Arrivée du chemin de fer à Rennes

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26 avril 1857, le chemin de fer arrive en gare de Rennes.

Le choix du site

Les Rennais ont failli avoir la gare ferroviaire du côté de la rue de Fougères, ou en bordure de la Vilaine canalisée, au lieu-dit Le Mail d'Onges, ou sur les prairies Saint-Georges. Tels étaient les sites favoris des édiles à courte vue pour leur ville. Ce fut heureusement le site proposé par les Ponts-et-Chaussées qui fut retenu, très en dehors de la ville, au sud, sur un lieu-dit "Lorette" qui nécessita de lourds déblaiements.

Et pourtant les Rennais aspiraient à voir enfin leur ville reliée au chemin de fer arrêté à Laval. Et le maire Ange de Léon y était allé d'une comparaison pour le moins osée pour l'époque, voire pour la nôtre où on la trouverait plutôt ridicule :

"La ville se tend vers le rail comme une vierge qui brise ses entraves, et se précipite au devant deson amant qui vient la féconder".

"Les trois joyeuses"

C'est ainsi qu'on nomma, à Rennes, les trois journées de réjouissances qui marquèrent, en avril 1857, l'arrivée du chemin de fer à rennes.

Le dimanche 26 avril à 16 h 05, le chemin de fer entre en gare, ayant mis Paris à dix heures de Rennes. Et le 9 mai, on lira dans L'Illustration que "C'est de Laval qu'est parti le premier train à grande vitesse, dont le passage, dans cette contrée classique de la superstition et de la sainte ignorance, va introduire lesz usages et les habitudes qui vont faire entrer bientôt la Bretagne dans le concert de notre civilisation". [1].

Le temps est maussade mais le moment est d'importance. Devant toutes les autorités, Mgr Brossay Saint-Marc bénit la voie et quatre locomotives. La foule est énorme, bigarrée de dames en crinoline. Les Parisiens d'accompagnement se lancent dans la recherche des hôtels. Un banquet de 420 couverts, préparé par un traiteur local, fait exceptionnel en pareille occasion, est donné dans la salle des Pas-Perdus du palais de justice. Il est présidé par le ministre de l'intérieur, le Breton Adolohe Billault. Après lui le préfet Daniel Pastoureau et le baron de l'Epée, président de la société du chemin de fer de l'ouest y vont de leur discours. Les illuminations en ville sont malheureusement contrecarrées par le vent et la pluie qui se sont mis de la partie pour éteindre les lampions.

Le 27, les réjouissances sont centrées autour d'une grande cavalcade sur le thème de l'entrée à Rennes du duc de Bretagne Jean V en 1401, avec ses hommes en armure de fer bien avant l'entrée du chemin de fer. Suit un défilé avec cavalcade militaire, les corporations ouvrières portant leurs chefs-d'oeuvre, et sortent de la caserne du Colombier, à 12 h 30, neuf chars illustrant les industries rennaises de l'époque : ardoises, imprimerie, tannerie, mécanique, four à chaux de Lormandière ( en Bruz), pipiers, agriculture, horticulture puis... celui du char de la guerre ! Le cortège gagne la place de la mairie. A la nuit, un grand feu d'artifice est donné au Thabor.

Le mardi 28, après le tirage de la grande loterie rennaise au Cirque, le Champ de Mars est le théâtre d'un tournoi et d'un carrousel. la journée s'achève par un grand bal à l'hôtel-de-ville illuminé ainsi que le théâtre.[2] La clique des Parisiens a regagné la capitale par le chemin de fer comme le fera, l'année suivante, Napoléon III à Rennes à l'issue de son voyage en Bretagne.


références

  1. Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle par Etienne Maignen - Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine, t. CXII - 2008
  2. Inauguration du chemin de fer de Rennes à Paris par Louis de Kerjean, dans la Revue de Bretagne et Vendée, Mazeau et forest aîné, libraires à Nantes - 1857.

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