En 1832, au 10 rue Saint-Georges, une couturière exfiltreuse

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Imposant immeuble à pans de bois, n° 8 et 10 , logis en masarde de mlle Quérret - (de Wikimedia Commons)

Mlle Quéret, 48 ans, habitait deux chambres en mansarde dans la maison noire et délabrée du n°10 de la rue Saint-Georges [1] et y exerçait l’activité de tailleuse avec deux apprenties, menant une vie modeste, et le journal l’Ouest-Eclair [2] rapporte son action sous le titre : « Un coup d’audace , une émule de Mme de Lavalette ». C’est donc d’une aide à une évasion qu’il s’agit puisque, grâce à son épouse, le comte de Lavalette, ancien aide de camp de l’empereur auquel il était resté fidèle, traduit devant la cour d’assises pour conspiration avait été condamné à mort le 21 novembre 1815, recours en cassation rejeté, n’ avait pas obtenu pas la grâce de Louis XVIII trop heureux de répondre aux exigences des Ultras . Mais la veille de l’exécution, Madame de Lavalette et sa fille rendirent visite à leur mari et père. Lavalette échangea ses vêtements avec ceux de son épouse et sortit au bras de sa fille, incognito, un mouchoir lui dissimulant le visage.

Mlle Quéret, née à Evran d’un père médecin, royaliste avéré, qui avait soigné les chouans blessés avait narré ses actions à sa fille qu’il avait laissée sans fortune. Celle-ci, de haute taille et de visage énergique, trouva en septembre 1832 l’occasion d’agir dans le sillage de son père. On venait de transférer à la prison Saint-Michel, l’ancien chef de bataillon Guillemot, fils de Pierre Guillemot Wikipedia-logo-v2.svg, l’un des principaux chefs chouans du Morbihan surnommé le « Roi de Bignan » qui avait œuvré aux côtés de Cadoudal. Lucien Guillemot a été condamné à la détention à perpétuité. Entré dans l’armée sous la Restauration, il avait, lors de la révolution de juillet, voulu servir le roi Charles X et avait entretenu dans l’ouest un retour de chouannerie dont tenta de profiter la duchesse de Berry Wikipedia-logo-v2.svg. Les légitimistes, nombreux à Rennes, avaient cherché un exploit retentissant en délivrant Guillemot de sa prison et contactèrent Mlle Quéret dont ils connaissaient les convictions héritées de son père. Adolphe Orain fait état de deux so╣urs Quéret. Erreur de référence : Balise fermante </ref> manquante pour la balise <ref>

Mlle Quéret quitte tranquillement son interlocutrice et, ne cherchant pas à fuir, regagne sa mansarde où la police vient la chercher le lendemain. Les ultras rennais applaudissent et se moquent de la magistrature de Louis Philippe. L'effet produit à Paris, au faubourg Saint-Germain est considérable. Mlle Quérret est traduite, le 21 octobre, devant le tribunal correctionnel, avec le concierge et le jeune guichetier complice, dans une atmosphère d’émeute, une foule demandant son élargissement. Elle seule est condamnée à cinq ans de prison, ramenés à deux par la cour royale, peine qu’elle accomplit parmi les condamnées de droit commun ; et elle refusera la grâce.

Libérée, elle revient à Rennes et y reprend son travail de tailleuse, recevant au début des messages de l’entourage de Charles X et de la duchesse de Berry et quelques subsides, mais tout ceci s’espace et s’arrête. Un journaliste, Théodore Muret Wikipedia-logo-v2.svg, rendra visite à l’ancienne héroïne légitimiste et s’indigne de sa misère, mais elle demande qu’on l’oublie.

références

  • Une Émule de Mme de Lavalette Jules Bertaut Le Temps, 2 novembre 1935
  • L'Insurrection de 1832 en Bretagne et dans le Bas Maine, p. 339. Vicomte A de Courson. Émile-Paul éditeur. Paris - 1910 </ref>
  1. le bel immeuble occupé par la grande librairie le Failler
  2. Ouest-Eclair du 3 novembre 1935