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Le 16 octobre, par ordre du roi, le Parlement est exilé à Vannes, un exil qui va durer quinze ans.Une centaine de conseillers avec, à leur tête, le premier président François d’Argouges, père du futur évêque de Vannes, quitte sa résidence de Rennes. Suivent les gens du roi et autres auxiliaires de justice (procureurs, avocats, greffiers, huissiers, sergents, chirurgiens et autres experts), sans oublier les domestiques. Certains artisans et commerçants rennais rejoignent leur clientèle à Vannes. C’est la raison pour laquelle une véritable marée humaine s’empare de la cité vannetaise.
Le 16 octobre, par ordre du roi, le Parlement est exilé à Vannes, un exil qui va durer quinze ans.Une centaine de conseillers avec, à leur tête, le premier président François d’Argouges, père du futur évêque de Vannes, quitte sa résidence de Rennes. Suivent les gens du roi et autres auxiliaires de justice (procureurs, avocats, greffiers, huissiers, sergents, chirurgiens et autres experts), sans oublier les domestiques. Certains artisans et commerçants rennais rejoignent leur clientèle à Vannes. C’est la raison pour laquelle une véritable marée humaine s’empare de la cité vannetaise.


Madame de Sévigné écrit au comte de Bussy Rabutin et à mademoiselle de Bussy,  le 20 octobre, avec quelque détachement : ''Cette province est dans une grande désolation. M. de Chaulnes a ôté le parlement de Rennes pour punir la ville ; ces Messieurs sont allés à Vannes, qui est une petite ville où ils seront fort pressés. Les mutins de Rennes se sont sauvés il y a longtemps : ainsi les bons pâtiront pour les méchants ; mais je trouve tout fort bon, pourvu que les quatre mille hommes de guerre qui sont à Rennes, sous MM. de Fourbin et de Vins, ne m’empêchent point de me promener dans mes bois, qui sont d’une hauteur et d’une beauté merveilleuses.''  
Madame de Sévigné écrit au comte de Bussy Rabutin et à mademoiselle de Bussy,  le 20 octobre, avec quelque détachement : ''Cette province est dans une grande désolation. M. de Chaulnes a ôté le parlement de Rennes pour punir la ville ; ces Messieurs sont allés à Vannes, qui est une petite ville où ils seront fort pressés. Les mutins de Rennes se sont sauvés il y a longtemps : ainsi les bons pâtiront pour les méchants ; mais je trouve tout fort bon, pourvu que les quatre mille hommes de guerre qui sont à Rennes, sous MM. de Fourbin et de Vins, ne m’empêchent point de me promener dans mes bois, qui sont d’une hauteur et d’une beauté merveilleuses.'' Le 27 octobre elle écrit à sa fille :"On a ôté le Parlement : c'est le dernier coup car sans cela Rennes ne vaut pas Vitré."


Dès 1676 le nombre des baptêmes diminue brusquement, passant de 1800 à 1450. <ref> ''L'évolution de la population de Rennes au XVIIe siècle'', par François Lebrun. Persée</ref>  Rennes a perdu en quelques semaines plusieurs milliers d'habitants et va connaître une sinistre occupation militaire, la destruction de ses faubourgs.  ║À partir du 16, les habitants sont tenus de remettre leurs armes à leurs capitaines à l'exception de cinquante par compagnie de la haute ville et vingt-cinq en basse ville et ces armes sont envoyées à Belle-Ïle menacée par les Hollandais. Le 17 au soir des procureurs de la Cour et du présidial sont arrêtés ainsi que des vagabonds et seront libérés.
S'en vont les présidents et conseillers de la cour avec leurs familles et leur domestiques, mais aussi les avocats, procureurs, clercs, huissiers, greffiers, sergents et leurs familles. Dès 1676 le nombre des baptêmes diminue brusquement, passant de 1800 à 1450. <ref> ''L'évolution de la population de Rennes au XVIIe siècle'', par François Lebrun. Persée</ref>  Rennes a perdu en quelques semaines plusieurs milliers d'habitants et va connaître une sinistre occupation militaire, la destruction de ses faubourgs.  ║À partir du 16, les habitants sont tenus de remettre leurs armes à leurs capitaines à l'exception de cinquante par compagnie de la haute ville et vingt-cinq en basse ville et ces armes sont envoyées à Belle-Ïle menacée par les Hollandais. Le 17 au soir des procureurs de la Cour et du présidial sont arrêtés ainsi que des vagabonds et seront libérés.


=== Punition ===
=== Punition ===
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A partir du 9 décembre, six mille hommes de guerre sont à Rennes et y sont logés tout l'hiver, jusqu'au début de mars, chez les habitants tenus en outre de leur fournir "l'ustensile" : "le pot et le plat, feu pour cuire et manger leur viande, sel et vinaigre pour les assaisonner, place au feu et à la chandelle". Le régiment Dauphin aurait débauché 300 à 400 servantes. Femmes et filles de bonne famille se
A partir du 9 décembre, six mille hommes de guerre sont à Rennes et y sont logés tout l'hiver, jusqu'au début de mars, chez les habitants tenus en outre de leur fournir "l'ustensile" : "le pot et le plat, feu pour cuire et manger leur viande, sel et vinaigre pour les assaisonner, place au feu et à la chandelle". Le régiment Dauphin aurait débauché 300 à 400 servantes. Femmes et filles de bonne famille se
réfugièrent en grand nombre chez les Augustines de Saint-Yves <ref>[[hôpital Saint-Yves]]</ref> pour échapper à la soldatesque des
réfugièrent en grand nombre chez les Augustines de Saint-Yves <ref>[[hôpital Saint-Yves]]</ref> pour échapper à la soldatesque des
8 000 hommes de troupe imposés par le roi. <ref> ''Histoire des hôpitaux de Rennes'', professeur J-C. Sournia. BIU Santé </ref> Certains se comportèrent à Rennes comme en pays ennemi : René Duchemin, notaire royal à Rennes, écrit '' :"Le 13e décembre, plusieurs habitants de cette ville et forsbourgs ont esté battuz par des soldats qui estoient logez chez eux, et tous les soldats ont tellement vexé les habitants qu'ils ont jetté de leurs hostes et hostesses par les fenêtres, battuz et excédez, viollés des femmes ès présence de leur mariz, lié des enfens tous nuds sur des broches pour eux voulloir faire rostir, rompu et bruslé les meubles..."''<ref> '' Journal d'un bourgeois de Rennes. L'ancien comté de Rennes ou pays de Rennes'' par Michel de Mauny, éditions Roudil - 1974</ref> . La férocité de la répression, finit par toucher [[Madame de Sévigné]] elle-même, qui se défait de sa distance d'aristocrate et de son mépris des bas Bretons, pour écrire à son cousin Rabutin, le 20 octobre [[1675]] - ''"Cette province est dans une grande désolation. M. de Chaulnes a ôté le Parlement de Rennes pour punir la ville (...). Cette province a grand tort, mais elle est rudement punie au point de s'en remettre jamais. Il y a cinq mille hommes à Rennes dont plus  la moitié y passera l'hiver. On a pris à l'aventure vingt-cinq ou trente hommes que l'on va pendre (...)."
8 000 hommes de troupe imposés par le roi. <ref> ''Histoire des hôpitaux de Rennes'', professeur J-C. Sournia. BIU Santé </ref> Certains se comportèrent à Rennes comme en pays ennemi : René Duchemin, notaire royal à Rennes, écrit '' :"Le 13e décembre, plusieurs habitants de cette ville et forsbourgs ont esté battuz par des soldats qui estoient logez chez eux, et tous les soldats ont tellement vexé les habitants qu'ils ont jetté de leurs hostes et hostesses par les fenêtres, battuz et excédez, viollés des femmes ès présence de leur mariz, lié des enfens tous nuds sur des broches pour eux voulloir faire rostir, rompu et bruslé les meubles..."''<ref> '' Journal d'un bourgeois de Rennes. L'ancien comté de Rennes ou pays de Rennes'' par Michel de Mauny, éditions Roudil - 1974</ref> . La férocité de la répression, finit par toucher [[Madame de Sévigné]] elle-même, qui se défait de sa distance d'aristocrate et de son mépris des bas Bretons, pour écrire à son cousin Rabutin, le 20 octobre [[1675]] - ''"Cette province est dans une grande désolation. M. de Chaulnes a ôté le Parlement de Rennes pour punir la ville (...).
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