Les anciens puits

De WikiRennes
Aller à la navigationAller à la recherche

Quand Rennes n’avait pas l’eau courante, les puits

3, boulevard Magenta : Eau à tous les étages
Vue de l'angle du Boulevard Magenta et de la la rue Descartes, en 1892
Puits dans la cour de l'hôtel de Runefaut, rue du Chapitre[1]
Puits près des Portes Mordelaises[2]


Si certains de nos ancêtres gallo-romains utilisaient l'eau courante, comme des fouilles l'ont montré, du 4e siècle jusqu'à la fin du 19e siècle, les Rennais ignorèrent pratiquement l'eau courante, en tout cas ce que l’on entend ainsi actuellement. La seule eau courante était celle des divers bras de la Vilaine, une eau à vrai dire pas très engageante pour boire, voire répugnante et, plus grave, souvent malsaine. Une voiture distribuait l'eau en ville et, vers 1895, rares étaient les maisons pouvant afficher sur une plaque « eau à tous les étages ». L'immeuble de la photo ci-contre était supérieurement équipé comme l'indique cette plaque qui y subsistait encore en 2013 : il n'avait pas besoin du porteur d'eau aux habitants de ses étages.


Les Rennais avaient donc recours à des puits. Au 15e siècle, on en tirait une eau douteuse, aussi fit-on venir l'eau par des conduites de bois ou de poterie de Saint-Grégoire, puis de Goulbrune (dénomination peu engageante) et du Bignon. En 1511, on trouva une source près de la tour Le Bat (au sud de la rue des Fossés[3]) et on installa un réservoir près de la porte-aux-Foulons. On fora des puits et on installa des fontaines publiques. La place du Calvaire fut d'abord appelée "place de la Grande-Pompe", une fontaine publique, la principale de la ville, appelée "pompe du Cartage" y ayant été installée en 1510 qui fonctionna jusqu'en 1595.

Le puits le plus ancien de Rennes était à "la Touche", près du boulevard de Verdun et dès 1463 existait une fontaine du côté de l'avenue Gros Malhon dont l'eau était considérée comme la meilleure de la ville. A la même époque, on tirait de l'eau place du Champ Jacquet, à l'emplacement exact de la statue de Jean Leperdit et ce puits avait été recouvert d'une romantique fontaine appelée « le tombeau du génie ». Probablement de cette époque datait un puits polygonal en granit dans la cour du 8 de la rue Nationale et il y avait à l'angle nord-ouest de la Place du Parlement de Bretagne un "puits du Mesnil". Les Portes Mordelaises avaient aussi un puits que l'on combla en 1703, plusieurs sauveteurs d'un maçon tombé au fond y étant morts asphyxiés.

Remontait à 1482 une fontaine qui se trouvait devant le n° 6 de la rue Chicogné. Une fontaine de Quineleu figurait encore sur le plan de la ville en 1864. Des puits servaient aussi en 1724 dans la prairie de Beaumont, en moitié ouest du Champ de Mars, et au carrefour de la rue de Fougères et de la rue de Vincennes et, passée la Fausse-Courbée, rue d'Antrain, était un puits Rondel qui ne fut supprimé qu'au commencement du 20e siècle. Rue Saint-Hélier se trouvait le puits Sauvée creusé en 1723. On trouvait aussi un puits à l'angle du n° 2 de la rue d'Orléans, et contre la façade du n° 2 rue de Clisson.

De nombreux lieux-dits de Rennes annoncent aussi l'existence de puits : une auberge du Puits-d'Argent rue Saint-Melaine, puits Barbet, puits-Beurier, puits-Drillon, puits-Hamon, Puits-Mauger[4], Puits-Jacob[5]. On trouvait deux puits rue du Chapitre, l'un dans la seconde cour, à l'ouest de l'hôtel de Blossac, l'autre au n° 5, dans l'hôtel de Runefaut.

Des fontaines, au n° 7 de l'ancienne rue Haute (rue de Saint-Malo), rue de la Visitation, rue Louis Postel, rue Paul Bert, rue Leconte de Lisle. Rue Saint-Louis, le puits Saint-Aubin remontait à 1470.

Et de nombreuses maisons particulières recèlent encore un puits, notamment rue de Fougères[6].

Une légende est toujours racontée au sujet d'une malédiction: "Au 16, rue Nantaise, l'entrée voûtée donne sur une petite cour. Entre la rue et les remparts, elle se situe au niveau des anciens fossés. La légende raconte qu'un puits s'y trouvait. Un jour, un ouvrier y fait tomber son marteau et descend le chercher. Il meurt. Ce n'était pas une noyade. Un autre descend le chercher et meurt aussi. Un troisième prend son courage à deux mains et descend à son tour. Arrivé au niveau de l'eau, une chaleur insoutenable le prend à la gorge. Il hurle et se fait remonter. Il meurt peu après. Les habitants pensent à une malédiction et décident de boucher le puits"[7].

Bas de la rue Louis Blériot, quartier Sud-gare.

Références

  1. Le Vieux Rennes, par Paul Banéat; éd. J. Larcher
  2. Le Vieux Rennes, par Paul Banéat; éd. J. Larcher
  3. remparts de Rennes
  4. rue du Puits Mauger
  5. rue du Puits Jacob
  6. Ouest-Eclair du 30 juin 1944, à l'occasion de la pénurie d'eau en juin 1944
  7. http://www.ouest-france.fr/bretagne/rennes-35000/ces-lieux-insolites-qui-font-aussi-lhistoire-de-la-ville-3617659



Quartier Sud-gare également










Sans remonter aussi loin dans le temps, les puits font partie du vécu de bien des rennais. Ainsi, des lotissements ont créés dans les années 1930 dans le quartier sud-gare, sans qu'il existe de réseau d'alimentation en eau potable. Seule solution pour les habitants : la fontaine publique ou la réalisation d'un puits. Ainsi , dans certaines rues, bien des maisons avaient et ont encore leur puits, parfois mis à mal par les travaux de construction voisins (ce sont les grands oubliés des études. d'environnement).

On pourrait rappeler aussi, en 1959, la coupure d'eau dans les quartiers nord, de plusieurs jours, qui a conduit à une utilisation intensive de puits plus ou moins oubliés.

.