« Disparu dans l’enfer des voies de triage de Rennes, le 17 juin 1940 » : différence entre les versions

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Mais M. Duchesne énonce une réserve qui est plus qu’une clause de style : il fait « toutes réserves sur la validité de la procédure suivie et par conséquent des conclusions qui en seront tirées. »
Mais M. Duchesne énonce une réserve qui est plus qu’une clause de style : il fait « toutes réserves sur la validité de la procédure suivie et par conséquent des conclusions qui en seront tirées. »
[[Fichier:Avis_d%27obs%C3%A8ques_Rault.jpg|300px|left|thumb|Avis d'obsèques de René Nouyou, ''Ouest-Eclair'', 26 janvier 1941]]
[[Fichier:Avis_d%27obs%C3%A8ques_Rault.jpg|300px|left|thumb|Avis d'obsèques de René Nouyou, ''Ouest-Eclair'', 26 janvier 1941]]
[[Fichier:Nature_de_l%27accident414.jpg|right|350px|thumb|Extrait de P.V d'enquête contradictoire <ref>copie remise à Étienne Maignen par M. Maurice Nouyou, fils de René Nouyou, 2013 </ref>]]
[[Fichier:Nature_de_l%27accident414.jpg|right|350px|thumb|Extrait du P.V d'enquête contradictoire <ref>copie remise à Étienne Maignen par M. Maurice Nouyou, fils de René Nouyou, 2013 </ref>]]
===== Enquête contradictoire=====
===== Enquête contradictoire=====
Ces réserves conduisent, le 22 octobre 1940, à une enquête contradictoire sur l’accident survenu à M. Nouyou René, mle 170.315, présumé tué lors du bombardement de la gare de triage St-Hélier le 17 juin 1940.
Ces réserves conduisent, le 22 octobre 1940, à une enquête contradictoire sur l’accident survenu à M. Nouyou René, mle 170.315, présumé tué lors du bombardement de la gare de triage St-Hélier le 17 juin 1940.
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Le mécanicien Famechon, après s’être couché sous l’abri est « tombé dans le coma ». Lorsqu’il revint à lui, il n’aperçut pas son chauffeur. Il réussit ensuite à s’échapper.
Le mécanicien Famechon, après s’être couché sous l’abri est « tombé dans le coma ». Lorsqu’il revint à lui, il n’aperçut pas son chauffeur. Il réussit ensuite à s’échapper.
M. Famechon, mécanicien de route à Amiens, replié à Rennes, témoigne :
M. Famechon, mécanicien de route à Amiens, replié à Rennes, témoigne :
En rentrant au dépôt à allure très réduite, en face de la gare de triage plaine de St-Hélier, mon chauffeur et moi apercevant au-dessus de nous des avions allemands qui lançaient 4 torpilles, j’arrêtai ma machine et le chauffeur Nouyou descendit rapidement sur le côté droit de la machine ; tender avant pour se mettre à l’abri, sur ce, les torpilles explosèrent et un train de munitions à proximité de la machine sauta [… ] Lorsque je revins à moi, je ne revis plus Nouyou. Sans aucun doute, il a été tué lors de l’explosion du train de munitions ou par une des quatre torpilles lancées sur nous.  
''En rentrant au dépôt à allure très réduite, en face de la gare de triage plaine de St-Hélier, mon chauffeur et moi apercevant au-dessus de nous des avions allemands qui lançaient 4 torpilles, j’arrêtai ma machine et le chauffeur Nouyou descendit rapidement sur le côté droit de la machine ; tender avant pour se mettre à l’abri, sur ce, les torpilles explosèrent et un train de munitions à proximité de la machine sauta [… ] Lorsque je revins à moi, je ne revis plus Nouyou. Sans aucun doute, il a été tué lors de l’explosion du train de munitions ou par une des quatre torpilles lancées sur nous''.  


Le rapport constate que, si le wagon-dortoir ayant brûlé est hors de service, la machine et le tender sont réparables pour un coût de 101 621 F. (''Ndlr : 39 000 €'')
Le rapport constate que, si le wagon-dortoir ayant brûlé est hors de service, la machine et le tender sont réparables pour un coût de 101 621 F. (''Ndlr : 39 000 €'')




Le rapport spécial du chef de gare principal conservé aux Archives nationales expose que « du fait que les plus violentes explosions se sont produites vers le milieu des plateaux, le personnel SNCF occupé en tête des faisceaux n'a pas été atteint. » La SNCF enregistre trois agents tués, trois blessés et deux agents de traction portés disparus. Elle constata que 12 000 mètres de voies étaient détruits au triage de Baud et 8000 à celui de Saint-Hélier. L'explosion du train chargé de cheddite (Ndlr : des explosifs qui présentaient, par rapport aux dynamites Nobel, des avantages de prix et de commodité d’emploi, et qui pouvaient ainsi espérer trouver un certain débouché dans les mines et carrières'') avait ravagé le site : ''Dans le plateau de Saint-Hélier, au centre du "faisceau" avait été creusée par des bombes une tranchée de 100 mètres de long, de 4 mètres de large et de 4 mètres de profondeur, tranchée que la rupture des conduites remplit d'eau. Aux environs de cette mare se dressaient des amoncellements de ferrailles enchevêtrées représentants les débris des wagons et des voies.'' <ref> Ouest-Eclair, 29 août 1940</ref>
Le rapport spécial du chef de gare principal conservé aux Archives nationales expose que « du fait que les plus violentes explosions se sont produites vers le milieu des plateaux, le personnel SNCF occupé en tête des faisceaux n'a pas été atteint. » La SNCF enregistre trois agents tués, trois blessés et deux agents de traction portés disparus. Elle constata que 12 000 mètres de voies étaient détruits au triage de Baud et 8000 à celui de Saint-Hélier. L'explosion du train chargé de cheddite (Ndlr : des explosifs qui présentaient, par rapport aux dynamites Nobel, des avantages de prix et de commodité d’emploi, et qui pouvaient ainsi espérer trouver un certain débouché dans les mines et carrières'') avait ravagé le site : ''Dans le plateau de Saint-Hélier, au centre du "faisceau" avait été creusée par des bombes une tranchée de 100 mètres de long, de 4 mètres de large et de 4 mètres de profondeur, tranchée que la rupture des conduites remplit d'eau. Aux environs de cette mare se dressaient des amoncellements de ferrailles enchevêtrées, amas de débris des wagons et des voies.'' <ref> Ouest-Eclair, 29 août 1940</ref>
[[Fichier:Plaque_comm%C3%A9morative_cheminots.jpg|300px|left|Sur la plaque commémorative]]
[[Fichier:Plaque_comm%C3%A9morative_cheminots.jpg|300px|left|Sur la plaque commémorative]]
Dans la longue liste des décès du 18 au 24 juin parue dans le ''bulletin d'informations d'Ille-et-Vilaine'' du 28, on lit  à l'état civil du 22, "Gabriel Le Roux, 45 ans, marié, mécanicien à la SNCF, plaine de Baud" (22 juin : ce qui laisse supposer que son corps n'avait pas été identifié sur le champ). Mais ce n'est que le 30 janvier 1941, plus de sept mois après la disparition de son mari, sans doute après un jugement de décès mettant fin au régime d'absence, que Mme Nouyou avec ses trois enfants put célébrer un service à sa mémoire, en l'absence de son corps et publia des remerciements le 1er février.
Dans la longue liste des décès du 18 au 24 juin parue dans le ''bulletin d'informations d'Ille-et-Vilaine'' du 28, on lit  à l'état civil du 22, "Gabriel Le Roux, 45 ans, marié, mécanicien à la SNCF, plaine de Baud" (22 juin : ce qui laisse supposer que son corps n'avait pas été identifié sur le champ). Mais ce n'est que le 30 janvier 1941, plus de sept mois après la disparition de son mari, sans doute après un jugement de décès mettant fin au régime d'absence, que Mme Nouyou avec ses trois enfants put célébrer un service à sa mémoire, en l'absence de son corps et publia des remerciements le 1er février.
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Le 1er mai 1944, à l'occasion de la fête du travail, le gouvernement de Vichy fait honorer les cheminots qui ont servi avec sang froid malgré les attaques et les bombardements des gares et des triages. Le préfet d'Ille-et-Vilaine, M. Bouché-Leclercq distribue, lors d'une cérémonie en gare de Rennes, une belle médaille à l'effigie du maréchal Pétain, aux cheminots vivants ou morts et René Nouyou est dans la liste des récipiendaires. Après la guerre,
Le 1er mai 1944, à l'occasion de la fête du travail, le gouvernement de l'État français fait honorer les cheminots méritants qui ont servi avec sang froid malgré les attaques et les bombardements des gares et des triages. Le préfet d'Ille-et-Vilaine, M. Bouché-Leclercq, distribue, lors d'une cérémonie en gare de Rennes, une belle médaille à l'effigie du maréchal Pétain aux cheminots vivants ou morts et René Nouyou est dans la liste des récipiendaires. Après la guerre,
les noms de R.Nouyou, ouvrier et G. Le Roux, mécanicien, sont gravés sur la plaque à la mémoire des 80 cheminots de Rennes tués par faits de guerre 1939-1945.
les noms de R.Nouyou, ouvrier et G. Le Roux, mécanicien, sont gravés sur la plaque à la mémoire des 80 cheminots de Rennes tués par faits de guerre de 1939 à 1945.


Mais la disparition de Nouyou est un cas de décès parmi tant d’autres ce 17 juin 1940. C’est le désastre humain d’un millier de tués et de plusieurs centaines de blessés qui marque ce bombardement effectué par trois ou cinq avions allemands, sur les deux triages de Rennes où stationnaient deux trains de munitions parmi les trains de voyageurs.
Mais la disparition de Nouyou est un cas de décès parmi tant d’autres ce 17 juin 1940. C’est le désastre humain d’un millier de tués et de plusieurs centaines de blessés qui marque ce bombardement effectué par trois ou cinq avions allemands, sur les deux triages de Rennes où stationnaient deux trains de munitions parmi les trains de voyageurs.
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