« Révolte du papier timbré » : différence entre les versions

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== La révolte==
== La révolte==


Le 18 avril, le peuple envahit le bureau de tabac,[[ place du champ Jacquet]], saccage tout et s'empare des balles d'herbe à Nicot. Le 25, le temple protestant de Cleunay est incendié sous prétexte que des commis des tabacs et du papier timbré sont de la religion.
Le 18 avril, le peuple envahit le bureau de tabac,[[ place du champ Jacquet]], saccage tout et s'empare des balles d'herbe à Nicot. Il fait de même au bureau du papier timbré sous le palais. Le 25, le temple protestant de Cleunay est incendié sous prétexte que des commis des tabacs et du papier timbré sont de la religion. Les compagnies de milice bourgeoises, les "cinquantaines", se mobilisent.


La colère explose en juin [[1675]] à Rennes. Le gouverneur, le [[duc de Chaulnes]],traité de "gros cochon", est assiégé en son Hôtel, et, dans toute la basse Bretagne, de très nombreux manoirs sont mis à sac et brûlés. Rue Haute, la duchesse est arrêtée par la foule qui la prie d'être la marraine d'un nouveau né qu'on lui tend mais elle reçoit sur ses genoux la charogne d'un chat crevé. Apeurée, [[Madame de Sévigné]] écrit encore à sa fille, le 24 juillet [[1675]] - ''"Nous ne voulons pas aller nous jeter dans la fureur qui agite notre province, elle augmente tous les jours ..."'' -  
La colère explose en juin [[1675]] à Rennes. Le gouverneur, le [[duc de Chaulnes]],traité de "gros cochon", est assiégé en son Hôtel, et, dans toute la basse Bretagne, de très nombreux manoirs sont mis à sac et brûlés. Rue Haute, la duchesse est arrêtée par la foule qui la prie d'être la marraine d'un nouveau né qu'on lui tend mais elle reçoit sur ses genoux la charogne d'un chat crevé. Le 17 juillet, en fin de matinée, le bureau du papier timbré est à nouveau dévasté. Apeurée, [[Madame de Sévigné]] écrit encore à sa fille, le 24 juillet [[1675]] - ''"Nous ne voulons pas aller nous jeter dans la fureur qui agite notre province, elle augmente tous les jours ..."'' -  


Si cette fureur est à la mesure de la misère, elle l'est aussi des rancœurs accumulées contre l'irrésistible grignotage, par le pouvoir royal, de la chère indépendance de la province. Rennes paiera par une affreuse et longue répression. Elle va connaître une sinistre occupation militaire, la destruction de ses faubourgs.
Si cette fureur est à la mesure de la misère, elle l'est aussi des rancœurs accumulées contre l'irrésistible grignotage, par le pouvoir royal, de la chère indépendance de la province. Rennes paiera par une affreuse et longue répression. Le 12 octobre, les troupes du duc de Chaulnes arrivent en ville par toutes les portes et les habitants furent désarmés. Le Parlement est exilé à Vannes. Rennes va connaître une sinistre occupation militaire, la destruction de ses faubourgs. Le 24 une contribution est levée sur les habitants pour contribuer à la nourriture et à l'entretien des troupes.


Le 25 octobre, sur la lande de la "Courouse", le duc de Chaulnes et la duchesse accompagnés de la noblesse transportée en 25 carosses, avaient assisté à une démonstration de force consistant en la revue de 3000 hommes de troupe. Le 26 octobre, Pierre Daligault, joueur de violon, "''suffisamment atteint et convaincu d'avoir  emeu la populace, rompu et pillé les bureaux du papier timbré''," reçut vif les coups de barre de fer, "s''on corps exposé sur la roue pendant 24 heures, puis divisé en quatre quartiers, et portés et pendus, l'un à la Magdeleine'' (route de Nantes), le ''second au Bourg l'Evêque, le 3e ruë Haute et le dernier ruë Huë'' ( rue de Paris), ''à des poteaux fichés à cet effet''" C'est à dire aux quatre coins cardinaux. Le 29 octobre,pour avoir tiré un coup de fusil sur le duc de Chaulnes,, Pierre Trehol, fripier, fut pendu et étranglé au "grand bout de Cohuë". Le 31 octobre, Perrine Dubois, convaincue d'avoir participé au vol de voeu d'argent en l'église des Dominicains dite de Bonne Nouvelle, fut condamnée à la question, pendue et étranglée au "Grand bout de Cohuë".Le 4 novembre, Jean Rivé, habitant de la rue Haute, reconnu comme chef de la révolte est condamné "''de faire amande honorable à la porte de l'églize cathédrale de Saint-Pierre  avec une torche ardente aux mains, la corde, tête et pieds nus, demandant pardon à Dieu, au roy et à la justice, de là etre conduit au placis de Sainte Anne, et y etre rompu vif sur un échafaut, et sa tête séparée de son tronc etre plantée au haut d'une pique qui sera placée près le pont  Saint Martin avec un ecriteau qui contenoit ces mots : Chef de séditieux, son corps jetté à la voirie, ses biens acquis et confisqués au roy".'' Le même jour Pierre Boissard fut condamné et rompu vif. le 5 novembre, Guillaume Froc, de Saint-Gilles,  qui, armé d'un fusil, s'était vanté de vouloir tuer le duc,fut rompu vif à coups de barre de fer et son corps exposé à Saint-Gilles. Un arrêté royal suscité par le duc ordonna que tous les habitants de la rue Haute (maintenant [[rue Saint-Malo]]), du couvent de Bonne-Nouvelle jusqu'au pont Saint-Martin seraient expulsés de leurs maisons et que celles-ci seraient rasées mais les deux tiers sous le fief du roi furent épargnées et rachetées par leurs proppriétaires.
Le 25 octobre, sur la lande de la "Courouse", le duc de Chaulnes et la duchesse accompagnés de la noblesse transportée en 25 carosses, avaient assisté à une démonstration de force consistant en la revue de 3000 hommes de troupe: mousquetaires, dragons, une partie du régiment de la Couronne er de celui des gardes, archers de la maréchaussée. Le 26 octobre, Pierre Daligault, joueur de violon, "''suffisamment atteint et convaincu d'avoir  emeu la populace, rompu et pillé les bureaux du papier timbré''," reçut vif les coups de barre de fer, "s''on corps exposé sur la roue pendant 24 heures, puis divisé en quatre quartiers, et portés et pendus, l'un à la Magdeleine'' (route de Nantes), le ''second au Bourg l'Evêque, le 3e ruë Haute et le dernier ruë Huë'' ( rue de Paris), ''à des poteaux fichés à cet effet''" C'est à dire aux quatre coins cardinaux. Le 29 octobre,pour avoir tiré un coup de fusil sur le duc de Chaulnes,, Pierre Trehol, fripier, fut pendu et étranglé au "grand bout de Cohuë". Le 31 octobre, Perrine Dubois, convaincue d'avoir participé au vol de voeu d'argent en l'église des Dominicains dite de Bonne Nouvelle, fut condamnée à la question, pendue et étranglée au "Grand bout de Cohuë".Le 4 novembre, Jean Rivé, habitant de la rue Haute, reconnu comme chef de la révolte est condamné "''de faire amande honorable à la porte de l'églize cathédrale de Saint-Pierre  avec une torche ardente aux mains, la corde, tête et pieds nus, demandant pardon à Dieu, au roy et à la justice, de là etre conduit au placis de Sainte Anne, et y etre rompu vif sur un échafaut, et sa tête séparée de son tronc etre plantée au haut d'une pique qui sera placée près le pont  Saint Martin avec un ecriteau qui contenoit ces mots : Chef de séditieux, son corps jetté à la voirie, ses biens acquis et confisqués au roy".'' Le même jour Pierre Boissard fut condamné et rompu vif. le 5 novembre, Guillaume Froc, de Saint-Gilles,  qui, armé d'un fusil, s'était vanté de vouloir tuer le duc,fut rompu vif à coups de barre de fer et son corps exposé à Saint-Gilles. Le 2 novembre, Jean Blé, de la rue Haute est pendu au Grand bout de Cohuê pour avoir obligé les officiers à prendre les armes lors de la sédition. Un arrêté royal suscité par le duc ordonna que tous les habitants de la rue Haute (maintenant [[rue Saint-Malo]]), du couvent de Bonne-Nouvelle jusqu'au pont Saint-Martin seraient expulsés de leurs maisons et que celles-ci seraient rasées mais les deux tiers sous le fief du roi furent épargnées et rachetées par leurs proppriétaires. Le 7 novembre le  duc de Chaulnes part pour la tenue des Etats à Dinan.


==Rennes occupée==
==Rennes occupée==




Tout l'hiver 1675/76, six mille hommes de guerre, sont logés chez les habitants tenus en outre de leur fournir "l'ustensile" : "le pot et le plat, feu pour cuire et manger leur viande, sel et vinaigre pour les assaisonner, place au feu e à la chandelle". Certains se comportèrent à Rennes comme en pays ennemi : René Duchemin, notaire royal à Rennes, écrit '' :"Le 13e décembre, plusieurs habitants de cette ville et forsbourgs ont esté battuz par des soldats qui estoient logez chez eux, et tous les soldats ont tellement vexé les habitants qu'ils ont jetté de leurs hostes et hostesses par les fenêtres, battuz et excédez, viollés des femmes ès présence de leur mariz, lié des enfens tous nuds sur des broches pour eux voulloir faire rostir, rompu et bruslé les meubles..."''<ref> ''L'ancien comté de Rennes ou pays de Rennes'' par Michel de Mauny, éditions Roudil - 1974</ref> Le [[duc de Chaulnes]] exile le Parlement de Bretagne à Vannes. La férocité de la répression, finit par toucher [[Madame de Sévigné]] elle-même, qui se défait de sa distance d'aristocrate et de son mépris des bas Bretons, pour écrire à son cousin Rabutin, le 20 octobre [[1675]] - ''"Cette province est dans une grande désolation. M. de Chaulnes a ôté le Parlement de Rennes pour punir la ville (...). Cette province a grand tort, mais elle est rudement punie au point de s'en remettre jamais. Il y a cinq mille hommes à Rennes dont plus de la moitié y passera l'hiver. On a pris à l'aventure vingt-cinq ou trente hommes que l'on va pendre (...)."
A partir du 9 décembre, six mille hommes de guerre arrivent à Rennes et sont logés tout l'hiver, jusqu'au début de mars, chez les habitants tenus en outre de leur fournir "l'ustensile" : "le pot et le plat, feu pour cuire et manger leur viande, sel et vinaigre pour les assaisonner, place au feu et à la chandelle". le régiment Dauphin aurait débauché 300 à 400 servantes. Certains se comportèrent à Rennes comme en pays ennemi : René Duchemin, notaire royal à Rennes, écrit '' :"Le 13e décembre, plusieurs habitants de cette ville et forsbourgs ont esté battuz par des soldats qui estoient logez chez eux, et tous les soldats ont tellement vexé les habitants qu'ils ont jetté de leurs hostes et hostesses par les fenêtres, battuz et excédez, viollés des femmes ès présence de leur mariz, lié des enfens tous nuds sur des broches pour eux voulloir faire rostir, rompu et bruslé les meubles..."''<ref> ''L'ancien comté de Rennes ou pays de Rennes'' par Michel de Mauny, éditions Roudil - 1974</ref> . La férocité de la répression, finit par toucher [[Madame de Sévigné]] elle-même, qui se défait de sa distance d'aristocrate et de son mépris des bas Bretons, pour écrire à son cousin Rabutin, le 20 octobre [[1675]] - ''"Cette province est dans une grande désolation. M. de Chaulnes a ôté le Parlement de Rennes pour punir la ville (...). Cette province a grand tort, mais elle est rudement punie au point de s'en remettre jamais. Il y a cinq mille hommes à Rennes dont plus de la moitié y passera l'hiver. On a pris à l'aventure vingt-cinq ou trente hommes que l'on va pendre (...)."
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==Bibliographie==
==Bibliographie==
* Fonds des Archives départementales : <br />''Relation de la sédition de [[1675]] à Rennes par Morel''. Cote ''1 F 307'' des Archives départementales, ''Fonds de la Bigne-Villeneuve'' (voir aussi ''Notes et rédaction historique'' : ''1 F 689'' du ''Fonds de la Borderie'') ; <br /> Voir ''Morel : Relation de la sédition de Rennes en 1675 (copie ancienne). Extr. du journal de [[René Monneraye de Bourgneuf]]'' ; cote ''I F 1032'' du ''Fonds de la Borderie''.<br />Copie du journal de René Cormier, sieur de la Courneuve, sur la Révolte du papier timbré : élément du dossier de cote ''1 F 1636-1637'' du ''Fonds de la Borderie''.
* Fonds des Archives départementales : <br />''Relation de la sédition de [[1675]] à Rennes par Morel''. Cote ''1 F 307'' des Archives départementales, ''Fonds de la Bigne-Villeneuve'' (voir aussi ''Notes et rédaction historique'' : ''1 F 689'' du ''Fonds de la Borderie'') ; <br /> Voir ''Morel : Relation de la sédition de Rennes en 1675 (copie ancienne). Extr. du journal de [[René Monneraye de Bourgneuf]]'' ; cote ''I F 1032'' du ''Fonds de la Borderie''.<br />Copie du journal de René Cormier, sieur de la Courneuve, sur la Révolte du papier timbré : élément du dossier de cote ''1 F 1636-1637'' du ''Fonds de la Borderie''.<ref> ''Rennes de la révolte du papier timbré à la Révolution'', par Gauthier Aubert et Marie-Laure Flahaut,bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique d'Ille-Vilaine, t. CXIII - 2009</ref>==Notes et références==
 
==Notes et références==


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