Découverte de Rennes en 1899

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Pour la saison 1899, l'hôtel de Bretagne ou l'hôtel Moderne auraient fort bien pu se passer d'insertion publicitaire dans les guides de voyage car ils feront le plein, et plus si possible, de faux touristes français et étrangers. Le tout-Paris des journalistes, reporters, hommes politiques, guide Baedeker ou Joanne en main, vont vite se faire une idée de Rennes où ils vont séjourner dans l'engourdissement de l'été 1899, afin d'assister au lycée au nouveau procès de l'ex capitaine Dreyfus ramené de l'île du Diable.

Les impressions de ces visiteurs par devoir furent proches de celles proposées par les guides : Louis Rogés, auteur d'un reportage avec photos sur le procès, trouve la ville "indifférente et terne" *1, la "reporteresse" Séverine *2 aimerait partir "loin de la cité monastique, de la ville neuve aux mornes murailles blanches, de la vieille ville aux mornes murailles noires; loin des couvents, loin des casernes, loin de la Vilaine aux eaux troubles..." tandis que Jules Claretie note : " En 1899, Rennes n'a rien qui puisse charmer les Parisiens... si ce n'est le Thabor où le Tout-procès se retrouve après les audiences", Thabor dont Barrès apprécie les beaux arbres. Le journaliste Jean-Bernard cherche vainement des distractions dans "Rennes la placide" et trouve que les deux cafés-concerts, l'Eden et l'Alcazar, rappellent de "méchants bouibouis parisiens"; le même dénigre le musée avec "ses copies en plâtre".

Et la presse s'y met. Le journal La Fronde du 10 septembre trouve la population "en grande partie égoïste et rétrograde" et la presse rennaise s'offusquera bien sûr de ces jugements parisiens ou marseillais. Ainsi Le Petit Rennais, sous le titre "Rennes jugé par un Marseillais", s'en prend au Petit Marseillais qui donne à lire aux Phocéens :

La première impression du touriste quand il débarque à Rennes est la tristesse, la tristesse immense quand il sort de la gare pour tomber sur un immense champ de manoeuvres généralement désert. Le spleen ne le quitte plus désormais, à travers les rues où ne régne aucune animation, où les gens semblent tous atteints d'un incurable mutisme, où le promeneur lui-même paraît compter ses pas. Il y a dans cette ville silencieuse et morne comme une hostilité ambiante à tout ce qui est procès, à tout ce qui est nouveau. Les habitants sont généralement solennels, très sur la défensive. Rennes est peut-être la seule ville de France où les tramways électriques ne fassent pas de très brillantes affaires, signe certainement de résistance aux innovations... *3

Les Rennais, pourtant enclins à l'autocritique quant à leur ville, ne pouvaient ou ne voulaient pas se reconnaître dans ce miroir qu'ils estimaient par trop déformant.

--Stephanus 19 février 2011 à 10:54 (CET)

  • 1 Histoire de Rennes par Xavier Ferrieu, "Les Universels Gisserot", Paris - 2000
  • 2 et *3 Rennes pendant le procès Dreyfus par Colette Cosnier, éd. Ouest-France, Rennes - 1984

extrait de Rennes dans les guides de voyage du XIXe siècle par Etienne Maignen, bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-et-Vilaine, t. CXII - 2008