« Hymne à Rennes » : différence entre les versions
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De briques et schistes tu construisis | De briques et schistes tu construisis | ||
De rouges | De rouges remparts de survie. <ref>remparts de Rennes</ref> | ||
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Qui voulurent encore te prendre. | Qui voulurent encore te prendre. | ||
Gurvan,<ref> rue Gurvand</ref> plutôt que se rendre, | |||
Mourant, les bouta fermement. | Mourant, les bouta fermement. | ||
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En traitant à | En traitant à la Mabilais, | ||
Tenants des Bleus et des Chouans | Tenants des Bleus et des Chouans | ||
Ligne 223 : | Ligne 223 : | ||
Hommes résédas et souris grises | Hommes résédas et souris grises | ||
Un jour envahirent tes rues, | Un jour envahirent tes rues,<ref> 18 juin 1940 : les troupes allemandes à Rennes, ville traumatisée</ref> | ||
La Marseillaise s’était tue. | La Marseillaise s’était tue. | ||
Ligne 232 : | Ligne 232 : | ||
Coupant leurs communications | Coupant leurs communications | ||
Fût fusillé | Fût fusillé Marcel Brossier<ref> Marcel Brossier</ref> | ||
Par les troupes d'occupation. | Par les troupes d'occupation. | ||
Ligne 238 : | Ligne 238 : | ||
Avenue Janvier, rue Saint-Hélier,<ref> avenue Janvier </ref> | |||
Les bombardiers avaient laissé | Les bombardiers avaient laissé | ||
Des tas de ruines, des trous béants | Des tas de ruines, des trous béants<ref> bombardement du 8 mars 1943</ref> <ref> bombardements des 9 et 12 juin 1944</ref> | ||
Pour tout logis aux habitants. | Pour tout logis aux habitants. | ||
Ligne 251 : | Ligne 251 : | ||
Les Allemands mis en déroute, | Les Allemands mis en déroute, | ||
Tu fêtas les Américains, | Tu fêtas les Américains,<ref> libération de Rennes</ref> | ||
Prête à de joyeux lendemains. | Prête à de joyeux lendemains. | ||
Ligne 272 : | Ligne 272 : | ||
Cà et là crèvent ton plafond | Cà et là crèvent ton plafond | ||
Un Eperon, des | Un Eperon, des Horizons.<ref> Les Horizons</ref> | ||
Ligne 284 : | Ligne 284 : | ||
À l’ombre de | À l’ombre de Melaine culminant <ref> Eglise Saint-Melaine</ref> | ||
Entraient en fac les étudiants, | Entraient en fac les étudiants, | ||
Ligne 293 : | Ligne 293 : | ||
Rue d’Estrée et rue Le Bastard,<ref> rue Le Bastard</ref> | |||
Le soir venu jusque fort tard | Le soir venu jusque fort tard | ||
Ligne 306 : | Ligne 306 : | ||
À huit cents ou mille assemblés | À huit cents ou mille assemblés | ||
Les Rennais en leurs | Les Rennais en leurs salles obscures <ref> Anciennes salles de cinéma</ref> | ||
Savouraient Blanche-Neige ou Ben Hur. | Savouraient Blanche-Neige ou Ben Hur. | ||
Ligne 315 : | Ligne 315 : | ||
Laissant la place aux pizzerias. | Laissant la place aux pizzerias. | ||
Galette saucisse et crêperies <ref> Galette saucisse</ref> | |||
Heureusement sont toujours là. | Heureusement sont toujours là. | ||
Le samedi matin tes Lices | Le samedi matin tes Lices <ref> Place des Lices</ref> | ||
Sont parcourus de haut en bas | Sont parcourus de haut en bas | ||
Ligne 333 : | Ligne 333 : | ||
Au beau stade, route de Lorient | Au beau stade, route de Lorient | ||
Pour soutenir | Pour soutenir onze rouge et noir <ref> Résultats des matches de football, rue du Pré-Botté, un dimanche après-midi des années 50</ref> | ||
En espérant bien la victoire. | En espérant bien la victoire. | ||
Ligne 340 : | Ligne 340 : | ||
Sitôt venu le mois de mai | Sitôt venu le mois de mai | ||
Au | Au Champ de Mars tu rassemblais | ||
Outre Rennais, ruraux en noir | Outre Rennais, ruraux en noir | ||
Ligne 353 : | Ligne 353 : | ||
De tes lignes de productions | De tes lignes de productions | ||
Sortentles voitures aux chevrons. <ref> usine PSA - La Janais </ref> | |||
Ligne 367 : | Ligne 367 : | ||
L'an soixante-six, gorgée de pluies, | L'an soixante-six, gorgée de pluies, | ||
Saoule, la | Saoule, la Vilaine sortit du lit, <ref> inondations de Rennes en octobre 1966 </ref> | ||
Et dégorgea au fil des rues | Et dégorgea au fil des rues | ||
Ligne 389 : | Ligne 389 : | ||
Avec tes étudiants tu danses | Avec tes étudiants tu danses | ||
Et chaque année | Et chaque année tu entres en transes.<ref> Trans Musicales </ref> | ||
Telle | Telle Atalante, déesse mythique, | ||
Tu courres, mais laisses les pommes d’or. | Tu courres, mais laisses les pommes d’or. | ||
Ligne 398 : | Ligne 398 : | ||
Des télécoms aux fibres optiques | Des télécoms aux fibres optiques | ||
Trois mille chercheurs ont fait ton fort. <ref> Rennes Atalante </ref> | |||
Ligne 416 : | Ligne 416 : | ||
Puis métropole un beau matin, | Puis métropole un beau matin, | ||
Tu t’offres un | Tu t’offres un métropolitain.<ref> Métro de Rennes</ref> | ||
Ligne 423 : | Ligne 423 : | ||
Prenant l’air ou souterrain | Prenant l’air ou souterrain | ||
Le | Le VAL filera en navettes | ||
Pour | Pour les citoyens de demain. | ||
Etienne MAIGNEN | Etienne MAIGNEN | ||
===références=== | |||
<references/> |
Version du 10 juin 2011 à 11:08
RENNES D'HISTOIRE ET DE SOUVENIRS
Du plus loin que je me souvienne
Mes souvenirs sont de Rennes
Où je suis né par bonne aubaine
Il y a des années par dizaines.
Du plus loin que je me souvienne,
En cette ville toujours mienne,
Entre Vilaine et Ille et Rance
Sont ici mes souvenirs d’enfance.
Toi qui t'étalais à loisir
Sur tes coteaux avec plaisir,
Tu te replias avec peine
Devant des barbares peu amènes.
Que tu sois née gauloise ou celte,
Tu fus romaine,[1] monnaies l’attestent.
De briques et schistes tu construisis
De rouges remparts de survie. [2]
Il avait battu les Normands
Qui voulurent encore te prendre.
Gurvan,[3] plutôt que se rendre,
Mourant, les bouta fermement.
Ville de rien, ville de catins
Ville de rapines, de malins,
Le jeune Marbode [4] en langue latine
Te cassa des mots sur l’échine.
Le géographe al Idrissi
Dit que l'on vivait bien ici,
A cette époque même où Marbode
Commettait sa vilaine ode.
Une fois l’Anglais de t’investir
Mais ne put jamais s’introduire
Car Notre Dame fit un signe[5]
De son doigt désignant la mine.
En suspendant une truie
A leurs Portes Mordelaises,[6]
Les Rennais, de l'armée anglaise,
tirèrent cochons de grand profit.
Passant la Porte Mordelaise
Pour de Bretagne être duchesse,[7]
La jeune Anne fut bien aise
De voir ses Rennais en liesse.
S'étant enfin rendu Mercoeur,
Tu offres tes clés et tes coeurs
Au roi Henri le quatrième [8]
Qui désire tant que tu l'aimes.
L’an mil sept cent vingt, c'est écrit,[9]
Le feu te prit huit cents logis.
Deux cent soixante quatorze après
L’incendie prenait ton palais.[10]
Maisons à pans et de torchis
Avaient fait place nette au granit.
Deux places tu t’offris royales
Pour ton hôtel, ton présidial.
Enumérant tes incendies,
Certains répètent ce que l'on dit :
A Rennes, rien ne prend, sauf le feu[11]
Et pourtant ils y vivent heureux.
En traitant à la Mabilais,
Tenants des Bleus et des Chouans
Tentèrent de faire la paix[12]
Qui ne dura qu’un bref instant.
Sur ta place de l'Egalité,[13]
Sous le rasoir égalitaire,
Plus de trois cents têtes tombèrent
Pour défaut de citoyenneté.
Tailleur brave,Jean Leperdit [14]
Justement célèbre se rendit
Pour avoir du cruel Carrier[15]
froissé la liste de papier.
Ton opéra, plein d’embonpoint,
Son ventre rond propose en vain
Aux courbes graciles, au campanile
De ton gracieux hôtel de ville.[16]
Duguay-Trouin et Lamennais,
Tu t’es fendue d’une ligne de quais
Au long desquels tu fais la fière
Comme si tu étais port de mer.
En dix huit cent cinquante sept
Arrive le chemin de fer
Et les Rennais tous en fête
Un temps laissent leurs affaires
Puis de tes garçons le lycée
Fut choisi siège du procès [17]
D’honneur terni du capitaine
Sali par le complot de haine.
Des serres de verre à la roseraie
Au Thabor les enfants se jouaient [18]
Du garde manchot claudiquant [19]
Portant sifflet entre ses dents.
Bleus et jaunes les tramways [20]
Ferraillaient, brinquebalaient
Sur les rails luisants et froids
De la mairie jusqu’aux octrois.
Nos trois couleurs plus de mise,
Hommes résédas et souris grises
Un jour envahirent tes rues,[21]
La Marseillaise s’était tue.
Pour un câble qu'il a scié
Coupant leurs communications
Fût fusillé Marcel Brossier[22]
Par les troupes d'occupation.
Avenue Janvier, rue Saint-Hélier,[23]
Les bombardiers avaient laissé
Des tas de ruines, des trous béants[24] [25]
Pour tout logis aux habitants.
Et un beau matin de quatre août,
Les Allemands mis en déroute,
Tu fêtas les Américains,[26]
Prête à de joyeux lendemains.
Peu à peu tu as rebâti
Puis en périphérie construit
Aux arrivants de grands ensembles
Qui leur plaisaient fort, ce me semble.
Au fil des rues tu alignes
Immeubles de toutes origines.
Cà et là crèvent ton plafond
Un Eperon, des Horizons.[27]
Ton collège aux tuiles toscanes
Garda l’enfant, l’adolescent,
Pour lui faire avoir en huit ans
Baccalauréat et peau d’âne.
À l’ombre de Melaine culminant [28]
Entraient en fac les étudiants,
Avocats, juges de demain
Dans cette ville pleine de robins.
Rue d’Estrée et rue Le Bastard,[29]
Le soir venu jusque fort tard
Brûlaient leurs lueurs aguicheuses
Cent enseignes lumineuses.
Au Royal ou bien au Français,
À huit cents ou mille assemblés
Les Rennais en leurs salles obscures [30]
Savouraient Blanche-Neige ou Ben Hur.
Tes cafés-cidre sont partis
Laissant la place aux pizzerias.
Galette saucisse et crêperies [31]
Heureusement sont toujours là.
Le samedi matin tes Lices [32]
Sont parcourus de haut en bas
Par des Rennais qui emplissent
De mille saveurs leurs cabas.
Toujours affluent tes habitants
Au beau stade, route de Lorient
Pour soutenir onze rouge et noir [33]
En espérant bien la victoire.
Sitôt venu le mois de mai
Au Champ de Mars tu rassemblais
Outre Rennais, ruraux en noir
Venus visiter ta foire.
Où dans des champs de haies bordés
Poussaient tranquilles blés et pommiers
De tes lignes de productions
Sortentles voitures aux chevrons. [34]
Tes ardoises s’offrent à nos yeux
Tantôt grises, tantôt bleues
Du ciel changeant de nos saisons,
Tantôt crachin, tantôt rayons.
L'an soixante-six, gorgée de pluies,
Saoule, la Vilaine sortit du lit, [35]
Et dégorgea au fil des rues
Tout le trop plein qu'elle avait bu.
On te disait cité austère
Avec tes arcades de pierres
Ville sévère, de grise mine,
Aux gros pavés, à l’ardoise fine.
Mais aux sons des musiques tu vis.
Quand tombe la nuit tu te réjouis.
Avec tes étudiants tu danses
Et chaque année tu entres en transes.[36]
Telle Atalante, déesse mythique,
Tu courres, mais laisses les pommes d’or.
Des télécoms aux fibres optiques
Trois mille chercheurs ont fait ton fort. [37]
Tu achevas en l’an deux mille
Pour ton transit automobile
De boucler enfin ta ceinture
Où tu laisses filer les voitures.
Les ducs te firent cité ducale
Et de Bretagne la capitale.
Puis métropole un beau matin,
Tu t’offres un métropolitain.[38]
Sur deux lignes et à trois lettres,
Prenant l’air ou souterrain
Le VAL filera en navettes
Pour les citoyens de demain.
Etienne MAIGNEN
références
- ↑ rue Postuminus
- ↑ remparts de Rennes
- ↑ rue Gurvand
- ↑ allée Marbode
- ↑ Basilique Saint-Sauveur
- ↑ Portes Mordelaises
- ↑ Boulevard de la Duchesse Anne
- ↑ Henri IV à Rennes
- ↑ incendie de 1720
- ↑ Evénements des 4 et 5 février 1994
- ↑ A Rennes, rien ne prend, sauf le feu
- ↑ le traité de la Mabilais, une éphémère pacification
- ↑ Place du Parlement de Bretagne
- ↑ Jean Leperdit
- ↑ Carrier à Rennes
- ↑ Place de la Mairie
- ↑ Affaire Dreyfus
- ↑ Parc du Thabor
- ↑ Souvenirs du parc du Thabor
- ↑ Tramway
- ↑ 18 juin 1940 : les troupes allemandes à Rennes, ville traumatisée
- ↑ Marcel Brossier
- ↑ avenue Janvier
- ↑ bombardement du 8 mars 1943
- ↑ bombardements des 9 et 12 juin 1944
- ↑ libération de Rennes
- ↑ Les Horizons
- ↑ Eglise Saint-Melaine
- ↑ rue Le Bastard
- ↑ Anciennes salles de cinéma
- ↑ Galette saucisse
- ↑ Place des Lices
- ↑ Résultats des matches de football, rue du Pré-Botté, un dimanche après-midi des années 50
- ↑ usine PSA - La Janais
- ↑ inondations de Rennes en octobre 1966
- ↑ Trans Musicales
- ↑ Rennes Atalante
- ↑ Métro de Rennes