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[[Catégorie:Rennes sous l'occupation]]
[[Catégorie:Rennes sous l'occupation|occupants]]
MM. les occupants sont bien installés à Rennes et y disposent de nombreuses distractions. Ils ont même leur ''West-Front Deutsche SoldatenZeitung'' ( Gazette allemande du front ouest pour les soldats), qui affiche son implantation [[rue Rallier du Baty]] dans les locaux de l' ''Ouest-Journal''.
MM. les occupants sont bien installés à Rennes et y disposent de nombreuses distractions. Ils ont même leur ''West-Front Deutsche SoldatenZeitung'' (Gazette allemande du front ouest pour les soldats), qui affiche son implantation [[rue Rallier du Baty]] dans les locaux de l' ''Ouest-Journal''. À l'occasion, ils ne manquent pas de faire une photo souvenir de groupe.
 
[[Fichier:Occupants_et_rennais.png|650px|left|thumb| Vue prise par un occupant : Beaucoup de monde devant le palais du Commerce ce jour d'hiver : Rennais et occupants (les plus nombreux) stationnent pour la plupart : la scène intéresse aussi l'un de ceux-ci : il photographie ou filme, probablement en attente ou à l'issue de quelque rassemblement, ce qui expliquerait la densité d'uniformes verts de gris]]
[[Fichier:Sur_les_marches.png|350px|right|thumb|Tout un service de militaires allemands devant les marches du jardin du [[palais Saint-Georges]] (Raphaël Binet<ref>[[cours Raphaël Binet]]</ref> - Musée de Bretagne)]]
===Cinéma et théâtre===
===Cinéma et théâtre===
Le restaurant Métayer, 1 [[quai Lamennais]] est le plus fréquenté par les officiers allemands et les employées de l'armée allemande.
[[Fichier:Musique_Luftwaffe.png|200px|left|thumb|''Ouest-Eclair'' du 10 novembre 1941]]
[[Fichier:Musique_Luftwaffe.png|200px|left|thumb|''Ouest-Eclair'' du 10 novembre 1941]]
Les occupants allemands à Rennes avaient une salle de spectacle dédiée : la salle du cinéma ''Le Select'' , 20 [[boulevard de la Liberté]], 870 places, devenue ''Soldatenkino''. Il leur a été aussi réservé des séances dans deux cinémas de Rennes, le ''Royal'' et le ''Français'', mais le dimanche 28 février, au début de la séance réservée aux soldats de l'armée d'occupation l'après-midi, une bombe a explosé sans faire de victime et le Feldkommandant ordonne la fermeture des cinémas ''Royal'' et ''Sélect''. Ils pouvaient aussi bénéficier des spectacles offerts aux Rennais mais ils n'avaient pas besoin, comme les Rennais, les spectacles donnés au théâtre municipal finissant parfois tard, de garder les tickets qui avaient valeur de laissez-passer pour leur permettre de rentrer chez eux. Les soldats disposaient d'un foyer du soldat,(Soldatenheim) [[rue Saint-Yves]].
Les occupants allemands à Rennes avaient une salle de spectacle dédiée : la salle du cinéma ''Le Select'', 20 [[boulevard de la Liberté]], 870 places, devenue ''Soldatenkino''. Il leur a été aussi réservé des séances dans deux cinémas de Rennes, le ''Royal'' et le ''Français'', mais le dimanche 28 février, au début de la séance réservée aux soldats de l'armée d'occupation l'après-midi, une bombe a explosé sans faire de victime et le Feldkommandant ordonne la fermeture des cinémas ''Royal'' et ''Sélect''. Les spectacles donnés au [[opéra|théâtre municipal]] finissant parfois tard, les tickets avaient valeur pour les Rennais de laissez-passer pour leur permettre de rentrer chez eux.
[[Fichier:Page_en_allemand_du_programme_du_theatre.jpeg|250px|right|thumb|La Fille de Mme Angot ou, pour les occupants, Madame Angots Tochter]]
[[Fichier:Deutsches_soldaten_theater147.jpg|350px|left|thumb|Le théâtre aux Allemands]]
Et il faut bien prendre en considération ces spectateurs venus d'ailleurs. Ainsi '''Rennes - Théatre''', programme officiel du Théâtre municipal (directeur : Léo Max) qui a rouvert ses portes le 18 octobre, programmait pour la saison 1940-41 ''La Fille de Mme Angot'', opérette en 3 actes, avec Mlle Renée Roger, première divette d'opérette, Mlle Fernande Chadel, 2e chanteuses des 1res, M. Robert Leroy, baryton en tous genres, Mlle Nado Regel, 1re Desclauzas, rennaise d'origine, orchestre et chœurs sous la direction de M. André Lhery. L'argument de l'opérette était donné en français mais suivi, en fin de livret, de la même présentation en allemand : '''''Madame Angots Tochter'''''
[[Fichier:Page_en_allemand_du_programme_du_theatre.jpeg|350px|right|thumb|La Fille de Mme Angot ou, pour les occupants, Madame Angots Tochter]]
[[Fichier:Le_th%C3%A9%C3%A2tre_sous_l%27occupation.png|350px|right|thumb|Rennes, ville allemande ?]]
Et il faut bien prendre en considération ces spectateurs venus d'ailleurs. Ainsi '''Rennes - Théatre''', programme officiel du Théâtre municipal (directeur : Léo Max) qui a rouvert ses portes le 18 octobre, programmait pour la saison 1940-41 ''La Fille de Mme Angot'', opérette en 3 actes, avec Mlle Renée Roger, première divette d'opérette, Mlle Fernande Chadel, 2e chanteuses des 1res, M. Robert Leroy, baryton en tous genres, Mlle Nado Regel, 1re Desclauzas, rennaise d'origine, orchestre et chœurs sous la direction de M. André Lhery. Désiré Faludi L'argument de l'opérette était donné en français mais suivi, en fin de livret, de la même présentation en allemand : '''''Madame Angots Tochter'''''.


Même présentation pour :
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''le Jongleur de Notre-Dame'' qui devient '''Der Glaukler der Heiligen Jungfrau''' et pour
''le Jongleur de Notre-Dame'' qui devient '''Der Glaukler der Heiligen Jungfrau''' et pour


''le Retour des Arzonnais'', création à Rennes,, orchestrée par Bourgault-Ducoudray, avec Paul Cabanel, de l'Opéra, qui devient '''Die Rückker der Seeleute von Arzon''' <ref> ''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013</ref>
''le Retour des Arzonnais'', création à Rennes, orchestrée par Bourgault-Ducoudray<ref>[[rue Bourgault-Ducoudray]]</ref>, avec Paul Cabanel, de l'Opéra, qui devient '''Die Rückker der Seeleute von Arzon'''<ref>''Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945'', par Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013</ref>.
[[Fichier:Deutsches_soldaten_theater147.jpg|250px|left|thumb|Le théâtre aux Allemands]]
[[Fichier:Ausweiss.jpg|350px|left|thumb|Permis de circuler après 23h30 pour un employé de journal]]
Au théâtre, dont la rotonde est en façade affublée d'une grande pancarte "Kraft durch Freude. Deutsches Soldaten-Theater", <ref> La force par la joie. Théâtre des soldats allemands</ref> des concerts ont parfois d'étranges exécutants étrangers : ainsi des Rennais préférèrent au [[Jazz]] l'audition d'un orchestre de la Luftwaffe,<ref>{{w|Luftwaffe}}</ref> l'armée de l'air allemande, en décembre 1941... et l'occasion s'offre à nouveau le 17 mars, le 5 juin 1942.
Au théâtre, dont la rotonde est en façade affublée d'une grande pancarte " NSG Kraft durch Freude. Deutsches Soldaten-Theater", <ref>Organisation nazie. La force par la joie. Théâtre des soldats allemands</ref> des concerts ont parfois d'étranges exécutants étrangers : ainsi des Rennais préférèrent au [[Jazz]] l'audition d'un orchestre de la Luftwaffe,<ref>{{w|Luftwaffe}}</ref> l'armée de l'air allemande, en décembre 1941... et l'occasion s'offre à nouveau le 17 mars, le 5 juin 1942.
===Autres occupations nocturnes===
===Autres occupations nocturnes===
[[Fichier:La_Feria.png|200px|center|thumb|Publicité déguisée : en fait pour la maison close 'archives de Rennes 150 BLS)]]
Les soldats disposaient d'un foyer du soldat (Soldatenheim), au N° 14 [[rue Saint-Yves] et d'un autre 54, [[rue Saint-Hélier]].
Autre occupation nocturne des militaires, le passage dans une des trois maisons closes de Rennes : le ''Fémina Bar'', dit aussi "Tour de Nesles", 46 rue Duhamel, ''La Feria'', 19 [[boulevard Solférino]] et ''La Populaire'', 13 [[rue Edouard Turquety]], ou dans des chambres louées dans des hôtels, [[rue de la Santé]] et [[rue de Riaval]] notamment. <ref>'' La nuit à Rennes sous l'occupation allemande'', par Erwan Saladin. Université de Haute-Bretagne Rennes 2 - 2001</ref>
Les officiers disposaient d'un "Kasino", un cercle de distractions qui occupe l'hôtel Villemain, [[rue Martenot]].
[[Fichier:Concert_au_Thabor.jpg|250px|center|thumb|''Ouest-Eclair'' du 24 mars 1943]]
 
 
Autre occupation nocturne des militaires, le passage dans une des trois maisons closes de Rennes : le ''Fémina Bar'', dit aussi "Tour de Nesles", 46 [[rue Jean-Marie Duhamel|rue Duhamel]], ''La Feria'', 19 [[boulevard Solférino]] et ''La Populaire'', 13 [[rue Edouard Turquety]], qui a été détruit lors du [[ bombardement du 29 mai 1943]], où quatre Allemands et quatre femmes ont été tués<ref>[[Évadé de Bretagne, en Angleterre l'étudiant renseigne sur Rennes occupé]]</ref> ou dans des chambres louées dans des hôtels, [[rue de la Santé]], [[rue de Riaval]] , [[rue Derval]] hôtel des  Carmélites <ref>'' La nuit à Rennes sous l'occupation allemande'', par Erwan Saladin. Université de Haute-Bretagne Rennes 2 - 2001</ref>.
 
Mais les occupants, se voulant gentils, proposent aussi à leurs occupés, les Rennais, de les distraire de la dureté des temps, par des concerts militaires publics, notamment.
 
[[Fichier:Fanfare_allemande.png|350px|center|thumb|Concert allemand devant le palais du Commerce (Archives de Rennes)]]
 
 
Pour les Rennais, circuler la nuit au delà de l'heure prescrite nécessite un permis : un Ausweiss.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 





Version actuelle datée du 1 janvier 2024 à 16:44

MM. les occupants sont bien installés à Rennes et y disposent de nombreuses distractions. Ils ont même leur West-Front Deutsche SoldatenZeitung (Gazette allemande du front ouest pour les soldats), qui affiche son implantation rue Rallier du Baty dans les locaux de l' Ouest-Journal. À l'occasion, ils ne manquent pas de faire une photo souvenir de groupe.

Vue prise par un occupant : Beaucoup de monde devant le palais du Commerce ce jour d'hiver : Rennais et occupants (les plus nombreux) stationnent pour la plupart : la scène intéresse aussi l'un de ceux-ci : il photographie ou filme, probablement en attente ou à l'issue de quelque rassemblement, ce qui expliquerait la densité d'uniformes verts de gris
Tout un service de militaires allemands devant les marches du jardin du palais Saint-Georges (Raphaël Binet[1] - Musée de Bretagne)

Cinéma et théâtre

Le restaurant Métayer, 1 quai Lamennais est le plus fréquenté par les officiers allemands et les employées de l'armée allemande.

Ouest-Eclair du 10 novembre 1941

Les occupants allemands à Rennes avaient une salle de spectacle dédiée : la salle du cinéma Le Select, 20 boulevard de la Liberté, 870 places, devenue Soldatenkino. Il leur a été aussi réservé des séances dans deux cinémas de Rennes, le Royal et le Français, mais le dimanche 28 février, au début de la séance réservée aux soldats de l'armée d'occupation l'après-midi, une bombe a explosé sans faire de victime et le Feldkommandant ordonne la fermeture des cinémas Royal et Sélect. Les spectacles donnés au théâtre municipal finissant parfois tard, les tickets avaient valeur pour les Rennais de laissez-passer pour leur permettre de rentrer chez eux.

Le théâtre aux Allemands
La Fille de Mme Angot ou, pour les occupants, Madame Angots Tochter
Rennes, ville allemande ?

Et il faut bien prendre en considération ces spectateurs venus d'ailleurs. Ainsi Rennes - Théatre, programme officiel du Théâtre municipal (directeur : Léo Max) qui a rouvert ses portes le 18 octobre, programmait pour la saison 1940-41 La Fille de Mme Angot, opérette en 3 actes, avec Mlle Renée Roger, première divette d'opérette, Mlle Fernande Chadel, 2e chanteuses des 1res, M. Robert Leroy, baryton en tous genres, Mlle Nado Regel, 1re Desclauzas, rennaise d'origine, orchestre et chœurs sous la direction de M. André Lhery. Désiré Faludi L'argument de l'opérette était donné en français mais suivi, en fin de livret, de la même présentation en allemand : Madame Angots Tochter.

Même présentation pour :

le Jongleur de Notre-Dame qui devient Der Glaukler der Heiligen Jungfrau et pour

le Retour des Arzonnais, création à Rennes, orchestrée par Bourgault-Ducoudray[2], avec Paul Cabanel, de l'Opéra, qui devient Die Rückker der Seeleute von Arzon[3].

Permis de circuler après 23h30 pour un employé de journal

Au théâtre, dont la rotonde est en façade affublée d'une grande pancarte " NSG Kraft durch Freude. Deutsches Soldaten-Theater", [4] des concerts ont parfois d'étranges exécutants étrangers : ainsi des Rennais préférèrent au Jazz l'audition d'un orchestre de la Luftwaffe,[5] l'armée de l'air allemande, en décembre 1941... et l'occasion s'offre à nouveau le 17 mars, le 5 juin 1942.

Autres occupations nocturnes

Les soldats disposaient d'un foyer du soldat (Soldatenheim), au N° 14 [[rue Saint-Yves] et d'un autre 54, rue Saint-Hélier. Les officiers disposaient d'un "Kasino", un cercle de distractions qui occupe l'hôtel Villemain, rue Martenot.

Ouest-Eclair du 24 mars 1943


Autre occupation nocturne des militaires, le passage dans une des trois maisons closes de Rennes : le Fémina Bar, dit aussi "Tour de Nesles", 46 rue Duhamel, La Feria, 19 boulevard Solférino et La Populaire, 13 rue Edouard Turquety, qui a été détruit lors du bombardement du 29 mai 1943, où quatre Allemands et quatre femmes ont été tués[6] ou dans des chambres louées dans des hôtels, rue de la Santé, rue de Riaval , rue Derval hôtel des Carmélites [7].

Mais les occupants, se voulant gentils, proposent aussi à leurs occupés, les Rennais, de les distraire de la dureté des temps, par des concerts militaires publics, notamment.


Concert allemand devant le palais du Commerce (Archives de Rennes)


Pour les Rennais, circuler la nuit au delà de l'heure prescrite nécessite un permis : un Ausweiss.













Références

  1. cours Raphaël Binet
  2. rue Bourgault-Ducoudray
  3. Rennes pendant la guerre, chroniques de 1939 à 1945, par Étienne Maignen. Éditions Ouest-France - 2013
  4. Organisation nazie. La force par la joie. Théâtre des soldats allemands
  5. Luftwaffe Wikipedia-logo-v2.svg
  6. Évadé de Bretagne, en Angleterre l'étudiant renseigne sur Rennes occupé
  7. La nuit à Rennes sous l'occupation allemande, par Erwan Saladin. Université de Haute-Bretagne Rennes 2 - 2001