« Nuit du 30 juin 1944, des miliciens pour assassiner des Rennais » : différence entre les versions

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Le 28 juin 1944, Philippe Henriot , secrétaire d'Etat à la propagande du gouvernement de Vichy, était assassiné, sous les yeux de sa femme, au ministère de l'information à Paris par un groupe de résistants du COMAC (Comité d'action militaire ) qui s'étaient fait passer pour des miliciens Ainsi se taisait définitivement la voix de l'orateur talentueux que les Français entendaient sur les ondes de Radio-Paris, en opposition totale aux voix des Français libres s'exprimant de Londres dans l’émission « Les Français parlent aux Français ». Des milliers d'affiches avaient été collées dans Paris : "Il disait la vérité, ils l'ont tué."
Le 28 juin 1944, Philippe Henriot, secrétaire d'État à la propagande du gouvernement de Vichy, était assassiné, sous les yeux de sa femme, au ministère de l'information à Paris par un groupe de résistants du COMAC (Comité d'action militaire) qui s'étaient fait passer pour des miliciens Ainsi se taisait définitivement la voix de l'orateur talentueux que les Français entendaient sur les ondes de Radio-Paris, en opposition totale aux voix des Français libres s'exprimant de Londres dans l'émission « Les Français parlent aux Français ». Des milliers d'affiches avaient été collées dans Paris : "Il disait la vérité, ils l'ont tué."
[[Fichier:Avis_d_obseques_d_assassines.jpeg|250px|right|thumb|L'avis d'obsèques des deux Rennais assassinés : annoncés "décédés accidentellement"]]
[[Fichier:Avis_d_obseques_d_assassines.jpeg|250px|right|thumb|''Ouest-Eclair'' du 4 juillet 1944:  avis d'obsèques de deux Rennais assassinés : annoncés "décédés accidentellement".]] Le journal passe sous silence les assassinats dont la nouvelle court en ville.


Mais la Milice ne pouvait laisser passer l’assassinat de ce chef milicien et, par mesure de représailles, cent cinquante assassinats de citoyens avaient été décidés dans toute la France. Sept étaient prévus pour Rennes. Sur cette liste, figurent le maire de la Ville [[François Château]], son secrétaire général Gaëtan Hervé<ref>[[boulevard Gaëtan Hervé]]</ref>, [[Pierre Lemoine]], greffier près de la Cour d'appel, [[Louis Volclair]], conseiller municipal radical-socialiste, '''Oscar Leroux''', ancien adjoint au maire radical-socialiste, le commandant [[Eugène Quédillac]] et le [[Docteur Roger Maruelle]].
Mais la Milice ne pouvait laisser passer l'assassinat de ce chef milicien et, par mesure de représailles, cent cinquante assassinats de citoyens avaient été décidés dans toute la France. Sept étaient prévus pour Rennes. Sur cette liste, figurent le maire de la Ville [[François Château]], son secrétaire général Gaëtan Hervé<ref>[[boulevard Gaëtan Hervé]]</ref>, [[Pierre Lemoine]], greffier près de la Cour d'appel, [[Louis Volclair]], conseiller municipal radical-socialiste, '''Oscar Leroux''', ancien adjoint au maire radical-socialiste, le commandant [[Eugène Quédillac]] et le [[Docteur Roger Maruelle]].


C’est dans la nuit du 30 juin que la mesure fut exécutée à Rennes, alors que le crépuscule s’assombrissait. Des miliciens s’étaient chargés des exécutions, appartenant au C.E.N.S., le Cercle d'études national-socialiste de {{w| Raymond du Perron de Maurin}}   (journaliste collaborateur qui s'enfuira en Allemagne et sera fusillé en 1946). L’ancien maire, François Château , est introuvable car il a fui début juin, réfugié dans la Sarthe. [[Eugène Quédillac]] et le [[Docteur Roger Maruelle]] ne sont pas trouvés.
C’est dans la nuit du 30 juin que la mesure fut exécutée à Rennes, alors que le crépuscule s’assombrissait. Des miliciens s’étaient chargés des exécutions, appartenant au C.E.N.S., le Cercle d'études national-socialiste de {{w| Raymond du Perron de Maurin}} (journaliste collaborateur qui s'enfuira en Allemagne et sera jugé et fusillé à Rennes en 1946).<ref> [[À Rennes, Du Perron de Maurin, chasseur de Juifs puis milicien]]</ref> L'ancien maire, François Château, est introuvable car il a fui début juin, réfugié dans la Sarthe. [[Eugène Quédillac]] et le [[Docteur Roger Maruelle]] ne sont pas trouvés.
[[Fichier:Bd_Oscar_Leroux.png|250px|left|thumb|Une étrange indication :"victimes de l'occupation allemande", falsification pour gommer les actes des  miliciens ?]]
Oscar Leroux <ref>[[boulevard Oscar Leroux]]</ref> a un long passé de politicien et de militant, il a été premier adjoint au maire de Rennes. Habitant une maison avec jardin dans le quartier Sévigné, venait juste de se coucher lorsque plusieurs coups de sonnettes retentissent. Il ouvre alors les volets de la chambre, située au premier étage et demande ce qu'on lui veut. Par intuition, il refuse de descendre et aperçoit des hommes qui pénètrent dans sa propriété. Sa fille commet l'imprudence d'ouvrir la porte d'entrée au moment où son père descend l'escalier. Les miliciens vont sans doute tirer quand un groupe de policiers arrive. Les assaillants protestent de leurs bonnes intentions et s'en vont mais de la rue un coup de feu est tiré sur Oscar Leroux qui est seulement blessé à l'épaule. Les plaques du [[boulevard Oscar Leroux]] portent l'inscription : ''Oscar Leroux, (1878 - 1948) "victime de l'occupation allemande"'', ignorant pudiquement l'action des miliciens français.


Oscar Leroux a un long passé de politicien et de militant, il a été premier adjoint au maire de Rennes. Habitant une maison avec jardin dans le quartier Sévigné, venait juste de se coucher lorsque plusieurs coups de sonnettes retentissent. Il ouvre alors les volets de la chambre, située au premier étage et demande ce qu'on lui veut. Par intuition, il refuse de descendre et aperçoit des hommes qui pénètrent dans sa propriété. Sa fille commet l'imprudence d'ouvrir la porte d'entrée au moment où son père descend l'escalier. Les miliciens vont sans doute tirer quand un groupe de policiers arrive. Les assaillants protestent de leurs bonnes intentions et s'en vont mais de la rue un coup de feu est tiré sur Oscar Leroux qui est seulement blessé à l'épaule.  Les plaques du [[boulevard Oscar Leroux]]  portent l’inscription : ''Oscar Leroux, (1878 - 1948) "victime de l'occupation allemande"'', ignorant l’action des miliciens.
Trois Rennais vont mourir :


Deux Rennais vont mourir :
'''Louis Volclair fils''', libraire. C'est par erreur, à la place de son père, conseiller municipal radical-socialiste de Rennes, connu pour ses sentiments anti-allemands, que des miliciens s'étant  présentés au domicile de Louis Volclair fils, vers 22 h 30 le 30 juin, son épouse répond que Louis Volclair est hospitalisé à la [[clinique de la Sagesse]]. Les miliciens s’y rendent et après avoir déclaré qu’ils sont « de la police » bousculent la religieuse qui les a reçus et après s'être enquis du numéro de la chambre de leur victime, y pénètrent et le  milicien Le Guennec massacre dans son lit, sans explication. Reconnu coupable, ce milicien sera condamné et fusillé le 7 novembre 1945 au stand de Coëtlogon. <ref> ''Ouest-France'', 8.11.1945</ref>


'''Louis Volclair fils''', libraire.  C’est par erreur, à la place de son père, conseiller municipal radical-socialiste de Rennes, connu pour  ses sentiments antiallemands, que des miliciens s’étant  présentés au domicile de Louis Volclair fils, vers 22 h 30 le 30 juin, son épouse répond que Louis Volclair est hospitalisé à la  [[clinique de la Sagesse]]. Les miliciens s’y rendent et après avoir déclaré qu’ils sont « de la police » bousculent la religieuse qui les a reçus et après s’être enquis du numéro de la chambre de leur victime, y pénètrent et le massacrent dans son lit, sans explication.
Les miliciens se rendent à la mairie où habite avec sa famille '''Gaëtan Hervé''', secrétaire général de la mairie.<ref>[[Boulevard Gaëtan Hervé]]</ref>  Celui-ci s'enfuit en pyjama et fut abattu dans la [[rue de Coëtquen]] par une patrouille allemande rencontrée malencontreusement.  
Les miliciens se rendent à la mairie où habite avec sa famille Gaëtan Hervé, secrétaire général de la mairie. Celui-ci s’enfuit en pyjama et fut abattu dans la rue de Coëtquen par une patrouille allemande rencontrée malencontreusement.  


'''Pierre Lemoine''', greffier près la Cour d'Appel, agit clandestinement pour la résistance et habite au palais de justice.<ref> [[Palais du parlement de Bretagne]] </ref> Il ouvre et est blessé à l'entrée de son appartement et achevé à la mitraillette dans les combles dont des poutres de la charpente gardaient des traces de balles en arc de cercle.<ref> visite sur place de Gilbert Guillou et de son père en compagnie du gardien, après la Libération</ref>
'''Pierre Lemoine''', greffier près la Cour d'Appel, agit clandestinement pour la résistance et a déserté son domicile de la [[rue Emile Souvestre]] pour dormir au palais de justice<ref>[[Palais du parlement de Bretagne]]</ref>. Il ouvre et est blessé à l'entrée de son appartement, il fut achevé à la mitraillette par Eugène Bizeul dans les combles dont des poutres de la charpente gardaient des traces de balles en arc de cercle<ref>Visite sur place de Gilbert Guillou et de son père en compagnie du gardien, après la Libération</ref>. Bizeul, condamné à mort, vit sa peine commuée en celle des travaux forcés à perpétuité. <ref> ''Ouest-France'' 8.11.1945</ref>


Des obsèques nationales eurent lieu pour Philippe Henriot le samedi 2 juillet à Notre-Dame de Paris, présidées par le cardinal Suhard, archevêque de Paris, en présence du chef du gouvernement, Pierre Laval et d'Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne. Le journal l'''Ouest-Eclair'' du 3 juillet en rendit compte, mais au verso de la feuille unique, il est fait allusion aux assassinats rennais mais sous la forme d'étranges avis d'obsèques de deux Rennais décédés "accidentellement", adverbe de camouflage d'assassinats qui, certes, n'étaient pas glorieux.
Des obsèques nationales eurent lieu pour Philippe Henriot le samedi 2 juillet à Notre-Dame de Paris, présidées par le cardinal Suhard, archevêque de Paris, en présence du chef du gouvernement, Pierre Laval et d'Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne. Le journal l'''Ouest-Eclair'' du 3 juillet en rendit compte, titrant :"Paris et la France ont rendu un ultime hommage à M. Philippe Henriot" mais, au verso de la feuille unique, il est fait allusion aux assassinats rennais sous la forme d'étranges avis d'obsèques de deux Rennais décédés "accidentellement", adverbe de camouflage d'assassinats qui, certes, n'étaient pas glorieux.
 
==== Un récit de l'assassinat de M. Hervé et de M. Lemoine====
 
Samedi 1er juillet 1944.  23 heures
 
" Vers minuit donc, des inconnus, vêtus de "bleu" d'ouvrier se sont présentés chez M. Hervé et ont été reçus par Mme Hervé qui, trouvant leur allure suspecte, cria à son mari de fuir. Celui-ci partit en pyjama par une porte de derrière mais il fut interpellé par une patrouille allemande. Ne répondant pas, dit-on, il fut tu" d'un coup de fusil.
 
À la même heure ou dans les environs, même scène chez Oscar Leroux, atteint à l'épaule, chez Louis Volclair, chez M. Lemoine,[[
[[rue Emile Souvestre]]. Mais M. Lemoine n'était pas là, depuis le bombardement. Les inconnus demandèrent à vérifier son absence et visitèrent la maison. Ils se firent donner sa nouvelle adresse : Palais de Justice. Après avoir secoué le lourd marteau de la Grand-porte, en vain, ils gagnèrent la [[rue Salomon de Brosse]] et réveillèrent le concierge: "Police!" Le concierge se leva. "Police, lui dirent-ils en présentant un document rédigé en allemand. Nous avons ordre d'interroger M. Lemoine, conduisez-nous." Le concierge tenta de protester: "Mais il n'est pas là!" Trois revolvers furent braqués sur lui: "Pas de réplique."
 
Le concierge obtempéra et, au lieu de chercher appui près des autres personnes qui occupaient le Palais - dont des magistrats - il les conduisit à la Chambre des Avoués où M. Lemoine dormait. Celui-ci, réveillé, comprenant ce qui se passait, plaisanta à sa manière habituelle: "Faut-il mettre mon pantalon ? -Oui- Faut-il prendre mes souliers ou garder mes chaussons ? - Restez en chaussons..." Enfin ils le conduisirent dans une salle voisine , et le fusillèrent..."
 
''Pierre de La Haye'' (Journal. Pierre et Armande de La Haye 6 juin - 18 août 1944)


===Références===
===Références===
<references/>
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Le 28 juin 1944, Philippe Henriot, secrétaire d'État à la propagande du gouvernement de Vichy, était assassiné, sous les yeux de sa femme, au ministère de l'information à Paris par un groupe de résistants du COMAC (Comité d'action militaire) qui s'étaient fait passer pour des miliciens Ainsi se taisait définitivement la voix de l'orateur talentueux que les Français entendaient sur les ondes de Radio-Paris, en opposition totale aux voix des Français libres s'exprimant de Londres dans l'émission « Les Français parlent aux Français ». Des milliers d'affiches avaient été collées dans Paris : "Il disait la vérité, ils l'ont tué."

Ouest-Eclair du 4 juillet 1944: avis d'obsèques de deux Rennais assassinés : annoncés "décédés accidentellement".

Le journal passe sous silence les assassinats dont la nouvelle court en ville.

Mais la Milice ne pouvait laisser passer l'assassinat de ce chef milicien et, par mesure de représailles, cent cinquante assassinats de citoyens avaient été décidés dans toute la France. Sept étaient prévus pour Rennes. Sur cette liste, figurent le maire de la Ville François Château, son secrétaire général Gaëtan Hervé[1], Pierre Lemoine, greffier près de la Cour d'appel, Louis Volclair, conseiller municipal radical-socialiste, Oscar Leroux, ancien adjoint au maire radical-socialiste, le commandant Eugène Quédillac et le Docteur Roger Maruelle.

C’est dans la nuit du 30 juin que la mesure fut exécutée à Rennes, alors que le crépuscule s’assombrissait. Des miliciens s’étaient chargés des exécutions, appartenant au C.E.N.S., le Cercle d'études national-socialiste de Raymond du Perron de Maurin Wikipedia-logo-v2.svg (journaliste collaborateur qui s'enfuira en Allemagne et sera jugé et fusillé à Rennes en 1946).[2] L'ancien maire, François Château, est introuvable car il a fui début juin, réfugié dans la Sarthe. Eugène Quédillac et le Docteur Roger Maruelle ne sont pas trouvés.

Une étrange indication :"victimes de l'occupation allemande", falsification pour gommer les actes des miliciens ?

Oscar Leroux [3] a un long passé de politicien et de militant, il a été premier adjoint au maire de Rennes. Habitant une maison avec jardin dans le quartier Sévigné, venait juste de se coucher lorsque plusieurs coups de sonnettes retentissent. Il ouvre alors les volets de la chambre, située au premier étage et demande ce qu'on lui veut. Par intuition, il refuse de descendre et aperçoit des hommes qui pénètrent dans sa propriété. Sa fille commet l'imprudence d'ouvrir la porte d'entrée au moment où son père descend l'escalier. Les miliciens vont sans doute tirer quand un groupe de policiers arrive. Les assaillants protestent de leurs bonnes intentions et s'en vont mais de la rue un coup de feu est tiré sur Oscar Leroux qui est seulement blessé à l'épaule. Les plaques du boulevard Oscar Leroux portent l'inscription : Oscar Leroux, (1878 - 1948) "victime de l'occupation allemande", ignorant pudiquement l'action des miliciens français.

Trois Rennais vont mourir :

Louis Volclair fils, libraire. C'est par erreur, à la place de son père, conseiller municipal radical-socialiste de Rennes, connu pour ses sentiments anti-allemands, que des miliciens s'étant présentés au domicile de Louis Volclair fils, vers 22 h 30 le 30 juin, son épouse répond que Louis Volclair est hospitalisé à la clinique de la Sagesse. Les miliciens s’y rendent et après avoir déclaré qu’ils sont « de la police » bousculent la religieuse qui les a reçus et après s'être enquis du numéro de la chambre de leur victime, y pénètrent et le milicien Le Guennec massacre dans son lit, sans explication. Reconnu coupable, ce milicien sera condamné et fusillé le 7 novembre 1945 au stand de Coëtlogon. [4]

Les miliciens se rendent à la mairie où habite avec sa famille Gaëtan Hervé, secrétaire général de la mairie.[5] Celui-ci s'enfuit en pyjama et fut abattu dans la rue de Coëtquen par une patrouille allemande rencontrée malencontreusement.

Pierre Lemoine, greffier près la Cour d'Appel, agit clandestinement pour la résistance et a déserté son domicile de la rue Emile Souvestre pour dormir au palais de justice[6]. Il ouvre et est blessé à l'entrée de son appartement, il fut achevé à la mitraillette par Eugène Bizeul dans les combles dont des poutres de la charpente gardaient des traces de balles en arc de cercle[7]. Bizeul, condamné à mort, vit sa peine commuée en celle des travaux forcés à perpétuité. [8]

Des obsèques nationales eurent lieu pour Philippe Henriot le samedi 2 juillet à Notre-Dame de Paris, présidées par le cardinal Suhard, archevêque de Paris, en présence du chef du gouvernement, Pierre Laval et d'Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne. Le journal l'Ouest-Eclair du 3 juillet en rendit compte, titrant :"Paris et la France ont rendu un ultime hommage à M. Philippe Henriot" mais, au verso de la feuille unique, il est fait allusion aux assassinats rennais sous la forme d'étranges avis d'obsèques de deux Rennais décédés "accidentellement", adverbe de camouflage d'assassinats qui, certes, n'étaient pas glorieux.

Un récit de l'assassinat de M. Hervé et de M. Lemoine

Samedi 1er juillet 1944. 23 heures

" Vers minuit donc, des inconnus, vêtus de "bleu" d'ouvrier se sont présentés chez M. Hervé et ont été reçus par Mme Hervé qui, trouvant leur allure suspecte, cria à son mari de fuir. Celui-ci partit en pyjama par une porte de derrière mais il fut interpellé par une patrouille allemande. Ne répondant pas, dit-on, il fut tu" d'un coup de fusil.

À la même heure ou dans les environs, même scène chez Oscar Leroux, atteint à l'épaule, chez Louis Volclair, chez M. Lemoine,[[ rue Emile Souvestre. Mais M. Lemoine n'était pas là, depuis le bombardement. Les inconnus demandèrent à vérifier son absence et visitèrent la maison. Ils se firent donner sa nouvelle adresse : Palais de Justice. Après avoir secoué le lourd marteau de la Grand-porte, en vain, ils gagnèrent la rue Salomon de Brosse et réveillèrent le concierge: "Police!" Le concierge se leva. "Police, lui dirent-ils en présentant un document rédigé en allemand. Nous avons ordre d'interroger M. Lemoine, conduisez-nous." Le concierge tenta de protester: "Mais il n'est pas là!" Trois revolvers furent braqués sur lui: "Pas de réplique."

Le concierge obtempéra et, au lieu de chercher appui près des autres personnes qui occupaient le Palais - dont des magistrats - il les conduisit à la Chambre des Avoués où M. Lemoine dormait. Celui-ci, réveillé, comprenant ce qui se passait, plaisanta à sa manière habituelle: "Faut-il mettre mon pantalon ? -Oui- Faut-il prendre mes souliers ou garder mes chaussons ? - Restez en chaussons..." Enfin ils le conduisirent dans une salle voisine , et le fusillèrent..."

Pierre de La Haye (Journal. Pierre et Armande de La Haye 6 juin - 18 août 1944)

Références

  1. boulevard Gaëtan Hervé
  2. À Rennes, Du Perron de Maurin, chasseur de Juifs puis milicien
  3. boulevard Oscar Leroux
  4. Ouest-France, 8.11.1945
  5. Boulevard Gaëtan Hervé
  6. Palais du parlement de Bretagne
  7. Visite sur place de Gilbert Guillou et de son père en compagnie du gardien, après la Libération
  8. Ouest-France 8.11.1945