« Bombardement du 17 juin 1940 : témoignages » : différence entre les versions

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NB :  '''*'''  L'étonnante  illusion visuelle d'un passage d'un avion au-dessous du pont Saint-Hélier peut résulter du vol des avions en saute-mouton attesté par ailleurs. Les "nouveaux bombardements" sont les explosions de wagons qui se sont produites pendant des heures.
NB :  '''*'''  L'étonnante  illusion visuelle d'un passage d'un avion au-dessous du pont Saint-Hélier peut résulter du vol des avions en saute-mouton attesté par ailleurs. Les "nouveaux bombardements" sont les explosions de wagons qui se sont produites pendant des heures.
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Vers  dix heures, ce dix-sept juin, je parle avec le maire de Chartres-de-Bretagne lorsqu'une violente explosion nous souffle littéralement. Je crois au tir d'une batterie de D.C.A. proche mais m'inquiète, en repartant, de voir la population se cacher sous les pommiers. je file sur Bruz [...]  et vais à La Massaye que les Anglais évacuent en toute hâte. De cette haureur, j'entrevois ce qui s'est passé. Sous un ciel d'orage particulièrement noir, la ville de rennes apparaît toute entière recouverte d'une épaisse fumée ! Je rentre en hâte mais suis arrêté, rue de nantes, par la défense passive. On entend des explosions du côté de la gare et des rafales de mitrailleuse du côté de la Courrouze. Arribé bd Magenta, où notre baraquement est abandonné, mais intact, je constate que la gare n'a rien mais qu'une épaisse fumée s'élève des gares de triage d'où viennent des voitures d(ambulance ensanglantées filant vers les hôpitaux ou cliniques...
'''''René Patay''''' <ref> ''Mémoires d'un français moyen'', p. 122-3 - 1974</ref>




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"Je me rendis immédiatement, conformément aux ordres, vers la plaine St. Hélier, les destructions et les incendies augmentaient à mesure que nous approchions du sinistre. Mais je n'osais entrer dans la fournaise, des wagons de munitions explosant sans arrêt, et qui semblaient interdire tout secours aux blessés allongés sur le ballast et dans la prairie de la ferme du général Lefort. A ma grande stupéfaction, j'ai vu le lieutenant Lebastard de la Cie des sapeurs-pompiers, sortant seul de la fumée et des flammes en portant un blessé dans ses bras et marchant tranquillement sous des avalanches de portières de wagons et de ferrailles. Il m'a entraîné avec mes quatre brancardiers, portant lui-même un brancard sur chaque épaule.
"Je me rendis immédiatement, conformément aux ordres, vers la plaine St. Hélier, les destructions et les incendies augmentaient à mesure que nous approchions du sinistre. Mais je n'osais entrer dans la fournaise, des wagons de munitions explosant sans arrêt, et qui semblaient interdire tout secours aux blessés allongés sur le ballast et dans la prairie de la ferme du général Lefort. A ma grande stupéfaction, j'ai vu le lieutenant Lebastard de la Cie des sapeurs-pompiers, sortant seul de la fumée et des flammes en portant un blessé dans ses bras et marchant tranquillement sous des avalanches de portières de wagons et de ferrailles. Il m'a entraîné avec mes quatre brancardiers, portant lui-même un brancard sur chaque épaule.


Sur place, il a rassemblé les bonnes volontés et organisé les secours, encourageant sans cesse les hommes par des paroles que je n'oublierai jamais. "Quand on fait cela, on est protégé". A ceux qui n'en pouvaient plus de fatigue et de peur, il demandait encore un peu de courage. Depuis 10 heures le matin jusqu'à minuit, sans aucun ravitaillement, sans aucun secours des forces armées consignées dans les casernes, et avec seulement une dizaine de volontaires, le lieutenant Lebastard a procédé, au milieu des explosions et des incendies au sauvetage de tous les hommes et les femmes vivants, perdus dans les monceaux de ferraille des wagons retournés, et qui étaient transportés à la ferme du général Lefort. […] Je ne saurais citer les noms des volontaires de cette journée fantastique, mais le lieutenant Lebastard les a noté sur un carnet à minuit, lors du départ. Il y avait là, notamment, un marin (Boittiaux), un scout (Cadiot), un étudiant en médecine, un jeune homme de Brest, etc...
Sur place, il a rassemblé les bonnes volontés et organisé les secours, encourageant sans cesse les hommes par des paroles que je n'oublierai jamais. "Quand on fait cela, on est protégé". A ceux qui n'en pouvaient plus de fatigue et de peur, il demandait encore un peu de courage. Depuis 10 heures le matin jusqu'à minuit, sans aucun ravitaillement, sans aucun secours des forces armées consignées dans les casernes, et avec seulement une dizaine de volontaires, le lieutenant Lebastard a procédé, au milieu des explosions et des incendies au sauvetage de tous les hommes et les femmes vivants, perdus dans les monceaux de ferraille des wagons retournés, et qui étaient transportés à la ferme du général Lefort. […] Je ne saurais citer les noms des volontaires de cette journée fantastique, mais le lieutenant Lebastard les a notés sur un carnet à minuit, lors du départ. Il y avait là, notamment, un marin (Boittiaux), un scout (Cadiot), un étudiant en médecine, un jeune homme de Brest, etc. [...] Une centaine de soldats, de femmes et d'enfants lui doivent la vie.  


Rennes, le 18 septembre 1945"
Rennes, le 18 septembre 1945"


'''''François Limeul'''''  
'''''François Limeul''''' sergent à la 5e Cie du 42e régiment régional, chef des secouristes de la défense passive




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