Défense passive, ou "D.P."

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La DEFENSE PASSIVE OU DP : SEPTEMBRE 1939, LES RENNAIS SE " DEFENDENT PASSIVEMENT "


La France a déclaré la guerre à l’Allemagne le 3 septembre 1939, à 17 heures. Le maire de Rennes n’a pas tardé à réagir, et est même étrangement en avance, comme ceux de Vannes ou de Saint-Marc, près de Brest, puisque le journal Ouest-Eclair, édition d’Ille-et-Vilaine, en date du même 3 septembre, donc imprimé dans la nuit précédente, publie, en page de Rennes, sous la rubrique « communiqués et renseignements officiels » un avis préalable à l’apposition d’affiches qui sera effective le jour même ou le lendemain. Rares sont les villes qui ont procédé aussi rapidement. Voici le texte de cet avis :

DEFENSE PASSIVE CONTRE LES ATTAQUES AERIENNES

MESURES PRESCRITES EN CAS D'ALERTE

Le maire de Rennes a pris l’arrêté suivant :

Article premier. – Dès l’apposition de la présente affiche, les mesures ci-après seront appliquées sur le territoire de la commune de Rennes :

SIGNALISATION DE L’ALERTE

Article 2. – L’ordre d’alerte est transmis à la population au moyen des signaux sonores ci-après : 1° par le tocsin de l’Hôtel de Ville pendant 4 minutes ; 2° Par sirènes : sons alternativement montants et descendants (sons discontinus et modulés pendant 4 minutes).

MESURES PRESCRITES – ECLAIRAGE

Article 3. – Dès la réception de l’ordre d’alerte et pendant toute la durée de l’alerte les habitants sont tenus que de conserver que la lumière strictement indispensable ; toutes précautions devront être prises pour qu’aucune lueur ne filtre au dehors. Cette prescription devra être rigoureusement observée par tous, qu’il s’agisse d’habitations particulières ou de magasins, ateliers, établissements quelconques publics ou privés. L’éclairage public sera supprimé.

Article 4. – A l’intérieur de l’agglomération urbaine ou au voisinage de cette agglomération, les véhicules en marche ne pourront se servir que des phares-code. Les véhicules en station ne devront conserver que leurs feux de position.

Article 5.- L’éclairage intérieur des tramways et autobus sera supprimé : seuls seront conservés les feux camouflés, à l’arrière et à l’avant des voitures.

COMMUNICATIONS TELEPHONIQUES

Article 8. – (sic) Les conversations téléphoniques privées – à l’exception des demandes de secours adressées soit au service d’incendie (téléph. 35-35), soit à l’Hôtel de Ville ( téléph. 36-47), soit au commissariat cetral de police (téléph. 23-37) – sont interdites pendant toute la durée de l’alerte.


Ultérieurement des consignes complémentaires seront données (recopiées ici d'un texte dactylographié d'époque) :


L'entrée des véhicules à l'intérieur de l'agglomération sera arrêtée. Les véhicules qui se trouveront dans l'agglomération devront être conduits à 'extérieur s'ils sont à proximité de la périphérie ou mis en stationnement sur la place la plus proche, afin que la chaussée reste entièrement dégagée pour le passage des voitures de secours et d'incendie.

La circulation des tramways vers le centre sera arrêtée et ceux se dirigeant vers la périphérie gagneront leur point terminus.

Les conducteurs devront garer leurs voitures près d'un trottoir, afin de laisser libre le milieu de la chaussée.

La fin de l'alerte sera diffusée par sirènes de la façon suivante : son s'établissant à une hauteur uniforme et prolongé pendant trois minutes.

Le maire de Rennes rappelle instamment à la population qu'il est de son intérêt de se conformer rigpoureusement à ces prescriptions et que toute infraction pourra d'ailleurs être sévèrement punie.

PRECAUTIONS à prendre contre l'incendie causé par des bombardements aériens.

"On nous communique,

Le Maire rappelle à la population de Rennes les recommandations suivantes : Débarrassez vos greniers de toutes matières inflammables. Placez à portée un extincteur d'incendie; Approvisionnez-vous de sable et d'une pelle. En cas d'incendie, ne projetez pas d'eau sur le foyer d'incendie; servez-vous exclusivement de l'extincteur. En même temps, projetez sur le foyer d'incendie une ou plusieurs pelles de sable. Sivous ne pouvez éteindre l'incendie naissant, appelez le service des pompiers (téléphone : 35-35)".

Pendant toute la « drôle de guerre », soit pendant plus de neuf mois et demi, l’application de ces consignes se relâchera et fera l’objet de rappels. Ainsi, le 17 mai 1940, le commissaire central de police fait savoir que la période des observations et recommandations est révolue. La récidive d'infraction à la défense passive dans les 8 mois ou le simple refus d'obtempérer en matière d'éclairage peuvent valoir les peines prévues au décret du 2 février 1940 : six jours à un mois de prison et une amende de 16 à 200F.


--Stephanus 20 février 2011 à 15:07 (CET)