Bombardement allemand sur Rennes, un "coup de pot"

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Le 28 juin, 11 jours après le Bombardement du 17 juin 1940 sur Rennes , paraît dans Der Oberschlesische Wanderer, ( Le Voyageur de Haute-Silésie, organe nazi), page 3, un reportage sur le vol d'aviateurs allemands ayant participé au bombardement.

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Le capitaine commanda alors : « Attaque en rase-mottes ! »

Trains de munitions et de troupes anéantis – Toutes les bombes au but

Du reporteur de guerre Georg Hinze

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Du grand nombre de performances militaires sur et au-dessus du territoire français effectuées ces derniers jours on ne peut que rarement traiter séparément d’un fait extraordinaire dans le compte rendu de l’armée allemande. Par chance, dans le cadre de notre travail personnel pour le communiqué du commandement supérieur de la Wehrmacht, j’ai été autorisé à voir le capitaine chef d’escadrille d’un groupe de bombardement. Seul avec son escadrille il a attaqué la gare de Rennes et a anéanti à cette occasion beaucoup de trains français pleins de troupes, de munitions et de matériels. Cette décision audacieuse de son fait ajouta aux dommages incommensurables faits à l’ennemi. Chaque fait important résulte d’une décision. La plupart du temps la décision est actée en minutes, voire en secondes. Mais des hommes doivent eux-mêmes la mûrir en fractions de seconde, aucune demi-mesure n’est autorisée. À qui ose le tout pour le tout appartient alors la victoire totale.

Les nuages protecteurs se dissipent…

La mission de l’escadrille avait été déterminée avec précision comme suit : en exploitant la couverture nuageuse, détruire la gare de Rennes. Elle s’était jusqu’alors déroulé sans particularité. Mais soudain la couche nuageuse s’était, en quelques minutes, réduite ne laissant qu’un léger voile qui se dissipa. Rien n’échappait plus au regard de l’adversaire. Si des chasseurs ennemis survenaient, toute l’escadrille pourrait être perdue. Des pensées de doute et de réflexion assaillirent le capitaine pendant quelques secondes. Il commanda : »Attaque en rase-mottes ! » En quelques secondes l’ordre passa d’appareil en appareil. Le visage de la terre se rapprocha, l’escadrille s’y précipita. Seul ou par paire on alla au-devant de la cible.

Et alors la gare de Rennes apparut soudainement devant les appareils allemands. Le regard de l’observateur pouvait tout juste saisir la vue tant elle lui apparaissait monstrueuse. Au- dessous, des rails encombrés de longs trains. L’adjudant-chef lanceur de bombes observait à côté du capitaine dans le cockpit de verre poussa un cri de surprise qui retentit dans la coque des écouteurs du capitaine, du radio et du mécanicien. Ses yeux perçants avaient reconnu sur le premier train des pièces d’artillerie et des caisses de munitions, et un regard plus rapide offrait à voir un fouillis général d’autres trains : ici attendaient alignés des wagons-citernes de carburant à proximité de trains de transport de militaires et de wagons de voyageurs surchargés de soldats. Quelle proie unique, jamais rêvée, pour des avions de combat allemands pleins de bombes ! Ce qui se produisit dans les secondes et les minutes suivantes ne pourrait jamais être oublié par les aviateurs allemands, c’était comme si l’enfer s’abattait sur la gare, tombant en plongeon profond d’un ciel bleu dans le vide sur les Français. Les piétons sur la place de la gare, croyant avoir affaire à des avions français avaient fait un geste de la main pour saluer puis avaient suspendu leur mouvement. Les soldats français, uniformes déboutonnés et en manches de chemise, qui ne se méfiaient pas, se promenant près de leurs trains, furent atteints par l’horreur. Ils se cachaient sous les wagons, derrière des butoirs, à des endroits incroyables. Cependant leur peur de la mort ne devait durer qu’une fraction de seconde car, déjà, tombaient les bombes et crachaient les mitrailleuses. L’enfer s’ouvrait sur Rennes.

 
le chef d'escadrille Alois Lindmayr, portant la Ritterkreuz.

Et à 30 kilomètres de distance de la cible…

Des heures après leur vol, les aviateurs allemands eurent à faire le rapport des effets observés, résultats de leur attaque réussie. Ils le firent avec cette simplicité inhérente à toutes les déclarations de soldats. Lorsque, malgré tout, on trouve des superlatifs dans leurs rapports, cela en dit long. Le capitaine écrivit : « Les chapelets de bombes atteignirent tous la cible. L’effet fut dévastateur. Tous les trains furent projetés pêle-mêle. Les trains de munitions explosèrent puis d’autres trains en chaîne. Après notre départ, il y eut un épais nuage de fumées de 200 à 300 mètres de hauteur avec des jaillissements de nouveaux foyers de flammes qui se rapprochaient en provenance de lointaines explosions. Dans les constatations d’un lieutenant commandant de bord de la première série on lit : « Mon observateur constata de lourdes destructions et des matériels de guerre volant des wagons en l’air. Aux abords de la gare des trains étaient abandonnés par les troupes qui, paniquées, cherchaient refuge dessous. Sur le chemin du retour, à 30 kilomètres de distance de la cible, mon observateur constatait encore de nouvelles explosions. » Dans une constatation négative se reflète l’effet énorme du bombardement : le commandant de l’avion serre-file fait état au compte-rendu du fait suivant : « Des fragments de trains détruits ont atteint mon avion et déchiré le pare-brise de mon poste de pilotage. L’empennage et des surfaces furent aussi endommagés. »

« C’est un coup de pot »

Comme le rapport de l’OKW (NDLR : commandement supérieur de la Wehrmacht) avait signalé l’entreprise menée avec succès, les hommes s’en réjouirent. Seul le capitaine, lui-même trop modeste, attribua le succès au destin. « C’est un coup de pot » dit-il. Nous avons tous reçu notre mission mais certains ne rencontrent jamais une cible qui en vaille la peine. En revanche, avec mes 25 avions ennemis à l’ouest, j’ai déjà tiré trois fois le gros lot. Ce fut d’abord E. qui a surpris 25 Morane au sol. Aucun d’eux n’en réchappa. Puis nous avons réussi avec T. à avoir un des appareils français en fabrication sur aérodrome. Et maintenant Rennes ! Ça, c’est bien un coup de pot… »

                                                                                                                                            Traduction Étienne Maignen