Commission Frey-Vaugeois

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La Commission Frey-Vaugeois, du nom de ses présidents, est un tribunal d'exception créé à Rennes le 17 brumaire an II pour juger les délits commis par les soldats de l'Armée des côtes de Brest, puis les civils soupçonnés d'être opposés à la Révolution.

En quinze mois environ, elle prononce 1790 jugements en quatre cents séances tenues à Rennes ou à Vitré, le dernier jugement datant du 1er germinal an III. Si, entre ces deux villes, elle envoie environ 80 personnes à la guillotine, il ne s'agit qu'exceptionnellement de Rennais. La ville est relativement calme : les prisons de ces villes sont pleines, mais les détenus proviennent des communes du département, ou de plus loin, qui connaissent une agitation contre-révolutionnaire et des épisodes de chouannerie. A Rennes, les quelques affaires traitées par cette commission sont de faible gravité, le Tribunal criminel d'Ille-et-Vilaine, créé en 1792, instruisant les autres de quelque nature qu'elles soient.

Trois commissions semblables ont été créées dans le département. Chronologiquement, la commission Frey-Vaugeois apparaît après la Commission militaire établie à Fougères aux fins du décret du 19 mars 1793, puis seront créées la Commission O'Brien à Saint-Malo et la Commission Brutus Magnier à Antrain. Les fonds de ces quatre commissions sont consultables aux Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. La commission créée à Fougères et la Commission O'Brien n'ont jugé aucun Rennais et encore moins de délits à Rennes, leur ressort étant la partie nord et nord-est du département.

Création de la commission Fey-Vaugeois à Rennes

Voici le début des statuts de la commission :

« Au nom de la République, POCHOLLE, représentant du peuple, dans les départemens et à l'Armée des cotes de BREST.
Considérant que la sévérité de la discipline militaire, & la punition des laches & des traitres qui compromettent le salut de la République, peuvent seules assurer le succès de nos armes ;
Que le sang versé par l'ineptie ou par la malveillance des Chefs, doit crier vengeance contre ceux qui l'ont fait répandre ;
Qu'il est utile à la Patrie d'épouvanter par la rigueur de l'exemple, ceux qui semblent se faire un jeu de la vie de leurs semblables, & sacrifier à leur inexpérience les plus braves défenseurs de la liberté ;
Que tout délit, quel qu'il soit, dans une Armée, quand il tend à y introduire la désorganisation, ou a y répandre les principes contraires au républicanisme, mérite la mort ;
Arrete qu'il sera établi à la suite de l'Armée des Cotes de BREST, une Commission Militaire composée de cinq Membres, & chargée de juger tous les crimes qui mériteront d'etre punis, en se conformant pour l'application de la peine, au Code pénal décrété par l'Assemblée Nationale. (...)
A RENNES, le 17 du mois de Brumaire de l'an deux de la République. »

— • licence

L'arrêté imprimé comporte ensuite une courte Proclamation aux soldats de la patrie.

Les jours suivants, le citoyen POCHOLLE étend la compétence de la commission au jugement en dernier ressort, par décision de la majorité de ses membres, des "brigands pris les armes à la main", puis l'autorise "à juger révolutionnairement et sans juré, tous les coupables des délits compris dans la loi du 19 mars et tous ceux qui seront convaincus d'avoir crié Vive-le-Roy".

Un mois plus tard, le 1er nivôse, "la multiplicité des affaires que les circonstances purement révolutionnaires présentent journellement à son jugement" obligent les représentants du peuple à une re-création de la commission en neuf articles. La commission est désormais appelée Commission militaire et révolutionnaire.

La commission Frey-Vaugeois et Rennes

La mission officieuse de la commission était de vider les prisons de Rennes plus vite que l'entassement et l'hygiène ne l'auraient fait plus dramatiquement. Bien que l'indication du domicile manque parfois, peu de Rennais, de naissance ou résidents, sont passés devant elle, comme témoins ou accusés.

Jugeant des soldats, la commission acquitte Anton Pokaut, dragon allemand, suite à la plainte de Jacques Jacquin, horloger à Rennes. D'après le dossier 17, un autre soldat, Pierre Derix est condamné à six mois de prison pour une affaire à Rennes, le premier témoin étant une limonadière. Yves Simon, 22 ans, natif de Lézardrieux, est condamné à cinq ans de fers pour vol.

Comme victimes plus ou moins rennaises de la peine capitale, il y a :

  • Hyacinthe Jean Marie Roland de Rengervé, 37 ans, ex-vicaire de Rennes, natif de Guipry. Dossier 41.
  • Arrêté au château de la Bigotière en Retiers et jugé à Vitré, Alexandre Martin du Boisjouan , 34 ans, fils de Louis, noble, ex-sous lieutenant de la milice, domicilé à Rennes, est condamné à mort avec son frère et un troisième chouan.
  • Louise Charlotte Fredel, 43 ans, veuve Jouanisse, sans profession, native de Rennes et habitant Saint-Malo-de-Phily, est condamnée à mort.

Côté acquittements ou renvois à d'autres juridictions dans le cas de délits rennais, on trouve notamment :

  • René Cleret, 57 ans, charpentier rue Saint Benoit, renvoyé en police correctionnelle.
  • Jean Chevalier, 10 ans, fils naturel de Jeanne (ou Marie) Chevalier, natif de Rennes, envoyé à la maison de force jusqu'à 20 ans.
  • Sr. Martin, du 1er bataillon de la garde nationale de Rennes, renvoyé devant le Comité de surveillance.
  • Olivier Merceray, 43 ans, loueur de chevaux à Rennes, natif d'Iffendic, renvoyé devant le Comité de surveillance.
  • Julien Gabriel Éon, dit Grézillon, 40 ans, maçon à Rennes, natif de Chateaugiron, mis en liberté.
  • Charles Herborn Belfort, 47 ans, fabricant à Rennes, natif de Dublin, mis en liberté.