André Peulevey , Allemand juif, cheminot rennais, interprète auprès des Allemands, espion pour les Britanniques

De WikiRennes
Aller à la navigationAller à la recherche


D'une famille allemande juive réfugiée en France

Né le 28 janvier 1915 à Munich, en Allemagne, Joseph Scheinmann était adolescent lorsque sa famille quitta l’Allemagne pour se réfugier en France en 1933. II avait été un dirigeant de la jeunesse juive allemande, organisant des camps et du monitorat pour ses camarades exclus des activités scolaires et milita contre la participation obligatoire aux rassemblements hitlériens. Juif, André reçut une identité française fictive après son entrée à l’armée française en 1939 pour éviter d’être considéré comme Allemand au cas où les nazis viendraient à le prendre ultérieurement. Il s’échappa d’un camp de prisonniers. [1]

Carte d'identité de 1945, avec toujours un lieu de naissance fictif et un rajeunissement de 9 mois

À la S.N.C.F., interprète auprès des Allemands

Peulevey devina que son chef, Louis Turban,[2] chef de l'arrondissement de l'exploitation S.N.C.F. de Rennes, espionnait pour les Anglais, et il devint son adjoint dès l'automne 1940. Pour faire admettre son allemand sans faille il s’inscrivit à l’université de Rennes en vue de devenir professeur d’allemand. Dès l’été 1940, il devient ainsi interprète pour Turban auprès des Allemands à Rennes dans des bureaux de la SNCF, jusqu’à février 1942, collectant ainsi beaucoup de renseignements. Employé apparemment "contre son gré" mais agissant comme un interprète docile, André visita les bases allemandes de sous-marins et d'aviation, les dépôts de carburant. À Rennes, pendant le déjeuner des standardistes allemands il les remplaçait et répondait obligeamment aux appels téléphoniques en provenance et à destination de la Luftwaffe avec la voix d'un Prussien. Repérant les numéro des avions et des pilotes allemands abattus lors de raids vers l’Angleterre provenant des QG de la Luftwaffe, il détournait les Allemands des secteurs de recherche adéquats. Grâce à lui les Britanniques savaient à quoi s’attendre des raids des bombardiers quittant l’aérodrome de Rennes, car il y avait placé un cuisinier polonais et lui-même se faisait raser au salon de coiffure des pilotes. [3] Il était agent MI 6, réseau Georges-France /Groupe 31 et identifié sous son indicatif 31 AQ pseudo André Martin [4] [5] [6]

En fait, un résistant très efficace

Il était aussi agent MI 6, réseau Turquoise-Jézéquel et identifié avec le deuxième bureau sous son indicatif 31 AQ, pseudo André Martin [7] Le Breton de Montmartre, Joël le Tac </ref> [8] Marie-José Chombart De Lauwe fut en rapport avec lui. Elle faisait la navette entre la côte et Rennes. Elle cachait les documents, les plans qu’elle transportait dans ses cours de physique et d’anatomie . Elle les remettait à Rennes à un homme qu’elle connaissait tantôt sous le nom d’André Le Neveu, tantôt d’André Peulevey. Il avait une vingtaine d’années, des yeux clairs, des traits fins. Leurs rendez-vous avaient lieu au Café de l’Europe ou au Café de la Paix. [9] [10] Peulevey faisait partie du groupe de résistants, Louis Turban, Yves Le Tac [11] et Edouard Le Deuff, André Ménard, André Lacaze, qui se consacrait aux émissions clandestines et à la propagande dans le réseau Overcloud. En janvier 1942, il fut amené avec des agents du renseignement français libre lors du dernier voyage de Mission Overcloud en Angleterre, en kayak puis en vedette motorisée, et suivit, pendant un mois, un entraînement aux explosifs, au code, à l'encre invisible et à la radio, au parachutisme, introduction par effraction, mise à mort silencieuse et autres techniques d’espionnage et de sabotage.

Trahi et déporté

Il rentra dans la nuit du 1er au 2 février mais, arrivé ce jour à Rennes, son réseau ayant été trahi et son radio Alain de Kergorlay (Joe X) arrêté, il tomba dans une souricière. Il fut arrêté en rentrant au travail à son poste à la S.N.C.F.le 4 février. D'abord à Angers, puis à Fresnes, ce furent dix-huit mois de prison à Paris, dont onze en cellule d’isolement; trente-huit interrogatoires par la gestapo ; il invente des histoires telles que celle de convaincre les Allemands qu’il était allé en Angleterre pour voir s'il était vrai que sa fiancée anglaise se mariait, nouvelle qu'il leur dit avoir entendu à la BBC. André et cinquante-cinq autres personnes, dont huit de ses camarades, y inclu Moureaux, Lavoué, les frères Le Tac, Le Deuff, Poge, Turban et Bidaux, furent envoyés au camp de concentration de Natzweiler / KLNa, en tant que prisonniers Nacht und Nebel / Nuit et brouillard, le 9 juillet 1943, puis à Dachau. Interprète et kapo dans le camp, il agit en sous-main pour atténuer la misère des détenus.[12]


Le 13 février 1946, le général De Gaulle lui attribua la croix de guerre 1939 avec étoile d’or. [13]Il est aussi Médaillé de la Résistance avec Rosette parmi autre honneurs de la France combattante. Il est Liquidateur du réseau Overcloud pour La SNCF de Rennes et de la région M dès 1945 pendant plusieurs années. André rencontra Claire à l’ambassade américaine de Paris, brillante opératice radio de la RAF pendant la guerre. En 1952, marié, il partit vivre aux États-Unis. Décédé en 2001, ses mémoires constituent le sujet du livre projeté d'être publié par The History Press en 2024: Agent André: The German Jew at the heart of the SIS and the French Resistance par Diana Mara Henry. En 2022, sa biographie figure parmi Les Cent de 1942, numéro Spécial du Souvenir Français.

Références

  1. https://www.thefreelibrary.com/Call+me+Andre%3a+memoirs+of+a+Jewish+spy+in+the+resistance.-a0278400304
  2. rue Louis Turban
  3. Survivors of Natzweiler-Struthof..Remember and Remembered. Who is André? by bgill - November 3, 2011
  4. Canfranc, nid d'espions . Ramon Javier Campo.
  5. Le Breton de Montmartre, Joël le Tac
  6. Livre d'or de l'amicale Action. Pierre Tillet
  7. Canfranc, nid d'espions . Ramon Javier Campo.
  8. : Livre d'or de l'amicale Action. Pierre Tillet
  9. Résister toujours. Marie-José Chombart De Lauwe Flammarion -2015.
  10. http://lescombattantsdelombre.arte.tv/#/marie-jose-chombart-de-lauwe/entre-les-lignes/
  11. . Joël Le Tac, Le Breton de Montmartre. 109-111, 118 Renaud Franck .Editions Ouest-France - 1994
  12. * 1943-1945: La résistance en enfer. 1943-1945 Leroy, , Roger Linet, and Max Nevers. Paris Messidor - 1992
  13. Histoires de Français Libres ordinaires. Jacques Guémard