« Un Rennais, agent actif de la Gestapo, Guy Vissault » : différence entre les versions

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=== Au service des Nazis, à fond contre les Résistants ===
=== Au service des Nazis, à fond contre les Résistants ===
Agent de l’Alsacien Standartenführer {{w| Herman Bickler}},  ami des nationalistes bretons, qui l’a accueilli ainsi que le Locminois Patrick Guérin -qui avait détruit en 1939 la statue de Bécassine au musée Grévin à Paris ! - Vissault entre à l’école SS de Taverny, fin 1943 et  en sort avec le grade de sous-lieutenant Waffen SS. Parfois sous le pseudo  d’Alain Godvil,  il  court la Bretagne à la recherche de  volontaires qu’il trouve surtout à Rennes et Saint-Malo  pour son équipe, connue sous le nom de « groupe Vissault de Coëtlogon », une Selbstschutzpolizei, totalement indépendante du Bezen Perrot. Il est composé d'un groupe de liaison radio  confié à Patrick Guérin et un groupe d'action directe conduit par Guy Visseau qui coiffe les deux.Ils ne seront pas plus d’une quinzaine, dont quelques uns furent envoyés en Allemagne suivre un entraînement au sabotage.<ref> ''The SS Hunter Battalions. The Hidden History of the Nazi Resistance Movement 1944-45''. Perry Biddiscomb . The History Press - 2006</ref> Ils participent aux interrogatoires mais Vissault n'aurait pas personnellement torturé. Un de ses agents, Roger Le Neveu, infiltrera à Rennes le réseau de résistance Bordeaux-Loupiac spécialisé dans l'évasion des aviateurs alliés tombés en territoire occupé, dont plusieurs membres furent arrêtés, tels  Rémy Roure, atrocement torturé, mais qui ne parla pas, et  le chef du réseau, Jean-Claude Camors <ref>[[ rue Jean-Claude Camors]]</ref>, blessé au ''Café de l'Époque'', le 11 octobre 1943 à Rennes et qui mourra, exsangue.
Agent de l’Alsacien Standartenführer {{w| Herman Bickler}},  ami des nationalistes bretons, qui l’a accueilli ainsi que le Locminois Patrick Guérin - qui avait détruit en 1939 la statue de Bécassine au musée Grévin à Paris ! - Vissault entre à l’école SS de Taverny, fin 1943 et  en sort avec le grade de sous-lieutenant Waffen SS. Parfois sous le pseudo  d’Alain Godvil,  il  court la Bretagne à la recherche de  volontaires qu’il trouve surtout à Rennes et Saint-Malo  pour son équipe, connue sous le nom de « groupe Vissault de Coëtlogon », une Selbstschutzpolizei, totalement indépendante du Bezen Perrot. Il est composé d'un groupe de liaison radio  confié à Patrick Guérin et un groupe d'action directe conduit par Guy Visseau qui coiffe les deux.Ils ne seront pas plus d’une quinzaine, dont quelques uns furent envoyés en Allemagne suivre un entraînement au sabotage.<ref> ''The SS Hunter Battalions. The Hidden History of the Nazi Resistance Movement 1944-45''. Perry Biddiscomb . The History Press - 2006</ref> Ils participent aux interrogatoires mais Vissault n'aurait pas personnellement torturé. Un de ses agents, Roger Le Neveu, infiltrera à Rennes le réseau de résistance Bordeaux-Loupiac spécialisé dans l'évasion des aviateurs alliés tombés en territoire occupé, dont plusieurs membres furent arrêtés, tels  Rémy Roure, atrocement torturé, mais qui ne parla pas, et  le chef du réseau, Jean-Claude Camors <ref>[[ rue Jean-Claude Camors]]</ref>, blessé au ''Café de l'Époque'', le 11 octobre 1943 à Rennes et qui mourra, exsangue.
Un autre agent, Joseph Le Ruyet, jouant le résistant, réussit à infiltrer des maquis, provoquant l'arrestation en novembre 1943 de plusieurs résistants (Jean L'Hours, Le Doaré et Flaud) dans la région de Châteaulin, et à Saint-Brieuc-des-Iffs , le 28 novembre 1943, où furent  découverts un parachutiste américain et un stock de trois tonnes d’armes (Jean Nobilet) et un de cinq tonnes à Saint-Aubin du Cormier, 16 personnes ayant été appréhendées lors de ces deux prises et déportées . Tout au long du premier semestre de 1944 ils vont débusquer et liquider les résistants :le 7 février, des feldgendarmes, épaulés de membres du Bezen Perrot (dont Ange Péresse, originaire de Bubry) et du groupe de Guy Vissault de Coëtlogon (dont Joseph Le Ruyet, originaire de Bubry) arrêtent 17 résistants à Baud, Bubry, Camors et Quistinic  dans le Morbihan, 2 résistants quimpérois (Monges et Mingant) au ''café de Paris'', [[rue Châteaurenault]]  à Rennes, qui seront déportés,  à Hédé la famille Morel. Le 20 avril à Rennes un coup de filet à l’''hôtel du Cheval d’Or'' <ref> [[  Square Anne-Marie Tanguy]]</ref>  entraîna la capture de 19 membres du réseau, déportés, dont neuf ne reviendront pas. Durant les premiers mois de 944, Vissault se rend plusieurs fois en Normandie se prêter au jeu piégeant  du Dr Josef Goetz, maître du jeu-radio (Funkspiel) contre les membres de la ''French Section'' du S.O.E (Special Operations Executive) qui croient être en relation avec des agents fiables et des résistants qui, en fait, ont été retournés et émettent les informations avec lesquelles l'ennemi est intoxiqué.
Un autre agent, Joseph Le Ruyet, jouant le résistant, réussit à infiltrer des maquis, provoquant l'arrestation en novembre 1943 de plusieurs résistants (Jean L'Hours, Le Doaré et Flaud) dans la région de Châteaulin, et à Saint-Brieuc-des-Iffs , le 28 novembre 1943, où furent  découverts un parachutiste américain et un stock de trois tonnes d’armes (Jean Nobilet) et un de cinq tonnes à Saint-Aubin du Cormier, 16 personnes ayant été appréhendées lors de ces deux prises et déportées . Tout au long du premier semestre de 1944 ils vont débusquer et liquider les résistants :le 7 février, des feldgendarmes, épaulés de membres du Bezen Perrot (dont Ange Péresse, originaire de Bubry) et du groupe de Guy Vissault de Coëtlogon (dont Joseph Le Ruyet, originaire de Bubry) arrêtent 17 résistants à Baud, Bubry, Camors et Quistinic  dans le Morbihan, 2 résistants quimpérois (Monges et Mingant) au ''café de Paris'', [[rue Châteaurenault]]  à Rennes, qui seront déportés,  à Hédé la famille Morel. Le 20 avril à Rennes un coup de filet à l’''hôtel du Cheval d’Or'' <ref> [[  Square Anne-Marie Tanguy]]</ref>  entraîna la capture de 19 membres du réseau, déportés, dont neuf ne reviendront pas. Durant les premiers mois de 1944, Vissault se rend plusieurs fois en Normandie pour se prêter au jeu piégeant  du Dr Josef Goetz, maître du jeu-radio (Funkspiel) contre les membres de la ''French Section'' du S.O.E (Special Operations Executive) qui croient être en relation avec des agents fiables et des résistants qui, en fait, ont été retournés et émettent les informations avec lesquelles l'ennemi est intoxiqué.


Vissault, impitoyable avec les résistants, l'est aussi avec l'un des siens, Roger Le Neveu, soupçonné de renseigner Pulmer, chef de la Gestapo à Rennes, sur ses compagnons, qui, début juillet 1944,  considéré comme mouchard, est exécuté dans un chemin creux de Saint-Jacques-de-la-Lande.
Vissault, impitoyable avec les résistants, l'est aussi avec l'un des siens, Roger Le Neveu, soupçonné de renseigner Pulmer, chef de la Gestapo à Rennes, sur ses compagnons, qui, début juillet 1944,  considéré comme mouchard, est exécuté dans un chemin creux de Saint-Jacques-de-la-Lande.


2 août 1944, les Américains sont aux portes de Rennes.<ref>[[Le combat du 1er août 1944 à Maison Blanche]]</ref> Vissault  donne l'ordre à ses agents de se replier sur Paris.
2 août 1944, les Américains sont aux portes de Rennes.<ref>[[Le combat du 1er août 1944 à Maison Blanche]]</ref> Vissault  donne l'ordre à ses agents de se replier sur Paris.
Huit personnes furent fusillées à Rennes pour faits de collaboration après avoir été condamnées à mort par la cour de justice de Rennes : Pierre Bernier (de Pénestin), Hervé Botros (de Lanmeur), Fernand-André Geoffroy (de Pommerit-Jaudy), Claude Geslin (de Rennes), Léon Jasson (de Baud), Corentin Kergoat (de Châteaulin), Joseph Le Ruyet (de Bubry), membre du groupe Vissault, Commandant Thomas (de Rennes) ; André Geoffroy (de Lannion), condamné à mort, vit sa peine commuée.
Huit personnes furent fusillées à Rennes pour faits de collaboration après avoir été condamnées à mort par la cour de justice de Rennes : outre Joseph Le Ruyet (de Bubry), membre du groupe Vissault, ce sont Pierre Bernier (de Pénestin), Hervé Botros (de Lanmeur), Fernand-André Geoffroy (de Pommerit-Jaudy), Claude Geslin (de Rennes), Léon Jasson (de Baud), Corentin Kergoat (de Châteaulin), , Commandant Thomas (de Rennes) ; André Geoffroy (de Lannion), condamné à mort, vit sa peine commuée.


===Une peine de mort assumée par l'exalté===
===Une peine de mort assumée par l'exalté===


Vissault est arrêté par des FFI, à la mi-août 1944, à Sens (Yonne) et s'étant déclaré agent de l'Intelligence Service, il est remis aux Américains puis à un agent britannique et transféré avec Patrick Guérin à Londres où il est longuement interrogé.
Vissault est arrêté par des FFI, à la mi-août 1944, à Sens (Yonne) où il se cachait et s'étant déclaré agent de l'Intelligence Service, il est remis aux Américains puis à un agent britannique et transféré avec Patrick Guérin à Londres où il est longuement interrogé.
Les services MI 5 (service militaire  britannique du contre-espionnage) et G 2 (service de renseignement militaire de l'Irlande) coopérèrent étroitement dans leurs recherches sur les activités de Vissault en Irlande. Ils conclurent que :"Déployant plus de courage que de bon sens de Coëtlogon avait aidé les efforts allemands pour créer des groupes arrière après l'opération Overlord.  Il en ressortit qu'il était allé en Irlande, encore  adolescent, en 1938. Le dessein de cette visite n'était pas l'espionnage mais l'exploration des racines celtiques communes et de la culture".<ref> ''Spying on Ireland. British Intelligence and Irish Neutrality'' p. 262.  Eunan O' Halpin. Oxford University Press</ref> Le 24 octobre il est rendu aux Français, transféré à la prison du Cherche-Midi puis à Fresnes et il est interrogé sans relâche. Selon le témoignage du père Petit, l'aumônier de la prison, il passe les premiers mois de 1945 comme un moine dans sa cellule.
Les services MI 5 (service militaire  britannique du contre-espionnage) et G 2 (service de renseignement militaire de l'Irlande) coopérèrent étroitement dans leurs recherches sur les activités de Vissault en Irlande. Ils conclurent que :"Déployant plus de courage que de bon sens de Coëtlogon avait aidé les efforts allemands pour créer des groupes arrière après l'opération Overlord.  Il en ressortit qu'il était allé en Irlande, encore  adolescent, en 1938. Le dessein de cette visite n'était pas l'espionnage mais l'exploration des racines celtiques communes et de la culture".<ref> ''Spying on Ireland. British Intelligence and Irish Neutrality'' p. 262.  Eunan O' Halpin. Oxford University Press</ref> Le 24 octobre il est rendu aux Français, transféré à la prison du Cherche-Midi puis à Fresnes et il est interrogé sans relâche. Selon le témoignage du père Petit, l'aumônier de la prison, il passe les premiers mois de 1945 comme un moine dans sa cellule.


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