Prison Saint-Michel

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La prison Saint-Michel se trouvait au numéro 7 de l'allée Rallier du Baty[1] du nom d'un maire de Rennes. La prison porta plusieurs noms : La Feillée, la Conciergerie et prison Marat pendant la Révolution. Le nom "prison Saint-Michel" tient de sa présence près de la porte Saint-Michel, à l'est, dans les anciens remparts. Elle avait pris, vers 1450, la suite d'un prieuré Saint-Michel[2].

Plan de 1720 en rouge situant au milieu, à l'intérieur du rempart, la prison Saint-Michel par rapport à un plan de 1925[3]

Avant 1720

Au rez-de-chaussée, une petite cour d'entrée, que closent deux solides portes, sert à recevoir et à ferrer les prisonniers; elle communique par un étroit passage à droite avec la prison des femmes, à gauche avec l'escalier qui dessert celle des hommes.

La prison des femmes, située sous la chapelle, consiste en une seule chambre de 15 pieds de long sur 10 de large (4 x 2,5 mètres) on y entasse pêle-mêle les femmes emprisonnées pour dettes et les malheureuses que la police ou la patrouille fait renfermer, « qui estant infectées de vilaines maladies peuvent facilement les communiquer aux honestes filles et femmes qui s'y trouvent  » L'étroite cour qui leur est affectée n'est séparée de celle des hommes que par une barrière en planches, clôture bien fragile et qui ne put empêcher maintes fois des scènes scandaleuses.

La cour des criminels, située au centre des bâtiments, mesure 40 pieds sur 23 ( 10 X 5 mètres); cinq chambres de force, réservées aux galériens, l'entourent. Dessous sont creusées trois basses-fosses, sans air, froides et obscures.

Le premier étage comprend : le logement du concierge, avec comme dépendance cave au rez-de-chaussée; au-dessus des cinq cachots affectés aux criminels se trouvent l'infirmerie des hommes et quatre chambres de détention, dont les noms pompeux contrastent singulièrement avec l'humidité et le mauvais air' qui y régnent presque toujours. Ces locaux ont une grandeur moyenne de 6 mètres de long sur 5 de large; ils sont desservis par une galerie saillante en encorbellement sur la cour principale. A ce même étage se voient encore la linge- rie, l'infirmerie des femmes et la chapelle; près de celle-ci, une porte donne accès do la prison dans la chambre criminelle *, aliénant au Présidial. Des greniers régnent sur le tout; ils servent à emmagasiner la paille, les fagots et autres provisions nécessaires au geôlier.

Au centre, la prison Saint-Michel avec sa cour, en haut à gauche, la place Rallier-du-Baty

Les transformations

Dès 1590, pendant la Ligue, la Feillée ne pouvant suffire à loger les prisonniers que Ton y amène chaque jour, le Parlement ordonne que les deux tours de Saint-Germain « seront prises et accomo- dées pour en faire une Conciergerie et y mettre partie des prisonniers » L'une des tours Saint-Georges a la même affectation en 1597.

En 1626 la peste sévit aux prisons Saint-Michel : les détenus pour dettes sont alors transférés dans une maison proche la ville et les galériens répartis dans la tour du Champ-Dollent et les basses-fosses du Palais-Neuf, situées sous les galeries du rez-de-chaussée .

Au centre, plan de la prison Saint-Michel en 1726

C'est dans la chambre criminelle que les magistrats enquêteurs inlerrogcaienl l'accusé et recevaient les dépositions de témoins; c'est là aussi que le condamné à mort subissait la torture avant d'être livré à l'exécuteur criminel.

Vers la fin du XVII siècle, après la démolition des tours Saint-Germain, effectuée en 1649, et depuis que l'on n'incarcère plus dans les tours Saint-Georges, la Tour-le-Bàt devient une succursale de la Feillée et reçoit annuellement de trente à quarante galériens. La Tour-le-Bât était une ancienne tour des fortifications, située près de la rue Saint-François, actuellement rue Hoche; c'était une sorte de donjon auquel on accédait par une rampe fort rapide, dont l'entrée était au n° 14 de la rue Hoche actuelle.

Non seulement les prisons Saint-Michel deviennent d'une insuffisance de plus en plus notoire au XVIIIe siècle, mais encore leur délabrement et la malveillance des détenus qui en profitent vont nécessiter au Domaine du Roi de nombreuses réparations.

En 1707, les trous profonds creusés par les prisonniers en faisant du feu dans leurs chambres, trous qu'il est urgent de combler au plus vite, font monter l'adjudication des ouvrages à 560 livres.

Après 1720

En 1720, l'incendie, dans la nuit du 24 au 25 décembre, consume la Chambre criminelle, le Présîdial et ses archives; il lèche les murs de la prison, mais ne les atteint pas. Cependant l'alarme est vive à la Conciergerie; tandis que Ton démolit la couverture des bâtiments et que l'on enlève la paille des greniers, les galériens, affolés par la peur du fléau et avec l'espoir de recouvrer la liberté, se mettent à enfoncer les portes des basses-fosses. Tous les prisonniers sont immédiatement transférés à la Tour-le-Bât, sur ordre du Procureur général, accouru au bruit de la révolte.

En 1724, la Ville décide de construire un bâtiment sur l'emplacement du Présidial incendié; deux chambres sont aménagées au rez-de-chaussée pour « séparer les honestes femmes des autres; » on rétablit au-dessus la Chambre criminelle et l'on y réserve un logement pour l'aumônier, afin que ce dernier ne soit plus, comme précédemment, éloigné de la prison, et « qu'il puisse estre à la commodité « jour et nuit d'administrer les Sacrements aux a prisonniers. » L'adjudication des travaux est donnée à Tarchitecte Le Chevalier, qui prend pour 1500 livres les matériaux restant du Présidial et reçoit 14000 livres du Domaine pour l'entière construction des agrandissements demandés.

Le 2 février 1740, un incendie éclate à la Feillée, consume les greniers et les charpentes du premier étage et cause d'importants ravages à l'hôtel de Tizé qui leur est contigu. Le propriétaire, M. des Nétumières, demande une indemnité do 11000 livres, tant pour les dégâts matériels subis par son hôtel et les meubles précieux qui ont été brûlés ou volés, que pour la perte de ses locataires, qui ne veulent pas revenir occuper leurs appartements et lui causent ainsi un préjudice de 5000 livres, prix de deux années de loyer. Il prétend, à l'appui de sa requête, que le feu a pris dans la cheminée de l'infirmerie des hommes, s'est étendu aux greniers remplis de paille et de fagots, et de là au deuxième étage de sa maiosn, située à la hauteur des toits de la prison. Mais do nombreuses expertises ne peuvent déterminer l'endroit où l'incendie a commencé et M. des Nétumières est débouté de sa demande.

Plan du 1er étage de la prison Saint-Michel en 1724, d'après Robelin[4]

Trop petite et trop insalubre

Les prisonniers ont été sur-le-champ transférés à la Tour-le-Bât; ils y restent deux mois, attendant la réfection complète des toitures et des greniers de la Conciergerie. Pour garantir désormais la prison du feu qui pourrait se communiquer par les maisons voisines, un mur de vingt-huit pieds de hauteur (6,5 mètres) est élevé sur le rempart. Ces réparations entraînent une dépense de 5450 livres. Les nombreux « enfondrements » que font les prisonniers nécessitent de coûteuses réparations en 1757. Deux ans plus tard, c'est encore 1240 livres qui sont demandées au Domaine du Roi ; on les consacre à la réparation de récentes effractions, la mise en état des huit grosses chaînes qui servent à conduire les prisonniers de la Conciergerie au Palais, au remplacement de douze paires de "6 rnenottes brisées par les détenus. Enfin une porte de communication est pratiquée dans le mur et l'appartement du concierge, pour que ce dernier, en cas de révolte aux prisons, ait une issue sur le mur de ville et fasse passer par cette voie les secours dont il pourrait avoir besoin. Les soulèvements des prisonniers devenaient, en effet, très fréquents et lui faisaient courir de grands risques.

À partir de cette époque, révoltes et effractions se succèdent presque sans interruption ; le geôlier n'est plus en sûreté : les prisonniers tentent journellement de parvenir jusqu'à son logement pour l'assassiner, s'emparer des clefs et s'évader. Leur audace, d'ailleurs, s'accroît avec leur nombre; aussi prend-on le parti, en 1765, de décharger la Conciergerie et de faire quelques réparations à la Tour-le-Bât pour y mettre des galériens : les portes et les croisées du bâtiment sont fortifiées, une baraque est aménagée pour loger un concierge, ainsi qu'une petite cour pour faire prendre l'air aux détenus.

Mais en 1768, une sérieuse épidémie ravage les prisons Saint-Michel et jette l'émoi par toute la ville. Les appréhensions justifiées du public, qui craint que la contagion ne le gagne, les plaintes journalières du concierge, qui ne peut empêcher les « enfondrements » des prisonniers, enfin les représentations continuelles du Parlement sur le mauvais état des geôles, déterminent Mgr le comte d'Agay, intendant de Bretagne, à faire une visite de ces prisons. L'expertise déclare « qu'elles ne reçoivent qu'un jour très « obscur par des cours trop étroites, où l'air est ce corrompu par le trop grand nombre de prisonniers resserrés dans des espaces aussi peu éten dus. » L'agrandissement de la Conciergerie est décidé : il s'impose d'autant plus que le nombre des détenus augmente journellement depuis 1772. Une ordonnance de cette année renvoie, en effet, à la Sénéchaussée de Rennes la connaissance de tous les crimes qui se commettent sur les fiefs des sei- gneurs, dans l'étendue de la province.

Aucun agrandissement ne peut être fait à la prison Saint-Michel, car les terrains voisins « sont « occupés par des maisons et établissements utiles « au commerce et par plusieurs hôtels-. » On décide d'acquérir aux environs de la Tour-le-Bât un terrain suffisant pour y élever une prison « forte et commode » et dont la tour formerait le centre. [5]

Cour intérieure de l'ancienne prison Saint-Michel

Prison civile, d'où s'échappe un chef chouan en 1832 [6] puis aussi prison militaire à partir de 1840 jusqu'à l'achèvement de la prison militaire de la rue Saint-Hélier, elle fut transformée par la suite en magasin. La disposition intérieure n'a guère changé au regard de la description faite en 1692 et du plan de 1724.

Grâce au plan de Robelin de 1724, on sait de façon détaillée la configuration du premier étage de l'ancienne prison et l'on a des précisions sur le rez-de-chaussée.

À gauche du porche actuel se trouve une tour octogonale, avec escalier de pierre en colimaçon desservant les trois étages. Les autres bâtiments donnant sur la cour intérieure n'en ont qu'un et sont reliés par une galerie.


Sont classés aux Monuments historiques: d'une part un immeuble sis 5-7 allée Rallier du Baty, (Cad.AC 381), pour la tour d'escalier en totalité, les façades et toitures de tous les autres bâtiments à l'exclusion de celui du 19e siècle, les galeries d'étage, la cour intérieure avec son puits, le sol d'assiette de la parcelle ; d'autre part un immeuble sis 4 allée Rallier du Baty, (Cad.AC 383), pour les façades et toitures du bâtiment de l’ancienne chambre criminelle : inscription par arrêté du 26 juin 2014

Il est encore possible d'observer la cour intérieure de la prison, et également quelque pièces de l'ancienne prison qui abrite un restaurant, un bar et une discothèque.

Références

  1. Toussaint Rallier du Baty
  2. rue Saint-Michel
  3. Le Vieux Rennes, par Paul Banéat; J. Larcher éd.
  4. Le Vieux Rennes, par Paul Banéat. J. Larcher éd. - 1911
  5. Les anciennes prisons de Rennes L. Delourmel. décembre 1897. Bulletin et mémoires de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, tome XXVII)
  6. En 1832, au 10 rue Saint-Georges, une couturière exfiltreuse

Liens externes

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