« Passage Antoinette Caillot » : différence entre les versions

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En juillet 1890, suite au décès du directeur du Journal, Aristide-Dominique Caillot et du départ en retraite de Bertrand Robidou, à 72 ans, la direction du journal et de l'Imprimerie rennaise revient à Louis Caillot, le neveu d'Aristide. Pendant près de six ans, il va diriger la société jusqu'à son décès, le 8 avril 1896, à l'âge de 42 ans. Immédiatement, la direction de l'imprimerie et du journal est reprise par sa veuve, Antoinette Caillot. En 1899, elle est toujours à la tête de l'entreprise lorsque débute, à Rennes, le second procès d' [[Alfred Dreyfus à Rennes]], du 7 août au 9 septembre 1899.
En juillet 1890, suite au décès du directeur du Journal, Aristide-Dominique Caillot et du départ en retraite de Bertrand Robidou, à 72 ans, la direction du journal et de l'Imprimerie rennaise revient à Louis Caillot, le neveu d'Aristide. Pendant près de six ans, il va diriger la société jusqu'à son décès, le 8 avril 1896, à l'âge de 42 ans. Immédiatement, la direction de l'imprimerie et du journal est reprise par sa veuve, Antoinette Caillot. En 1899, elle est toujours à la tête de l'entreprise lorsque débute, à Rennes, le second procès d' [[Alfred Dreyfus à Rennes]], du 7 août au 9 septembre 1899.


En 1899, il y a à Rennes cinq journaux, dont seul L'Avenir de Rennes est dreyfusiste et fait l'objet de critiques très virulentes de la part des autres. L'Avenir à cette particularité d'être dirigé par une femme ; Antoinette Caillot. Celle-ci a pris comme secrétaire de rédaction, Valéry Müller, le fils de son ancien rédacteur. Antoinette Caillot n'a pas alors d'opinions politiques très avancées. Valéry Müller, dans ses premiers articles concernant l'affaire Dreyfus dans le journal ''L'Avenir de Rennes'', est plutôt défavorable à Dreyfus.
En 1899, il y a à Rennes cinq journaux, dont seul L'Avenir de Rennes est dreyfusiste et fait l'objet de critiques très virulentes de la part des autres. L'Avenir à cette particularité d'être dirigé par une femme ; Antoinette Caillot. Celle-ci a pris comme secrétaire de rédaction, Valéry Müller, le fils de son ancien rédacteur. Antoinette Caillot n'a pas alors d'opinions politiques très avancées. Valéry Müller, dans ses premiers articles concernant l'[[affaire Dreyfus]] dans le journal ''L'Avenir de Rennes'', est plutôt défavorable à Dreyfus.


Ami de la famille Dreyfus, le journaliste Bernard Lazare, a l'espoir de convaincre Valéry Müller de se rallier à la cause de  Dreyfus et il va ensuite convaincre à son retour Antoinette Caillot.
Ami de la famille Dreyfus, le journaliste Bernard Lazare, à dans l'espoir de convaincre Valéry Müller de se rallier à la cause de  Dreyfus et il va ensuite convaincre à son retour Antoinette Caillot.


Les journaux nationaux dreyfusards vont saluer le courage de Madame Caillot : ''Dans cette cité fermée qu'on devine hostile, murée dans un égoïsme tranquille, c'est une femme qui, propriétaire d'une imprimerie et d'un journal, a poussé seule le cri de la pitié et l'appel vibrant à la justice''. Jeanne Brémontier dans ''La Fronde'', journal féministe, dirigé et composé que par des femmes, dit d'elle : ''Aimable femme blonde, jeune encore et fort intelligente, un courageux exemple de féminisme, bien entendu''.
Les journaux nationaux dreyfusards vont saluer le courage de Madame Caillot : ''Dans cette cité fermée qu'on devine hostile, murée dans un égoïsme tranquille, c'est une femme qui, propriétaire d'une imprimerie et d'un journal, a poussé seule le cri de la pitié et l'appel vibrant à la justice''. [[Jeanne Brémontier]] dans ''La Fronde'', journal féministe, dirigé et composé que par des femmes, dit d'elle : ''Aimable femme blonde, jeune encore et fort intelligente, un courageux exemple de féminisme, bien entendu''.


Très vite, ''L'Avenir de Rennes'' devient '''le journal de la section rennaise de la ligue des Droits de l'Homme''', où tous les dreyfusistes, [[Victor Basch]] en tête, ainsi que Victor Barrucand, journaliste, éditorialiste parisien, vont pouvoir écrire. Trois cents journalistes du monde entier sont présents pour l'évènement, mais sur les bancs de la presse n'ont pris place que six femmes : Bradamante (Mme Constant), pour Les Droits de l'Homme, la Princesse Rattazzi (Marie-Lætitia Bonaparte-Wyse) pour ''La Petite Revue internationale'', Marguerite Durand, rédactrice en chef du journal ''La Fronde'', Caroline Rémy, dite Séverine, <ref>[[square Séverine]]</ref>socialiste et directrice du journal ''Cri du Peuple'', qui publie chaque jour ses ''Notes d'une frondeuse'' dans le journal ''La Fronde'' et Jeanne Brémontier, pour le Journal ''La Fronde'', l'une des premières femmes à devenir ''Grand Reporter'', et Antoinette Caillot, la propriétaire du journal ''L'Avenir de Rennes''. Ces femmes sont confrontées en permanence aux quolibets de leurs confrères journalistes masculins, qui ne comprennent pas la présence des femmes dans ce genre de procès concernant un militaire. ''Les Frondeuses'', ainsi qu'Antoinette Caillot sont traitées de ''poules et de caillettes dreyfusardes'' de "garçons manqués" et dans un quotidien antisémite ''Ces dames (…) feraient mieux si elles sont mariées, de raccommoder les chaussettes de leurs maris, ou si elles ne le sont pas, d'apprendre à le faire, plutôt que d'inonder de leur prose extrêmement indigeste. […] Il n'y a rien au monde de plus respectable qu'une femme : mais c'est à condition que cette femme restera dans son rôle et qu'elle ne se fera pas ''homme''.
Très vite, ''L'Avenir de Rennes'' devient '''le journal de la section rennaise de la ligue des Droits de l'Homme''', où tous les dreyfusistes, [[Victor Basch]] en tête, ainsi que Victor Barrucand, journaliste, éditorialiste parisien, vont pouvoir écrire. Trois cents journalistes du monde entier sont présents pour l'évènement, mais sur les bancs de la presse n'ont pris place que six femmes : Bradamante (Mme Constant), pour Les Droits de l'Homme, la Princesse Rattazzi (Marie-Lætitia Bonaparte-Wyse) pour ''La Petite Revue internationale'', Marguerite Durand, rédactrice en chef du journal ''La Fronde'', Caroline Rémy, dite Séverine, <ref>[[square Séverine]]</ref>socialiste et directrice du journal ''Cri du Peuple'', qui publie chaque jour ses ''Notes d'une frondeuse'' dans le journal ''La Fronde'' et Jeanne Brémontier, pour le Journal ''La Fronde'', l'une des premières femmes à devenir ''Grand Reporter'', et Antoinette Caillot, la propriétaire du journal ''L'Avenir de Rennes''. Ces femmes sont confrontées en permanence aux quolibets de leurs confrères journalistes masculins, qui ne comprennent pas la présence des femmes dans ce genre de procès concernant un militaire. ''Les Frondeuses'', ainsi qu'Antoinette Caillot sont traitées de ''poules et de caillettes dreyfusardes'' de "garçons manqués" et dans un quotidien antisémite ''Ces dames (…) feraient mieux si elles sont mariées, de raccommoder les chaussettes de leurs maris, ou si elles ne le sont pas, d'apprendre à le faire, plutôt que d'inonder de leur prose extrêmement indigeste. […] Il n'y a rien au monde de plus respectable qu'une femme : mais c'est à condition que cette femme restera dans son rôle et qu'elle ne se fera pas ''homme''.
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