« Après la libération, les internées administratives au camp Margueritte » : différence entre les versions

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===Le personnel de garde===
===Le personnel de garde===
''Il y a la grande policière, Mme Traconnet qui nous garde de 13h00 à 19h00, elle n’est pas commode […], surnommée « Tinette [...] Dès sa première entrevue, elle disait méchamment "Il y a encore trop de cheveux longs ici »,<ref> Allusion aux femmes tondues lors de la libération </ref> une belle brune avec de beaux cheveux est Mme Lemonnier, une toute petite est Mme Mouton (Paulette). Il y a aussi une blonde Marinette (gentille).
''Il y a la grande policière, Mme Traconnet qui nous garde de 13h00 à 19h00, elle n’est pas commode […], surnommée « Tinette [...] Dès sa première entrevue, elle disait méchamment "Il y a encore trop de cheveux longs ici »,<ref> Allusion aux femmes tondues lors de la libération </ref> une belle brune avec de beaux cheveux est Mme Lemonnier, une toute petite est Mme Mouton (Paulette). Il y a aussi une blonde Marinette (gentille).
''Les gardiens sont un grand brigadier Mérel qui est surnommé « Nickel » et un autre brun, assez dur, nommé Bouliou, surnommé « Au poil » car c’est une expression qu’il emploie toujours pour exiger de nous des nettoyages,'' le brigadier Martin. Et sont de garde des G.M.R, gendarmes des groupes mobiles de réserve - qui, début août étaient encore aux ordres du gouvernement de Vichy. Elle résumera en dernière page du premier cahier les vexations policières et les conditions de vie : tinettes sans porte dans la cabane, lits de 0, 60 m de largeur et matelas sales, promiscuité, parfois mesquineries, disputes mais aussi partage des colis… . À l’heure des toilettes les policiers ont, semble-t-il, quelque plaisir à faire leur ronde.
''Les gardiens sont un grand brigadier Mérel qui est surnommé « Nickel » et un autre brun, assez dur, nommé Boulion, surnommé « Au poil » car c’est une expression qu’il emploie toujours pour exiger de nous des nettoyages,'' le brigadier Martin. Et sont de garde des G.M.R, gendarmes des groupes mobiles de réserve - qui, début août étaient encore aux ordres du gouvernement de Vichy. Elle résumera en dernière page du premier cahier les vexations policières et les conditions de vie : tinettes sans porte dans la cabane, lits de 0, 60 m de largeur et matelas sales, promiscuité, parfois mesquineries, disputes mais aussi partage des colis… . À l’heure des toilettes les policiers ont, semble-t-il, quelque plaisir à faire leur ronde.
''Je n’ai pas aperçu mon époux […] je ne l’ai pas vu parce qu’on ferme exprès nos portes de baraque pour que nous ne voyions pas les hommes passer. Quelle mesquinerie !  Il est strictement interdit de regarder du côté des hommes par une fenêtre de baraque.[...] Il nous est aussi défendu de faire de petits signes d'amitié à nos maris [...] Le 19 novembre, on met un homme à la cellule parce qu’il a parlé à une femme. J’en profite pour faire la morale aux femmes des baraques car le pauvre a été maltraité, battu avec un nerf de bœuf et a la joue et l’œil rouges.'' L’incartade est sanctionnée d’une mise en cellule.
''Je n’ai pas aperçu mon époux […] je ne l’ai pas vu parce qu’on ferme exprès nos portes de baraque pour que nous ne voyions pas les hommes passer. Quelle mesquinerie !  Il est strictement interdit de regarder du côté des hommes par une fenêtre de baraque.[...] Il nous est aussi défendu de faire de petits signes d'amitié à nos maris [...] Le 19 novembre, on met un homme à la cellule parce qu’il a parlé à une femme. J’en profite pour faire la morale aux femmes des baraques car le pauvre a été maltraité, battu avec un nerf de bœuf et a la joue et l’œil rouges.'' L’incartade est sanctionnée d’une mise en cellule.
Un policier demande à une des internées s’il y a des femmes de docteur. Cette personne répond : « Mme Tizon », chef de baraque. ''Ce policier regardant dans son carnet et allant voir un copain de dire : « Vous avez une comtesse Pannetier de Roissay. Oui, répond cette personne […]  « Oh celle-là, reprit le policier, elle est bien là'' ». Le médecin lui apparaît inopérant et l’infirmerie ne dispose de presque rien. Il y a des cas de salpingites; rhumes, bronchite et grippe arrivent. Le 7 décembre :''Appel des colis trop tôt, on renvoie l'équipe avec quelques paroles de dédain :"On ne se fera pas mener par les détenus"cou encore "ramenez-moi cela dans les baraques." ("cela" souligné). ''. Le 10 août {{w|Charles Foulon}} <ref>[[Avenue Professeur Charles Foulon]]</ref> annonce, en séance du comité de  la libération que "les miliciens seront écroués à Jacques Cartier plutôt qu’au quartier Margueritte d’où il est facile de s’évader". De fait,  Mme Le Pelletier note que  Mme Albertine Burlot s'est évadée le dimanche soir 17 septembre. Le courrier, notamment de relation avec les proches est aussi un élément important mais insuffisant et contrôlé Lors de la séance du 7 septembre , M. Becdelièvre s’insurge : « Le scandale du camp Margueritte continue. Les nègres font un véritable service de correspondance"''. <ref>  ''L'installation du Comité Départemental de la Libération d'Ille-et-Vilaine''  Kristian Hamon : le blog. 11 mai 2015 </ref> ''Or, à la fin du premier cahier de Mme Le Pannetier de Roissay, sont transcrits, sans commentaires, quelques noms sous le titre ''"Noirs" : Georges Katakou, Martin, Jean, Robert, René Kouassi, Gabriel, Michel.'' (Beaucoup de Noirs portaient des noms de baptême récent). On peut penser qu'il s'agissait d'intermédiaires. <ref>[[Les prisonniers coloniaux à Rennes]]</ref>
Un policier demande à une des internées s’il y a des femmes de docteur. Cette personne répond : « Mme Tizon », chef de baraque. ''Ce policier regardant dans son carnet et allant voir un copain de dire : « Vous avez une comtesse Pannetier de Roissay. Oui, répond cette personne […]  « Oh celle-là, reprit le policier, elle est bien là'' ». Le médecin lui apparaît inopérant et l’infirmerie ne dispose de presque rien. Il y a des cas de salpingites; rhumes, bronchite et grippe arrivent. Le 7 décembre :''Appel des colis trop tôt, on renvoie l'équipe avec quelques paroles de dédain :"On ne se fera pas mener par les détenus"cou encore "ramenez-moi cela dans les baraques." ("cela" souligné). ''. Le 10 août {{w|Charles Foulon}} <ref>[[Avenue Professeur Charles Foulon]]</ref> annonce, en séance du comité de  la libération que "les miliciens seront écroués à Jacques Cartier plutôt qu’au quartier Margueritte d’où il est facile de s’évader". De fait,  Mme Le Pelletier note que  Mme Albertine Burlot s'est évadée le dimanche soir 17 septembre. Le courrier, notamment de relation avec les proches est aussi un élément important mais insuffisant et contrôlé Lors de la séance du 7 septembre , M. Becdelièvre s’insurge : « Le scandale du camp Margueritte continue. Les nègres font un véritable service de correspondance"''. <ref>  ''L'installation du Comité Départemental de la Libération d'Ille-et-Vilaine''  Kristian Hamon : le blog. 11 mai 2015 </ref> ''Or, à la fin du premier cahier de Mme Le Pannetier de Roissay, sont transcrits, sans commentaires, quelques noms sous le titre ''"Noirs" : Georges Katakou, Martin, Jean, Robert, René Kouassi, Gabriel, Michel.'' (Beaucoup de Noirs portaient des noms de baptême récent). On peut penser qu'il s'agissait d'intermédiaires. <ref>[[Les prisonniers coloniaux à Rennes]]</ref>
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Le dimanche, messe à 9h00 qui réunit hommes et femmes (une trentaine pour la baraque de Mme Le Pannetier), et, à 14 h00, séance récréative dans une grande baraque aménagée, enveloppes de matelas en guise de rideaux.
Le dimanche, messe à 9h00 qui réunit hommes et femmes (une trentaine pour la baraque de Mme Le Pannetier), et, à 14 h00, séance récréative dans une grande baraque aménagée, enveloppes de matelas en guise de rideaux.
===Internées et internés administratifs===
===Internées et internés administratifs===
Pour telle séance récréative, Mme Le Pannetier trouve le ''spectacle aussi charmant que spirituel'' dont les auteurs sont principalement : M. Margerl, M. Millau, M. Flambard. Le 12 octobre elle écrit : '' Ce matin à 8h1/2 je suis allé sur le boulevard des barbelés avec Mlle Chérel et, par un carreau cassé de la baraque-chapelle, nous avons entendu la messe sous un petit crachin de pluie [...]J’ai offert la messe pour le Cne Flambard qui a été emmené hier par les FFI, ceux de Guingamp le réclamant. Je suis inquiète pour lui, ils sont si méchants ces gens-là […] Il avait dit-on marché contre le Maquis […]  Dieu le protège et le garde à sa femme et à ses 4 enfants.'' <ref> Le lieutenant de gendarmerie Jean Flambard mena la recherche et la répression dans la région de Guingamp contre les « terroristes'' » ''et fut condamné à 2 ans de prison et 5 ans d’indignité nationale, peine jugée légère par les résistants.'' </ref> , ''le chansonnier Jean de la Lune (M. Jean Mercier), chœurs écrits et dirigés par M. Bretin ( dit Lhéry pour le théâtre)'' <ref> André Lhéry, chef d’orchestre au théâtre de Rennes </ref>  mais parfois, ''piteuse séance quant au choix des morceaux et de l’exécution. Vulgarité détestable des filles en pantalon sur la scène, ce qui est fort laid''. Le 19 novembre c’est "Caracalla", ''pièce où les phrases classiques pullulent plus ou moins mélangées d’argot ou de français un peu violent […] puis M. Michel, directeur de la Feria, joua des airs d’accordéon…'' <ref> Sa femme est aussi détenue. La Feria était une des trois maisons de passe rennaises réservées aux occupants allemands. [[MM. les Occupants se distraient]] </ref>
Pour telle séance récréative, Mme Le Pannetier trouve le ''spectacle aussi charmant que spirituel'' dont les auteurs sont principalement : M. Margerl, M. Millau, M. Flambard. Le 12 octobre elle écrit : '' Ce matin à 8h1/2 je suis allé sur le boulevard des barbelés avec Mlle Chérel et, par un carreau cassé de la baraque-chapelle, nous avons entendu la messe sous un petit crachin de pluie [...]J’ai offert la messe pour le Cne Flambard qui a été emmené hier par les FFI, ceux de Guingamp le réclamant. Je suis inquiète pour lui, ils sont si méchants ces gens-là […] Il avait dit-on marché contre le Maquis […]  Dieu le protège et le garde à sa femme et à ses 4 enfants.'' <ref> Le lieutenant de gendarmerie Jean Flambard mena la recherche et la répression dans la région de Guingamp contre les « terroristes'' » ''et fut condamné à 2 ans de prison et 5 ans d’indignité nationale, peine jugée légère par les résistants.'' </ref> , ''le chansonnier Jean de la Lune (M. Jean Mercier), chœurs écrits et dirigés par M. Bretin ( dit Lhéry pour le théâtre)'' <ref> André Lhéry, chef d’orchestre au théâtre de Rennes </ref>  mais parfois, ''piteuse séance quant au choix des morceaux et de l’exécution. Vulgarité détestable des filles en pantalon sur la scène, ce qui est fort laid''. Le 19 novembre c’est "Caracalla", ''pièce où les phrases classiques pullulent plus ou moins mélangées d’argot ou de français un peu violent […] puis M. Michel, directeur de la Feria, joua des airs d’accordéon…'' <ref> Sa femme est aussi détenue. La ''Feria'' était une des trois maisons de passe rennaises réservées aux occupants allemands. [[MM. les Occupants se distraient]] </ref>
Au cours des pages, sont cités des personnes connues : Yves Le Drezen, <ref> Plume régulière de [[L'Heure bretonne]], hebdomadaire nationaliste breton et antisémite  qui  s’affichait au premier étage de l’immeuble situé à l’angle de la [[rue d’Estrées]] et de la place de la Mairie. Libéré le 10 janvier 1945, son dossier est classé sans suite, mais il fait l'objet d'une interdiction de séjour en Bretagne d'un an  </ref> des Rennais tels que le Dr Tizon, collaborationniste <ref> Le Dr Tizon sera condamné à une peine de deux années de prison, assortie d’une indignité nationale et la confiscation du quart de ses biens.</ref> <ref> [[Les Rennais collaborationnistes]]</ref>, le Dr Perquis, , Me Perdriel-Vaissière,  avocat,  tous trois membres du comité des amis de la L.V.F., <ref>{{w| Légion des volontaires français contre le bolchevisme}}</ref> dont ce dernier est président et sa secrétaire est aussi détenue, l’abbé Poisson, l’abbé Chauvel,  ''un petit prêtre à barbe et à soutane en mauvais état'', M. Artur, directeur général de l’Ouest-Eclair <ref> Pierre Artur sera condamné le 12 février 1946 à 10 ans d’indignité nationale </ref> ; ''les miliciens ou dits comme tels souffrent d’un traitement extrêmement brutal qui fait peine à voir''.
Au cours des pages, sont cités des personnes connues : Yves Le Drezen, <ref> Plume régulière de [[L'Heure bretonne]], hebdomadaire nationaliste breton et antisémite  qui  s’affichait au premier étage de l’immeuble situé à l’angle de la [[rue d’Estrées]] et de la place de la Mairie. Libéré le 10 janvier 1945, son dossier est classé sans suite, mais il fait l'objet d'une interdiction de séjour en Bretagne d'un an  </ref> des Rennais tels que le Dr Tizon, collaborationniste <ref> Le Dr Tizon sera condamné à une peine de deux années de prison, assortie d’une indignité nationale et la confiscation du quart de ses biens.</ref> <ref> [[Les Rennais collaborationnistes]]</ref>, le Dr Perquis, , Me Perdriel-Vaissière,  avocat,  tous trois membres du comité des amis de la L.V.F., <ref>{{w| Légion des volontaires français contre le bolchevisme}}</ref> dont ce dernier est président et sa secrétaire est aussi détenue, l’abbé Poisson, l’abbé Chauvel,  ''un petit prêtre à barbe et à soutane en mauvais état'', M. Artur, directeur général de l’Ouest-Eclair <ref> Pierre Artur sera condamné le 12 février 1946 à 10 ans d’indignité nationale </ref> ; ''les miliciens ou dits comme tels souffrent d’un traitement extrêmement brutal qui fait peine à voir''.
[[Fichier:Page_de_cahier_Le_Pannetier113.jpg|350px|right|thumb|Page de cahier de Mme Le Pannetier de Roissay]]
[[Fichier:Page_de_cahier_Le_Pannetier113.jpg|350px|right|thumb|Page de cahier de Mme Le Pannetier de Roissay]]
Les internées sont 250 à 300, de 18 à 76 ans, mais assez jeunes majoritairement. Parmi les personnes citées par Mme Le Pannetier 88 sont indiquées d’Ille-et Vilaine (dont, 25 de la région rennaise, 22 de la région malouine, 10 de Redon, 10 de Fougères), 15 du reste de la Bretagne, 10 de l’extérieur.  Elle estime que ''ce sont, à part un demi-quart qui sont peut-être suspectes de dénonciation : des femmes ayant travaillé comme f. de ménage chez les Allemands, des femmes ayant eu un amant allemand, des femmes ayant pris une adhésion au R.N.P.'' <ref> {{w|Rassemblement national populaire}}, parti  collaborationniste, fondé par Marcel Déat en 1941. Se voulant socialiste et européen, il visait à « protéger la race », et à collaborer avec l’occupant </ref> ''pour faire revenir de captivité un mari, un frère, un beau-frère ! ou encore des femmes que l’on a arrêtées parce que l’on n’a pas pu trouver leur mari, leur fils, leur fille etc… Et tout cela depuis trois mois ne s’éclaire ni ne bouge. Les libérations sont rares aussi et inattendues car celles qui n’ont rien sur leur dossier sont toujours là tandis que des cas plus obscurs sont libérés.'' ''Elle s’insurge : c’est bien une pure méchanceté et une ignoble injustice qui imposent une telle vie rétrécie et pénible à des détenues préventivement […]  et parmi lesquelles il y a forcément beaucoup d’innocentes comme je le suis moi-même, des malheureuses qui sont victimes de calomnies, de jalousies méchantes, de ragots de concierge et de mégères.'' Elle fait état, le 7 novembre, qu’il y aurait au comité de libération ''300 dossiers pour lesquels personne ne veut prendre la responsabilité de les signer''. <ref> le 11 octobre, constat était fait  au C.D.L. que, par manque de personnel, il y a embouteillage du travail d’épuration en cours, 318 dossiers étant en souffrance depuis plusieurs semaines </ref>
Les internées sont 250 à 300, de 18 à 76 ans, mais assez jeunes majoritairement. Parmi les personnes citées par Mme Le Pannetier 88 sont indiquées d’Ille-et Vilaine (dont, 25 de la région rennaise, 22 de la région malouine, 10 de Redon, 10 de Fougères), 15 du reste de la Bretagne, 10 de l’extérieur.  Elle estime que ''ce sont, à part un demi-quart qui sont peut-être suspectes de dénonciation : des femmes ayant travaillé comme f. de ménage chez les Allemands, des femmes ayant eu un amant allemand, des femmes ayant pris une adhésion au R.N.P.'' <ref> {{w|Rassemblement national populaire}}, parti  collaborationniste, fondé par Marcel Déat en 1941. Se voulant socialiste et européen, il visait à « protéger la race », et à collaborer avec l’occupant </ref> ''pour faire revenir de captivité un mari, un frère, un beau-frère ! ou encore des femmes que l’on a arrêtées parce que l’on n’a pas pu trouver leur mari, leur fils, leur fille etc… Et tout cela depuis trois mois ne s’éclaire ni ne bouge. Les libérations sont rares aussi et inattendues car celles qui n’ont rien sur leur dossier sont toujours là tandis que des cas plus obscurs sont libérés.'' ''Elle s’insurge : c’est bien une pure méchanceté et une ignoble injustice qui imposent une telle vie rétrécie et pénible à des détenues préventivement, c-à-dire qui n'ont été ni jugées ni condamnées et parmi lesquelles il y a forcément beaucoup d’innocentes comme je le suis moi-même, des malheureuses qui sont victimes de calomnies, de jalousies méchantes, de ragots de concierge et de mégères.'' Elle fait état, le 7 novembre, qu’il y aurait au comité de libération ''300 dossiers pour lesquels personne ne veut prendre la responsabilité de les signer''. <ref> le 11 octobre, constat était fait  au C.D.L. que, par manque de personnel, il y a embouteillage du travail d’épuration en cours, 318 dossiers étant en souffrance depuis plusieurs semaines </ref>


Elle relève les présences de Mme Kaiser, épouse française du célèbre joueur de football allemand du Stade rennais Walter Kaiser, avant la guerre. ''Il a fait beaucoup de bien et notamment empêché de partir l’avocat Baudet qui en était fort menacé'' ; <ref> Kaiser a pu,  par ses fonctions auprès de l'occupant allemand,  détruire de nombreuses lettres de dénonciation entre habitants de Rennes </ref> , celle de May Carré, milicienne,  de ''Mlle Sonia Oulberg'' (probablement Ulberg), ''secrétaire du  marquis du Perron'',  <ref> {{w|Raymond Du Perron de Maurin}}, ancien commissaire régional aux questions juives, chef régional  de la Milice, exécuté le 5 novembre 1946 </ref>  chef de la Milice, reconnaissant  avoir été beaucoup utilisée par les Allemands mais se défendant d’avoir fait de l’espionnage, de Mme Merle dont le mari tenait le C.O.S.I. à Rennes, <ref>{{w| Comité ouvrier de secours immédiat}}, 16 [[rue du Pré-Botté ]]</ref> ''on dit que c’est un cas assez grave, ce sont les biens des Juifs pris par les Allemands que l’on distribuait, parait-il, aux Français ; de Marie-Thérèse H., maîtresse de Breuer'' <ref>  Marie-Thérèse Honorez, amante du Hauptscharführer Adolf Breuer, du {{w| Sicherheitsdienst}} SD de Rennes </ref> qui avait pris la fuite vers la Belgique en compagnie de sa maîtresse rennaise, elle-même interprète à ce SD. Le couple sera arrêté et incarcéré à Bruxelles et Breuer se suicidera dans sa cellule </ref>. ''Cléo Bougault nous a raconté qu’attachée à une compagnie allemande avec laquelle elle était de retour de Normandie (à Saint-Grégoire puis au collège Saint-Vincent une nuit elle était la maîtresse d’un Allemand, elle a été arrêtée par un prêtre, l’abbé Baudry <ref>[[Allée Chanoine Baudry]]</ref> , rue de Paris, qui la dénonça subitement tandis qu’elle allait chercher les objets qu’elle avait reçus en cadeau des Allemands…''
Elle relève les présences de Mme Kaiser, épouse française du célèbre joueur de football allemand du Stade rennais Walter Kaiser, avant la guerre. ''Il a fait beaucoup de bien et notamment empêché de partir l’avocat Baudet qui en était fort menacé'' ; <ref> Kaiser a pu,  par ses fonctions auprès de l'occupant allemand,  détruire de nombreuses lettres de dénonciation entre habitants de Rennes </ref> , celle de May Carré, milicienne,  de ''Mlle Sonia Oulberg'' (probablement Ulberg), ''secrétaire du  marquis du Perron'',  <ref> {{w|Raymond Du Perron de Maurin}}, ancien commissaire régional aux questions juives, chef régional  de la Milice, exécuté le 5 novembre 1946 </ref>  chef de la Milice, reconnaissant  avoir été beaucoup utilisée par les Allemands mais se défendant d’avoir fait de l’espionnage, de Mme Merle dont le mari tenait le C.O.S.I. à Rennes, <ref>{{w| Comité ouvrier de secours immédiat}}, 16 [[rue du Pré-Botté ]]</ref> ''on dit que c’est un cas assez grave, ce sont les biens des Juifs pris par les Allemands que l’on distribuait, parait-il, aux Français ; de Marie-Thérèse H., maîtresse de Breuer'' <ref>  Marie-Thérèse Honorez, amante du Hauptscharführer Adolf Breuer, du {{w| Sicherheitsdienst}} SD de Rennes </ref> qui avait pris la fuite vers la Belgique en compagnie de sa maîtresse rennaise, elle-même interprète à ce SD. Le couple sera arrêté et incarcéré à Bruxelles et Breuer se suicidera dans sa cellule </ref>. ''Cléo Bougault nous a raconté qu’attachée à une compagnie allemande avec laquelle elle était de retour de Normandie (à Saint-Grégoire puis au collège Saint-Vincent une nuit elle était la maîtresse d’un Allemand, elle a été arrêtée par un prêtre, l’abbé Baudry <ref>[[Allée Chanoine Baudry]]</ref> , rue de Paris, qui la dénonça subitement tandis qu’elle allait chercher les objets qu’elle avait reçus en cadeau des Allemands…''
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Le 11 octobre, le CDL vote un vœu « Demandant l’internement administratif durant deux ou trois semaines des femmes ayant eu des rapports intimes avec les Allemands. » Quelques jours plus tard, le préfet répond :« Actuellement quantité de femmes sont internées pour relations intimes avec les Allemands. Il faut les distinguer des collaborateurs dangereux et n’arrêter que les vrais coupables. » Depuis trois mois, les prisons sont pleines, le camp Margueritte saturé." <ref> Kristian Hamon :le blog - 9 septembre 2017 </ref>
Le 11 octobre, le CDL vote un vœu « Demandant l’internement administratif durant deux ou trois semaines des femmes ayant eu des rapports intimes avec les Allemands. » Quelques jours plus tard, le préfet répond :« Actuellement quantité de femmes sont internées pour relations intimes avec les Allemands. Il faut les distinguer des collaborateurs dangereux et n’arrêter que les vrais coupables. » Depuis trois mois, les prisons sont pleines, le camp Margueritte saturé." <ref> Kristian Hamon :le blog - 9 septembre 2017 </ref>
Le 21 octobre le préfet revient avec sa secrétaire et quelques membres du Comité  départemental de la Libération : ''M. Heurtier, pharmacien, Me Chevallier, bâtonnier, Mme Émilienne Martin, la salope.'' <ref> « la salope », terme ajouté probablement ultérieurement d’une petite écriture.  Au [[Palais Saint-Georges]], le bureau de Mme Martin (Pierrette), infirmière de la Croix-Rouge, servait de poste de commandement à la Résistance.  Voir :''1er – 4 août 1944 : L’Étrange libération de Rennes'', p. 218. Étienne Maignen – Éditions Yellow Concept -  2017 </ref> ''Ils ne disent rien, parlent entre eux, et montent chez les hommes Quels monstres que ces odieux et injustes personnages !'' <ref>  Ces qualificatifs traduisent tout le ressentiment de la rédactrice qui se sent injustement internée  </ref> Le 20 décembre […] ''vers 15 heures, le préfet vint en personne au camp mais pas dans les baraques, il n’avait que fait appeler les femmes qu’il avait fait libérer, c’est-à-dire les 27 heureuses.[…] Ce furent des joies mais bien relatives car presque toujours il y avait en marge interdiction de séjour dans son département ou conseil de ne pas rester à l’endroit où l’on vous a arrêtée  […] il y a  par contre en même temps des larmes, car en même temps que les libérations  il y avait des peines de 10 ou 12 mois d’internement pour avoir eu un ami allemand.'' Le dimanche 26 novembre '' à la messe ce matin c'était le chanoine Groult,<ref> Mgr Henri Groult, ancien vicaire général,décédé le 2 juin 1963 </ref> il m'a dit  un petit mot qui voulait être aimable, j'étais de mauvaise humeur et l'ai reçu fraîchement. Il faut dire que toute ma rancœur passée s'ajoutait à ma misère actuelle.'' Le 2 décembre, elle écrit :''Je pleure toutes les nuits et quoique je reprenne un peu de courage, je me sens bien triste.''
Le 21 octobre le préfet revient avec sa secrétaire et quelques membres du Comité  départemental de la Libération : ''M. Heurtier, pharmacien, Me Chevallier, bâtonnier, Mme Émilienne Martin, la salope.'' <ref> « la salope », terme ajouté probablement ultérieurement d’une petite écriture.  Au [[Palais Saint-Georges]], le bureau de Mme Martin (Pierrette), infirmière de la Croix-Rouge, servait de poste de commandement à la Résistance.  Voir :''1er – 4 août 1944 : L’Étrange libération de Rennes'', p. 218. Étienne Maignen – Éditions Yellow Concept -  2017 </ref> ''Ils ne disent rien, parlent entre eux, et montent chez les hommes Quels monstres que ces odieux et injustes personnages !'' <ref>  Ces qualificatifs traduisent tout le ressentiment de la rédactrice qui se sent injustement internée  </ref> Le 20 décembre […] ''vers 15 heures, le préfet vint en personne au camp mais pas dans les baraques, il n’avait que fait appeler les femmes qu’il avait fait libérer, c’est-à-dire les 27 heureuses.[…] Ce furent des joies mais bien relatives car presque toujours il y avait en marge interdiction de séjour dans son département ou conseil de ne pas rester à l’endroit où l’on vous a arrêtée  […] il y a  par contre en même temps des larmes, car en même temps que les libérations  il y avait des peines de 10 ou 12 mois d’internement pour avoir eu un ami allemand.'' Le dimanche 26 novembre '' à la messe ce matin c'était le chanoine Groult,<ref> Mgr Henri Groult, ancien vicaire général,décédé le 2 juin 1963 </ref> il m'a dit  un petit mot qui voulait être aimable, j'étais de mauvaise humeur et l'ai reçu fraîchement. Il faut dire que toute ma rancœur passée s'ajoutait à ma misère actuelle.'' Le 2 décembre, elle écrit :''Je pleure toutes les nuits et quoique je reprenne un peu de courage, je me sens bien triste.'' Le mardi 21 novembre, à la suite de l'évasion d'un homme, les mesures de discipline sont considérablement renforcées.
   
   
===Enfin libérée===
===Enfin libérée===
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