« Hymne à Rennes » : différence entre les versions

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Que tu sois née gauloise ou celte,
Que tu sois née gauloise ou celte,


Tu fus romaine, monnaies l’attestent.
Tu fus romaine,<ref> rue Postuminus</ref> monnaies l’attestent.


De briques et schistes tu construisis
De briques et schistes tu construisis


De rouges [[Remparts de Rennes|remparts de survie]].
De rouges [[Remparts de Rennes|remparts de survie]].<remparts de Rennes</ref>




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Qui voulurent encore te prendre.
Qui voulurent encore te prendre.


[[Gurvan]], plutôt que se rendre,
[[Gurvan]],<ref> rue Gurvand</ref> plutôt que se rendre,


Mourant, les bouta fermement.
Mourant, les bouta fermement.
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Ville de rapines, de malins,
Ville de rapines, de malins,


Le jeune [[Allée Marbode|Marbode]] en langue latine
Le jeune Marbode <ref>allée Marbode</ref> en langue latine


Te cassa des mots sur l’échine.
Te cassa des mots sur l’échine.
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Une fois l’Anglais de t’investir
Une fois l’Anglais de t’investir


Mais ne put jamais s’introduire
Mais ne put jamais s’introduire


Car Notre Dame fit un signe
Car Notre Dame fit un signe<ref> Basilique Saint-Sauveur</ref>


De son doigt désignant la mine.
De son doigt désignant la mine.
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En suspendant une truie
En suspendant une truie


A leurs [[Portes Mordelaises]],
A leurs Portes Mordelaises,<ref> Portes Mordelaises</ref>


Les Rennais, de l'armée anglaise,
Les Rennais, de l'armée anglaise,
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Passant la Porte Mordelaise
Passant la Porte Mordelaise


Pour de Bretagne être duchesse,
Pour de Bretagne être duchesse,<ref> Boulevard de la Duchesse Anne </ref>


La jeune Anne fut bien aise
La jeune Anne fut bien aise
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Tu offres tes clés et tes coeurs
Tu offres tes clés et tes coeurs


Au roi Henri le quatrième
Au roi Henri le quatrième <ref> Henri IV à Rennes</ref>


Qui désire tant que tu l'aimes.
Qui désire tant que tu l'aimes.




L’[[Incendie de 1720|an mil sept cent vingt]], c'est écrit,
L’an mil sept cent vingt, c'est écrit,<ref> incendie de 1720</ref>


Le feu te prit huit cents logis.
Le feu te prit huit cents logis.
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Deux cent soixante quatorze après
Deux cent soixante quatorze après


L’incendie  prenait ton [[Parlement de Bretagne|palais]].
L’incendie  prenait ton [[Parlement de Bretagne|palais]].<ref> Evénements des 4 et 5 février 1994</ref>




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Certains répètent ce que l'on dit :
Certains répètent ce que l'on dit :


[[A Rennes, rien ne prend, sauf le feu]]
A Rennes, rien ne prend, sauf le feu<ref> A Rennes, rien ne prend, sauf le feu</ref>


Et pourtant ils y vivent heureux.
Et pourtant ils y vivent heureux.
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Tenants des Bleus et des Chouans
Tenants des Bleus et des Chouans


Tentèrent de faire la paix
Tentèrent de faire la paix<ref> le traité de la Mabilais, une éphémère pacification</ref>


Qui ne dura qu’un bref instant.
Qui ne dura qu’un bref instant.
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Sur ta place de l'Egalité,
Sur ta place de l'Egalité,<ref> Place du Parlement de Bretagne</ref>


Sous le rasoir égalitaire,
Sous le rasoir égalitaire,
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Tailleur brave,[[Jean Leperdit]]
Tailleur brave,Jean Leperdit <ref> Jean Leperdit</ref>


Justement célèbre se rendit
Justement célèbre se rendit


Pour avoir du cruel Carrier
Pour avoir du cruel Carrier<ref> Carrier à Rennes </ref>


froissé la liste de papier.
froissé la liste de papier.
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Aux courbes graciles, au campanile
Aux courbes graciles, au campanile


De ton gracieux hôtel de ville.
De ton gracieux hôtel de ville.<ref> Place de la Mairie </ref>




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Puis de tes garçons le lycée
Puis de tes garçons le lycée


Fut choisi siège du procès
Fut choisi siège du procès <ref> Affaire Dreyfus</ref>


D’honneur terni du capitaine
D’honneur terni du capitaine
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Des serres de verre à la roseraie
Des serres de verre à la roseraie


Au [[Parc du Thabor|Thabor]] les enfants se jouaient
Au Thabor les enfants se jouaient <ref> Parc du Thabor </ref>


Du garde manchot claudiquant
Du garde manchot claudiquant <ref> Souvenirs du parc du Thabor</ref>


Portant sifflet entre ses dents.
Portant sifflet entre ses dents.




Bleus et jaunes les [[Tramway|tramways]]
Bleus et jaunes les tramways <ref> Tramway </ref>


Ferraillaient, brinquebalaient
Ferraillaient, brinquebalaient

Version du 10 juin 2011 à 09:41


RENNES D'HISTOIRE ET DE SOUVENIRS


Du plus loin que je me souvienne

Mes souvenirs sont de Rennes

Où je suis né par bonne aubaine

Il y a des années par dizaines.


Du plus loin que je me souvienne,

En cette ville toujours mienne,

Entre Vilaine et Ille et Rance

Sont ici mes souvenirs d’enfance.


Toi qui t'étalais à loisir

Sur tes coteaux avec plaisir,

Tu te replias avec peine

Devant des barbares peu amènes.


Que tu sois née gauloise ou celte,

Tu fus romaine,[1] monnaies l’attestent.

De briques et schistes tu construisis

De rouges remparts de survie.<remparts de Rennes</ref>


Il avait battu les Normands

Qui voulurent encore te prendre.

Gurvan,[2] plutôt que se rendre,

Mourant, les bouta fermement.


Ville de rien, ville de catins

Ville de rapines, de malins,

Le jeune Marbode [3] en langue latine

Te cassa des mots sur l’échine.


Le géographe al Idrissi

Dit que l'on vivait bien ici,

A cette époque même où Marbode

Commettait sa vilaine ode.


Une fois l’Anglais de t’investir

Mais ne put jamais s’introduire

Car Notre Dame fit un signe[4]

De son doigt désignant la mine.


En suspendant une truie

A leurs Portes Mordelaises,[5]

Les Rennais, de l'armée anglaise,

tirèrent cochons de grand profit.


Passant la Porte Mordelaise

Pour de Bretagne être duchesse,[6]

La jeune Anne fut bien aise

De voir ses Rennais en liesse.


S'étant enfin rendu Mercoeur,

Tu offres tes clés et tes coeurs

Au roi Henri le quatrième [7]

Qui désire tant que tu l'aimes.


L’an mil sept cent vingt, c'est écrit,[8]

Le feu te prit huit cents logis.

Deux cent soixante quatorze après

L’incendie prenait ton palais.[9]


Maisons à pans et de torchis

Avaient fait place nette au granit.

Deux places tu t’offris royales

Pour ton hôtel, ton présidial.


Enumérant tes incendies,

Certains répètent ce que l'on dit :

A Rennes, rien ne prend, sauf le feu[10]

Et pourtant ils y vivent heureux.


En traitant à la Mabilais

Tenants des Bleus et des Chouans

Tentèrent de faire la paix[11]

Qui ne dura qu’un bref instant.


Sur ta place de l'Egalité,[12]

Sous le rasoir égalitaire,

Plus de trois cents têtes tombèrent

Pour défaut de citoyenneté.


Tailleur brave,Jean Leperdit [13]

Justement célèbre se rendit

Pour avoir du cruel Carrier[14]

froissé la liste de papier.


Ton opéra, plein d’embonpoint,

Son ventre rond propose en vain

Aux courbes graciles, au campanile

De ton gracieux hôtel de ville.[15]


Duguay-Trouin et Lamennais,

Tu t’es fendue d’une ligne de quais

Au long desquels tu fais la fière

Comme si tu étais port de mer.


En dix huit cent cinquante sept

Arrive le chemin de fer

Et les Rennais tous en fête

Un temps laissent leurs affaires


Puis de tes garçons le lycée

Fut choisi siège du procès [16]

D’honneur terni du capitaine

Sali par le complot de haine.


Des serres de verre à la roseraie

Au Thabor les enfants se jouaient [17]

Du garde manchot claudiquant [18]

Portant sifflet entre ses dents.


Bleus et jaunes les tramways [19]

Ferraillaient, brinquebalaient

Sur les rails luisants et froids

De la mairie jusqu’aux octrois.


Nos trois couleurs plus de mise,

Hommes résédas et souris grises

Un jour envahirent tes rues,

La Marseillaise s’était tue.


Pour un câble qu'il a scié

Coupant leurs communications

Fût fusillé Marcel Brossier

Par les troupes d'occupation.


Avenue Janvier, rue Saint-Hélier,

Les bombardiers avaient laissé

Des tas de ruines, des trous béants

Pour tout logis aux habitants.


Et un beau matin de quatre août,

Les Allemands mis en déroute,

Tu fêtas les Américains,

Prête à de joyeux lendemains.


Peu à peu tu as rebâti

Puis en périphérie construit

Aux arrivants de grands ensembles

Qui leur plaisaient fort, ce me semble.


Au fil des rues tu alignes

Immeubles de toutes origines.

Cà et là crèvent ton plafond

Un Eperon, des Horizons.


Ton collège aux tuiles toscanes

Garda l’enfant, l’adolescent,

Pour lui faire avoir en huit ans

Baccalauréat et peau d’âne.


À l’ombre de Melaine culminant

Entraient en fac les étudiants,

Avocats, juges de demain

Dans cette ville pleine de robins.


Rue d’Estrée, et rue Le Bastard,

Le soir venu jusque fort tard

Brûlaient leurs lueurs aguicheuses

Cent enseignes lumineuses.


Au Royal ou bien au Français,

À huit cents ou mille assemblés

Les Rennais en leurs salles obscures

Savouraient Blanche-Neige ou Ben Hur.


Tes cafés-cidre sont partis

Laissant la place aux pizzerias.

Galettes saucisses et crêperies

Heureusement sont toujours là.


Le samedi matin tes Lices

Sont parcourus de haut en bas

Par des Rennais qui emplissent

De mille saveurs leurs cabas.


Toujours affluent tes habitants

Au beau stade, route de Lorient

Pour soutenir onze rouge et noir

En espérant bien la victoire.


Sitôt venu le mois de mai

Au Champ de Mars tu rassemblais

Outre Rennais, ruraux en noir

Venus visiter ta foire.


Où dans des champs de haies bordés

Poussaient tranquilles blés et pommiers

De tes lignes de productions

Sortent les voitures aux chevrons.


Tes ardoises s’offrent à nos yeux

Tantôt grises, tantôt bleues

Du ciel changeant de nos saisons,

Tantôt crachin, tantôt rayons.


L'an soixante-six, gorgée de pluies,

Saoule, la Vilaine sortit du lit,

Et dégorgea au fil des rues

Tout le trop plein qu'elle avait bu.


On te disait cité austère

Avec tes arcades de pierres

Ville sévère, de grise mine,

Aux gros pavés, à l’ardoise fine.


Mais aux sons des musiques tu vis.

Quand tombe la nuit tu te réjouis.

Avec tes étudiants tu danses

Et chaque année tu entres en transes.


Telle Atalante, déesse mythique,

Tu courres, mais laisses les pommes d’or.

Des télécoms aux fibres optiques

Deux mille chercheurs ont fait ton fort.


Tu achevas en l’an deux mille

Pour ton transit automobile

De boucler enfin ta ceinture

Où tu laisses filer les voitures.


Les ducs te firent cité ducale

Et de Bretagne la capitale.

Puis métropole un beau matin,

Tu t’offres un métropolitain.


Sur deux lignes et à trois lettres,

Prenant l’air ou souterrain

Le VAL filera en navettes

Pour les citoyens de demain.


Etienne MAIGNEN

  1. rue Postuminus
  2. rue Gurvand
  3. allée Marbode
  4. Basilique Saint-Sauveur
  5. Portes Mordelaises
  6. Boulevard de la Duchesse Anne
  7. Henri IV à Rennes
  8. incendie de 1720
  9. Evénements des 4 et 5 février 1994
  10. A Rennes, rien ne prend, sauf le feu
  11. le traité de la Mabilais, une éphémère pacification
  12. Place du Parlement de Bretagne
  13. Jean Leperdit
  14. Carrier à Rennes
  15. Place de la Mairie
  16. Affaire Dreyfus
  17. Parc du Thabor
  18. Souvenirs du parc du Thabor
  19. Tramway