Cabaret L'Alcazar de Rennes

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L'Alcazar est un cabaret de Rennes ouvert en octobre 1892, remplaçant le Café central ouvert en 1882, renommé Café des Sports, un des multiples débits de boisson de la ville, mais aussi café-concert inspiré des salles parisiennes, le seul avec l'Éden à animer Rennes à cette époque[1].

Le café, ainsi que L'Éden, se trouvait rue du Champ Jacquet dans le Petit Trianon dépendant de l'hôtel de Robien, un bâtiment en rez-de-chaussée surmonté d'un attique, percé de cinq grandes ouvertures cintrées à clefs de voûte ornées d'une tête humaine, avec une porte centrale ornée d'un fronton triangulaire, entrée du théâtre situé derrière, recouvert d'un toit à pans fort élevé.[2]

Un commissaire témoigne, peu avant l'ouverture, qu' "un luxe et un confortable encore inconnus à Rennes comme Café-Concert y sont préparés pour y attirer les clients.On entre dans l’établissement par un jardin très bien tenu orné d’un massif de fleurs et ombragé d’une allée d’arbres sous laquelle seront servis les consommateurs. Ce jardin est entouré dans sa plus grande partie par la salle de concert et celles qui en dépendent. Elles y prennent jour par onze ouvertures. Cette salle a vingt-deux mètres de long sur douze mètres de largeur, elle est heureusement décorée et trois lustres au gaz l’éclaireront pendant les représentations. L’estrade où se tiendront les chanteurs sera à l’une des extrémités de la salle où elle doit être placée par une barrière à hauteur d’appui. Une salle de billard et deux salles de café communiquant l’une dans l’autre par de vastes portes à deux battants et aménagées avec luxe y sont comme accessoires nécessaires de la salle principale. Je dois ajouter que des urinoirs couverts dans le genre de ceux été disposés dans le jardin ». Dès 1893, les plaintes et les pétitions pour tapage et l’interdiction d’ouvrir les jours où il y a des représentations au Théâtre amènent une fermeture de L’Alcazar. Il a été le café rennais qui a connu le plus de descriptions dans la presse à la fin du 19 e siècle, bien devant le Café de la Paix [3]


L'opinion de Jules Claretie, historien et chroniqueur, à Rennes pour le procès d' Alfred Dreyfus en 1899, diffère de celle du commissaire sept ans plus tôt. Claretie assimile, L'Alcazar et L'Éden, "aux méchants bouibouis qui se cachent encore à Paris dans les quartiers excentriques. Une salle carrée pouvant contenir une centaine de spectateurs, au fond une scène minuscule pour l'orchestre, un maigre piano très poussif et assises sur un banc de bois une douzaine d'artistes qu'on prendrait pour autre chose; elles sont là dans des costumes de soie aux couleurs criardes, elles attendent leur tour de chanter et pour se distraire, essaient d'allumer de la prunelle quelques sous-officiers attablés dans un coin".[4]

L'Ouest-Éclair du 21 janvier 1902 annonce qu'un arrêté prévoit dans une quinzaine la fermeture des cafés-concerts à minuit et la cessation de la représentation une demi-heure auparavant et signale que déjà, pour empêcher les manifestations tapageuses, "les promeneurs attardés peuvent, avec de bons yeux, distinguer dans l'ombre des agents en tenue ou en civil, faisant le guet aux alentours des cafés-concert et notamment de L'Alcazar".

La réouverture de L'Alcazar, après rénovation, en 1902 est le thème d'un spectacle produit en 2014 par Les Perrières, le Cercle celtique de Cesson-Sévigné[5].

Il sera démoli en 1905.


Notes

  1. Voir Découverte de Rennes en 1899.
  2. Le Vieux Rennes, par P. Banéat
  3. Espace bâti, urbanisme et patrimoine à Rennes, XVIII e - XXI e siècles, t. 1 , par Sophie Chmura, thèse de doctorat d'histoire, Université de Rennes 2 haute-Bretagne
  4. Rennes pendant le procès Dreyfus, par Colette Cosnier, éd. Ouest-France - 1984
  5. Première représentation le 12 avril 2014 à Pacé