« Hymne à Rennes » : différence entre les versions

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Ton tailleur maire Jean [[Leperdit]]
Ton tailleur maire [[Jean Leperdit]]


Justement célèbre se rendit
Justement célèbre se rendit

Version du 5 mars 2011 à 12:46

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RENNES D'HISTOIRE ET DE SOUVENIRS


Du plus loin que je me souvienne

Mes souvenirs sont de Rennes

Où je suis né par bonne aubaine

Il y a des années par dizaines.


Du plus loin que je me souvienne,

En cette ville toujours mienne,

Entre Vilaine et Ille et Rance

Sont ici mes souvenirs d’enfance.


Que tu sois née gauloise ou celte,

Tu fus romaine, monnaies l’attestent.

De briques et schistes tu construisis

De rouges remparts de survie.


Ville de rien, ville de catins

Ville de rapines, de malins,

Le jeune Marbode en langue latine

Te cassa des mots sur l’échine.


Or le grand géographe Idrissi

Dit que l'on vivait bien ici,

A cette époque même où Marbode

Commettait sa vilaine ode.


Une fois l’Anglais de t’investir

Mais ne put jamais s’introduire

Car Notre Dame fit un signe

De son doigt désignant la mine.


En suspendant une truie

A leurs belles Portes Mordelaises,

Les Rennais, de l'armée anglaise,

tirèrent cochons de grand profit.


L’an mil sept cent vingt, c'est écrit,

Le feu te prit huit cents logis.

Deux cent soixante quatorze après

L’incendie prenait ton palais.


Maisons à pans et de torchis

Avaient fait place nette au granit.

Deux places tu t’offris royales

Pour ton hôtel, ton présidial.


Enumérant tous tes incendies,

Certains répètent ce que l'on dit :

A Rennes, rien ne prend, sauf le feu

Et pourtant c'est toujours leur chez-eux.


En traitant à la Mabilais

Tenants des Bleus et des Chouans

Tentèrent de faire la paix

Qui ne dura qu’un bref instant.


Sur ta place de l'Egalité,

Sous le rasoir égalitaire,

Plus de trois cents têtes tombèrent

Pour défaut de citoyenneté.


Ton tailleur maire Jean Leperdit

Justement célèbre se rendit

Pour avoir du cruel Carrier

Ôté la liste de papier.


Ton opéra, plein d’embonpoint,

Son ventre rond propose en vain

Aux courbes graciles, au campanile

De ton gracieux hôtel de ville.


Duguay-Trouin et Lamennais,

Tu t’es fendue d’une ligne de quais

Au long desquels tu fais la fière

Comme si tu étais port de mer.


En dix huit cent cinquante sept

Arrive le chemin de fer

Et les Rennais tous en fête

Un temps laissent leurs affaires


Puis de tes garçons le lycée

Fut choisi siège du procès

D’honneur terni du capitaine

Sali par le complot de haine.


Des serres de verre à la roseraie

Au Thabor les enfants se jouaient

Du garde manchot claudiquant

Portant sifflet entre ses dents.


Bleus et jaunes les tramways

Ferraillaient, brinquebalaient

Sur les rails luisants et froids

De la mairie jusqu’aux octrois.


Nos trois couleurs plus de mise,

Hommes résédas et souris grises

Un jour envahirent tes rues,

La Marseillaise s’était tue.


Pour un câble qu'il avait scié

Coupant leurs communications

Fût fusillé Marcel Brossier

Par les troupes d'occupation.


Avenue Janvier, rue Saint-Hélier,

Les bombardiers avaient laissé

Des tas de ruines, des trous béants

Pour tout logis aux habitants.


Et un beau matin de quatre août,

Les Allemands enfin en déroute,

Tu acclamas les Américains,

Prête à vivre de beaux lendemains.


Peu à peu tu as tout rebâti

Puis en périphérie construit

Aux arrivants de grands ensembles

Qui leur plaisaient fort, ce me semble.


Au fil de tes rues tu alignes

Immeubles de toutes origines.

Cà et là crèvent ton plafond

Un Eperon, des Horizons.


Ton collège aux tuiles toscanes

Garda l’enfant, l’adolescent,

Pour lui faire obtenir en huit ans

Du baccalauréat la peau d’âne.


À l’ombre de Melaine culminant

Entraient en fac les étudiants,

Avocats, juges de demain

Dans cette ville de robins.


Rue d’Estrée, et rue Le Bastard,

Le soir venu jusque fort tard

Brûlaient leurs lueurs aguicheuses

Cent enseignes lumineuses.


Au Royal ou bien au Français,

À huit cents ou mille assemblés

Les Rennais en leurs salles obscures

Savouraient Blanche-Neige ou Ben Hur.


Tes cafés-cidre sont partis

Laissant la place aux pizzerias.

Galettes saucisses et crêperies

Heureusement sont toujours là.


Toujours affluent tes habitants

Au vieux stade, route de Lorient

Pour soutenir onze rouge et noir

En espérant bien la victoire.


Sitôt venu le mois de mai

Au Champ de Mars tu rassemblais

Outre Rennais, ruraux en noir

Venus visiter ta foire.


Où dans des champs de haies bordés

Poussaient tranquilles blés et pommiers

De tes lignes de productions

Sortent les voitures aux chevrons.


Tes ardoises s’offrent à nos yeux

Tantôt grises, tantôt bleues

Du ciel changeant de nos saisons,

Tantôt crachin, tantôt rayons.


L'an soixante-six, gorgée de pluies,

Saoûle, la Vilaine sortit du lit,

Et dégorgea au fil de tes rues

Le trop plein de ce qu'elle avait bu.


On te disait cité austère

Avec tes arcades de pierres

Ville sévère, de grise mine,

Aux gros pavés, à l’ardoise fine.


Mais aux sons des musiques tu vis.

Quand tombe la nuit tu te réjouis.

Avec tes étudiants tu danses

Et chaque année tu entres en transes.


Telle Atalante, déesse mythique,

Tu courres, mais laisses les pommes d’or.

Des télécoms aux fibres optiques

Deux mille chercheurs ont fait ton fort.


Tu achevas en l’an deux mille

Pour ton transit automobile

De boucler enfin ta ceinture

Où tu laisses filer les voitures.


Les ducs te firent cité ducale

Et de Bretagne la capitale.

Puis métropole un beau matin,

Tu t’offres un métropolitain.


Sur deux lignes et à trois lettres,

Prenant l’air ou souterrain

Le VAL filera en navettes

Pour les citoyens de demain.


Etienne MAIGNEN