistes distinguent trois langues différentes avec des limites temporelles et géographiques assez précises.<br />
<br />
{| class=wikitable<br />
! langues<br />
! époque<br />
! localisation (voir carte ci-contre)<br />
|-<br />
| vieux breton || du IX<sup>e</sup><ref><br />
<br />
====Le vieux breton ====<br />
Certains font remonter le vieux breton au V<sup>e</sup> siècle, mais on considère généralement le manuscrit de Leyde (X<sup>e</sup> siècle) comme le premier texte écrit en breton. On ne dispose d’aucune attestation probante sur le breton parlé avant cette date.</ref> siècle au XI<sup>e</sup> siècle || à l’ouest d’une ligne passant à proximité de Rennes et de Nantes<ref>Pour un tracé précis, voir notamment les travaux de Jean-Yves Le Moing sur la ligne Loth.</ref><br />
|-<br />
| moyen breton || du XII<sup>e</sup> siècle au XVI<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne <br />
|-<br />
| breton moderne || depuis le XVII<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne actuelle<br />
|}<br />
<br />
Strictement parlant, le vieux breton du IXè siècle n’est pas le breton moderne du XXIè, comme le français du Haut Moyen-Age n'est pas le français d'aujourd'hui, et ces deux formes anciennes du breton comme du français sont incompréhensibles aux locuteurs d'aujourd'hui. <br />
<br />
Le vieux breton n’a jamais été majoritairement parlé à l’est d’une ligne passant à une vingtaine de kilomètres à l’''ouest'' de Rennes, ce qui ne veut pas dire que personne ne le parlait, et les représentants des rois de Bretagne (Nominoe, Erispoe, Salomon) le faisaient probablement.<br />
<br />
[[Fichier:Communes of France ending with -ac.svg|thumb|Communes terminant en « -ac » en France.]]<br />
<br />
En analysant les toponymes, on peut aussi analyser la marque de la langue bretonne sur le territoire. En Bretagne, les toponymes finissant en « -ac » sont typique de zones où l’on a parlé breton. Or leur localisation sur une carte correspond assez bien à la limite du breton parlé en 900 et s’arrêtent là aussi à quelques kilomètres à l’ouest de Rennes.<br />
<br />
Au delà de la géographie, il y a des délimitations sociologiques, la langue bretonne a longtemps été parlée par les classes populaires, l’élite parlant le latin puis le français. La tendance ne s’inversera qu’à partir du XIX<sup>e</sup> siècle.<br />
<br />
===Le moyen breton===<br />
Les couvents de Rennes accueillaient des religieux de langue bretonne. Yves Mayeuc, né à [[Plouvorn]] en [[Léon]] en [[1462]], fut évçeque de [[Rennes]]. Il mourut à [[Bruz]] en [[1541]].<br />
<br />
== Histoire du breton à Rennes ==<br />
<br />
De façon exceptionnelle, on retrouve quelques toponymes d’origine bretonne à Rennes comme [[Gros-Malhon]] <ref>Egalement connu, d'après P. Banéat, sous la forme "Gourmalon", nom breton attesté dès le XI° siècle.</ref> ou [[Quineleu]].<br />
<br />
[[File:Porte Ty Nevez Creguen Rennes.JPG|thumb|Porte Ty Nevez Croguen.]]<br />
<br />
Des attestations montrent qu’il y a cependant toujours eu une présence régulière et continue du breton à Rennes<ref>Voir par exemple la page [[Rue Descartes]].</ref>. Pendant longtemps, celle-ci s’est traduite principalement à travers deux domaines : le commerce et la justice. En effet, nombreux sont les commerçants et prisonniers qui venaient de l’Ouest de la Bretagne. On trouve de nombreuses ''gwerzioù'' (complaintes en breton) ayant pour thèmes des jugements et des exécutions à Rennes<ref>Livret et CD de l’exposition temporaire ''Rennes en chansons'' (éditions Dastum, novembre 2010)</ref>.<br />
<br />
On trouve aussi quelques membres du bas-clergé ; cependant en janvier 1821, [[Charles Mannay]], l’évêque de Rennes doit demander à l’évêque de Quimper de lui envoyer un aumônier bretonnant pour la prison de Rennes.<br />
<br />
Au XIX<sup>e</sup> siècle, sous l’effet du romantisme et du panceltisme, les élites intellectuelles rennaises s’intéressent aux langues celtiques. On trouve par exemple, le professeur [[Square Loth|Joseph Loth]] qui commence à enseigner le celtique à l’Université de Rennes dès 1883 ou bien l’hôtel particulier ''Ty Nevez Croguen'' (du nom de l’inscription en breton au-dessus de la porte d’entrée, littéralement la ''maison neuve de la coquille'') situé au 5 [[rue du général Maurice Guillaudot]] et construit par et pour [[Frédéric Jobbé-Duval]] en 1880 <ref>Fiche de [http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35022533 ''Ty Nevez Croguen''] sur Glad, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne.</ref>.<br />
<br />
=== De nos jours ===<br />
<br />
==== Dans l’enseignement ====<br />
<br />
Paradoxalement de nos jours, Rennes est devenue la ville où l’on trouve le plus de personnes étudiant et enseignant le breton.<br />
<br />
Il existe une offre parfois insuffisante mais assez complète qui va de la maternelle aux cours du soir pour adultes en passant par l’Université, tant dans le public que dans le privé<ref>[http://www.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/lang/fr/pid/3070 Enseignement du breton] sur le site de l’Académie de Rennes.</ref>. On trouve ainsi une école privée Diwan (Diwan Bro Roazhon<ref>[http://www.diwan-bro-roazhon.org Site de l’école Diwan de Rennes]</ref>), deux écoles catholiques Dihun (Saint-Michel et Saint-Jean-Bosco<ref>[http://dihun.bro.roazhon.free.fr/ Site de l’association Dihun bro Roazhon]</ref>) et trois écoles publiques comportant des classes Div Yezh (Faux-Pont, Liberté et Gantelles-Guy Ropartz<ref>[http://www.divyezh-roazhon.com/ Site de Div Yezh Bro Roazhon.com]</ref>). L’offre est plus réduite en enseignement secondaire mais on trouve des classes dans la filière publique au [[collège Anne de Bretagne]] et au [[lycée Jean Macé]] ainsi que dans l’enseignement catholique au [[collège Saint-Hélier]].<br />
<br />
{| class="wikitable"<br />
|+ Effectifs des différentes écoles<br />
! Année<br />
! Niveau<br />
! Diwan (depuis 1978)<br />
! Div Yezh<br />
! Dihun<br />
|-<br />
| rowspan="5" | 2011-2012<br />
| Maternelle<br />
| rowspan="2" | 128<br />
| 116<br />
| rowspan="2" | 120<br />
|-<br />
| Primaire<br />
| 124<br />
|-<br />
| Collège<br />
| 0<br />
| 83<br />
| 10<br />
|-<br />
| Lycée<br />
| 0<br />
| 32<br />
| 0<br />
|-<br />
| Total<br />
| 128<br />
| 355<br />
| 130<br />
|}<br />
<br />
==== Engagement politique ====<br />
<br />
Un comité consultatif à l’identité bretonne (CCIB) est créé en septembre 1996 à Rennes. Il rassemble des élus, des représentants associatifs et des personnes qualifiées qui tentent de valoriser la culture bretonne à Rennes. Il est présidé par [[Martial Gabillard]], conseiller municipal délégué aux cultures bretonnes. Lena Louarn, actuelle vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, et Michel Génin en sont membres. Il est à l’origine de nombreuses actions comme le festival [[Yaouank]] et de la signalisation bilingue/trilingue (signalisation routière ainsi que dans le métro).<br />
<br />
Rennes adhère à la charte ''Ya d’ar brezhoneg'' (''Oui au breton'') le 24 janvier 2008. [[Bruz]] fait de même le 1<sup>er</sup> octobre 2011.<br />
<br />
== Références ==<br />
<references/><br />
<br />
== Voir aussi ==<br />
* [[Rennes dans la littérature de langue bretonne]]<br />
<br />
[[Catégorie:Histoire et mémoire]]</div>Jakez Riouhttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Rennes_et_le_breton&diff=28607Rennes et le breton2014-01-11T15:51:06Z<p>Jakez Riou : /* Histoire du breton à Rennes */</p>
<hr />
<div>[[File:Pièche du Parlément, Rennes.jpg|thumb|Signalisation bilingue dans le centre de Rennes.]]<br />
<br />
Parmi tous les débats sur la ville de Rennes, il s’en trouve un qui fait l’exploit de créer plus de polémiques que « Rennes capitale de la Bretagne ? » ; il s’agit de la place de la '''langue bretonne à Rennes''' que l’on retrouve régulièrement résumé par l’opinion « On n’a jamais parlé breton à Rennes. ».<br />
<br />
Cet article a l’espoir de donner quelques éléments factuels pour permettre de bien appréhender cette question.<br />
<br />
== Éléments généraux ==<br />
<br />
Passons les approximations sémantiques, le bon sens à lui seul nous permet de dire qu’il est fort probable qu’une phrase contenant le mot « jamais » soit fausse.<br />
<br />
La question n’est donc pas tant de savoir si on parle breton à Rennes, mais de connaître l’importance et le nombre de locuteurs brittophones à Rennes à travers l’histoire.<br />
<br />
=== Histoire générale du breton ===<br />
<br />
Parmi ceux qui connaissent le sujet de la langue bretonne ou de la Bretagne, on trouve la variante « on ne parle plus breton à Rennes depuis le X<sup>e</sup> siècle » (ou toute autre date reculée).<br />
<br />
[[Fichier:Dialectes_Breton.png|thumb|Recul des langues bretonnes vers l’ouest.]]<br />
<br />
Les linguistes distinguent trois langues différentes avec des limites temporelles et géographiques assez précises.<br />
<br />
{| class=wikitable<br />
! langues<br />
! époque<br />
! localisation (voir carte ci-contre)<br />
|-<br />
| vieux breton || du IX<sup>e</sup><ref>Certains font remonter le vieux breton au V<sup>e</sup> siècle, mais on considère généralement le manuscrit de Leyde (X<sup>e</sup> siècle) comme le premier texte écrit en breton. On ne dispose d’aucune attestation probante sur le breton parlé avant cette date.</ref> siècle au XI<sup>e</sup> siècle || à l’ouest d’une ligne passant à proximité de Rennes et de Nantes<ref>Pour un tracé précis, voir notamment les travaux de Jean-Yves Le Moing sur la ligne Loth.</ref><br />
|-<br />
| moyen breton || du XII<sup>e</sup> siècle au XVI<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne <br />
|-<br />
| breton moderne || depuis le XVII<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne actuelle<br />
|}<br />
<br />
Strictement parlant, le vieux breton du IXè siècle n’est pas le breton moderne du XXIè, comme le français du Haut Moyen-Age n'est pas le français d'aujourd'hui, et ces deux formes anciennes du breton comme du français sont incompréhensibles aux locuteurs d'aujourd'hui. <br />
<br />
Le vieux breton n’a jamais été majoritairement parlé à l’est d’une ligne passant à une vingtaine de kilomètres à l’''ouest'' de Rennes, ce qui ne veut pas dire que personne ne le parlait, et les représentants des rois de Bretagne (Nominoe, Erispoe, Salomon) le faisaient probablement.<br />
<br />
[[Fichier:Communes of France ending with -ac.svg|thumb|Communes terminant en « -ac » en France.]]<br />
<br />
En analysant les toponymes, on peut aussi analyser la marque de la langue bretonne sur le territoire. En Bretagne, les toponymes finissant en « -ac » sont typique de zones où l’on a parlé breton. Or leur localisation sur une carte correspond assez bien à la limite du breton parlé en 900 et s’arrêtent là aussi à quelques kilomètres à l’ouest de Rennes.<br />
<br />
Au delà de la géographie, il y a des délimitations sociologiques, la langue bretonne a longtemps été parlée par les classes populaires, l’élite parlant le latin puis le français. La tendance ne s’inversera qu’à partir du XIX<sup>e</sup> siècle. <br />
<br />
<br />
===Le moyen breton===<br />
Les couvents de Rennes accueillaient des religieux de langue bretonne. Yves Mayeuc, né à [[Plouvorn]] en [[Léon]] en [[1462]], fut évçeque de [[Rennes]]. Il mourut à [[Bruz]] en [[1541]].<br />
<br />
== Histoire du breton à Rennes ==<br />
<br />
De façon exceptionnelle, on retrouve quelques toponymes d’origine bretonne à Rennes comme [[Gros-Malhon]] <ref>Egalement connu, d'après P. Banéat, sous la forme "Gourmalon", nom breton attesté dès le XI° siècle.</ref> ou [[Quineleu]].<br />
<br />
[[File:Porte Ty Nevez Creguen Rennes.JPG|thumb|Porte Ty Nevez Croguen.]]<br />
<br />
Des attestations montrent qu’il y a cependant toujours eu une présence régulière et continue du breton à Rennes<ref>Voir par exemple la page [[Rue Descartes]].</ref>. Pendant longtemps, celle-ci s’est traduite principalement à travers deux domaines : le commerce et la justice. En effet, nombreux sont les commerçants et prisonniers qui venaient de l’Ouest de la Bretagne. On trouve de nombreuses ''gwerzioù'' (complaintes en breton) ayant pour thèmes des jugements et des exécutions à Rennes<ref>Livret et CD de l’exposition temporaire ''Rennes en chansons'' (éditions Dastum, novembre 2010)</ref>.<br />
<br />
On trouve aussi quelques membres du bas-clergé ; cependant en janvier 1821, [[Charles Mannay]], l’évêque de Rennes doit demander à l’évêque de Quimper de lui envoyer un aumônier bretonnant pour la prison de Rennes.<br />
<br />
Au XIX<sup>e</sup> siècle, sous l’effet du romantisme et du panceltisme, les élites intellectuelles rennaises s’intéressent aux langues celtiques. On trouve par exemple, le professeur [[Square Loth|Joseph Loth]] qui commence à enseigner le celtique à l’Université de Rennes dès 1883 ou bien l’hôtel particulier ''Ty Nevez Croguen'' (du nom de l’inscription en breton au-dessus de la porte d’entrée, littéralement la ''maison neuve de la coquille'') situé au 5 [[rue du général Maurice Guillaudot]] et construit par et pour [[Frédéric Jobbé-Duval]] en 1880 <ref>Fiche de [http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35022533 ''Ty Nevez Croguen''] sur Glad, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne.</ref>.<br />
<br />
=== De nos jours ===<br />
<br />
==== Dans l’enseignement ====<br />
<br />
Paradoxalement de nos jours, Rennes est devenue la ville où l’on trouve le plus de personnes étudiant et enseignant le breton.<br />
<br />
Il existe une offre parfois insuffisante mais assez complète qui va de la maternelle aux cours du soir pour adultes en passant par l’Université, tant dans le public que dans le privé<ref>[http://www.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/lang/fr/pid/3070 Enseignement du breton] sur le site de l’Académie de Rennes.</ref>. On trouve ainsi une école privée Diwan (Diwan Bro Roazhon<ref>[http://www.diwan-bro-roazhon.org Site de l’école Diwan de Rennes]</ref>), deux écoles catholiques Dihun (Saint-Michel et Saint-Jean-Bosco<ref>[http://dihun.bro.roazhon.free.fr/ Site de l’association Dihun bro Roazhon]</ref>) et trois écoles publiques comportant des classes Div Yezh (Faux-Pont, Liberté et Gantelles-Guy Ropartz<ref>[http://www.divyezh-roazhon.com/ Site de Div Yezh Bro Roazhon.com]</ref>). L’offre est plus réduite en enseignement secondaire mais on trouve des classes dans la filière publique au [[collège Anne de Bretagne]] et au [[lycée Jean Macé]] ainsi que dans l’enseignement catholique au [[collège Saint-Hélier]].<br />
<br />
{| class="wikitable"<br />
|+ Effectifs des différentes écoles<br />
! Année<br />
! Niveau<br />
! Diwan (depuis 1978)<br />
! Div Yezh<br />
! Dihun<br />
|-<br />
| rowspan="5" | 2011-2012<br />
| Maternelle<br />
| rowspan="2" | 128<br />
| 116<br />
| rowspan="2" | 120<br />
|-<br />
| Primaire<br />
| 124<br />
|-<br />
| Collège<br />
| 0<br />
| 83<br />
| 10<br />
|-<br />
| Lycée<br />
| 0<br />
| 32<br />
| 0<br />
|-<br />
| Total<br />
| 128<br />
| 355<br />
| 130<br />
|}<br />
<br />
==== Engagement politique ====<br />
<br />
Un comité consultatif à l’identité bretonne (CCIB) est créé en septembre 1996 à Rennes. Il rassemble des élus, des représentants associatifs et des personnes qualifiées qui tentent de valoriser la culture bretonne à Rennes. Il est présidé par [[Martial Gabillard]], conseiller municipal délégué aux cultures bretonnes. Lena Louarn, actuelle vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, et Michel Génin en sont membres. Il est à l’origine de nombreuses actions comme le festival [[Yaouank]] et de la signalisation bilingue/trilingue (signalisation routière ainsi que dans le métro).<br />
<br />
Rennes adhère à la charte ''Ya d’ar brezhoneg'' (''Oui au breton'') le 24 janvier 2008. [[Bruz]] fait de même le 1<sup>er</sup> octobre 2011.<br />
<br />
== Références ==<br />
<references/><br />
<br />
== Voir aussi ==<br />
* [[Rennes dans la littérature de langue bretonne]]<br />
<br />
[[Catégorie:Histoire et mémoire]]</div>Jakez Riouhttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Rennes_et_le_breton&diff=28606Rennes et le breton2014-01-11T15:49:32Z<p>Jakez Riou : /* Histoire générale du breton */</p>
<hr />
<div>[[File:Pièche du Parlément, Rennes.jpg|thumb|Signalisation bilingue dans le centre de Rennes.]]<br />
<br />
Parmi tous les débats sur la ville de Rennes, il s’en trouve un qui fait l’exploit de créer plus de polémiques que « Rennes capitale de la Bretagne ? » ; il s’agit de la place de la '''langue bretonne à Rennes''' que l’on retrouve régulièrement résumé par l’opinion « On n’a jamais parlé breton à Rennes. ».<br />
<br />
Cet article a l’espoir de donner quelques éléments factuels pour permettre de bien appréhender cette question.<br />
<br />
== Éléments généraux ==<br />
<br />
Passons les approximations sémantiques, le bon sens à lui seul nous permet de dire qu’il est fort probable qu’une phrase contenant le mot « jamais » soit fausse.<br />
<br />
La question n’est donc pas tant de savoir si on parle breton à Rennes, mais de connaître l’importance et le nombre de locuteurs brittophones à Rennes à travers l’histoire.<br />
<br />
=== Histoire générale du breton ===<br />
<br />
Parmi ceux qui connaissent le sujet de la langue bretonne ou de la Bretagne, on trouve la variante « on ne parle plus breton à Rennes depuis le X<sup>e</sup> siècle » (ou toute autre date reculée).<br />
<br />
[[Fichier:Dialectes_Breton.png|thumb|Recul des langues bretonnes vers l’ouest.]]<br />
<br />
Les linguistes distinguent trois langues différentes avec des limites temporelles et géographiques assez précises.<br />
<br />
{| class=wikitable<br />
! langues<br />
! époque<br />
! localisation (voir carte ci-contre)<br />
|-<br />
| vieux breton || du IX<sup>e</sup><ref>Certains font remonter le vieux breton au V<sup>e</sup> siècle, mais on considère généralement le manuscrit de Leyde (X<sup>e</sup> siècle) comme le premier texte écrit en breton. On ne dispose d’aucune attestation probante sur le breton parlé avant cette date.</ref> siècle au XI<sup>e</sup> siècle || à l’ouest d’une ligne passant à proximité de Rennes et de Nantes<ref>Pour un tracé précis, voir notamment les travaux de Jean-Yves Le Moing sur la ligne Loth.</ref><br />
|-<br />
| moyen breton || du XII<sup>e</sup> siècle au XVI<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne <br />
|-<br />
| breton moderne || depuis le XVII<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne actuelle<br />
|}<br />
<br />
Strictement parlant, le vieux breton du IXè siècle n’est pas le breton moderne du XXIè, comme le français du Haut Moyen-Age n'est pas le français d'aujourd'hui, et ces deux formes anciennes du breton comme du français sont incompréhensibles aux locuteurs d'aujourd'hui. <br />
<br />
Le vieux breton n’a jamais été majoritairement parlé à l’est d’une ligne passant à une vingtaine de kilomètres à l’''ouest'' de Rennes, ce qui ne veut pas dire que personne ne le parlait, et les représentants des rois de Bretagne (Nominoe, Erispoe, Salomon) le faisaient probablement.<br />
<br />
[[Fichier:Communes of France ending with -ac.svg|thumb|Communes terminant en « -ac » en France.]]<br />
<br />
En analysant les toponymes, on peut aussi analyser la marque de la langue bretonne sur le territoire. En Bretagne, les toponymes finissant en « -ac » sont typique de zones où l’on a parlé breton. Or leur localisation sur une carte correspond assez bien à la limite du breton parlé en 900 et s’arrêtent là aussi à quelques kilomètres à l’ouest de Rennes.<br />
<br />
Au delà de la géographie, il y a des délimitations sociologiques, la langue bretonne a longtemps été parlée par les classes populaires, l’élite parlant le latin puis le français. La tendance ne s’inversera qu’à partir du XIX<sup>e</sup> siècle. <br />
<br />
<br />
===Le moyen breton===<br />
Les couvents de Rennes accueillaient des religieux de langue bretonne. Yves Mayeuc, né à [[Plouvorn]] en [[Léon]] en [[1462]], fut évçeque de [[Rennes]]. Il mourut à [[Bruz]] en [[1541]].<br />
<br />
== Histoire du breton à Rennes ==<br />
<br />
De façon exceptionnelle, on retrouve quelques toponymes d’origine bretonne à Rennes comme [[Gros-Malhon]] <ref>Egalement connu, d'après P. Banéat, sous la forme "Gourmalon", nom breton attesté dès le XI° siècle.</ref> ou [[Quineleu]].<br />
<br />
[[File:Porte Ty Nevez Creguen Rennes.JPG|thumb|Porte Ty Nevez Croguen.]]<br />
<br />
Des attestations montrent qu’il y a cependant toujours eu une présence régulière et continue du breton à Rennes<ref>Voir par exemple la page [[Rue Descartes]].</ref>. Pendant longtemps, celle-ci s’est traduite principalement à travers deux domaines : le commerce et la justice. En effet, nombreux sont les commerçants et prisonniers qui venaient de l’Ouest de la Bretagne. On trouve de nombreuses ''gwerzioù'' (complaintes en breton) ayant pour thèmes des jugements et des exécutions à Rennes<ref>Livret et CD de l’exposition temporaire ''Rennes en chansons'' (éditions Dastum, novembre 2010)</ref>.<br />
<br />
On trouve aussi quelques membres du bas-clergé ; cependant en janvier 1821, [[Charles Mannay]], l’évêque de Rennes doit demander à l’évêque de Quimper de lui envoyer un aumônier brittophone pour la prison de Rennes.<br />
<br />
Au XIX<sup>e</sup> siècle, sous l’effet du romantisme et du panceltisme, les élites intellectuelles rennaises s’intéressent aux langues celtiques. On trouve par exemple, le professeur [[Square Loth|Joseph Loth]] qui commence à enseigner le celtique à l’Université de Rennes dès 1883 ou bien l’hôtel particulier ''Ty Nevez Croguen'' (du nom de l’inscription en breton au-dessus de la porte d’entrée, littéralement la ''maison neuve de la coquille'') situé au 5 [[rue du général Maurice Guillaudot]] et construit par et pour [[Frédéric Jobbé-Duval]] en 1880 <ref>Fiche de [http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35022533 ''Ty Nevez Croguen''] sur Glad, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne.</ref>.<br />
<br />
=== De nos jours ===<br />
<br />
==== Dans l’enseignement ====<br />
<br />
Paradoxalement de nos jours, Rennes est devenue la ville où l’on trouve le plus de personnes étudiant et enseignant le breton.<br />
<br />
Il existe une offre parfois insuffisante mais assez complète qui va de la maternelle aux cours du soir pour adultes en passant par l’Université, tant dans le public que dans le privé<ref>[http://www.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/lang/fr/pid/3070 Enseignement du breton] sur le site de l’Académie de Rennes.</ref>. On trouve ainsi une école privée Diwan (Diwan Bro Roazhon<ref>[http://www.diwan-bro-roazhon.org Site de l’école Diwan de Rennes]</ref>), deux écoles catholiques Dihun (Saint-Michel et Saint-Jean-Bosco<ref>[http://dihun.bro.roazhon.free.fr/ Site de l’association Dihun bro Roazhon]</ref>) et trois écoles publiques comportant des classes Div Yezh (Faux-Pont, Liberté et Gantelles-Guy Ropartz<ref>[http://www.divyezh-roazhon.com/ Site de Div Yezh Bro Roazhon.com]</ref>). L’offre est plus réduite en enseignement secondaire mais on trouve des classes dans la filière publique au [[collège Anne de Bretagne]] et au [[lycée Jean Macé]] ainsi que dans l’enseignement catholique au [[collège Saint-Hélier]].<br />
<br />
{| class="wikitable"<br />
|+ Effectifs des différentes écoles<br />
! Année<br />
! Niveau<br />
! Diwan (depuis 1978)<br />
! Div Yezh<br />
! Dihun<br />
|-<br />
| rowspan="5" | 2011-2012<br />
| Maternelle<br />
| rowspan="2" | 128<br />
| 116<br />
| rowspan="2" | 120<br />
|-<br />
| Primaire<br />
| 124<br />
|-<br />
| Collège<br />
| 0<br />
| 83<br />
| 10<br />
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| Lycée<br />
| 0<br />
| 32<br />
| 0<br />
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| Total<br />
| 128<br />
| 355<br />
| 130<br />
|}<br />
<br />
==== Engagement politique ====<br />
<br />
Un comité consultatif à l’identité bretonne (CCIB) est créé en septembre 1996 à Rennes. Il rassemble des élus, des représentants associatifs et des personnes qualifiées qui tentent de valoriser la culture bretonne à Rennes. Il est présidé par [[Martial Gabillard]], conseiller municipal délégué aux cultures bretonnes. Lena Louarn, actuelle vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, et Michel Génin en sont membres. Il est à l’origine de nombreuses actions comme le festival [[Yaouank]] et de la signalisation bilingue/trilingue (signalisation routière ainsi que dans le métro).<br />
<br />
Rennes adhère à la charte ''Ya d’ar brezhoneg'' (''Oui au breton'') le 24 janvier 2008. [[Bruz]] fait de même le 1<sup>er</sup> octobre 2011.<br />
<br />
== Références ==<br />
<references/><br />
<br />
== Voir aussi ==<br />
* [[Rennes dans la littérature de langue bretonne]]<br />
<br />
[[Catégorie:Histoire et mémoire]]</div>Jakez Riouhttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Rennes_et_le_breton&diff=28605Rennes et le breton2014-01-11T15:38:15Z<p>Jakez Riou : /* Histoire générale du breton */</p>
<hr />
<div>[[File:Pièche du Parlément, Rennes.jpg|thumb|Signalisation bilingue dans le centre de Rennes.]]<br />
<br />
Parmi tous les débats sur la ville de Rennes, il s’en trouve un qui fait l’exploit de créer plus de polémiques que « Rennes capitale de la Bretagne ? » ; il s’agit de la place de la '''langue bretonne à Rennes''' que l’on retrouve régulièrement résumé par l’opinion « On n’a jamais parlé breton à Rennes. ».<br />
<br />
Cet article a l’espoir de donner quelques éléments factuels pour permettre de bien appréhender cette question.<br />
<br />
== Éléments généraux ==<br />
<br />
Passons les approximations sémantiques, le bon sens à lui seul nous permet de dire qu’il est fort probable qu’une phrase contenant le mot « jamais » soit fausse.<br />
<br />
La question n’est donc pas tant de savoir si on parle breton à Rennes, mais de connaître l’importance et le nombre de locuteurs brittophones à Rennes à travers l’histoire.<br />
<br />
=== Histoire générale du breton ===<br />
<br />
Parmi ceux qui connaissent le sujet de la langue bretonne ou de la Bretagne, on trouve la variante « on ne parle plus breton à Rennes depuis le X<sup>e</sup> siècle » (ou toute autre date reculée).<br />
<br />
[[Fichier:Dialectes_Breton.png|thumb|Recul des langues bretonnes vers l’ouest.]]<br />
<br />
Les linguistes distinguent trois langues différentes avec des limites temporelles et géographiques assez précises.<br />
<br />
{| class=wikitable<br />
! langues<br />
! époque<br />
! localisation (voir carte ci-contre)<br />
|-<br />
| vieux breton || du IX<sup>e</sup><ref>Certains font remonter le vieux breton au V<sup>e</sup> siècle, mais on considère généralement le manuscrit de Leyde (X<sup>e</sup> siècle) comme le premier texte écrit en breton. On ne dispose d’aucune attestation probante sur le breton parlé avant cette date.</ref> siècle au XI<sup>e</sup> siècle || à l’ouest d’une ligne passant à proximité de Rennes et de Nantes<ref>Pour un tracé précis, voir notamment les travaux de Jean-Yves Le Moing sur la ligne Loth.</ref><br />
|-<br />
| moyen breton || du XII<sup>e</sup> siècle au XVI<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne <br />
|-<br />
| breton moderne || depuis le XVII<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne actuelle<br />
|}<br />
<br />
Strictement parlant, le vieux breton du IXè siècle n’est pas le breton moderne du XXIè, comme le français du Haut Moyen-Age n'est pas le français d'aujourd'hui, et ces deux formes anciennes du breton comme du français sont incompréhensibles aux locuteurs d'aujourd'hui. <br />
<br />
Le vieux breton n’a jamais été majoritairement parlé à l’est d’une ligne passant à une vingtaine de kilomètres à l’''ouest'' de Rennes, ce qui ne veut pas dire que personne ne le parlait, et les représentants des rois de Bretagne (Nominoe, Erispoe, Salomon) le faisaient probablement.<br />
<br />
[[Fichier:Communes of France ending with -ac.svg|thumb|Communes terminant en « -ac » en France.]]<br />
<br />
En analysant les toponymes, on peut aussi analyser la marque de la langue bretonne sur le territoire. En Bretagne, les toponymes finissant en « -ac » sont typique de zones où l’on a parlé breton. Or leur localisation sur une carte correspond assez bien à la limite du breton parlé en 900 et s’arrêtent là aussi à quelques kilomètres à l’ouest de Rennes.<br />
<br />
Au delà de la géographie, il y a des délimitations sociologiques, la langue bretonne a longtemps été parlée par les classes populaires, l’élite parlant le latin puis le français. La tendance ne s’inversera qu’à partir du XIX<sup>e</sup> siècle. <br />
<br />
{{clr}}<br />
<br />
== Histoire du breton à Rennes ==<br />
<br />
De façon exceptionnelle, on retrouve quelques toponymes d’origine bretonne à Rennes comme [[Gros-Malhon]] <ref>Egalement connu, d'après P. Banéat, sous la forme "Gourmalon", nom breton attesté dès le XI° siècle.</ref> ou [[Quineleu]].<br />
<br />
[[File:Porte Ty Nevez Creguen Rennes.JPG|thumb|Porte Ty Nevez Croguen.]]<br />
<br />
Des attestations montrent qu’il y a cependant toujours eu une présence régulière et continue du breton à Rennes<ref>Voir par exemple la page [[Rue Descartes]].</ref>. Pendant longtemps, celle-ci s’est traduite principalement à travers deux domaines : le commerce et la justice. En effet, nombreux sont les commerçants et prisonniers qui venaient de l’Ouest de la Bretagne. On trouve de nombreuses ''gwerzioù'' (complaintes en breton) ayant pour thèmes des jugements et des exécutions à Rennes<ref>Livret et CD de l’exposition temporaire ''Rennes en chansons'' (éditions Dastum, novembre 2010)</ref>.<br />
<br />
On trouve aussi quelques membres du bas-clergé ; cependant en janvier 1821, [[Charles Mannay]], l’évêque de Rennes doit demander à l’évêque de Quimper de lui envoyer un aumônier brittophone pour la prison de Rennes.<br />
<br />
Au XIX<sup>e</sup> siècle, sous l’effet du romantisme et du panceltisme, les élites intellectuelles rennaises s’intéressent aux langues celtiques. On trouve par exemple, le professeur [[Square Loth|Joseph Loth]] qui commence à enseigner le celtique à l’Université de Rennes dès 1883 ou bien l’hôtel particulier ''Ty Nevez Croguen'' (du nom de l’inscription en breton au-dessus de la porte d’entrée, littéralement la ''maison neuve de la coquille'') situé au 5 [[rue du général Maurice Guillaudot]] et construit par et pour [[Frédéric Jobbé-Duval]] en 1880 <ref>Fiche de [http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35022533 ''Ty Nevez Croguen''] sur Glad, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne.</ref>.<br />
<br />
=== De nos jours ===<br />
<br />
==== Dans l’enseignement ====<br />
<br />
Paradoxalement de nos jours, Rennes est devenue la ville où l’on trouve le plus de personnes étudiant et enseignant le breton.<br />
<br />
Il existe une offre parfois insuffisante mais assez complète qui va de la maternelle aux cours du soir pour adultes en passant par l’Université, tant dans le public que dans le privé<ref>[http://www.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/lang/fr/pid/3070 Enseignement du breton] sur le site de l’Académie de Rennes.</ref>. On trouve ainsi une école privée Diwan (Diwan Bro Roazhon<ref>[http://www.diwan-bro-roazhon.org Site de l’école Diwan de Rennes]</ref>), deux écoles catholiques Dihun (Saint-Michel et Saint-Jean-Bosco<ref>[http://dihun.bro.roazhon.free.fr/ Site de l’association Dihun bro Roazhon]</ref>) et trois écoles publiques comportant des classes Div Yezh (Faux-Pont, Liberté et Gantelles-Guy Ropartz<ref>[http://www.divyezh-roazhon.com/ Site de Div Yezh Bro Roazhon.com]</ref>). L’offre est plus réduite en enseignement secondaire mais on trouve des classes dans la filière publique au [[collège Anne de Bretagne]] et au [[lycée Jean Macé]] ainsi que dans l’enseignement catholique au [[collège Saint-Hélier]].<br />
<br />
{| class="wikitable"<br />
|+ Effectifs des différentes écoles<br />
! Année<br />
! Niveau<br />
! Diwan (depuis 1978)<br />
! Div Yezh<br />
! Dihun<br />
|-<br />
| rowspan="5" | 2011-2012<br />
| Maternelle<br />
| rowspan="2" | 128<br />
| 116<br />
| rowspan="2" | 120<br />
|-<br />
| Primaire<br />
| 124<br />
|-<br />
| Collège<br />
| 0<br />
| 83<br />
| 10<br />
|-<br />
| Lycée<br />
| 0<br />
| 32<br />
| 0<br />
|-<br />
| Total<br />
| 128<br />
| 355<br />
| 130<br />
|}<br />
<br />
==== Engagement politique ====<br />
<br />
Un comité consultatif à l’identité bretonne (CCIB) est créé en septembre 1996 à Rennes. Il rassemble des élus, des représentants associatifs et des personnes qualifiées qui tentent de valoriser la culture bretonne à Rennes. Il est présidé par [[Martial Gabillard]], conseiller municipal délégué aux cultures bretonnes. Lena Louarn, actuelle vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, et Michel Génin en sont membres. Il est à l’origine de nombreuses actions comme le festival [[Yaouank]] et de la signalisation bilingue/trilingue (signalisation routière ainsi que dans le métro).<br />
<br />
Rennes adhère à la charte ''Ya d’ar brezhoneg'' (''Oui au breton'') le 24 janvier 2008. [[Bruz]] fait de même le 1<sup>er</sup> octobre 2011.<br />
<br />
== Références ==<br />
<references/><br />
<br />
== Voir aussi ==<br />
* [[Rennes dans la littérature de langue bretonne]]<br />
<br />
[[Catégorie:Histoire et mémoire]]</div>Jakez Riouhttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Rennes_et_le_breton&diff=28604Rennes et le breton2014-01-11T15:35:07Z<p>Jakez Riou : /* Histoire générale du breton */</p>
<hr />
<div>[[File:Pièche du Parlément, Rennes.jpg|thumb|Signalisation bilingue dans le centre de Rennes.]]<br />
<br />
Parmi tous les débats sur la ville de Rennes, il s’en trouve un qui fait l’exploit de créer plus de polémiques que « Rennes capitale de la Bretagne ? » ; il s’agit de la place de la '''langue bretonne à Rennes''' que l’on retrouve régulièrement résumé par l’opinion « On n’a jamais parlé breton à Rennes. ».<br />
<br />
Cet article a l’espoir de donner quelques éléments factuels pour permettre de bien appréhender cette question.<br />
<br />
== Éléments généraux ==<br />
<br />
Passons les approximations sémantiques, le bon sens à lui seul nous permet de dire qu’il est fort probable qu’une phrase contenant le mot « jamais » soit fausse.<br />
<br />
La question n’est donc pas tant de savoir si on parle breton à Rennes, mais de connaître l’importance et le nombre de locuteurs brittophones à Rennes à travers l’histoire.<br />
<br />
=== Histoire générale du breton ===<br />
<br />
Parmi ceux qui connaissent le sujet de la langue bretonne ou de la Bretagne, on trouve la variante « on ne parle plus breton à Rennes depuis le X<sup>e</sup> siècle » (ou toute autre date reculée).<br />
<br />
[[Fichier:Dialectes_Breton.png|thumb|Recul des langues bretonnes vers l’ouest.]]<br />
<br />
Les linguistes distinguent trois langues différentes avec des limites temporelles et géographiques assez précises.<br />
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{| class=wikitable<br />
! langues<br />
! époque<br />
! localisation (voir carte ci-contre)<br />
|-<br />
| vieux breton || du IX<sup>e</sup><ref>Certains font remonter le vieux breton au V<sup>e</sup> siècle, mais on considère généralement le manuscrit de Leyde (X<sup>e</sup> siècle) comme le premier texte écrit en breton. On ne dispose d’aucune attestation probante sur le breton parlé avant cette date.</ref> siècle au XI<sup>e</sup> siècle || à l’ouest d’une ligne passant à proximité de Rennes et de Nantes<ref>Pour un tracé précis, voir notamment les travaux de Jean-Yves Le Moing sur la ligne Loth.</ref><br />
|-<br />
| moyen breton || du XII<sup>e</sup> siècle au XVI<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne <br />
|-<br />
| breton moderne || depuis le XVII<sup>e</sup> siècle || Basse-Bretagne actuelle<br />
|}<br />
<br />
Strictement parlant, le vieux breton du IXè siècle n’est pas le breton moderne du XXIè, comme le français du Haut Moyen-Age n'est pas le français d'aujourd'hui, et ces deux formes anciennes du breton comme du français sont incompréhensibles aux locuteurs d'aujourd'hui. <br />
<br />
Le vieux breton n’a jamais été majoritairement parlé à l’est d’une ligne passant à une vingtaine de kilomètres à l’''ouest'' de Rennes, ce qui ne veut pas dire que personne ne le parlait, les représentants du roi de Bretagne le faisaient probablement.<br />
<br />
[[Fichier:Communes of France ending with -ac.svg|thumb|Communes terminant en « -ac » en France.]]<br />
<br />
En analysant les toponymes, on peut aussi analyser la marque de la langue bretonne sur le territoire. En Bretagne, les toponymes finissant en « -ac » sont typique de zones où l’on a parlé breton. Or leur localisation sur une carte correspond assez bien à la limite du breton parlé en 900 et s’arrêtent là aussi à quelques kilomètres à l’ouest de Rennes.<br />
<br />
Au delà de la géographie, il y a des délimitations sociologiques, la langue bretonne a longtemps été parlée par les classes populaires, l’élite parlant le latin puis le français. La tendance ne s’inversera qu’à partir du XIX<sup>e</sup> siècle. <br />
<br />
{{clr}}<br />
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== Histoire du breton à Rennes ==<br />
<br />
De façon exceptionnelle, on retrouve quelques toponymes d’origine bretonne à Rennes comme [[Gros-Malhon]] <ref>Egalement connu, d'après P. Banéat, sous la forme "Gourmalon", nom breton attesté dès le XI° siècle.</ref> ou [[Quineleu]].<br />
<br />
[[File:Porte Ty Nevez Creguen Rennes.JPG|thumb|Porte Ty Nevez Croguen.]]<br />
<br />
Des attestations montrent qu’il y a cependant toujours eu une présence régulière et continue du breton à Rennes<ref>Voir par exemple la page [[Rue Descartes]].</ref>. Pendant longtemps, celle-ci s’est traduite principalement à travers deux domaines : le commerce et la justice. En effet, nombreux sont les commerçants et prisonniers qui venaient de l’Ouest de la Bretagne. On trouve de nombreuses ''gwerzioù'' (complaintes en breton) ayant pour thèmes des jugements et des exécutions à Rennes<ref>Livret et CD de l’exposition temporaire ''Rennes en chansons'' (éditions Dastum, novembre 2010)</ref>.<br />
<br />
On trouve aussi quelques membres du bas-clergé ; cependant en janvier 1821, [[Charles Mannay]], l’évêque de Rennes doit demander à l’évêque de Quimper de lui envoyer un aumônier brittophone pour la prison de Rennes.<br />
<br />
Au XIX<sup>e</sup> siècle, sous l’effet du romantisme et du panceltisme, les élites intellectuelles rennaises s’intéressent aux langues celtiques. On trouve par exemple, le professeur [[Square Loth|Joseph Loth]] qui commence à enseigner le celtique à l’Université de Rennes dès 1883 ou bien l’hôtel particulier ''Ty Nevez Croguen'' (du nom de l’inscription en breton au-dessus de la porte d’entrée, littéralement la ''maison neuve de la coquille'') situé au 5 [[rue du général Maurice Guillaudot]] et construit par et pour [[Frédéric Jobbé-Duval]] en 1880 <ref>Fiche de [http://patrimoine.region-bretagne.fr/sdx/sribzh/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35022533 ''Ty Nevez Croguen''] sur Glad, base du service de l’Inventaire du patrimoine de la région Bretagne.</ref>.<br />
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=== De nos jours ===<br />
<br />
==== Dans l’enseignement ====<br />
<br />
Paradoxalement de nos jours, Rennes est devenue la ville où l’on trouve le plus de personnes étudiant et enseignant le breton.<br />
<br />
Il existe une offre parfois insuffisante mais assez complète qui va de la maternelle aux cours du soir pour adultes en passant par l’Université, tant dans le public que dans le privé<ref>[http://www.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/lang/fr/pid/3070 Enseignement du breton] sur le site de l’Académie de Rennes.</ref>. On trouve ainsi une école privée Diwan (Diwan Bro Roazhon<ref>[http://www.diwan-bro-roazhon.org Site de l’école Diwan de Rennes]</ref>), deux écoles catholiques Dihun (Saint-Michel et Saint-Jean-Bosco<ref>[http://dihun.bro.roazhon.free.fr/ Site de l’association Dihun bro Roazhon]</ref>) et trois écoles publiques comportant des classes Div Yezh (Faux-Pont, Liberté et Gantelles-Guy Ropartz<ref>[http://www.divyezh-roazhon.com/ Site de Div Yezh Bro Roazhon.com]</ref>). L’offre est plus réduite en enseignement secondaire mais on trouve des classes dans la filière publique au [[collège Anne de Bretagne]] et au [[lycée Jean Macé]] ainsi que dans l’enseignement catholique au [[collège Saint-Hélier]].<br />
<br />
{| class="wikitable"<br />
|+ Effectifs des différentes écoles<br />
! Année<br />
! Niveau<br />
! Diwan (depuis 1978)<br />
! Div Yezh<br />
! Dihun<br />
|-<br />
| rowspan="5" | 2011-2012<br />
| Maternelle<br />
| rowspan="2" | 128<br />
| 116<br />
| rowspan="2" | 120<br />
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| Primaire<br />
| 124<br />
|-<br />
| Collège<br />
| 0<br />
| 83<br />
| 10<br />
|-<br />
| Lycée<br />
| 0<br />
| 32<br />
| 0<br />
|-<br />
| Total<br />
| 128<br />
| 355<br />
| 130<br />
|}<br />
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==== Engagement politique ====<br />
<br />
Un comité consultatif à l’identité bretonne (CCIB) est créé en septembre 1996 à Rennes. Il rassemble des élus, des représentants associatifs et des personnes qualifiées qui tentent de valoriser la culture bretonne à Rennes. Il est présidé par [[Martial Gabillard]], conseiller municipal délégué aux cultures bretonnes. Lena Louarn, actuelle vice-présidente du Conseil régional de Bretagne, et Michel Génin en sont membres. Il est à l’origine de nombreuses actions comme le festival [[Yaouank]] et de la signalisation bilingue/trilingue (signalisation routière ainsi que dans le métro).<br />
<br />
Rennes adhère à la charte ''Ya d’ar brezhoneg'' (''Oui au breton'') le 24 janvier 2008. [[Bruz]] fait de même le 1<sup>er</sup> octobre 2011.<br />
<br />
== Références ==<br />
<references/><br />
<br />
== Voir aussi ==<br />
* [[Rennes dans la littérature de langue bretonne]]<br />
<br />
[[Catégorie:Histoire et mémoire]]</div>Jakez Riou