Buffalo Bill à Rennes

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L'ancien garçon-vacher, chasseur de buffles, en 1906
"L'ouest sauvage de Buffalo Bill et assemblée des plus rudes cavaliers du monde" (Ouest-Eclair, 14 septembre 1905)

Dans le cadre d'une tournée de 120 villes françaises, le 15 septembre 1905 arrivent à Rennes en provenance de Saint-Malo, dans trois grands trains américains échelonnés à 2h43, 3h15 et 3h47 à 5 heures du matin, l'énorme caravane du colonel W.F. Cody, homme d'affaires, alias Buffalo Bill, accompagné de 600 chevaux dans 18 wagons-écuries, et de 800 participants plus 8000m2 de toile de tente. Les Rennais, avertis par de nombreuses grandes affiches, de la réclame et l'Ouest-Eclair sont nombreux à la gare de marchandises et sur le trajet de 800 m menant de la gare, boulevard Solférino, au Champ de Mars où s'installe de façon très méthodique la cavalcade avec l'érection des tentes, l'installation des écuries, des cuisines, pendant que les Indiens dressaient leurs teepees. En moins de deux heures, tout le matériel était amené sur le lieu du spectacle : 1 200 pieux, 4 000 mâts, 30 000 mètres de cordage, 8 000 sièges et 10 000 pièces de bois et morceaux de fer, trois groupes électrogènes.

Le journal, qui évalue aussi à 15 000 le nombre de non Rennais, relate le lendemain, sous le titre "Chez Buffalo Bill's" (sic), cet événement en le dotant de sous-titres : la foule - les incidents - un peau-rouge qui n'aime pas les photographes - payez ou l'on vous saisit. Après une opposition du dirigeant, le colonel Cody qui ne parle pas le français, une inspection sanitaire des chevaux a lieu qui les constate exempts de la morve. Mais "la vue des Peaux-Rouges qui ne sont pas précisément de jolis hommes effraie les dames". Les tentes sont rapidement dressées pour accueillir cuisines et réfectoire. Mais il ne faut pas bon s'aventurer dans le campement note le journal qui relève que deux Peaux-Rouges, assis devant leur tente, se sont levés et ont voulu y attirer trois dames en les prenant par le bras et la foule d'abord amusée, s'inquiète et murmure et finit par conspuer les deux "Sioux" qui ont dû lâcher les femmes. Un homme trop curieux en s'approchant d'un indien a eu son veston déchiré et un photographe, juge au tribunal civil, son appareil cassé que l'administration de "Buffalo Bill's" fut condamnée sur le champ à rembourser et qui s'exécuta avec réticence. Le journal estime à 10 000 les assistants à la séance de l'après-midi débutée à 14 heures. Celle du soir à 20 heures se termina vers 23 heures avec un public moins nombreux. La recette aurait atteint 50 000 F., joli chiffre estime le journal qui a noté une faible activité des pickpockets[1] [2]. Le lendemain matin le spectacle est à Laval.

Le journal ne revient pas sur cet événement dans les numéros suivants. On peut noter une relation assez modeste sur cette brève étape à Rennes dans une tournée commerciale qui, localement, traduit une certaine incompréhension réciproque des spectateurs et des acteurs : curiosité très forte, voire déplacée chez les premiers, agacement chez les seconds pourtant habitués à ces contacts avec ces européens curieux. Le spectacle donné, pourtant grandiose et dynamique, enchaînement de tableaux présentant des clichés de la conquête de l’Ouest américain, n'est pas relaté ni même évoqué. On peut aussi douter des chiffres avancés de 15 000 non Rennais en sus des Rennais. Au vu de la recette annoncée il y aurait eu moins de spectateurs : 7000 à 8000 spectateurs. Le mythe du Far West est lancé en France.


Références