Clinique Saint-Yves

De WikiRennes
Aller à la navigationAller à la recherche

Une clinique spécialisée

La Clinique Saint Yves, établie en 1896 au 4 rue Adolphe Leray, fut hôpital militaire complémentaire n°2 pendant la guerre 1914-18 [1]. Lors du bombardement du 17 juin 1940, elle accueillit de nombreux blessés et fut elle-même atteinte ultérieurement, notamment par le bombardement du 8 mars 1943.

La clinique est un établissement de santé privé d’intérêt collectif (ESPIC) depuis 1979, à but non lucratif, géré par l'association «Œuvres des Augustines de Saint-Yves» depuis 2003. Le 1er janvier 1979, après 83 ans de service médico-chirurgical, la clinique Saint-Yves devint Centre Régional de Nutrition et de Diététique, Médecine et Convalescence médicalisée, avec le statut d'établissement congréganiste participant au service public hospitalier. En 1995, les 35 lits de convalescence médicalisée furent transformés en lits de réadaptation cardio-vasculaire pour répondre à un besoin dans ce domaine sur le plan régional, puis 20 lits de réadaptation cardio-vasculaire de jours sont ouverts. 2010 voit ]]l'ouverture d'un bâtiment d'accueil pour anorexiques.

Les quais en 1859, avec l'hôpital Saint-Yves à gauche. Vue stéréographique dans Narrative of a Walking Tour in Brittany Lovell Reeve
La chapelle Saint-Yves et, en arrière-plan, l'ancien hôpital vers 1845[2]
Entrée de l'hôpital Saint-Yves au 19e siècle[3]
Façade de l'hôpital militaire Saint-Yves
Comme tous les établissements hospitaliers, la clinique Saint-Yves fut un hôpital militaire pendant la première guerre mondiale

Une origine ancienne en rive nord de la Vilaine

L'histoire de la clinique Saint-Yves remonte à 1358, date à laquelle le Chanoine Le Bouteiller[4] fonda la Maison-Dieu Saint-Yves, à Rennes, au bord de la Vilaine ; il n'en reste que la chapelle Saint-Yves. Ce fut l'hôpital Saint-Yves jusqu'en 1858 transféré alors à l'actuel Hôtel-Dieu[5].

L'ensemble représentait, en 1636, un quadrilatère complet d'environ 40 m de côté, 220 malades y trouvaient leur place. En 1644, tout n'allait pas pour le mieux à l'hôpital : il venait à peine de sortir de l'épidémie de la peste à Rennes qui sévit de 1553 à 1640 à l'état endémique. La discipline intérieure s'était relâchée. À l'arrivée des sœurs, les « Sieurs députez » de la ville de Rennes mirent leurs conditions et dans un accord signé les sœurs reconnaissaient que « toutes leurs fonctions étaient de soulager, servir et soigner les malades en qualité d'humbles servantes des membres de Notre Seigneur. »

Les sœurs augustines hospitalières

Avant la Révolution

En 1635, les Religieuses Chanoinesses Augustines de la Miséricorde de Jésus, dont la maison-mère était à Dieppe, avaient fait des offres à l'évêque et aux échevins pour venir s'installer à Rennes. Les pourparlers durèrent, elles prirent entre temps la direction des hôpitaux de Vannes et de Tréguier, et assurèrent finalement la gestion de l'Hôtel-Dieu Saint-Yves à partir du 27 juin 1644. La Maison-Dieu pouvait déjà contenir 220 malades. D'abord au nombre de 6, elles se logèrent provisoirement au couvent de la Visitation, avant d'acheter l'Hôtel de la Costardais, proche de l'Hôtel-Dieu, pour la somme de 34 000 livres. Aux termes d'un traité signé avec la ville, elles avaient la charge, sous l'autorité des prévôts, de la marche intérieure de la maison, avec autorité sur les servants et servantes. Ce fut à grand peine que les premières religieuses finirent par mettre un peu d'ordre dans l'hôpital dans une grande pauvreté : grâce aux aumônes elles purent acheter des lits et elles reçurent dons : couvertures, draps... En 1896, les sœurs Augustines fondent la clinique Saint-Yves pour continuer le « service des pauvres et des malades par la miséricorde ». En 1675, lors de la révolte du papier timbré, femmes et filles de bonne famille se réfugièrent en grand nombre chez elles pour échapper à la soldatesque des 8 000 hommes de troupe imposés par le roi. Finalement, en 1789 l'hôpital n'abritait que 61 lits pour hommes et 64 pour femmes, soit 100 de moins qu'un siècle et demi plus tôt. Dans ce nombre ne sont pas compris les nourrissons abandonnés, logés dans les combles, dont l'effectif ne fit que croître au long du siècle, preuve des conditions de vie dramatiques que subissait le peuple[6].

Pendant l'époque révolutionnaire

Sous la direction de la femme de Nicolas Collet[7] fut ouverte une salle de gésine car jusqu'alors les femmes enceintes de plus de sept mois n'étaient pas admises à l'Hôtel-Dieu, et les filles-mères ne bénéficiaient d'aucun secours ni d'aucune pitié du public et des congrégations religieuses. La ville n'établit cette salle d'accouchement pour les filles non mariées que contrainte et forcée et obtint d'ailleurs de la fermer dès 1796, car les fonds que l'État avait promis n'avaient pas été versés, et aussi parce que l'opinion supportait mal ce « repaire de débauche », cette « pension gratuite pour prostituées »[8].

Les sœurs traversèrent la bourrasque de la Révolution d'abord avec des interdits, des perquisitions pour être enfin incarcérées, après avoir formé des personnes, dans les différentes prisons de la ville. Le 15 pluviôse an IX (4 février 1801), le nouveau Conseil, dont les membres avaient été choisis, en grand nombre, dans l’ancienne Municipalité, entra à l’Hôtel de Ville, avec comme maire, le citoyen Lorin. Une de ses premières délibérations, le 25 pluviôse, concerne les sœurs :

« Considérant que dans le petit nombre des communes où l’on a eu la sagesse de conserver dans les hospices ces filles respectables qui, animées des motifs sublimes de la vertu, se sont dévouées dès leur jeunesse au soulagement de l’humanité, ils ont été constamment bien régis;

» Que dans tous les lieux au contraire où ces mêmes établissements ont été confiés à des mains mercenaires et trop souvent avides, le soin des pauvres et des malades a été considérablement négligé, en même temps que la dépense augmentée, et que plusieurs de ces maisons ont été réduites au dénûment par une dilapidation effrénée.

» Que la différence peut-être sentie à Rennes même, par la comparaison des hospices Saint-Méen et des Incurables avec les deux autres.

» Pour ces motifs, arrête la rentrée des ci-devant hospitalières à Saint-Yves et des ci-devant filles de Saint-Thomas à l’Hôpital général » [9]

L’assistance à domicile fonctionnait déjà à Rennes ; ce service dénommé « la Marmite des Pauvres », sous la direction des ci-devant Sœurs Grises, et sous la surveillance de la Commission de bienfaisance, secourait un nombre considérable d’indigents.Les sœurs reprirent leur vie communautaire de prière et de service des pauvres et des malades. En vue de permettre l'achèvement de la ligne des quais, la translation de cet hospice eut lieu le 21 novembre 1858, au nouvel Hôtel-Dieu construit au nord-ouest de Rennes.

Vue de la clinique Saint-Yves (à gauche, la rue Adolphe Leray)

Références

  1. Guerre de 1914. Hôpitaux militaires temporairesHospice et Communauté de St-Yves. Hôpital Militaire N° 2
  2. lith. Landais, Rennes d'après nature par H. Lorette. Album breton, Souvenirs de Rennes
  3. Histoire des hôpitaux de Rennes, par le professeur J.- C. Sournia. BIU Santé
  4. rue Le Bouteiller
  5. rue de l'Hôtel Dieu
  6. Histoire des hôpitaux de Rennes, professeur J-C. Sournia. BIU Santé
  7. Carrier à Rennes
  8. Histoire des hôpitaux de Rennes, par le professeur J.- C. Sournia. BIU Santé - 1969
  9. Rennes en 1800. Audience solennelle de la cour d'appel de Rennes, du 16 octobre 1900, discours de M. Denier, avocat général. Imprimerie rennaise, 5 rue Bourbon