« Le Bezen Perrot à Rennes » : différence entre les versions

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Dès juin 1944, certains s'étaient enfuis en Allemagne, tel Fred Moyse qui se fit naturaliser allemand.  Le 11 juillet 1944, les militaires allemands arrêtent à Canihuel au cours d’une opération de police cinq résistants  qui furent emprisonnés deux jours dans la cave de la maison du notaire Souriman, à Bourbriac (22), puis dirigés à l’école d’Uzel-sur-l’Oust.
Dès juin 1944, certains s'étaient enfuis en Allemagne, tel Fred Moyse qui se fit naturaliser allemand.  Le 11 juillet 1944, les militaires allemands arrêtent à Canihuel au cours d’une opération de police cinq résistants  qui furent emprisonnés deux jours dans la cave de la maison du notaire Souriman, à Bourbriac (22), puis dirigés à l’école d’Uzel-sur-l’Oust.
Après avoir été martyrisés, les cinq Résistants sont assassinés par les Allemands et des membres du Bezen Perrot le 16 juillet. Et le samedi 29 juillet, ils sévissent encore à Rennes ; dans l'après-midi, Geffroy et Botros qui s'étaient fait passer le matin pour des Résistants, se présentent au café « La Chaumière », situé au 6, [[rue du Lycée]] font arrêter par Ange Péresse, le chef des opérations du Bezen, en uniforme Waffen SS, Léontine Bohuon et ses deux frères, Francis et Eugène Bohuon, résistants FTP qui seront affreusement torturés au siège du SD, [[avenue Jules Ferry]]. Eugène ne reviendra pas du camp de concentration de Dachau<ref>29 juillet 1944, une des dernières rafles à Rennes. Blog de Kristian Hamon -16 juin 2015 </ref>.  
Après avoir été martyrisés, les cinq Résistants sont assassinés par les Allemands et des membres du Bezen Perrot et de la Selbstchutzpolizei. le 16 juillet. Et le samedi 29 juillet, ils sévissent encore à Rennes ; dans l'après-midi, Geffroy et Botros qui s'étaient fait passer le matin pour des Résistants, se présentent au café « La Chaumière », situé au 6, [[rue du Lycée]] font arrêter par Ange Péresse, le chef des opérations du Bezen, en uniforme Waffen SS, Léontine Bohuon et ses deux frères, Francis et Eugène Bohuon, résistants FTP qui seront affreusement torturés au siège du SD, [[avenue Jules Ferry]]. Eugène ne reviendra pas du camp de concentration de Dachau<ref>29 juillet 1944, une des dernières rafles à Rennes. Blog de Kristian Hamon -16 juin 2015 </ref>.  


Mais le 1er août, les troupes américaines sont aux portes de Rennes. Célestin Lainé envoie ses lieutenants Ange Péresse et Léon Jasson à la recherche des « gours » de la Bezen afin que ceux-ci rejoignent la rue Lesage, centre de rassemblement. Il se rend avenue Jules Ferry, au siège de la Gestapo, pour mettre au point avec Pulmer les modalités du repli et organiser les convois et les itinéraires. Le soir, un premier contingent de trente membres de la Bezen, mêlé à un groupe d'employés de la Gestapo, prend la route. Le 2 août, les archives ayant été brûlées dans l'après-midi, [[rue Lesage]], le reste suit avec des collaborationnistes notoires, tels l'imprimeur de « l'Heure bretonne », Marcel Guieysse, Roparz Hemon, fondateur de l'Institut celtique, Jos Youenou, beau-frère de François Debeauvais<ref>''1er-4 août 1944: l'étrange libération de Rennes'' p. 192. Étienne Maignen. Editions Yellow Concept - Oct. 2017</ref>. À l’étape de Paris, les désertions se multiplient : certains (comme celui qu’on surnomme "Tintin la Mitraille") rejoignent les FTP, d’autres les FFI (Le Bihan...) et quelques-uns enfilent discrètement des vêtements civils...  
Mais le 1er août, les troupes américaines sont aux portes de Rennes. Célestin Lainé envoie ses lieutenants Ange Péresse et Léon Jasson à la recherche des « gours » de la Bezen afin que ceux-ci rejoignent la rue Lesage, centre de rassemblement. Il se rend avenue Jules Ferry, au siège de la Gestapo, pour mettre au point avec Pulmer les modalités du repli et organiser les convois et les itinéraires. Le soir, un premier contingent de trente membres de la Bezen, mêlé à un groupe d'employés de la Gestapo, prend la route. Le 2 août, les archives ayant été brûlées dans l'après-midi, [[rue Lesage]], le reste suit avec des collaborationnistes notoires, tels l'imprimeur de « l'Heure bretonne », Marcel Guieysse, Roparz Hemon, fondateur de l'Institut celtique, Jos Youenou, beau-frère de François Debeauvais<ref>''1er-4 août 1944: l'étrange libération de Rennes'' p. 192. Étienne Maignen. Editions Yellow Concept - Oct. 2017</ref>. À l’étape de Paris, les désertions se multiplient : certains (comme celui qu’on surnomme "Tintin la Mitraille") rejoignent les FTP, d’autres les FFI (Le Bihan...) et quelques-uns enfilent discrètement des vêtements civils...  

Version du 22 mai 2020 à 11:01


La convention portant sur cette unité est signée le 11 novembre 1943 entre Célestin Lainé et le colonel Hartmut Pulmer, chef du SD de Rennes. En 1944, le Bezen Perrot, du nom du recteur de Scrignac, Jean-Marie Perrot Wikipedia-logo-v2.svg, qui venait d'être abattu par un résistant de l'organisation spéciale (O.S.) du parti communiste (Bezen Kadoudal avant décembre 1943), avait pour mission de garder l'immeuble de la Gestapo à Rennes (cité des étudiantes, avenue Jules Ferry, où ses membres prenaient leurs repas) et ses prisonniers, mais aussi de torturer ou d'exécuter sommairement les résistants, d’établir des souricières. Installée à Rennes avec des bureaux 29 quai d'Ille-et-Rance et des cantonnements 19 Rue Lesage et 19 boulevard de Sévigné, il avait participé depuis le début de l'année à des actions contre les maquis et les résistants de Bretagne.

L'Untersturmführer Célestin Lainé, 36 ans en 1944, en uniforme de la Waffen-SS

Son recrutement est essentiellement breton. Jean-Marie Bouëssel du Bourg, qui découvre L'Heure Bretonne avec son père, magistrat à Rennes, issu d'une vieille famille noble, s'était engagé dans le service spécial de Lainé, et suite logique, s'engage dans le Bezen Perrot en juin 1944, alors qu'il n'a que 19 ans et son père réussira à l'en tirer. Les volontaires. Certains des plus jeunes veulent venger l'abbé Perrot et lutter contre les « terroristes communistes », d'autres aussi pour échapper au STO. Les plus âgés se sont engagés idéologiquement nationaux-socialistes, anti-démocrates, et séparatistes. La moyenne d'âge est 22 ans[1]. De 60 à 80 Bretons au maximum, encadrés par Ange Péresse et Léon Jasson, avaient donc signé un engagement et portaient en opération l’uniforme des Waffen-SS. Ce n'était pas des miliciens. Pour les forces d’occupation, ils étaient la Bretonische Waffenverband der S.S. L'unité dépendait du Hauptscharfuhrer Hans Grimm (dit Lecomte, Alsacien), du Sicherheitsdienst (S.D.) de Rennes, personnage puissant, en poste fixe à Rennes à partir de 1942, s'occupant de la répression anti-terroriste, en sus des questions d'espionnage et des relations avec la jeunesse et la presse. L'Obersturmbannfuhrer Hartmut Pulmer, chef su Sipo/SD, avait la responsabilité directe des unités qui combattaient les maquis de Bretagne. Les soldats du Bezen étaient supervisés par l’adjudant Grimm, chef de la section VI du SD de Rennes, qui contrôlait l’activité des autonomistes bretons, mais sous les ordres de l'indépendantiste Célestin Lainé (SS-Untersturmführer) et du SS-Untersturmführer Wild (Alsacien, 2e commandant de l’unité). On y trouvait aussi les Obercharführer Goulven Jacq "Maout" et Alan Heusaff.

Albert Torquéau, 24 ans, torturé et fusillé par des membres du Bezen Perrot et de la Milice le 16/07/1944 à Plougonver avec 6 autres Résistants

Lorsque les Allemands décidaient une opération contre un réseau de résistance ou un maquis, ceux-ci avaient déjà été infiltrés ou repérés par des agents français du SD. Se distingua particulièrement la quinzaine de membres du Groupe d'action du P.P.F. qui s'installa le 8 juin 1944 au 25 rue d'Échange. À partir de mai 1944, la Milice[2], le GAJS[3], la Selbstschutzpolizei[4] et la formation Perrot furent directement impliqués dans des opérations de combat et dans des interrogatoires violents. Avant, seule sévissait la formation Perrot ; son rôle se limitait alors à des activités de surveillance, gardes et souricières. Le plus souvent, ces différentes unités ont agi ensemble, au côté de soldats allemands et encadrées par des membres du SD, dans les quatre départements.

Dès juin 1944, certains s'étaient enfuis en Allemagne, tel Fred Moyse qui se fit naturaliser allemand. Le 11 juillet 1944, les militaires allemands arrêtent à Canihuel au cours d’une opération de police cinq résistants qui furent emprisonnés deux jours dans la cave de la maison du notaire Souriman, à Bourbriac (22), puis dirigés à l’école d’Uzel-sur-l’Oust. Après avoir été martyrisés, les cinq Résistants sont assassinés par les Allemands et des membres du Bezen Perrot et de la Selbstchutzpolizei. le 16 juillet. Et le samedi 29 juillet, ils sévissent encore à Rennes ; dans l'après-midi, Geffroy et Botros qui s'étaient fait passer le matin pour des Résistants, se présentent au café « La Chaumière », situé au 6, rue du Lycée font arrêter par Ange Péresse, le chef des opérations du Bezen, en uniforme Waffen SS, Léontine Bohuon et ses deux frères, Francis et Eugène Bohuon, résistants FTP qui seront affreusement torturés au siège du SD, avenue Jules Ferry. Eugène ne reviendra pas du camp de concentration de Dachau[5].

Mais le 1er août, les troupes américaines sont aux portes de Rennes. Célestin Lainé envoie ses lieutenants Ange Péresse et Léon Jasson à la recherche des « gours » de la Bezen afin que ceux-ci rejoignent la rue Lesage, centre de rassemblement. Il se rend avenue Jules Ferry, au siège de la Gestapo, pour mettre au point avec Pulmer les modalités du repli et organiser les convois et les itinéraires. Le soir, un premier contingent de trente membres de la Bezen, mêlé à un groupe d'employés de la Gestapo, prend la route. Le 2 août, les archives ayant été brûlées dans l'après-midi, rue Lesage, le reste suit avec des collaborationnistes notoires, tels l'imprimeur de « l'Heure bretonne », Marcel Guieysse, Roparz Hemon, fondateur de l'Institut celtique, Jos Youenou, beau-frère de François Debeauvais[6]. À l’étape de Paris, les désertions se multiplient : certains (comme celui qu’on surnomme "Tintin la Mitraille") rejoignent les FTP, d’autres les FFI (Le Bihan...) et quelques-uns enfilent discrètement des vêtements civils...

Célestin Lainé Wikipedia-logo-v2.svg et les reliquats du Bezen Perrot gagnèrent l'Allemagne. Ils eurent le choix entre travailler dans des usines allemandes, ou suivre un cours de radio-opérateur au titre de l'Abwehr. Jean Flouriot, jeune inspecteur de police, résistant membre du Front national, fut chargé d'identifier les membres de la Bezen. Du jour au lendemain , il obtint d'un incarcéré, qui faisait en fait fonction de trésorier, sur papier les renseignements voulus, et celui-ci ne passa en Cour de justice que plus tard, sauvant sa vie[7]. La plupart furent arrêtés en tentant de rentrer en France. Sur l'ensemble des Waffen-SS du "Bezen Perrot", trois moururent au combat, un fut exécuté par la Résistance, un mourut durant un interrogatoire effectué par la Résistance et un qui avait "retourné sa veste" fut exécuté par les Allemands. Célestin Lainé se réfugia en Irlande.


Bibliographie

- Kristian Hamon, Le Bezen Perrot (1944 : des nationalistes bretons sous l'uniforme allemand), Yoran Embanner, Fouesnant 2004, ISBN 2-9521446-1-3


Références

  1. http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2016/07/vie-et-destins-de-l-emsav-quatrieme-partie-le-mouvement-nationaliste-breton-dans-la-collaboration-par-ismael-dupont.html
  2. La Milice à Rennes
  3. Le Groupe d'action pour la justice sociale
  4. En 1944 une Selbstschutzpolizei à Rennes
  5. 29 juillet 1944, une des dernières rafles à Rennes. Blog de Kristian Hamon -16 juin 2015
  6. 1er-4 août 1944: l'étrange libération de Rennes p. 192. Étienne Maignen. Editions Yellow Concept - Oct. 2017
  7. Conférence les Heures sombres à Rennes par Kristian Hamon et Jean Flouriot. Archives municipales, 24 mai 2012