Où aura lieu le débarquement ?

De WikiRennes
Aller à la navigationAller à la recherche


Le samedi 11 mars 1944, les officiers allemands de la garnison de Rennes sont conviés, probablement au Q.G de la rue de Corbin, à un exposé sur les préparatifs du débarquement. Ces messieurs arrivent et prennent place après avoir laissé leurs belles casquettes à l'entrée de la salle.

L'exposé est fait par le commandant Rhein du Quartier général de la VIIe armée, du district d'administration militaire "B" pour le sud-ouest de la France ( Militär Verwaltungsbezirk "B" Südwestfrankreich, siège à Angers).

Le conférencier commença  : "Où et quand aura lieu le débarquement anglo-américain ? C'est la question qui préoccupe aujourd'hui tout soldat, de la plus haute autorité militaire au dernier grenadier..."

Après avoir évalué les forces ennemies disponibles, le commandant indiqua que la Kriegsmarine estimait possible de transporter d'Angleterre, par bateaux, vingt-cinq divisions de débarquement d'un seul coup, mais où et quand ? Réponse : N'importe quand et en tous lieux.

Quand ? Au moment de la nouvelle lune, donc d'obscurité totale correspondant avec la période où, avant l'aube, la marée atteint son niveau le plus élevé, mais des surprises sont certaines. Où ? Entre les îles de la Frise et Ouessant, un front côtier de 1000 km, mais aussi de la côte de Gascogne jusqu'à la frontière espagnole, et la côte méridionale de la France ne devrait pas être écartée. La question non tranchée du lieu et de la date oblige donc à être constamment en état de défense.

Et il conclut son exposé :"Si le débarquement devait être encore repoussé de quelques semaines, cela nous serait plus profitable qu'à l'ennemi, si chacun de nous à sa place utilise le délai accordé, pour la préparation ultime de la totalité de nos moyens de défense".

En résumé, un exposé de cinq pages pendant lequel le commandant Rhein avait passé son temps à se perdre en conjectures, laissant, à la sortie, des officiers reprenant leurs casquettes, bien perplexes, échangeant probablement à voix basses des impressions pleines d'ironie rentrée, ou d'inquiètude, ou des deux. [1]

références

  1. Rapport d'activité du XXVe Corps d'armée allemand en occupation en Bretagne, traduction du commandant Even. Service historique de l'Armée de terre. Vincennes - 1978