La métairie de la Rablais est-elle divisible en trois ?

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La métairie de la Rablais est-elle divisible en trois ? est la question qui opposent Marguerite Corneille et les enfants Raoul Maisonneuve sous le regard du présidial de Rennes en 1777. Cette métairie se situe, comme la métairie de la Maltière, au nord de la paroisse de Saint-Jacques-de-la-Lande, à proximité de la limite sud de Rennes. A raison de 48,623 ares le journal, cette affaire apprend qu'elle occupait 14,2 hectares, mais d'une terre relativement pauvre et en partie inondable en bordure du Blosne.

Chacun a choisi un expert et l'expert tiers est rien moins que Joseph Anne Leconte, architecte et ingénieur du parlement. Le présidial a rendu une sentence le 13 novembre 1777 et il est fait référence à un partage du 12 août 1743 (Me. Richelot) dans le Prisage de la métairie et retenue de la Rablais dépendant de la succession de Marguerite Lebreton, commencé le 19 février 1778, et dont l'essentiel du procès-verbal suit, dans lequel le site est appelé la Rabelaiserie.


Nous nous sommes, ce jour dix neuf feuvrier mille sept cent soixante dix huit, transportés au village du Temple où est située laditte metairie, et entrés dans la maison y avons trouvé Perrinne Lorieux, fermiere, que nous avons priée de nous faire la montrée de tout ce qui depend de la retenue et de la metairie...

Retenue

Elle consiste dans la partie cy apres designée d'un corps de logis basti de murs de terre sur fondement de pierres, avisagée à l'orient, couvert en ardoises et en croupe rabatue ; ledit corps de logis qui a trante huit pieds de long sur vingt deux de profondeur, est composé de deux embas separés par un transport. L'embas vers nord sert de demeure au fermier : il a cheminée et fenestre grillée. Sa porte d'entrée à l'orient sur la cour, une autre dans le mur vers midi pour communiquer au transport, et une troisième porte condamnée qui ouvrait sur le jardin à l'occident.

L'embas au bout vers midi sert de cellier ; il n'a ni cheminée ni ouverture de fenestre et est separé du transport par une mauvaise cloison de bois et terrasse. Au bout occidental du transport est un escalier de bois en charpente qui dessert une chambre et un cabinet au dessus des deux embas et transport. La chambre a cheminée et deux croisées ; l'une à l'orient et l'autre à l'occident. Le cabinet qui est retranché par l'escalier n'a point de cheminée et est eclairé par trois croisées, orient, midi et occident. Le mesme escalier dessert aussy le grenier au dessus de la chambre et du cabinet. Au bout du grenier vers midi a esté pratiqué un tres petit cabinet sous la croupe de la couverture, ecclairé par une petite fenestre au midi fermante avec un volet de bois.

A l'exception de l'embas vers nord qui sert de demeure au fermier, tout le surplus dudit logis forme la retenue avec le jardin cy apres. Le jardin de retenue à l'occident dudit logis et de ceux qui suivent est divisé en quatre quartiers garnis d'arbres fruitiers, languissant, remplis de chancre et de mousse, et quelqu'uns rabougris. Au bout occident est une petite charmille et un petit reposouer non fermé placé au milieu occidental de la charmille. Le partage de 1743 reffere à ce bout du jardin un petit verger separé par une haye d'epines, lequel n'existe plus, et que la Lorieu nous a declaré avoir esté reuni au jardin. Elle nous a pareillement declaré que les legumes luy appartiennent ; qu'on luy laisse les carrés du jardin pour son usage ; que le Sr. de la Rue Corneille ne retient que les fruit des arbres qu'il fait tailler à ses frais.

Prisage fait en general apres l'avoir esté en particulier tant des parties dudit logis cy devant describés que dudit jardin qui forment toute la retenue ; nous ditd Boullé et Leconte estimons qu'elle doit valoir de revenu annuel eu egard à l'elevation, à l'exposition, à l'aridité du sol et l'abandon des carrés, et à l'etat des arbres fruitiers, la somme de vingt quatre livres, et moy dit Maugé, la somme de trante six livres, attandu que le jardin de retenue est reservé en entier par l'acte de ferme du 9 7bre. 1774 au raport de Bertault et son confrere, notaires de juridictions.

Maisons et logemens du fermier

Ils consistent d'abord dans l'embas vers nord du logis cy devant mentionné, qui sert de demeure au fermier. Ensuite dans deux estres de maisons aussy en murs de terre sur fondement de pierres qui ont de long trante pieds et vingt deux de profondeur, qui sont dans le meme allignement que le precedent logis, aussi couverts en ardoises, mais moins elevés. L'estre vers midi sert d'etable, a une porte sur la cour, l'autre vers nord, a cheminée, sert de buanderie, a deux portes, l'une sur la cour, l'autre condamnée sur le jardin à l'occident, grenier au dessus de ces deux estres, dont le plancher est de nulle valeur, et qui se sert par une echelle en dehors.

Le partage de 1743 reffere au nord de ces deux estres un petit deport qui n'existe plus et sur lequel a esté basti un corps de logis construit en pans de bois et terrasse et murette sous seule avisagé à l'orient et couvert en ardoises. Ce corps de logis est divisé en deux parties par une cloison de planches sur bout. La partie vers midi sert d'etable, a porte et fenestre à l'orient sur la cour ; la partie vers nord a aussi porte et fenestre sur la cour, une autre porte sur la piece du puits, une troisieme sur la cage de l'escalier. Pres l'angle nord et occidental est la cage de l'escalier sous lequel on a etabli un siege d'aisance. L'escalier en charpente dessert une grande chambre sans cheminée dont le plancher inferieur est en planches enbourvetés. Elle est eclairée vers orient par quatre croisées, par deux vers occident et par deux autres au bout vers nord.

Au dessus de laditte chambre est un grenier ecclairé par deux gerbieres du costé d'orient et desservi par le meme escalier.

Cour au devant de toutes les maisons, dans laquelle est un reffuge à porcs d'onze pieds en quarré basti de murs de terre qui sont en mauvais etat, un petit grenier couvert en paille. Le jardin qui lors du partage de 1743 etait dans une partie de la cour n'existe plus.

Toutes lesquelles maisons et logemens qui sont de la metairie, avec le droit de cuire au four de l'epouse du Sr. Gedouin, contribuant à l'entretien, prisées en general apres l'avoir esté en particulier et eu egard à leur etat actuel, nous dits experts et tiers estimons valoir de revenu annuel la somme de quatre vingt quinze livres.

Terres

  • De la cour, nous sommes entrés dans une piece de terre en labeur nommée la piece du puits, à cause du puits qui est à son entrée, plantée de plusieurs rangées de jeunes pommiers bien venans, joignant du bout d'orient terre de l'epouse du Sr. Gedouin, d'autre bout le chemin des Vergers, du costé de midi laditte cour, le dernier corps de logis et le jardin de retenue, d'autre costé les pieces des rues cy apres, laquelle piece donnée par le partage pour contenir un journal vingt six cordes [64,4 ares], nous dits experts et tiers estimons valoir de revenu annuel à cause de son plan, de sa proximité et de sa situation, la somme de vingt huit livres.
  • les deux pièces nommées Bout de rue qui sont reunies, au nord de la precedente la joignant du bout de midy, d'autre bout le chemin qui conduit au Petites Fontaines, du costé d'orient terre du Sr. Gedouin à cause de son epouse et des heritiers de Jan Boullé et de Renée Ruault, d'autre costé le chemin des Vergers ... deux journées (!) soixante une corde [134,3 ares] ... 45
  • De là, nous avons esté conduits dans la piece des Ormeaux à laquelle la petite piece Godard a esté reunie, joint du bout d'orient à la piece de l'Ecolle apartenant à l'epouse du Sr. Gedouin, d'autre bout le chemin qui mène à la prée Hubert, du costé nord le chemin qui conduit au grand chemin du Pont Reant, du costé de midy tant à la piece de la Jannaye cy apres qu'à la piece des Hauts Champs acquise par le Delle. Corneille du Sr. Belorient L'Effondré... trois journaux quatre cordes [148,3 ares]... 40
  • la piece Godard avec ses hayes autour fors une partie du bout du nord, joint dudit bout nord la ditte piece des Hauts Champs, du costé d'orient terre du Sr. du Dezert, d'autre costé à la Jannaye en prairie, du bout de midy terre cy apres... deux journaux cinquante cinq cordes [130,7 ares] ... 41 livres 5 sols
  • la piece du Commun et le pré des Guains au bas d'icelle et actuellement en pature et separés par un talut avec fossé, joint du bout d'orient au commun du Temple, d'autre bout la prée Hubert, du costé de midy terre du Sr. du Dezert, du costé nord la piece Godard cy devant et la piece de la Jannaye cy apres ... quatre journaux trante quatre cordes [215,2 ares]... 45
  • laditte piece de la Jannaye faite en hache, joint du nord le champ des Ormeaux, du costé d'orient le champ Godard et les Hauts Champs, du midi la pasture des Guains, d'occident la prée Hubert cy apres... deux journaux seize cordes [107 ares] ... 31,5
  • la prée Hubert, noble sans rachapt mais sujette au fieff, composée de plusieurs pieces reunies, joint du bout nord au pré de la Noë apartenant à l'epouse du Sr. Gedouin, du bout de midy à la prairie du Haut Bois, le ruisseau de Blosne entre deux, du coste d'orient à la pature des Guains et à la piece de la Jannaye cy devant, du costé d'occident au grand chemin du Pont Reant, un petit affeagement entre deux... dix journaux [486,2 ares] ... consideration du droit de franc fief et des frequentes innondations auxquelles elle est sujette ... 170
  • la piece des Haiches marais, joint du bout nord à terre dudit Sieur du Dezert et des autres parts aux chemins conduisans du village du Temple au grand chemin de Nantes et au paty de la Vilade ... deux journaux cinquante six cordes [131,3 ares] ... 26
  • la piece des Croix Juites, mentionnée audit partage ne depend plus de la metairie de la Rablais ou Rablaiserie [répété plus loin] ; feue demoiselle Marguerite Lebreton et le Sr. Corneille de la Rue, son mary, la vendirent le 22 aoust 1744 pour payer la dot de Dlle. Jullienne Corneille, leur fille religieuse au couvent des ursulines près les capucins de cette ville, à laquelle religieuse ils ont par acte du 24 aoust 1748 au raport de Duclos et Baudouin, notaires royaux à Rennes, constitué une rente viagère de quarante livres sur l'hypotheque de laditte metairie, delaquelle rente les propriétaires demeurent chargés et obligés de continuer le payment pendant la vie de laditte religieuse.

Total 521 livres 15 sols

... sommes unanimement d'avis qu'il n'est pas possible de partager cette metairie avec la retenue en trois lots commodement, avantageusement et sans en diminuer la valeur.

  1. On ne scaurait loger trois fermiers dans des logemens où il n'y a que deux cheminées, deux petites etables et qui sont à peinne suffisans pour loger un seul fermier...
  2. pour mettre les terres en trois lots, il faudrait les morceler, etablir des servitudes toujours genantes qui presque toujours donnent lieu à des contestations mineures...
  3. la division de la prée Hubert ne se peut faire en trois lors d'egalle valeur parce que la partie basse, qui est la plus considerable, est souvent inondée par les frequens debordements du ruisseau de Blosne.

Enfin, il est bien sensible que c'est l'ensemble d'une metairie qui en fait le mérite et en determine la valeur, parceque toutes les terres qui la composent concourent et sont necessaires pour la faire valoir, que la partager c'est diminuer sa valeur, luy oster son veritable prix et la rendre presque infructueuse.


Le partage entre les héritiers se fera donc au moyen de ce qui s'appelait une licitation, c'est-à-dire une sorte de vente dont le produit sera - lui - simple à diviser.

Notes et références

  • Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine - cote 2B 501.