Le prieuré de Saint-Cyr en 1787

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Le 23 juillet 1787, Guillaume De Roche, architecte, rue d'Estrées, à Rennes, s'attache à l'exécution de la sentence rendue par le présidial de Rennes le 27 juillet 1786 en vue de constater les reparations qui peuvent se trouver manquantes au prieuré de Saint-Cyr, sur le réquisitoire du prieur commandataire, Alexandre Bazille Rozy, prêtre chanoine, official et vicaire général de l'évêché de Saint Malo, la succession de l'abbé Castanier, précédent titulaire, étant vacante, et débitrice des réparations. L'examen des lieux et l'évaluation des travaux va s'étendre sur neuf jours, avec des journées commençant à huit heures, à en croire le procès verbal. Le montant des travaux est de 7160 livres environ.

Il y a urgence, selon les observations finales rédigées le premier août : Le defaut de portails à la cour la rend publique, rien n'y peut etre en sureté ; le même vice tient la grange exposée au pillage. C'est pourquoi la refection des portails exige toute celerité. Le besoin urgent reclame une reparation provisoire à la couverture d'environ quatre Louis, pour empecher sur le champ l'eau de tomber dans les appartemens. Il faut aussi promptement lier les entraits de la grange ... ce deffaut n'a pas permis jusqu'à present d'etablir le double grenier qui doit etre en cette partie ; en outre le moindre retardement peut occasionner dans cette reparation ulterieure un travail immense dans la charpente.

Le 17 juillet 1759, le présidial a rendu une sentence semblable, cette fois pour la succession de Nicolas Antoine Mongin, chanoine de Paris, par Claude Gourlé, curé de Chaumont[1]. La visite consécutive, commencée le 23 juillet, ne concerne pas les terres, l'entretien de leurs haies et fossés étant à la charge du fermier ainsi qu'il est rappelé le dernier jour. La visite est donc moins longue, deux fois moins, mais elle l'est surtout parce qu'il n'y a aucune estimation de coût, nombreuses en 1787, tout étant en meilleur état.

La maison du prieur

Les observations commencent dès la porte d'entrée dans la maison du prieur ou principal corps de logis : une pierre doit être ajoutée pour servir de baze à la quille en pierre de taille. Le sol du vestibule est pavé de grande pierre platte, mais beaucoup sont brisées... Puis dans le petit celier qui donne en face sur le vestibule, il en faut reclouter les murailles avec eclats posés à chaux et sable, estimé trois livres quinze sols. ... le platfond de l'escalier qui forme le plancher superieur dudit celier, est porté sur de mauvaises lambourdes, mal placées et insuffisantes en force.... Il est précisé en fin de visite que le seul bois à employer dans toute réparation est le chêne. En 1759, le procès-verbal commence ainsi : Visité la porte d'entrée à la maison au midy de la cour.

Rentrés dans le vestibule, nous avons vu au couchant la porte d'une etable qu'on nous a designée etre l'ecurie aux vaches, dont la porte est à refaire, de même que la porte donnant sur la cour. Il est très prejudiciable au principal corps de logis qu'une de ses parties ait été mise en etable.

Fin de la première journée. Les opérations reprennent le lendemain, mardi 24 juillet, à huit heures. Elles se terminent toutes à 18 heures.

Dans le vestibule, à l'est, ouvre une porte sur un petit corridor communiquant à la cuisine : enfin elle devra ouvrir puisqu'elle porte sur le pavé. Le corridor est à rénover entièrement, notamment les carreaux de terre cuite du sol, et les murs à rejointoyer et enduire de chaux couchée. Dans la cuisine, les carreaux de terre cuite, de six pouces, sont également à relever à neuf.

Voici comment l'évier devra être refait dans l'embrasure de la fenêtre : Il sera composé de trois pierres plattes encastrées les unes dans les autres en sorte qu'elles s'affleurent par dessus, et qu'elles soient bien jointes. Elles auront dans tous les sens deux pouces de pente vers l'ecoulement formé sous l'entrepied de la croisée. Elles seront posées sur une maçonnerie à chaux et sable de quatre pouces d'epaisseur, et le dessus de cet evier aura deux pouces d'elevation au dessus du pavé de la cuisine qui y sera exactement racordé par les joints.

Il est question ensuite de faire peindre les chassis à verre et volets à deux couches de couleur olive à l'huile (de même que deux portes du bâtiment dont il est question ensuite). A l'ouest de la cuisine, se trouve un cabinet dans lequel seront dépensées 34 livres 15 sols. Au sud, une porte conduit dans un petit bâtiment composé dans le bas d'une allée ou coridor, et d'un cabinet à côté separé par une cloison ; il a son issue par le chemin charetier au derrière de la maison vers le sud. Ce cabinet appelé petit réduit possède une porte à l'ouest qui communique ... sur le parterre clos du prieuré. Le mur de clôture du parterre du prieuré situé au midi et en retour à l'occident sera rejointoyé et reparé egalement que le chaperon et le larmier avec pierre et mortier de chaux et sable estimé trente six livres douze sols.

Retournés dans le vestibule, la réalisation d'un escalier neuf, à plusieurs volées, est estimée nécessaire, notamment parce que partie des marches et contremarches apparentes sont de differents rebuts de bois de sapin, d'ailleurs de dimentions insuffisantes, posées sans aucun principe de solidité ; dans des volées il n'y a point de contremarche, mais seulement des marches usées et mal posées. L'ensemble coûtera 254 livres. Il manque un carreau à la porte vitrée donnant sur le palier (pavé de terre cuite) de la première volée, et deux vitres au vitrail posé en plomb de la seconde volée. Le palier du première étage a une porte à l'ouest et une à l'opposé donnant sur un petit corridor. La fin de journée arrive sur les défauts des contrevents d'une chambre. En 1759, il était précisé concernant le vestibule : L'escallier etant au midy, ledit vestibule est eclairé au nord par une petite fenestre grillée en dehors de barres de fer et deffendue en dedans par un vollet de bois dument ferré ; le tout en bon état. Le petit corridor donne accès au sud à une petite chambre (sans cheminée) dite petite chambre à l'orient de l'escalier, une grande chambre à l'orient étant visitée ensuite (son accès n'étant pas clair.). Cette chambre a une fenêtre au nord et une au sud, sa cheminée à l'est. Une porte à l'angle sud-est ouvre sur l'extrémité nord d'une galerie (sous le toit) et regnante sur le colidor au dessous ; galerie ayant au sud une porte sur un petit cabinet, et en retour vers orient ... un siege de latrines non clos. Il est question le lendemain, 25 juillet 1759, du grenier s'étendant sur la chambre ouest et l'escalier, de celui s'étendant sur les deux chambres à l'orient. Dans le premier, est remarqué qu' au bas de chacun rampant, il y a une garniture de terre fannée pour la conservation des grains dans le grenier. Le même jour se termine par l'examen de la porte d'un réduit ou caveau sous l'escalier, porte côté nord sur le vestibule.

Le lendemain, mercredi, est visitée la chambre où le coridor conduit en ligne directe par une porte vitrée, dont le sol est en carreaux de terre cuite comme les chambres et cabinets de cet etage, y compris le cabinet d'aisance contigu. 460 livres sont à dépenser de ce côté, la toiture et les murs étant en très mauvais état. Finalement, la réalisation d'un cabinet d'aisance neuf est préconisée comme trois fois moins coûteuse que la rénovation de ce cabinet accolé au bâtiment du prieuré au côté du sud, sa partie inférieure jouxtant la cuisine et demandant aussi des dépenses. Il est question d'une petite chambre à l'occident de la première en 1759, et précise que le colidor a à son bout meridional sur le jardin une porte à bois debout enbonneté avec deux barres et une echarpe. Elle ferme d'une serrure en bois et est valable ; au coté occidental, il y a une autre porte aussy à bois debout et deux barres clouées, fermante d'un crochet de fer en etat de service ; elle conduit à un petit jardin clos de murs de pierres [au midi de la maison principale] ; et au bout oriental est un petit cabinet d'aisance retranché à l'occident par une cloison de terrasse.

Le grenier à l'ouest a trente pieds de longueur et est aussi pavé en terre cuite. Les deux-tiers des pannes sont à remplacer. La couverture periclite de vetusté et doit être degauchie dans tous les sens. Il y a un second grenier à l'est, de même superficie, réuni au premier par un pallier : son aire inferieure est en recoture de terre. Les travaux demandés par la couverture sont estimés 972 livres;

La journée se termine avec le détail des travaux demandés par la boulangerie qui communique avec la cuisine. En 1759, cette boulangerie est à l'orient de la chambre qui est au nord du colidor et a une porte au nord sur la cour, pendant que celle du sud ouvre sur un poulailler, qui a une fenêtre aussi au sud. Dans l'encognure nord et orient, il y a un grand evier de maçonnerie couverte de pierres plattes et ayant son egout dans la cour au nord par un trou pratiqué dans le mur au travers d'iceluy. La cheminée est à l'occident et son foyer est pavé de carreaux de terre cuite valables. Il y a une fenêtre à l'ouest de la porte nord.

Le jeudi commence par le cabinet qui communique avec la boulangerie au sud, se poursuivant dans un cellier joignant la boulangerie à l'orient, puis dans l'écurie aux chevaux aussi à l'est [écurie aux chevaux et boeufs au bout oriental de tous les batimens (1759)]. La porte sur la cour, de six pieds de hauteur, est à refaire.

L'étable aux vaches et la chambre à l'étage

En 1759, quittant le poulailler, les experts se rendent dans l'étable aux vaches, à l'ouest des maisons, sa principale entrée étant une porte dans le mur au nord sur la cour, une fenêtre s'ouvrant en face de la porte, ainsi qu'une porte qui repond au vestibule referé au commencement de la séance ; ses murs sont en pierre. Le lendemain, la visite se poursuit le lendemain par la chambre sur l'etable aux vaches dont les croisés sont successivement examinées ; la cheminée à l'occident est aussy en etat de subsistance en toutes ses parties. Les quatre murs ont un enduit de chaux.

Toujours en 1759, la visite des lieux s'intéresse, le dernier jour, à une seconde étable aux vaches au haut de la cour, côté ouest au nord de celle dans la maison principale ; la porte à l'orient. Sa couverture en ardoises est jugée neuve. Il est question d'une porte donnant accès, à travers un mur, au jardin se trouvant à l'ouest de la cour, un four ayant sa gueule et la cheminée donnant sur la cour et le surplus dans le jardin.

La cour et la grange

Dans la cour, le portail qui ferme la grange du côté du nord, avec douze pieds de hauteur et autant de largeur, est jugé entièrement delabré. Il y aurait deux volets de ce côté. Le détail des travaux prend plusieurs pages. La grange est au nord de la cour et à l'est des maisons selon la visite de 1759. Il est alors remarqué qu' au costé occidental de laditte grange est un terrain vuide jusques à la boulangerie et poullailler, au dessus du plancher desquels il y a un espece de grenier non clos vers orient et s'etendant vers occident jusques au pignon oriental de la maison principale. Un cellier se trouve à l'est de la grange, avec sa porte au nord, une petite fenêtre à l'ouest de la porte avec vollet à bourdonnier. Toujours cette année 1759, il est observé que le plancher des greniers au dessus de l'ecurie, du cellier et de la grange (accessible par une échelle dans la grange) est d'un examen difficile étant remplis de foin.

Le vendredi commence par la baie du portail au sud de la grange, onze pieds de hauteur et autant de largeur, puis le refuge à porc de la cour est examiné [au nord de la cour au vis à vis de la boulangerie et à très peu de distance du mur des religieuses ... la porte au midy (1759)], pour une évaluation de 127 livres. Ensuite, nous nous sommes rendus dans la petite etable à genisses qui est aussi en apentis, et joint la porte du grand jardin de la metairie... Nous nous sommes transportés à la baie du portail d'entrée au nord, joignant l'ancien grand chemin de Rennes à Vannes ; nous avons trouvé qu'elle a dix pieds de hauteur sous palastres, et neuf pieds six pouces de largeur ; il est indispensable d'y faire un portail neuf... 'ainsi pour le poser il faudra demolir quatre assises des pilastres de la baie.... Le portail nord de la grange sert de référence.

Le samedi 28 commence par les mesures de la baie du portail au sud qui sert d'issue à la cour ; elle a neuf pieds six pouces de largeur ; mais la hauteur n'en peut etre connue parce que les palastres n'existent plus.... Le portail d'entrée au nord sert cette fois de référence, étant précisé qu'un des pilastres [onze pieds de hauteur sous palastres] joindra l'encoignure de la maison, en sorte que pour donner le passage de neuf pieds six pouces de largeur, il faudra prendre ce qui sera necessaire pour l'elargissement du côté du mur des religieuses. Une page décrit ensuite l'association de pilastres et d'éperons, édifiée sur vingt mètres, pour une hauteur de onze pieds, sachant que parmi ces pilastres, le pilastre à l'orient du côté du mur des religieuses se liera en outre avec le [petit] mur lateral qui joint le jardin des religieuses. Il faudra pour cela au moins une toise et demie cube de pierres choisies du Pontrean. Il est dit ensuite : Il convient de donner un renformis avec moilon et mortier à chaux et sable à l'exterieur de tous les murs des edifices qui est degradé de vetusté et de relever à neuf le revers de pavé depuis la porte du grand jardin de la metairie jusqu'au portail nord de la grange sur trois pieds et demi de largeur. C'est la largeur du revers actuel qui, faute d'entretien, est entierement ruiné, estimé trois cent soixante livres.

En 1759, il est question de la barrière de bois de la cour au bout oriental de laditte ecurie au passage de la cour au chemin vers les carrières au midy. Au nord de la cour, son mur de clôture la sépare de celle des religieuses ; puis un passage (entre le jardin et le mur en retour des religieuses) donne accès vers le nord au grand chemin (ancien grand chemin ou se trouve le grand portail d'entrée comportant un portillon dans le ventail oriental).

Le jardin, le four et la fuie

L'attention se porte ensuite sur le four et les travaux dont il a besoin. Celui-ci est incorporé dans les murs de cloture du grand jardin, à côté de la porte à refaire entièrement, comme le mur latéral depuis la petite etable des genisses jusqu'au four, de même que la loge à chien liée dans le mur de cloture dont il ne reste que des vestiges. Tout cela demandera 520 livres, y compris les travaux sur la cloture du jardin qui est de fossés par intervalle, mais il n'est question que d'employer des gazons à queue de dix pouces à quatorze pouces de longueur, sept à huit pouces de largeur ... elevés du côté des terres de quatre à cinq pieds de hauteur.

Après la pause dominicale, la visite reprend par la fuie [dans le jardin comme le four], bien entendu en très mauvais état, par exemple le donjon qui est entre le larmier exterieur de la masse et la lanterne [qui] est de maçonerie, mais deterioré dans toutes ses parties. Tout l'interieur sera reblanchi à deux laitances, comme ceci a été recommandé à plusieurs reprises pour d'autres murs intérieurs du prieuré. Cela coûtera 293 livres, une échelle neuve comprise.

Il y a ensuite près de 80 livres à dépenser pour les fossés dont partie sont garnis de haie. Ils joignant la grange à l'orient, ferment de ce côté et en retournant au midi la portion des terrains au même orient des batimens et la grange, comprenant le petit jardin du prieuré [dont les épines vives manquantes seront remplacées], aïant au nord un chemin pour le service de la metairie. Là aussi des gazons sont à employer jusqu'à ce que les fossés n'aïent quatre à cinq pieds de hauteur en dedans.

En 1759, le puits situé au haut du jardin, au nord-ouest, est jugé en bon état, de même que les murs septentrional et méridional du jardin. Le côté ouest est fermé par une "haye forte".

Les prés et champs

Les pages suivantes sont consacrées à l'examen des fossés et cloture des pièces de terre. Il en est tiré ci-dessous ce qui permet de les situer. On remarque cependant : Le bon gazon est rare dans ce païs, le sol etant de tuf. On n'en pourait trouver que très peu, encore ce serait dans les meilleures parties des prairies... ; ... la douve qui aura cinq pieds de largeur en haut.

  • la prairie du Mur : atteinte par le portail au sud de la cour ; le chemin chartier qui desert les prairies, et en partie les carrieres de pierre sert à l'examen des fossés, ainsi que ceux de la prairie de la Fosse. Des fossés ont neuf à dix pieds de hauteur !
  • le chemin chartier se prolonge en sentier au nord de la prairie du Guerouas même cloture que les deux autres prairies jusqu'à la rencontre du fossé du champ de la Butte qui s'étend vers le nord.
  • la prairie du Moulin : à côté de la prairie ou pré du Guérouas, dans la même direction du fossé qui separe les champs des prairies ; un petit fossé allant vers la rivière.
  • le Grand Champ : il suit celui de la Butte ; la partie mise en pré qu'on nomme le pré Neuf ; au nord de la prairie du Moulin ; le pré Neuf voisin du champ des Cinq Jours ; est au joignant l'ancien grand chemin.
  • le champ des Cinq Jours : voisin du grand chemin ; séparé de la prairie du Moulin toujours par le même fossé, qui séparerait aussi le champ des Cinq Jours du champ du Moulin (ayant le grand chemin [neuf] au nord au moins à un angle). Nous avons circuité, mesuré dans tout son developpement, le fossé du champ du Moulin du côté du sud où se termine la metairie du prieuré, joignant le chemin public qui conduit du moulin vers le grand chemin...
  • le champ des Petites Buttes : voisin des Cinq Jours ; à l'ouest du champ qu'on nomme la Butte.
  • le champ de la Butte : son fossé nord n'appartient pas à la métairie.
  • le champ de la Justice : au nord du grand chemin neuf.
  • le petit pré de la Justice : séparé par un fossé du champ de la Justice ; le fossé à l'est n'est pas des possessions de Saint-Cyr.

Voir aussi

Notes et références

  1. Archives départementales d'Ille-et-Vilaine : cote 2B 480. Proces verbal du prieuré de Saint Cyr près Rennes commencé le 23 juillet 1759 et fini le 26.
  • Source : Archives départementales d'Ille-et-Vilaine - 2B 512.