« Chronique vezinoise sous l'occupation n°02 » : différence entre les versions

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La maréchalerie est pour moi un lieu de spectacles et d’attractions mon deuxième chez moi. Il s’y passe toujours un événement intéressant. Le ferrage des roues des charrettes par exemple. Cette opération mobilise plus d’une demi douzaine de bonshommes. Elle s’effectue en compagnie du menuisier-charron monsieur ''Galet''. Il y a aussi la castration des chevaux de trait. Des spectacles gratuits, vivants, intéressants que les enfants ne manquent pas de regarder quand ils ne sont pas à l’école. Tiens ! Comment se fait-il que je me sois trouvé si souvent spectateur ? Peut-être y avait-il plus d’un jeudi par semaine. Il est vrai qu'en ce temps-là, nous revendiquions, en vain, la semaine des quatre jeudis !
La maréchalerie est pour moi un lieu de spectacles et d’attractions mon deuxième chez moi. Il s’y passe toujours un événement intéressant. Le ferrage des roues des charrettes par exemple. Cette opération mobilise plus d’une demi douzaine de bonshommes. Elle s’effectue en compagnie du menuisier-charron monsieur ''Galet''. Il y a aussi la castration des chevaux de trait. Des spectacles gratuits, vivants, intéressants que les enfants ne manquent pas de regarder quand ils ne sont pas à l’école. Tiens ! Comment se fait-il que je me sois trouvé si souvent spectateur ? Peut-être y avait-il plus d’un jeudi par semaine. Il est vrai qu'en ce temps-là, nous revendiquions, en vain, la semaine des quatre jeudis !


'''''Le charron et la menuiserie galet'''''
'''''Le charron et la menuiserie Galet'''''


Les roues des chartes, charrettes ou tombereaux sont fabriquées sur place à [[Vezin-le-Coquet]]. Le charron-menuisier intervient sur tout ce qui est bois : moyeux, rayons et jantes. Le forgeron fabrique les cerclages et les fixations. L'opération d'assemblage se passe en haut du bourg, sur une aire aménagée à cet effet devant l’atelier de la menuiserie ''Galet''. Chez monsieur'' Galet'' il y a deux fils ''Pierre'' et ''Georges''. La roue entièrement de bois est prête quand les forgerons se présentent. Elle est placée bien à plat. L'opération de cerclage est une affaire délicate. Le cercle en fer est chauffé sur un aménagement spécial, circulaire. Il faut bien sûr que le fer se dilate pour permettre l'ajustement autour de la roue. Quand il est jugé suffisamment à point quatre intervenants munis chacun d'une pince adaptée saisissent le cerclage et l'emboîte autour de la roue. Il faut faire très vite, car si cette opération traîne, le bois risque de brûler. Des flammes apparaissent d’ailleurs par instant. Des hommes, avec des arrosoirs surveillent et attendent le signal pour verser de l'eau sur le ferrage, pas trop tôt, pas trop tard ! Celui-ci se rétracte en refroidissant, compresse ensemble des assemblages. Encore quelques coups de marteau pour fignoler le travail, ne pas oublier de bien visser les fixations sur la jante. Voilà ! Une belle roue est née. C’est un beau spectacle, nous sommes une flopée d'enfants à nous en réjouir, y compris ''Alphonse''. Après cette rude journée, plus d'une bolée d'cid est bue au café de la maréchalerie.
Les roues des chartes, charrettes ou tombereaux sont fabriquées sur place à [[Vezin-le-Coquet]]. Le charron-menuisier intervient sur tout ce qui est bois : moyeux, rayons et jantes. Le forgeron fabrique les cerclages et les fixations. L'opération d'assemblage se passe en haut du bourg, sur une aire aménagée à cet effet devant l’atelier de la menuiserie ''Galet''. Chez monsieur'' Galet'' il y a deux fils ''Pierre'' et ''Georges''. La roue entièrement de bois est prête quand les forgerons se présentent. Elle est placée bien à plat. L'opération de cerclage est une affaire délicate. Le cercle en fer est chauffé sur un aménagement spécial, circulaire. Il faut bien sûr que le fer se dilate pour permettre l'ajustement autour de la roue. Quand il est jugé suffisamment à point quatre intervenants munis chacun d'une pince adaptée saisissent le cerclage et l'emboîte autour de la roue. Il faut faire très vite, car si cette opération traîne, le bois risque de brûler. Des flammes apparaissent d’ailleurs par instant. Des hommes, avec des arrosoirs surveillent et attendent le signal pour verser de l'eau sur le ferrage, pas trop tôt, pas trop tard ! Celui-ci se rétracte en refroidissant, compresse ensemble des assemblages. Encore quelques coups de marteau pour fignoler le travail, ne pas oublier de bien visser les fixations sur la jante. Voilà ! Une belle roue est née. C’est un beau spectacle, nous sommes une flopée d'enfants à nous en réjouir, y compris ''Alphonse''. Après cette rude journée, plus d'une bolée d'cid est bue au café de la maréchalerie.
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'''''Castration des chevaux de trait'''''
'''''Castration des chevaux de trait'''''


En Ille-et-Vilaine, à cette époque, c’est le cheval qui est utilisé pour le labour ou le charroi, à l'inverse d'autres régions ou les bœufs et même les vaches le remplacent. Périodiquement des chevaux de trait encore entiers, sont amenés par leur propriétaire à la maréchalerie où ils seront castrés. Le spectacle est public. Les chevaux sont alignés devant le café ''Letort'', attachés à une barre métallique, ils attendent d’être opérés. Les uns après les autres, ils sont immobilisés sur un travail ou trémail et le vétérinaire opère. Le vétérinaire est le seul à être revêtu d’une blouse, c’est l’homme de l’art. Les parties de chair qui sont détachées du cheval sont laissées sur place. Ainsi en sortant de l'école j’aperçois ces choses presque rondes, il est tentant de shooter dedans. C’est mou, c’est flasque, ça ne vaut pas un ballon et ça salit les chaussures ! Au fait ! Comment c’est fait un ballon? Je ne me souviens pas en avoir vu un, sauf celui de la première équipe de foot de Vezin en 1943. J’abandonne le shoot, les chaussures sont tâchées, gare à la réprimande une fois de retour à la maison. Les restes filandreux disparaîtront les jours suivants, peut-être ramassés et enterrés ? Peut-être mangés par les chiens, rien ne se perd en temps de guerre. Une fois le travail accompli et les chevaux allégés, les bonshommes ont soif, il faut se rafraîchir le gosier, mais où donc aller, eh bien ! Au café ''Letort'', il n’y a qu’un seul pas à faire et deux marches à monter, ''pour boire un coup d'cid ou p’tet ben deux et aussi, un coup d'calva, ben dame oui !.''
En Ille-et-Vilaine, à cette époque, c’est le cheval qui est utilisé pour le labour ou le charroi, à l'inverse d'autres régions les bœufs et même les vaches le remplacent. Périodiquement des chevaux de trait encore entiers, sont amenés par leur propriétaire à la maréchalerie où ils seront castrés. Le spectacle est public. Les chevaux sont alignés devant le café ''Letort'', attachés à une barre métallique, ils attendent d’être opérés. Les uns après les autres, ils sont immobilisés sur un travail ou trémail et le vétérinaire opère. Le vétérinaire est le seul à être revêtu d’une blouse, c’est l’homme de l’art. Les parties de chair qui sont détachées du cheval sont laissées sur place. Ainsi en sortant de l'école j’aperçois ces choses presque rondes, il est tentant de shooter dedans. C’est mou, c’est flasque, ça ne vaut pas un ballon et ça salit les chaussures ! Au fait ! Comment c’est fait un ballon? Je ne me souviens pas en avoir vu un, sauf celui de la première équipe de foot de Vezin en 1943. J’abandonne le shoot, les chaussures sont tâchées, gare à la réprimande une fois de retour à la maison. Les restes filandreux disparaîtront les jours suivants, peut-être ramassés et enterrés ? Peut-être mangés par les chiens, rien ne se perd en temps de guerre. Une fois le travail accompli et les chevaux allégés, les bonshommes ont soif, il faut se rafraîchir le gosier, mais où donc aller, eh bien ! Au café ''Letort'', il n’y a qu’un seul pas à faire et deux marches à monter, ''pour boire un coup d'cid ou p’tet ben deux et aussi, un coup d'calva, ben dame oui !.''


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