« La mort mystérieuse de l'amiral de Villeneuve » : différence entre les versions

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''Villeneuve''
''Villeneuve''


Le vice-amiral aurait lu le soir même un ouvrage anglais, intitulé ''The Heart'' (''Le cœur'') donnant toutes indications sur la façon d'atteindre l'organe<ref>''La mort de l'amiral de Villeneuve''. A. V. La revue française. Vol. 4 - Hoskin & Snowden. New-York - 1835</ref>. Divers écrits, contradictoires, voire de fabulation, font pencher vers le suicide ou l'assassinat  <ref>[http://www.histoire-empire.org/marine/la_mort_de_villeneuve.htm La mort de Villeneuve], sur le site Histoire Empire</ref>.  L'enquête menée par la police de Fouché conclue à un suicide, confirmé par le docteur O'Meara, médecin à Sainte-Hélène de Napoléon qui lui confiera :" J'ai donné l'ordre à Villeneuve de rester à Rennes, il s'y est renseigné sur l'anatomie et s'est piqué d'une stylet vers le coeur". On peut toutefois s'étonner de propos que l'Empereur aurait tenus rapportés par O'Meara faisant état d'une épingle : ''« Villeneuve, lorsqu’il fut fait prisonnier par les Britanniques, fut tellement affligé de sa défaite qu’il étudia l’anatomie pour se détruire lui-même. À cet effet, il acheta plusieurs gravures anatomiques du cœur, et les compara avec son propre corps, pour s’assurer exactement de la position de cet organe. Lors de son arrivée en France, je lui ordonnai de rester à Rennes et de ne pas venir à Paris. Villeneuve craignant d’être jugé par un conseil de guerre, pour avoir désobéi à mes ordres, et conséquemment avoir perdu la flotte (car je lui avais ordonné de ne pas mettre à la voile et de ne pas s’engager avec les Britanniques), résolut de se détruire. En conséquence, il prit ses gravures du cœur, les compara de nouveau avec sa poitrine, fit exactement au centre de la gravure une longue piqûre avec une longue épingle, fixa ensuite cette épingle, autant que possible, à la même place, contre sa poitrine, l’enfonça jusqu’à la tête qui pénétra le cœur et il expira. Lorsque l'on ouvrit sa chambre, on le trouva mort ; l’épingle était dans sa poitrine, et la marque faite dans la gravure correspondait à la blessure de son sein. Il n’aurait pas dû agir ainsi, c’était un brave, bien qu’il n’eût aucun talent. »'' <ref>"''Napoleon in exile; or, A voice from St. Helena. The opinions and reflections of Napoleon on the most important events of his life and government in his own words'' " O'Meara Ed. Simpkin & Marshall London - 1822)</ref>
Le vice-amiral aurait lu le soir même un ouvrage anglais, intitulé ''The Heart'' (''Le cœur'') donnant toutes indications sur la façon d'atteindre l'organe<ref>''La mort de l'amiral de Villeneuve''. A. V. La revue française. Vol. 4 - Hoskin & Snowden. New-York - 1835</ref>. Divers écrits, contradictoires, voire de fabulation, font pencher vers le suicide ou l'assassinat  <ref>[http://www.histoire-empire.org/marine/la_mort_de_villeneuve.htm La mort de Villeneuve], sur le site Histoire Empire</ref>.  L'enquête menée par la police de Fouché conclue à un suicide, confirmé par le docteur O'Meara, médecin à Sainte-Hélène de Napoléon qui lui confiera :" J'ai donné l'ordre à Villeneuve de rester à Rennes, il s'y est renseigné sur l'anatomie et s'est piqué d'une stylet vers le cœur". On peut toutefois s'étonner de propos que l'Empereur aurait tenus rapportés par Barry O'Meara faisant état d'une épingle : ''« Villeneuve, lorsqu’il fut fait prisonnier par les Britanniques, fut tellement affligé de sa défaite qu’il étudia l’anatomie pour se détruire lui-même. À cet effet, il acheta plusieurs gravures anatomiques du cœur, et les compara avec son propre corps, pour s’assurer exactement de la position de cet organe. Lors de son arrivée en France, je lui ordonnai de rester à Rennes et de ne pas venir à Paris. Villeneuve craignant d’être jugé par un conseil de guerre, pour avoir désobéi à mes ordres, et conséquemment avoir perdu la flotte (car je lui avais ordonné de ne pas mettre à la voile et de ne pas s’engager avec les Britanniques), résolut de se détruire. En conséquence, il prit ses gravures du cœur, les compara de nouveau avec sa poitrine, fit exactement au centre de la gravure une longue piqûre avec une longue épingle, fixa ensuite cette épingle, autant que possible, à la même place, contre sa poitrine, l’enfonça jusqu’à la tête qui pénétra le cœur et il expira. Lorsque l'on ouvrit sa chambre, on le trouva mort ; l’épingle était dans sa poitrine, et la marque faite dans la gravure correspondait à la blessure de son sein. Il n’aurait pas dû agir ainsi, c’était un brave, bien qu’il n’eût aucun talent. »'' <ref>"''Napoleon in exile; or, A voice from St. Helena. The opinions and reflections of Napoleon on the most important events of his life and government in his own words'' " O'Meara Ed. Simpkin & Marshall London - 1822)</ref>
 
De Saint-Cloud, le 26 avril 1806, Napoléon écrit au vice-amiral Decrès et, étrangement, ne veut pas qu'on fasse état de la lettre de Villeneuve à son épouse, comme si cette pièce était écartée comme gênante :
 
''Monsieur Decrès, je pense qu’il faut que vous fassiez faire une relation par le médecin de l’amiral Villeneuve pour être mise dans les journaux de lundi, et, s’il est possible, même demain, afin d’empêcher que de fausses directions s’emparent de cette affaire. Vous ferez imprimer les deux lettres que vous lui avez écrites et celles qu’il vous a répondues, la relation du médecin et le rapport du maréchal Moncey qui dit comment on l’a trouvé mort. Il est inutile de parler de la lettre à sa femme.''
 
===ou assassinat ?===
===ou assassinat ?===
Mais le rapport de police fait état de six coups de couteau. Deux policiers les ont constatés. Il est difficile d'admettre qu'une personne voulant se suicider se donne six coups de couteau dans la poitrine, sauf à admettre que le couteau étant un couteau de table, la lame pénétrait difficilement en profondeur et l'amiral, ayant fort mal repéré l'emplacement du cœur malgré son livre, se serait obstiné. L’un des enquêteurs, François Martin, magistrat de sûreté pour l’arrondissement de Rennes, prescrivit logiquement l’ouverture d’une enquête : ''ayant été instruit que cette mort est le résultat de plusieurs coups de couteau : que, dans pareille circonstance, il est nécessaire d’épuiser toutes les preuves pour connaître parfaitement les causes ou les auteurs d’un pareil événement, nous avons rendu plainte d’office contre tous auteurs, fauteurs ou complices de ce meurtre''. Martin n'est pas Fouché et la thèse du suicide prévaudra.
Mais le rapport de police fait état de six coups de couteau. Deux policiers les ont constatés. Il est difficile d'admettre qu'une personne voulant se suicider se donne six coups de couteau dans la poitrine, sauf à admettre que le couteau étant un couteau de table, la lame pénétrait difficilement en profondeur et l'amiral, ayant fort mal repéré l'emplacement du cœur malgré son livre, se serait obstiné. L’un des enquêteurs, François Martin, magistrat de sûreté pour l’arrondissement de Rennes, prescrivit logiquement l’ouverture d’une enquête : ''ayant été instruit que cette mort est le résultat de plusieurs coups de couteau : que, dans pareille circonstance, il est nécessaire d’épuiser toutes les preuves pour connaître parfaitement les causes ou les auteurs d’un pareil événement, nous avons rendu plainte d’office contre tous auteurs, fauteurs ou complices de ce meurtre''. Martin n'est pas Fouché et la thèse du suicide prévaudra.