« Réjouissances à l'entrée du procureur général du roi au parlement » : différence entre les versions

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Le procureur général du roi au [[Parlement de Bretagne]] était un des hommes les plus importants de la province. Son autorité était sans équivalent du fait de son rôle essentiel dans la fonctionnement de la justice, tant au civil qu'au pénal. L'arrivée d'un nouvel officier à cette place est l'occasion d'un fête en [[1775]]. Un fait divers le rappelle.
Le procureur général du roi au [[Parlement de Bretagne]] était un des hommes les plus importants de la province. Son autorité était sans équivalent du fait de son rôle essentiel dans la fonctionnement de la justice, tant au civil qu'au pénal.  


L'arrivée d'un nouvel officier à cette place est l'occasion d'un fête en [[1775]]. Un fait divers le rappelle.


En novembre 1775, le [[Présidial de Rennes]] ouvre une information concernant le suicide de Charles Chausse, soldat au régiment de la Tour du Pin, trouvé pendu le 23 novembre, au manteau de la cheminée, l'esprit dérangé à la suite du coup de fusil reçu à la tête lors des réjouissances à propos de l'arrivée du procureur général du roy du parlement. La famille obtient satisfaction dans sa demande de le voir enterré "sans scandale", suite à sa requête :


A Monsieur Delanoë Bidard faisant fonction de procureur du roy au siege pre[sidi]al de Rennes.
En novembre 1775, le [[Présidial de Rennes]] ouvre une information concernant le suicide de Charles Chausse, soldat au régiment de la Tour du Pin, trouvé pendu le 23 novembre, au manteau de la cheminée, l'esprit dérangé à la suite du coup de fusil reçu à la tête lors des réjouissances à propos de l'arrivée du procureur général du roy du parlement.  


Monsieur
La famille obtient satisfaction dans sa demande de le voir enterré ''sans scandale'', suite à sa requête<ref>Le scandale tant redouté tient à ce que par une logique que nous avons peine à suivre, le suicidaire était jugé, mort, pour avoir porté atteinte à sa vie, ce que seul Dieu est censé faire si bon lui semble. Pour cela, le corps est embaumé et quelqu'un est désigné pour tenir son rôle devant les juges, qui décideront de le condamner ou de l'acquitter, dans ce cas, si le suicide n'est pas avéré (accident). S'il est condamné, sa dépouille sera mise en scène comme dans une condamnation classique, à la honte complète de tous ceux qui lui étaient liés.</ref> :
Charles Chausse, Soldat de la Tour, du port de Lorient, etant venu en semestre chez sa mere l'année dernière, et laquelle demeure rue de la Poissonnerie [près la Croix d'or], eut le malheur de recevoir un coup de fusil à la teste lors qu'on se conjouissait de l'arrivée de Mr. De La Chalottais. Depuis cet accident quoique gueri, ce garçon a toujours eu des vertiges et l'esprit egaré, de façon qu'on le gardait le plus souvent, de crainte qu'il ne se precipita. Mais hier, jeudi 23 9bre 1775, sa mère et sa soeur ayant eu affaires à sortir necessairement et l'ayant vu en sens rassis à ce qu'elle jugerent, il est arivé qu'il s'est pendu et est mort. Laditte mère a fait sa representation à Mr. Desaulnais, curé de Toussaints, qui l'avait cy devant confessé, afin qu'il fut enterré sans scandal. Il y a repondu qu'il ne le pouvait sans votre permission. C'est donc pourquoy cette mère eplorée a recours à votre clemence vous supliant de permettre qu'il soit enlevé et enterré à Toussaints sous l'attestation des voisins de l'autre part qui ont connaissance de la faiblesse d'esprit dudit Charles Chausse ; en retour laditte mere et famille ne cesseront leurs voeux envers le ciel pour la conservation de vos jours precieux.
[Signé : ] Vinsent Riaudel, René Debray, Jan Andrée, Gillonne Thaumont, Aubin, Morel.


{{citation |texte=A Monsieur Delanoë Bidard faisant fonction de procureur du roy au siege pre[sidi]al de Rennes.<br />Monsieur<br />Charles Chausse, Soldat de la Tour, du port de Lorient, etant venu en semestre chez sa mere l'année dernière, et laquelle demeure [[rue de la Poissonnerie]], eut le malheur de recevoir un coup de fusil à la teste lors qu'on se conjouissait de l'arrivée de Mr. De La Chalottais. Depuis cet accident quoique gueri, ce garçon a toujours eu des vertiges et l'esprit egaré, de façon qu'on le gardait le plus souvent, de crainte qu'il ne se precipita. Mais hier, jeudi 23 9bre 1775, sa mère et sa soeur ayant eu affaires à sortir necessairement et l'ayant vu en sens rassis à ce qu'elle jugerent, il est arivé qu'il s'est pendu et est mort. Laditte mère a fait sa representation à Mr. Desaulnais, curé de [[Toussaints]], qui l'avait cy devant confessé, afin qu'il fut enterré sans scandal. Il y a repondu qu'il ne le pouvait sans votre permission. C'est donc pourquoy cette mère eplorée a recours à votre clemence vous supliant de permettre qu'il soit enlevé et enterré à Toussaints sous l'attestation des voisins de l'autre part qui ont connaissance de la faiblesse d'esprit dudit Charles Chausse ; en retour laditte mere et famille ne cesseront leurs voeux envers le ciel pour la conservation de vos jours precieux.<br />
[Signé : ] Vinsent Riaudel, René Debray, Jan Andrée, Gillonne Thaumont, Aubin, Morel.|auteur=Archives du présidial de Rennes|origine=Cote 2B 1108 - Archives d'Ille-et-Vilaine|collecteur=|date=}}


== Références ==
 
== Notes et références ==
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[[Catégorie:Histoire et Mémoire]]
[[Catégorie:Histoire et Mémoire]]

Version actuelle datée du 20 octobre 2017 à 21:27

Le procureur général du roi au Parlement de Bretagne était un des hommes les plus importants de la province. Son autorité était sans équivalent du fait de son rôle essentiel dans la fonctionnement de la justice, tant au civil qu'au pénal.

L'arrivée d'un nouvel officier à cette place est l'occasion d'un fête en 1775. Un fait divers le rappelle.


En novembre 1775, le Présidial de Rennes ouvre une information concernant le suicide de Charles Chausse, soldat au régiment de la Tour du Pin, trouvé pendu le 23 novembre, au manteau de la cheminée, l'esprit dérangé à la suite du coup de fusil reçu à la tête lors des réjouissances à propos de l'arrivée du procureur général du roy du parlement.

La famille obtient satisfaction dans sa demande de le voir enterré sans scandale, suite à sa requête[1] :


« A Monsieur Delanoë Bidard faisant fonction de procureur du roy au siege pre[sidi]al de Rennes.
Monsieur
Charles Chausse, Soldat de la Tour, du port de Lorient, etant venu en semestre chez sa mere l'année dernière, et laquelle demeure rue de la Poissonnerie, eut le malheur de recevoir un coup de fusil à la teste lors qu'on se conjouissait de l'arrivée de Mr. De La Chalottais. Depuis cet accident quoique gueri, ce garçon a toujours eu des vertiges et l'esprit egaré, de façon qu'on le gardait le plus souvent, de crainte qu'il ne se precipita. Mais hier, jeudi 23 9bre 1775, sa mère et sa soeur ayant eu affaires à sortir necessairement et l'ayant vu en sens rassis à ce qu'elle jugerent, il est arivé qu'il s'est pendu et est mort. Laditte mère a fait sa representation à Mr. Desaulnais, curé de Toussaints, qui l'avait cy devant confessé, afin qu'il fut enterré sans scandal. Il y a repondu qu'il ne le pouvait sans votre permission. C'est donc pourquoy cette mère eplorée a recours à votre clemence vous supliant de permettre qu'il soit enlevé et enterré à Toussaints sous l'attestation des voisins de l'autre part qui ont connaissance de la faiblesse d'esprit dudit Charles Chausse ; en retour laditte mere et famille ne cesseront leurs voeux envers le ciel pour la conservation de vos jours precieux.
[Signé : ] Vinsent Riaudel, René Debray, Jan Andrée, Gillonne Thaumont, Aubin, Morel. »

— Archives du présidial de Rennes
Origine : Cote 2B 1108 - Archives d'Ille-et-Vilainelicence


Notes et références

  1. Le scandale tant redouté tient à ce que par une logique que nous avons peine à suivre, le suicidaire était jugé, mort, pour avoir porté atteinte à sa vie, ce que seul Dieu est censé faire si bon lui semble. Pour cela, le corps est embaumé et quelqu'un est désigné pour tenir son rôle devant les juges, qui décideront de le condamner ou de l'acquitter, dans ce cas, si le suicide n'est pas avéré (accident). S'il est condamné, sa dépouille sera mise en scène comme dans une condamnation classique, à la honte complète de tous ceux qui lui étaient liés.