Rennes en 1800

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Portrait flatteur de Rennes

Rennes était à cette époque, avec ses 25,000 habitants, une ville de haute mine et de grand aspect. Après avoir brisé l’enceinte trop étroite de ses remparts dont il ne restait plus de loin en loin que quelques pans de murailles lézardées, quelques portes et quelques vieilles tours, elle commençait à étendre ses faubourgs sur les campagnes voisines. Sans doute, elle n’avait pas encore cette ligne majestueuse de quais, ces grandes percées qui la traversent et l’assainissent en l’embellissant. Mais elle se présentait avec ses rues nouvelles, régulièrement construites après l'incendie de 1720, avec ses vastes et nombreux édifices, ses clochers aux joyeux carillons, et au cœur de la cité avec ces deux monuments, centres de sa vie civile et de sa vie judiciaire : son Hôtel de Ville et son Palais.

Le portrait de ses habitants est flatteur à lire le tableau laissé par le citoyen Féburier, commissaire du Gouvernement près de l’Administration municipale de Rennes [1] :

« Le Rennais est naturellement bon, et ses mœurs sont en général fort douces, mais les injustices et les vexations le révoltent. Ami de l’indépendance, digne de la liberté, attaché pour ce motif à la Constitution à laquelle il a tout sacrifié, il se plie difficilement aux formes despotiques et on ne peut parvenir à le conduire qu’avec la raison et la douceur ».

Si nous vous le montrons, en outre, économe et laborieux, occupé de ses affaires privées et de son négoce, mais prenant volontiers part aux affaires publiques de la cité, goûtant peu les manifestations bruyantes de la politique, mais n’en restant pas moins ferme dans ses convictions républicaines, fier de sa ville qu’il veut voir prospérer et embellir et dont il aime à faire valoir les beautés, nous aurons le Rennais tel que nous le rencontrons.

Une ville républicaine

Voulant inspirer, maintenir, étendre le respect et l’amour de la République, la municipalité se plaisait à célébrer avec grande pompe les fêtes décadaires et les grandes fêtes républicaines, telles les fêtes de la Souveraineté du peuple, — de la Jeunesse, — de la Reconnaissance, — de l’Agriculture, — de la Charité, etc. Elle s’efforçait de leur donner une solennité qui devait charmer les yeux et frapper l’imagination populaire.

Le cortège, en tête duquel défilaient les tambours et la musique, était formé de longues théories, de défenseurs de la patrie ayant reçu d’honorables blessures, de vieillards, de citoyens et de citoyennes, d’instituteurs et d’institutrices avec leurs élèves, puis venaient les autorités civiles au milieu desquelles était traîné sur un char antique le génie de la République tenant d’une main un gouvernail et de l’autre appuyé sur l’arbre de la liberté. Autour de lui étaient disposées des urnes où brûlaient des parfums. Les troupes fermaient la marche. Cette procession parcourait les principales rues de la ville et se rendait auChamp de Mars, au pied d’une pyramide élevée, entre les statues de l’Egalité et de la Liberté, sur un socle de marbre, symbole de la solidité du Gouvernement et surmontée d’une image de la République, avec cette inscription : A la République triomphante.

Le président de la Municipalité prononçait un discours respirant le plus pur patriotisme et peignait avec sensibilité les douceurs et les avantages du régime républicain. Une musique militaire jouait alors et portait dans tous les cœurs le sentiment de l’union en exécutant l’air : « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille » et la fête se terminait aux cris de : vive la République ! Aussitôt commençaient des courses à pied et à cheval, suivies de danses qui se prolongeaient fort avant dans la nuit » [2] [3]

références

  1. Registre des délibérations, séance du 29 ventôse an VIII, et résumé des états de mois du citoyen Féburier, commissaire du Gouvernement, imprimé chez la veuve Brute, imprimeur de la Municipalité, au Temple de la Loi. VIIIe année républicaine.
  2. Registre des délibérations, 1er vendémiaire an 7
  3. Rennes en 1800, audience solennelle de la cour d'appel de Rennes, du 16 octobre 1900, discours de M. Denier, avocat général. Imprimerie rennaise, 5 rue Bourbon