Film en URSS...tourné en Ille-et-Vilaine

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Laillé en ... U.R.S.S.

Le pont de Laillé transformé pour les besoins de la propagande

En avril 1942, les Allemands qui piétinent à quelques dizaines de kilomètres de Moscou depuis décembre 1941, décident de filmer par avance l'approche de la ville avec le franchissement d'un pont sur la Moskowa qui sera en l'occurrence... la Vilaine. La Propaganda Staffel a choisi la firme U.T.A. : on va filmer des soldats allemands bien nourris, reposés et décontractés, illustrant une guerre fraîche et joyeuse en approchant de Moscou à l'été. La mise en scène nécessite de brûler le blé des champs de Laillé et de faire disparaître les meules de paille. Le pont sur la Vilaine, à l'ouest de Laillé, est censé détruit et l'on fabrique un morceau de tablier en contreplaqué incliné dans l'eau. Est aussi en contreplaqué un pont provisoire, des lézardes sont tracées au goudron sur les piles et parapets. Champs et prairies sont parsemés d'entonnoirs creusés à la pioche. Après quinze jours de travaux, de 5 heures à 14 heures 1500 soldats vont défiler tandis qu'au loin des batteries de fumigènes crachent une fumée noire et qu'en second plan brûlent des cabanes en bois.

Des scènes auraient aussi été tournées à Saint-Jacques-de-la-Lande, sur un chemin communal bordant l'aérodrome au nord, voie d'ailleurs appelée après la guerre par les Jacquolandins "route de Moscou".

Peu de temps après le tournage, un aréopage allemand visionne le film en secret dans un cinéma de Rennes mais on l'arrêta car sur l'écran venait d'apparaître un panneau indicateur des distances : "Moscow 3 Km - Bourg-des-Comptes 6,5 Km"[1]. En 1944, le docteur Tannou, résistant rennais, adressera une note au Comité départemental de la Libération: « M. Bonenfant, directeur d’entreprise n’a travaillé que pour les Allemands. Spécialiste des prisons, il s’est aussi révélé spécialiste du cinéma. C’est lui qui a construit le pont de Laillé, destiné à représenter la prise de Moscou. Il a gagné au moins 2 millions dans cette affaire ».[2].

L'église de Corps-Nuds conçue par l'architecte Arthur Regnault est consacrée en 1890. La forme en bulbe du clocher est caractéristique du style néo-byzantin souhaité par l'architecte. Elle fut utilisée en 1942 comme décor pour un film intitulé Battage du blé en Ukraine. Les figurants devaient revêtir des costumes russes et une borne kilométrique était recouverte d'un étui sur lequel étaient peints des caractères cyrilliques. Le metteur en scène réquisitionné n'était autre que Raimu. Ce film fut probablement projeté en Allemagne durant l'été 1942, contribuant à tromper la population sur la progression réelle de l'armée allemande. Il est introuvable.

On note aussi, à Corps-Nuds, une station de brouillage, composée de 5 à 6 pylônes à treillis haut de 60m dans un cercle de 100 à 150m. Il y a environ 50 soldats - l'informateur croit que ce sont des troupes antiaériennes - dans cette station, logés dans des maisons réquisitionnées dans le bourg - 10 hommes par maison. Certaines de ces troupes sont là depuis environ un an. Il s'agit de pylônes à treillis avec une plateforme autour du sommet.Station de brouillage Sheet 90 N.E. 073.

Notes et références

  1. La Bretagne dans la Résistance, de Gérard le Marec, éditions Ouest-France - 1983.
  2. La collaboration à Rennes, Kristian Hamon; Blog. 16 octobre 2015