Enquête pour une nouvelle pêcherie au moulin de Mordelles en 1828

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Le dix novembre 1828, Dame Ursule Visdeloup, vicomtesse de la Villethéart, demeurant en son château d'Artois en la commune de Mordelles, demande au juge de paix de Plélan-le-Grand, par la voix d'un procurateur mandaté pour cet objet, que soit dressé un procès-verbal de commodo incommodo relatif à l'établissement d'une nouvelle pêcherie à la place d'un ancien déversoir existant il y a plus de cinquante ans à son moulin de Mordelles, après avoir rendu publique cette intention à l'issue des grandes messes de Mordelles et de Bréal-sous-Montfort.

Présent à la descente sur les lieux, M. Duboberil, maire de Bréal, prend la parole pour demander que le moulin de Cramou situé sur sa commune et appartenant aussi à ladite vicomtesse, à une demi-lieue de l'autre, soit doté d'autant de portes que celui de Mordelles afin que les terres de sa commune ne soient pas davantage submergées. Il présente à l'appui une pétition de quelques administrés s'opposant au projet comme convaincus que l'eau qui actuellement gêne souvent par son abondance le moulin de Mordelles sera plus rapidement évacuée au détriment de leurs terres. Quelques signataires qui l'accompagnent confirment l'un après l'autre leur opposition. En première conclusion, la Dame Visdeloup s'engage à créer douze portes au moulin de Cramou. Il est aussi signalé que le niveau de la nouvelle pêcherie est seize centimètres plus bas que les autres, ce que la propriétaire s'engage aussitôt à corriger dès que le niveau de l'eau le permettra.

Jean Pierre Gauvain, adjoint à la mairie de Mordelles, donne ses arguments en faveur de "cette pecherie ou deversoir qui en remplirait le même but" disant en particulier que "le moulin de Mordelles n'a que huit portes tandis que celui d'Artois, celui de la Folie et celui de Chouan qui lui envoyent de l'eau en ont le double".

Le juge de paix, déjà venu de Plélan, n'est pas au bout de ses peines, d'autant plus que la pluie tombe comme depuis plusieurs jours. Indécis après avoir écouté tous les avis, il décide d'examiner par lui-même les lieux. Il a "en conséquence longé pendant environ quatre cents mètres dans l'eau jusqu'à mi-jambe le canal de la nouvelle pêcherie" jusqu'à être en mesure de constater le "choc" de ce courant avec le "ruisseau assez fort venant des ponts de Mordelles" et qui sort de son lit après cette rencontre tumultueuse. Il n'est alors pas loin de se persuader d'un effet négatif de l'innovation, mais avant de la dire définitivement coupable, l'abondance des précipitations récentes et celles du jour-même le laissent dans un doute que recouvre la nuit tombante.

Le lendemain, c'est dans la direction opposée que le juge poursuit ses investigations. Il remonte le courant, marchant dans l'eau comme la veille, sur trois kilomètres, forcé pourtant de s'arrêter cette fois en raison de la profondeur toujours croissante. Monté sur une éminence, l'étendue de l'inondation qui l'environne suffit pour le convaincre que le moulin de Mordelles doit pouvoir davantage se débarrasser de l'eau qui lui arrive ; par conséquent de l'utilité de l'aménagement en cours.

Finalement le juge de paix se rend à l'auberge de Bellevue où il rédige son compte-rendu, comptant enfin pour les frais à réclamer, sept vacations de trois heures pour cette tournée, non compris l'aller-retour à Plélan.

Source

  • Document conservé dans la liasse 4U 27 28 des Archives départementales d'Ille-et-Vilaine.