En 1800, la Justice à Rennes

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En 1800, au lendemain de la Révolution, la vieille rivalité entre Rennes et Nantes se manifesta à nouveau: Rennes, l’ancienne ville ducale de Bretagne serait-elle réduite à l’état de capitale déchue et de cité découronnée ? Question de vie ou de mort pour elle. Car, tout près, Nantes, cité puissante, concurrente redoutable, qui, superbement assise au bord de son grand fleuve, fière de ses richesses, contemplant avec orgueil ses navires sillonnant les mers, étendant son négoce sur tous les points du globe, voyant le succès répondre à sa féconde activité, la première de la région par la population et l’opulence, cherchait encore à établir sa primauté sur les autres villes de la province, en s’efforçant d’attirer à elle les grands établissements militaires, les chaires de renseignement supérieur et le Tribunal d’appel qu’attendaient pourtant les vieux murs de ce palais abandonné.

La lutte se renouvelait, comme au temps où il s’agissait de fixer la résidence du Parlement.

Avant de quitter la maison commune, l’administration du maire Parcheminier rendit un service signalé à ses concitoyens en menant une campagne vigoureuse sur une question qui intéressait au plus haut point l’avenir, la prospérité, la grandeur de la ville de Rennes. Qu’allait-elle devenir au milieu de toutes les transformations apportées par les lois nouvelles dans l’organisation administrative et judiciaire du pays ? Allait-elle recouvrer quelques-unes de ses antiques prérogatives ou descendre au simple rôle de chef-lieu de département ?

La municipalité poussa un cri d’alarme et le 7 nivôse an VIII, s’adressa aux Consuls :

« Il est de notre devoir de vous rappeler notre cité comme propre à être le chef-lieu des principaux établissements, et à vous représenter que l’en priver serait la détruire.

» Rennes a été la capitale des ci-devant ducs de Bretagne qui y tenaient leur cour, et, après la réunion de cette grande province à la France, a conservé le titre et les avantages de capitale. Le Parlement et la Cour des aides y furent fixés, les États s’y tenaient, elle était le siège des Commissions intermédiaires de l’Intendance, du Commandant, etc. Rennes avait aussi un grand présidial, un collège célèbre, des écoles de droit et de chirurgie. Nous en avons fait le sacrifice à la liberté, mais nous réclamons ce qu’elle peut nous accorder et ce que demandent nos édifices publics et particuliers.

» Rennes a un Palais de Justice qui lui coûte plus de deux millions et a toujours été reconnu pour être un des plus beaux de France. La maison commune et le ci-devant Présidial forment un fort beau monument presque neuf, dont la deuxième partie est occupée par le Tribunal correctionnel et les Juges de Paix.

» Les soussignés prient donc les citoyens Consuls de conserver à Rennes son ancien état de chef-lieu pour tous les établissements qui pourront avoir lieu tant dans l’ordre administratif que dans l’ordre judiciaire » [17].

L’appel fut entendu ; cette fois encore Rennes triompha de Nantes, sa puissante rivale, et le 9 prairial an VIII (29 mai 1800), les magistrats rentraient dans le Palais du Parlement de Bretagne, décoré du nom pompeux de « Temple de la Loi », où ils étaient installés par le citoyen Borie[1], préfet d’Ille-et-Vilaine, après avoir promis fidélité à la Constitution[2].

Références

  1. Yves-Nicolas Borie Wikipedia-logo-v2.svg
  2. Rennes en 1800, audience solennelle de la cour d'appel de Rennes, du 16 octobre 1900, discours de M. Denier, avocat général. Imprimerie rennaise, 5 rue Bourbon