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(acques-Julien Hévin (1728-1775) fut maire de Rennes (1758-1775). Arrière-petit-fils du célèbre jurisconsulte Pierre Hévin III (1623-1692), il est le dernier descendant mâle de la famille Hévin, seule dynastie municipale de Rennes.)
 
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Jacques-Julien Hévin (1728-1775) fut maire de Rennes de 1758 à 1775. Arrière-petit-fils du célèbre jurisconsulte Pierre Hévin III (1623-1692), il est le dernier descendant mâle de la famille Hévin, seule dynastie municipale de Rennes.
Jacques-Julien Hévin (1728-1775) fut maire de Rennes de 1758 à 1775 et conseiller au siège Présidial de Rennes. Arrière-petit-fils du célèbre jurisconsulte Pierre Hévin III (1623-1692), il est le dernier descendant mâle de la famille Hévin, seule dynastie municipale de Rennes. Il est suspendu dans sa fonction de maire en 1766 par Louis XV dans le cadre de l'« Affaire de Bretagne » ou « Affaire La Chalotais ».


Biographie
== Biographie ==
Jacques-Julien Hévin naît le 27 septembre 1728 à Rennes. Il est le fils de Jacques-Jean Hévin (1705-1758), conseiller au siège Présidial de Rennes et maire de Rennes de janvier à septembre 1742; et de Anne-Marie Jamoays (1705-1760)<ref>Archives municipales de Rennes, GGSTJE11, vue 25. Acte de baptême de Jacques-Julien Hévin.</ref>.


Jacques-Julien Hévin naît le 27 septembre 1728 à Rennes. Il est le fils de Jacques-Jean Hévin, conseiller au siège Présidial de Rennes et maire de Rennes de janvier à septembre 1742; et de Anne-Marie Jamoays.
Le 6 juillet 1756, Jacques-Julien Hévin, depuis peu greffier en chef de la première chambre des enquêtes du Parlement de Bretagne, épouse Renée-Marie-Rose Bureau (1736-1826) fille d'Augustin-François Bureau (1694-1772) avocat au Parlement, ancien bâtonnier de messieurs les avocats du Parlement de Bretagne et l'un des administrateurs des hôpitaux de Rennes; et de Jeanne-Rose Barbereau (1702-1743)<ref>Archives municipales de Rennes, GGSTGE36, vue 37. Acte de mariage.</ref>.


Le 6 juillet 1756, Jacques-Julien Hévin, depuis peu greffier en chef de la première chambre des enquêtes du Parlement de Bretagne, épouse Renée-Marie-Rose Bureau (1736-1826) fille d'Augustin-François Bureau (1694-1772) avocat au Parlement, ancien bâtonnier de messieurs les avocats du Parlement de Bretagne et l'un des administrateurs des hôpitaux de Rennes; et de Jeanne-Rose Barbereau (1702-1743).
Le 9 mars 1758, Jacques-Julien Hévin acquiert de Jean Baillon (maire de Rennes de 1743 à 1758) les deux offices de maire<ref>Archives municipales de Rennes, BB 645, vues 8-9.</ref>. Le 30 avril, il est intronisé comme maire de la ville et communauté de Rennes. La même année, il devient conseiller au siège Présidial de Rennes<ref>Frédéric Saulnier, ''Pierre Hévin et sa famille à Rennes (1620-1775). Notice généalogique'', Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, Tome XIV, 1880, p. 302-303.</ref>.


Le 9 mars 1758, Jacques-Julien Hévin acquiert de Jean Baillon (maire de Rennes de 1743 à 1758) les deux offices de maire. Le 30 avril de la même année, il est intronisé comme maire de la ville et communauté de Rennes. Jacques-Julien est à la tête de la municipalité jusqu'au 9 mars 1766, date de sa suspension par ordre royal, puis il réintègre ses fonctions le 1er février 1775 jusqu'à sa mort le 26 avril de la même année. Jacques-Julien Hévin est inhumé le 27 avril 1775 dans le cimetière de l'église paroissiale de Gévezé car il était seigneur de la Thébaudais, une propriété située dans la paroisse de Gévezé.
Jacques-Julien est à la tête de la municipalité jusqu'au 9 mars 1766, date de sa suspension par ordre royal<ref>Archives municipales de Rennes, BB 659, vue 15 ; BB 669, vue 12. Séance du 23 février 1775.</ref>, puis il réintègre ses fonctions le 1er février 1775 jusqu'à sa mort le 26 avril de la même année dans sa maison située à l'angle des rues de Bourbon (l'actuelle rue Edith Cavell) et du Vau Saint-Germain. Jacques-Julien Hévin est inhumé le 27 avril 1775 dans le cimetière de l'église paroissiale de Gévezé car il était seigneur de la Thébaudais, une propriété située dans la paroisse de Gévezé<ref>Archives municipales de Rennes, GGSTGE47, vue 82. Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 10 NUM 35120 174, Gévezé, vue 11.</ref>.


Mandats de maire
Jacques-Julien Hévin meurt sans descendance. De son union avec Renée-Marie-Rose Bureau, un seul enfant est mentionné : un fils mort-né le 6 octobre 1758.


L'« Affaire de Bretagne » ou « Affaire La Chalotais »
== L'« Affaire de Bretagne » ou « Affaire La Chalotais » ==
 
=== Contexte historique ===
L'Affaire de Bretagne est un conflit, pendant le règne de Louis XV, qui opposa Louis-René de Caradeuc La Chalotais procureur général du Parlement de Bretagne à Emmanuel-Armand De Vignerot du Plessis duc d'Aiguillon, pair de France et commandant en chef de Bretagne. Au conflit qui débute en 1764 sur fond de fiscalité, se greffe une querelle personnelle entre ces deux protagonistes.
 
La crise s'enflamme lorsque les Parlements de province s'allient entre eux par solidarité envers La Chalotais. En réaction, la réforme du chancelier Maupéou qui réorganise les Parlements est imposée<ref>Jean Quéniart, La Bretagne au XVIIIe siècle (1675-1789), Rennes, Ouest-France, 2004, p. 86-115.</ref>. Jacques-Julien Hévin, lié à la famille du procureur général les De Caradeuc comme on peut le voir grâce à cet arbre généalogique simplifié, s'engage au côté de son parent, ce qui entraîne sa suspension.
 
=== Suspension du maire de Rennes ===
Jacques-Julien Hévin est suspendu de ses fonctions de maire de la Ville et Communauté de Rennes sur ordre de Louis XV daté du 9 mars 1766 et fait à Versailles<ref>Archives municipales de Rennes, BB 26, Office de maire de Mr Hévin (1758- an XIII).</ref>. Il ne peut plus assister aux assemblées de la communauté, s'immiscer directement ou indirectement dans les affaires qui la concernent et prendre « connoissance d'aucune des parties de l'administration ». Jacques-Julien Hévin et les officiers du Bureau de la Communauté s'ils ne respectent pas ces conditions peuvent être accusés de désobéissance.
 
Jacques-Julien Hévin malgré sa suspension de 9 ans n'est pas remplacé par le pouvoir royal. Elle prend fin suite à la mort de Louis XV le 10 mai 1774 et à l'avènement de Louis XVI qui prône l'apaisement. L'ordre de Louis XVI daté du 1er février 1775 rétablit Jacques-Julien Hévin dans ses fonctions. Le second mandat de maire de Jacques-Julien Hévin est très bref, il ne dure que 84 jours (entre le 1er février et le 26 avril date de sa mort).
 
=== Raisons de la suspension ===
[[Fichier:Liens de parenté entre Jacques-Julien Hévin et Louis-René de Caradeuc La Chalotais.png|vignette|Liens de parenté entre Jacques-Julien Hévin et Louis-René de Caradeuc La Chalotais.]]
Jacques-Julien Hévin est suspendu pour deux raisons : son engagement avec son parent le procureur-général et à cause des tensions avec Charles-René Audouard subdélégué de l'Intendance de Rennes. Le passif avec ce dernier semble avoir joué un rôle important. Dès 1763, Charles-René Audouard accuse Jacques-Julien Hévin de surfacturer l'entretien des fusils de la milice<ref>Joris Guillemot, Joris, Sébastien Didier, ''Subdélégué et major de la milice bourgeoise, Charles René Audouard, un Rennais au cœur de l’« affaire » de Bretagne (1764-1769)'', Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 2017/4 (n° 124-4), p. 65-82.</ref>. Puis en 1770 lors du procès du subdélégué de l'Intendance, Jacques Julien Hévin « accusa le major de l'avoir menacé en mars 1766 de révéler sa mauvaise gestion des fonds communaux pour le contraindre à quitter ses fonctions s’il ne lui donnait pas des informations sur La Chalotais »<ref>Joris Guillemot, Joris, Sébastien Didier, ''Subdélégué et major de la milice bourgeoise, Charles René Audouard, un Rennais au cœur de l’« affaire » de Bretagne (1764-1769)'', Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 2017/4 (n° 124-4), p. 65-82.</ref>. Le 9 mars 1766, Jacques-Julien Hévin était suspendu sur décision royale. Ainsi, les deux facteurs que sont l'engagement du maire de Rennes en faveur de son parent et son animosité avec le subdélégué de l'Intendance, ont certainement joué un rôle prépondérant dans la suspension de Jacques-Julien Hévin.
 
== La famille Hévin, une dynastie municipale ==
La famille Hévin est la seule dynastie municipale de Rennes, c'est-à-dire l'unique fratrie qui a placé trois de ses membres à la tête de la ville : Pierre Hévin III (1623-1692) est procureur-syndic de mars 1671 à janvier 1674, Jacques-Jean Hévin (1705-1758) est maire de janvier à septembre 1742 et enfin Jacques-Julien Hévin est maire de 1758 à 1775 (avec une suspension entre 1766 et 1775 mais il n'est pas remplacé). De plus, les Hévin sont apparentés à Toussaint-François Rallier du Baty, maire et procureur-syndic de Rennes de 1695 à 1734.

Version actuelle datée du 10 décembre 2020 à 19:33


Jacques-Julien Hévin (1728-1775) fut maire de Rennes de 1758 à 1775 et conseiller au siège Présidial de Rennes. Arrière-petit-fils du célèbre jurisconsulte Pierre Hévin III (1623-1692), il est le dernier descendant mâle de la famille Hévin, seule dynastie municipale de Rennes. Il est suspendu dans sa fonction de maire en 1766 par Louis XV dans le cadre de l'« Affaire de Bretagne » ou « Affaire La Chalotais ».

Biographie

Jacques-Julien Hévin naît le 27 septembre 1728 à Rennes. Il est le fils de Jacques-Jean Hévin (1705-1758), conseiller au siège Présidial de Rennes et maire de Rennes de janvier à septembre 1742; et de Anne-Marie Jamoays (1705-1760)[1].

Le 6 juillet 1756, Jacques-Julien Hévin, depuis peu greffier en chef de la première chambre des enquêtes du Parlement de Bretagne, épouse Renée-Marie-Rose Bureau (1736-1826) fille d'Augustin-François Bureau (1694-1772) avocat au Parlement, ancien bâtonnier de messieurs les avocats du Parlement de Bretagne et l'un des administrateurs des hôpitaux de Rennes; et de Jeanne-Rose Barbereau (1702-1743)[2].

Le 9 mars 1758, Jacques-Julien Hévin acquiert de Jean Baillon (maire de Rennes de 1743 à 1758) les deux offices de maire[3]. Le 30 avril, il est intronisé comme maire de la ville et communauté de Rennes. La même année, il devient conseiller au siège Présidial de Rennes[4].

Jacques-Julien est à la tête de la municipalité jusqu'au 9 mars 1766, date de sa suspension par ordre royal[5], puis il réintègre ses fonctions le 1er février 1775 jusqu'à sa mort le 26 avril de la même année dans sa maison située à l'angle des rues de Bourbon (l'actuelle rue Edith Cavell) et du Vau Saint-Germain. Jacques-Julien Hévin est inhumé le 27 avril 1775 dans le cimetière de l'église paroissiale de Gévezé car il était seigneur de la Thébaudais, une propriété située dans la paroisse de Gévezé[6].

Jacques-Julien Hévin meurt sans descendance. De son union avec Renée-Marie-Rose Bureau, un seul enfant est mentionné : un fils mort-né le 6 octobre 1758.

L'« Affaire de Bretagne » ou « Affaire La Chalotais »

Contexte historique

L'Affaire de Bretagne est un conflit, pendant le règne de Louis XV, qui opposa Louis-René de Caradeuc La Chalotais procureur général du Parlement de Bretagne à Emmanuel-Armand De Vignerot du Plessis duc d'Aiguillon, pair de France et commandant en chef de Bretagne. Au conflit qui débute en 1764 sur fond de fiscalité, se greffe une querelle personnelle entre ces deux protagonistes.

La crise s'enflamme lorsque les Parlements de province s'allient entre eux par solidarité envers La Chalotais. En réaction, la réforme du chancelier Maupéou qui réorganise les Parlements est imposée[7]. Jacques-Julien Hévin, lié à la famille du procureur général les De Caradeuc comme on peut le voir grâce à cet arbre généalogique simplifié, s'engage au côté de son parent, ce qui entraîne sa suspension.

Suspension du maire de Rennes

Jacques-Julien Hévin est suspendu de ses fonctions de maire de la Ville et Communauté de Rennes sur ordre de Louis XV daté du 9 mars 1766 et fait à Versailles[8]. Il ne peut plus assister aux assemblées de la communauté, s'immiscer directement ou indirectement dans les affaires qui la concernent et prendre « connoissance d'aucune des parties de l'administration ». Jacques-Julien Hévin et les officiers du Bureau de la Communauté s'ils ne respectent pas ces conditions peuvent être accusés de désobéissance.

Jacques-Julien Hévin malgré sa suspension de 9 ans n'est pas remplacé par le pouvoir royal. Elle prend fin suite à la mort de Louis XV le 10 mai 1774 et à l'avènement de Louis XVI qui prône l'apaisement. L'ordre de Louis XVI daté du 1er février 1775 rétablit Jacques-Julien Hévin dans ses fonctions. Le second mandat de maire de Jacques-Julien Hévin est très bref, il ne dure que 84 jours (entre le 1er février et le 26 avril date de sa mort).

Raisons de la suspension

Liens de parenté entre Jacques-Julien Hévin et Louis-René de Caradeuc La Chalotais.

Jacques-Julien Hévin est suspendu pour deux raisons : son engagement avec son parent le procureur-général et à cause des tensions avec Charles-René Audouard subdélégué de l'Intendance de Rennes. Le passif avec ce dernier semble avoir joué un rôle important. Dès 1763, Charles-René Audouard accuse Jacques-Julien Hévin de surfacturer l'entretien des fusils de la milice[9]. Puis en 1770 lors du procès du subdélégué de l'Intendance, Jacques Julien Hévin « accusa le major de l'avoir menacé en mars 1766 de révéler sa mauvaise gestion des fonds communaux pour le contraindre à quitter ses fonctions s’il ne lui donnait pas des informations sur La Chalotais »[10]. Le 9 mars 1766, Jacques-Julien Hévin était suspendu sur décision royale. Ainsi, les deux facteurs que sont l'engagement du maire de Rennes en faveur de son parent et son animosité avec le subdélégué de l'Intendance, ont certainement joué un rôle prépondérant dans la suspension de Jacques-Julien Hévin.

La famille Hévin, une dynastie municipale

La famille Hévin est la seule dynastie municipale de Rennes, c'est-à-dire l'unique fratrie qui a placé trois de ses membres à la tête de la ville : Pierre Hévin III (1623-1692) est procureur-syndic de mars 1671 à janvier 1674, Jacques-Jean Hévin (1705-1758) est maire de janvier à septembre 1742 et enfin Jacques-Julien Hévin est maire de 1758 à 1775 (avec une suspension entre 1766 et 1775 mais il n'est pas remplacé). De plus, les Hévin sont apparentés à Toussaint-François Rallier du Baty, maire et procureur-syndic de Rennes de 1695 à 1734.

  1. Archives municipales de Rennes, GGSTJE11, vue 25. Acte de baptême de Jacques-Julien Hévin.
  2. Archives municipales de Rennes, GGSTGE36, vue 37. Acte de mariage.
  3. Archives municipales de Rennes, BB 645, vues 8-9.
  4. Frédéric Saulnier, Pierre Hévin et sa famille à Rennes (1620-1775). Notice généalogique, Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, Tome XIV, 1880, p. 302-303.
  5. Archives municipales de Rennes, BB 659, vue 15 ; BB 669, vue 12. Séance du 23 février 1775.
  6. Archives municipales de Rennes, GGSTGE47, vue 82. Archives départementales d'Ille-et-Vilaine, 10 NUM 35120 174, Gévezé, vue 11.
  7. Jean Quéniart, La Bretagne au XVIIIe siècle (1675-1789), Rennes, Ouest-France, 2004, p. 86-115.
  8. Archives municipales de Rennes, BB 26, Office de maire de Mr Hévin (1758- an XIII).
  9. Joris Guillemot, Joris, Sébastien Didier, Subdélégué et major de la milice bourgeoise, Charles René Audouard, un Rennais au cœur de l’« affaire » de Bretagne (1764-1769), Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 2017/4 (n° 124-4), p. 65-82.
  10. Joris Guillemot, Joris, Sébastien Didier, Subdélégué et major de la milice bourgeoise, Charles René Audouard, un Rennais au cœur de l’« affaire » de Bretagne (1764-1769), Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, 2017/4 (n° 124-4), p. 65-82.