La peste à Rennes

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La peste, bubonique ou pulmonaire, la "mort noire", sévit plusieurs fois à Rennes au XVIe et au XVIIe siècle. On la constate en 1563-1564, en 1582-1585, de 1588 à 1602, en 1605, de 1607 à 1617, de 1622 à 1627, en 1628, de 1629 à 1634, en 1636-1637 et une dernière fois en 1640. Mais l'on donne alors ce nom à diverses maladies épidémiques.[1] A l'emplacement de la rue de l'Arsenal, dès 1546, François Thierry de Boisorcant avait donné une maison et un jardin destinés à accueillir les malades atteints de la peste que l'hôpital Saint-Yves ne pouvait recevoir. En 1597, à la suite de mauvaises récoltes, une grande famine s'installe dans la campagne rennaise. Les paysans viennent chercher aide et nourriture en ville. Le sergent général de la police, Regnard, publie un arrêté qui interdit l'entrée en ville des pauvres gens pour mendier et chercher l'aumône, car on craint les risques d'épidémies de peste ou autres maladies.

Pendant huit ans, de 1624 à 1632, la peste ravage Rennes. Elle se manifestait par des "bosses"", de gros bubons qui noircissaient et pourrissaient, décomposant le sang. On éventait et on désinfectait les maisons par de grands feux our chasser le "mauvais air". Toutes les classes de la société furent touchées par le mal. En 1626, le corps de police des magistrats et bourgeois prend des arrêtés souvent draconiens pour prévenir la contagion. On enjoint à une femme de chambre de sortir dans la journée en emportant les hardes de sa maîtresse morte de la peste, sous peine du fouet. On défend à la veuve d'un pelletier de toucher à ses vieilles hardes et de les éventer, sous peine de mort. On ferme de cadenas la maison d'un morts et ceux-ci ayant été forcés par des voleurs qui se sont emparés d'objets infestés, on en rend responsables les voisins. On interdit aux habitants de paroisses infestées l'accès à la ville. Vitré accueillera la réunion des Etats de Bretagne, Rennes étant touchée par la peste.[2]

La protection de la Vierge de Bonne-Nouvelle se manifeste notamment à l'occasion de cette épidémie de peste qui dévastait la ville de Rennes et ses environs. Le 12 octobre 1632, un membre notable du clergé suggère l'idée d'un voeu à Notre-Dame de Bonne Nouvelle. La municipalité et toute la ville promirent d'offrir à Marie en « ex voto » une maquette de la ville si Notre-Dame met un terme à l'épidémie. La contagion s'étant effectivement arrêtée le jour même, on confia la réalisation de cette pièce d'orfèvrerie au maître orfèvre parisie La Haye auquel il fallut deux ans pour mener l'oeuvre à bien.[3] La pièce représentait "la ville de Rennes, avec ses murs, tours, porteaux, églises et édifices notables; une image de Nostre-Dame, s'élevoit par-dessus, estendant la main sur le convent de Bonne-Nouvelle, son petit Jésus donnant la bénédiction à la ville, le tout du poids de cent dix neuf marcs, ( = 29,1 kg) provenus d'une cueillette générale qu'on fit par la ville à cette intention" [4] Le voeu fut porté le 8 septembre 1634, en grande procession, de l'hôtel de ville à la cathédrale puis à l'église Notre-Dame de Bonne-Nouvelle. Mgr de Cornulier, Évêque de Rennes, annonça en 1634 que la fête du voeu serait célébrée le 8 septembre, jour de la fête de la Nativité de Notre Dame, et ainsi chaque année. Cette maquette a été fondue vers 1794.

De 1555 à 1789, le Parlement de Bretagne a consacré à la peste 45 de ses 275 remontrances sur l'hygiène dans la province. [5]

références

  1. La peste à Rennes de 1563 à 1640, par L. Delourmel. Bulletin et mémoires de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, vol. XXVI - 1897
  2. Rennes moderne, par A. Marteville, vol. 2 - 1849
  3. Saint-Aubin et Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, conférence de Arthur de la Borderie. Plihon et hervé éd. - 1896
  4. Vie des SS. de Bretagne, par le R.P. Albert Legrand, - 1680
  5. L'hygiène à travers les remontrances du Parlement de Bretagne, par Xavier Delhate, SFHAD, vol. 2 Université Paris 5

lien interne

Notre-Dame de Boulogne à Rennes le 6 avril 1945